Libre
Bienvenue au Village.
{{« Bon, et bien vous avez la case du samedi soir un peu après minuit, 300 000 Francs, faites... ce que vous voulez. »}}
La phrase a quelque chose d'invraissemblable, et pourtant elle fut prononcée il y a exactement dix ans. Et il ne s'agissait pas d'une obscure thématique perdue sur le câble, mais de la deuxième chaîne de France.
Nous sommes à une époque où les animateurs producteurs sont les rois du service public. Jean-Luc Delarue, parmi d'autres, a négocié un contrat incroyable mais vrai. Pour l'avoir sur son antenne, France Télévisions doit forcément acheter X heures d'antenne à sa société Réservoir Prod. En clair, si une émission de la société de production de l'animateur est arrêtée, il faut obligatoirement commander un volume horaire équivalent d'une autre émission à sa société, mise à l'abris de tout risque. Des closes assez scandaleuses, communes à l'époque mais totalement disparues aujourd'hui.
C'est ce contexte qui donna naissance aux «30 Dernières Minutes», une série de fiction qui fut un territoire d'expérimentation tous azimuts. Tout le monde se fiche de ce qu'ils font et de toute façon, l'écriture se fait à flux tendu : une quinzaine de jours seulement peut séparer le tournage de la diffusion. Dans ces conditions, impossible à quelque direction de fiction que ce soit d'imposer de multiples réécritures et changements.
La liberté de création nourrit les énergies créatives. Confiée à des gens avec un minimum de talent – c'était le cas de Kad & Olivier et de leur équipe – elle aboutit plus souvent qu'à son tour à la qualité. A l'heure où elle s'apprête à ouvrir une case régulière de fiction en deuxième soirée dédiée à l'innovation, on espère que France 2 s'en souviendra...