DarkLord a écrit :Éducation à l’image: approche critique
Petite précision: comme l'a dit ozgirl, un enseignement sur l'image ne se limiterait en fait pas à la télévision, mais à l'image en général. Fictions, documentaires, émissions, JT, mais aussi peinture, photographie ou bande dessinée par exemple. Et en fait, l'expression "éducation à l'image" ne convient pas vraiment non plus parce qu'un tel enseignement intègrerait aussi des études de texte ou de discours, ce qui se rapproche plus d'un enseignement littéraire.
Mon but n’est pas de critiquer un tel enseignement sur le fond. Bien entendu qu’il est souhaitable d’enseigner aux jeunes citoyens comment aborder les médias télévisuels. Le seul argument de fond qui peut-être avancé est qu’il n’est pas sain d’apprendre aux jeunes à se méfier de tout et à tout remettre en cause. Je ne partage pas cet argument d’inspiration humaniste et utopiste.
D'inspiration humaniste de utopiste??!!
Enfin, moi non plus je ne le partage pas du tout. C'est limite réac et surtout, ca n'est pas valable, car on peut avancer le même argument pour nombre d'autres matières. Mais c'est un argument classique des antis-éducation à l'image. Un prof de philo, ca peut faire des dégats. Un prof d'histoire aussi. Cet argument alarmiste ne fait pas avancer les choses. D'autant qu'avec un programme défini, la liberté du prof peut être maitrisée.
Cela dit, darklord, ca n'est certainement pas le seul argument de ceux qui sont contre cet enseignement (mais c'est pas grave, il y en a aucun de valable
Ma première critique sera d’ordre matériel. Un enseignement de l’éducation à l’image serait, pour les élèves du secondaires (car c’est de ça qu’il s’agit en l’occurrence) une charge de travail supplémentaire et à ce titre superflue.
Il faut penser ce que cela implique pour les élèves
C'est une matière comme une autre. Ce n'est pas un véritable problème. Au même titre qu'on donne à un élève du secondaire à lire un livre, préparer un exposé, faire des exercices, s'informer en lisant le journal, en écoutant la radio et en regardant la télé, on pourrait éventuellement lui demander de travailler sur un point particulier lié à l'image (et en particulier, la télévision).
(Et puis, le gros du travail peut tout à fait avoir lieu pendant les cours, voire complètement, comme pour des matières comme les arts plastiques au collège...)
et pour l’éducation nationale, au niveau du recrutement notamment.
Faux problème. Les étudiants futurs professeurs seront formés pour intégrer l'enseignement voulu à celui existant. Quand aux profs actuels, ils pourraient progressivement être formé au fur et à mesure (des formations existent déjà, j'en avais entendu parler dans une émission de télé sur france 5 il y a quelques mois déjà. Ca se développe), si nécessaire mais tout en sachant que l'enseignement qui pourrait être intégré aux programmes actuels ne nécessite pas forcément de formations pour les profs. Exemple, imaginons qu'on ajoute au programme de francais de seconde l'analyse du discours télévisuel, par quelques exemples. Le prof de francais, au lieu d'étudier un texte, pourrait très bien faire étudier la retranscription d'un journal télévisé (par exemple). Ou de deux, le même jour, sur deux chaines différentes, pour comparer.
Autre exmple: au collège, on pourrait étendre le programme d'arts plastiques pour y ajouter une partie consacré à l'étude du fonctionnement du cinéma et de la télévision, plus précisément l'étude de la fabrication de fictions, programmes, documentaires, journaux télévisés, qui permettrait à l'élève d'avoir une idée de la portée d'un montage ou de tout autre procédé technique lié à ces deux médias. Des expérimentations existent déjà avec des classes qui fabriquent entièrement un mini films, un mini JT, etc.
(d'ailleurs, cette matière devrait être prolongée au lycée, c'est une aberration de l'arrêter à la fin du collège. Pareil pour la musique)
Personnellement, même si l’approche critique des médias est un point qui me tient à cœur, je ne peux pas demander aux professeurs et aux élèves de faire des sacrifices trop importants. Or pour être efficace un tel cours exigerait beaucoup d’investissement des deux côtés.
Il ne s'agit pas d'être exhaustif, de former en un an un élève complètement autonome et à l'esprit critique développé. Il s'agit simplement de donner quelques clés à l'élève, l'éveiller à être plus critique, à apprécier telle "image" (au sens large), à prendre du recul, etc. Est ce qu'on forme des philosophes en un an de philosophie? Non, la matière enseignée en classe de terminale n'est qu'une sorte d'initiation. Pour l'éducation à l'image, il faudrait démarrer, à mon avis, très tôt et en faire pendant toute la scolarité, par petites touches.
Ma seconde critique porte sur l’égocentrisme d’un tel enseignement. Pourquoi se limite à l’image ? La presse écrite ne peut pas être ignorée, sinon cet enseignement est inutile Ce que je préconise, c’est l’instauration d’un cours plus général qui tournerait autour de la logique, la critique et de la réthorique. Je ne développerais pas cette idée car cela sort du cadre de notre association.
Ozgirl a déjà répondu que l'enseignement ne porterait pas uniquement sur la télévision. Pour répondre à ta dernière phrase, si un jour le FLT se mettait à rédiger une sorte de proposition pour étendre les programmes scolaires actuels, son discours devrait obligatoirement dépasser le champ de la télévision, c'est évident.
En réponse aux posts suivants, de tels enseignements ne révolutionneraient pas tant que ca les programmes ou les habitudes, les expériences existent déjà, car certains profs sont plus en phase avec leur temps. Et puis même les profs réticents utilisent parfois des supports plus "modernes" comme la projection de films, de documentaires, l'étude de publicité qui sont ensuite étudiés (au lycée, c'était il y a quelques années déjà, je me souviens qu'en cours d'italien, mon prof nous avait fait étudier des publicités dans des magasines. Ca prouve d'ailleurs que l'éducation à l'image, ca peut se faire partout, et que ca ne ferait pas l'objet d'une nouvelle matière.)
Il s'agit avant tout de faire évoluer les mentalités je crois.
Bon, ben finalement darklord, comme tu es d'accord sur le principe, et que le problème est d'ordre pratique, je me rends subitement compte que le débat ne va pas durer :) C'est dommage, j'avais tellement envie de refourguer mes arguments à quelqu'un complètement contre l'intégration d'un tel enseignement. Tanpis!

