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France 4 : Critique de Loin de Chez Nous
le Lundi 19 Septembre 2016
Medias

La faute à notre programmation verticale mais après deux épisodes, on a juste envie d'un peu d'air frais. Donc on vous conseille de regarder un ou deux épisodes et le reste en rattrapage sauf si vous accrochez et là n'hésitez pas et passez votre soirée devant France 4 !



On a un souci en France. Soit on fait du 52 minutes et on fait du drama qui peut être drôle, voir même très drôle, mais si on fait du 26 minutes, il faut clairement que la série soit à tout le moins drôle et non pas majoritairement triste. M.A.S.H. ou Bluestone 42 étaient deux comédies parlant des militaires en critiquant la guerre mais en nous faisant rire et avec le recul avait une analyse de ces guerres et les conséquences journalières sur les soldats. Bluestone 42 s'intéressait d'ailleurs aussi à la guerre en Afghanistan du côté des démineurs, la peur des sorties, les conneries entre eux pour oublier la monstruosité qu'ils vivaient tous les jours.

Loin de chez nous fait une analyse des soldats français en Afghanistan à quelques jours de leur retrait total du pays. Et c'est pas drôle du tout. C'était peut-être pas le but. En tout cas, tout devient horrifiant au fil des minutes qui passent : les blagues qui tournent court parce qu'en présence des deux seules femmes du camp Odessa et d'un sexisme sans nom, probablement très réaliste sur ce point-là ; la scène d'ouverture où le groupe des Chats Noirs rend hommage à leur "frère" mort peut prêter à sourire si on était pas horrifié par ce qu'ils sont en train de faire.

C'est aussi une démonstration sans concession de soldats qui font du trafic avec la population locale mais aussi avec les armées alliées.

Créée par Fred Scotlande, on y voit ce dernier dans le rôle du chef des Chats noirs, le sergent-chef Dostali, Charlie Bruneau dans le rôle de Julie Tavin, la journaliste qui veut absolument suivre les soldats sur le terrain, Olivier Charasson est Padré, Arthur Defays incarne Gueule d'ange, le jeune soldat qui vient de prendre la place du pilote mort du groupe des Chats noirs, Gwendolyn Gourvenec est le Sergent Gaultier, la seule soldate du camp, Grégory Montel joue le Capitaine Bellech, Fabrice Scott joue Ghost, on y voit aussi Sébastien Lalanne, un des membres du groupe.

Scotlande a clairement pris le parti opposé à celui de MASH ou Bluestone 42 qui pourtant faisaient autant pleurer que rire. Là, on peut avoir quelques sourires (souvent jaunes) mais les scènes sexistes sont tellement difficiles à accepter que cela risque de prendre à rebrousse-poil une grande partie des téléspectateurs (hommes et femmes), sachant que le contexte actuel où les femmes se battent quotidienne pour une égalité n'aide pas du tout. La blague en ex-Yougoslavie est un exemple parfait de l'intention de l'auteur et si on ne rit pas un seul instant pendant que le personnage raconte sa blague, la démonstration est impecabble.
Et j'avoue que se moquer de soldats qui croient à une blessure alors qu'ils ne peuvent toucher une Afghane en raison de l'interdiction de son père pour la chute que l'auteur a choisi m'a fait véritablement grincer des dents. Et je ne doute pas un seul instant que cela a pu arriver.

Que dire : ce n'est pas une comédie. C'est une série qui dépeint l'armée de telle manière qu'on ne peut être que mal à l'aise. Non pas que ce qui est montré est même proche de la réalité, il faut être naïf de croire que ce ne n'est pas pire.

Si on part avec l'idée de voir une comédie, on est très mal barré. Si on regarde ça comme une série qui ne pouvait être du 52 minutes - ce que cela aurait été dans tout autre pays avec des moyens plus importants que France 4 ou Calt - c'est clairement bon. Mais c'est pas drôle, c'est aussi trop dur pour voir 4 épisodes d'affilée. La réalisation est soignée, les acteurs jouent juste et la musique est bien choisie même si un peu trop anglo-saxonne. D'ailleurs Scotlande, bien qu'il emploie le terme de comédie de guerre, dit clairement qu'il ne s'agit pas du tout d'une comédie. Donc ne croyez pas un instant que vous allez rire aux éclats.

Cependant, il y en a peut-être assez de ces comédies beaufs qui dépeignent les guerres en France et si Scotlande n'est pas le premier puisque Lazy Company est passée par là et nous a fait beaucoup rire, au moins, ça a le mérite d'avoir un point de vue très fort.

Auteur : Carine Wittman

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