Alors oui, si vous n’y connaissez rien non plus, vous allez me dire que c’est déjà beaucoup, car il s’agit des classiques du genre. Ensemble, nous pourrons alors nous congratuler mutuellement de notre ignorance avant d’aller partager un lien quelconque sur un réseau social tout aussi quelconque. Mais au fond de moi, secrètement, je serais toujours dans le noir. Au fond de moi, je me demanderai toujours si « Mort-vivant » est bien le terme politiquement correct que j’aurais dû employer depuis le début de cette critique pour qualifier les membres de cette population zombifiée trop souvent dénigrée. Toute cette longue parenthèse pour vous dire que je n’y connais peut-être rien en zombies, mais que même mon expertise superficielle du sujet ne m’a pas empêché de remarquer que le pilote de {The Walking Dead} suit à la lettre les schémas habituels du genre. Ce n’est pas un reproche, loin de là, juste une constatation. Et la meilleure façon de vous faire comprendre pourquoi la prévisibilité de l’épisode n’est pas un point négatif pour moi, c’est de reprendre une citation relevée par Feyrtys en mars 2008, [quand elle parlait déjà de {The Walking Dead} dans Ma Semaine à Nous->http://www.a-suivre.org/usa/article.php3?id_article=1212].
Robert Kirkman : {Je voulais faire un film de zombies qui ne s’arrête jamais. Je voulais un film de zombie qui nous permettrait de voir les personnages évoluer et changer avec le temps. [...] C’est quelque chose qu’on ne peut faire qu’en bande-dessinée, ou alors à la télé. Mais je ne fais pas de télé, j’écris des BDs.}Sans s’attarder plus longuement sur le fait que Feyrtys est trop forte (sérieusement, allez donc relire son texte), l’avantage de la télé sur tous les autres supports (sauf la bande-dessinée), c’est que le créateur a la possibilité de prendre son temps. En théorie.
C’est pour cette raison, parce que je suis bien conscient d’avoir encore des heures de programme devant moi, que ça ne m’a pas du tout dérangé que le premier épisode de {The Walking Dead} se contente d’une intrigue et d’une progression ultra-classiques. Il fallait absolument passer par la découverte de ce Monde et par le dégommage de zombies en guise d’introduction. C’est de la mise en place obligatoire. Et même si ça ne fait pas un premier épisode hyper engageant du point de vue de l’intrigue, c’est nécessaire. Et on aura largement le temps de passer à quelque chose d’un peu plus stimulant par la suite. Enfin ça, c’est seulement si la première saison de six épisodes commandée par AMC fonctionne suffisamment pour qu’on ait effectivement l’occasion de passer aux choses sérieuses. Une fois cette petite constatation faite, j’ai trouvé ce pilote très réussi. Côté esthétique on sent bien qu’on est sur AMC, même si j’ai trouvé la réalisation un peu moins statique que ce à quoi nous ont habitué {Mad Men}, {Rubicon}, et {Breaking Bad}. C’est très beau, c’est soigné, les zombies sont absolument magnifiques. Par moment, l’atmosphère est même étouffante, toute en suggestion. La séquence la plus marquante est peut-être celle où Rick arrive sur son cheval dans Atlanta, complètement désert, avec pour seule musique le bruit des sabots sur la route. Un bruit singulier, presque apaisant, jusqu’à la révélation finale et une scène d’action très réussie pour conclure ce premier épisode. Après l’annonce de l’adaptation de {The Walking Dead} en série, la question qui s’est longtemps posée était de savoir jusqu’où la violence et le gore pouvaient aller à la télévision. À la vue de ce pilote, la réponse est « {assez loin} ». Ah ! Le paradoxe de la télévision américaine ! Cet endroit merveilleux où le sexe et les jurons sont strictement interdits, mais où il est tout à fait acceptable de tirer sur une petite fille avant même le générique et de voir des tripes, du sang, et des cervelles qui explosent pendant une heure ! Et ce n’est pas comme si la violence était énormément stylisée. J’ai même trouvé certaines scènes plutôt crues, et je n’ai pas eu l’impression de la moindre censure devant ce premier épisode. C’est gore, personne n’est à l’abri, même pas les animaux.
C’est évidemment une excellente nouvelle quand on aborde une série de ce genre, AMC ne semble pas avoir envie de poser de trop grosses contraintes sur la production. L’autre très bonne nouvelle, c’est que le budget ne semble pas non plus limiter ce qu’on voit à l’écran. Comme je l’ai dit un peu plus haut, les zombies sont magnifiques, et en dehors de quelques scènes ponctuelles qui demanderaient d’en voir beaucoup d’un seul coup, j’imagine mal en quoi la série pourra coûter cher. Reste à savoir si Darabont et ses scénaristes seront à la hauteur des espoirs qu’ils suscitent, et s’ils sauront profiter au maximum de la liberté qui semble être la leur.
{{Pour l’instant, ce premier épisode de {The Walking Dead} est une bonne entrée en matière}}, classique mais à l’exécution très efficace. Mais maintenant que les présentations sont faites, j’ai vraiment hâte d’en voir plus et de passer aux choses sérieuses.