La série traite de thématiques classiques dans ce type de contexte: l’aveuglement du fanatisme, l’émergence violente et désordonnée des pulsions chez ceux qui tentent à tout prix de les réprimer, les relations compliquées entre la Foi et la connaissance scientifique -- “Accroître le savoir des hommes, c'est réduire le territoire de Dieu” affirme l'Inquisiteur Barnal. Pour Nicolas Cuche, ‘‘{comme souvent dans les films en costume, il s’agissait de tendre un miroir déformant à notre époque, à travers des problématiques qui sont encore les nôtres : la tentation de l’obscurantisme, l’imbrication du religieux et du politique, etc.}’’.
Ce Moyen-Âge là, s’il requiert un peu de moyens, est particulièrement cinégénique. Nicolas Cuche, dont les compétences techniques ne sont plus à démontrer, en tire particulièrement bien parti. Malgré un usage de la couleur parfois un peu excessif dans son uniformité, «{Inquisitio}» est très jolie à regarder. L’élégance des images est particulièrement bien soutenue par la musique de Christophe La Pinta, ample et efficace. L’interprétation est de qualité. Aurélien Wiik, qui génère l’empathie avec facilité, et Vladislav Galard, aussi intrigant qu’inquiétant, sont particulièrement remarquables. La distribution des personnages secondaires, parmi laquelle on compte Olivier Rabourdin et Philippe Duclos, ne déçoit pas. Sur les autres plans, «Inquisitio» a besoin d’un peu plus de temps pour dévoiler son potentiel.
Le générique de la série
Le premier épisode, c’est tristement commun chez les séries françaises, est raté. Il trébuche à la fois sur une grande maladresse scénaristique (ce n’est qu’après 27 minutes qu’apparait enfin le personnage principal, le héros positif, qui se met alors d’un coup à porter l’intrigue), et sur pas mal de lourdeurs (le prologue, ampoulé et trop long, ou encore quelques dialogues ou situations d’exposition particulièrement démonstratives). Il faut attendre le milieu de ce premier épisode pour qu’une séquence brillante -- la confrontation entre le Pape d’Avignon Clément VII et la fanatique Catherine de Sienne, émissaire d’Urbain VI -- persuade qu’«{Inquisitio}» a en elle la capacité d’exploiter son potentiel.
Une fois le personnage d’Aurélien Wiik apparu, les enjeux s’éclaircissent, l’histoire que l’on souhaite nous raconter apparaît plus clairement, et la série s’améliore en prenant de la consistance. C’est le cas au fil de l’épisode 2, même si son cliffhanger, et donc celui de la première soirée de diffusion, est particulièrement faible. Mais la série décolle avec l’épisode 3, à mesure qu’elle s’enfonce dans son univers, assez dur et masculin. On a bon espoir qu’elle continue dans cette lancée, alors qu’elle termine à ce moment de poser ses enjeux via une révélation finale [[Une révélation qui nous aurait peut-être au moins un peu surpris si elle n’avait pas fuité dans les premiers pitchs au moment du tournage l’année dernière, sans compter qu’elle figure encore sur la page consacrée à la série du site du producteur. En matière de communication aussi, la série française a bien des progrès à faire.]] qui achève de clarifier le propos. {{{Bande-annonce}}} ---- Les citations de Nicolas Cuche sont issues de l'interview du dossier de presse de France 2.
Remerciements à Véronique Hallu et Quentin Mérabet.