Violence, vérité et journalisme

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Tonks
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Message par Tonks »

Juste un bémol et ce n'est qu'un point de détail dans l'ensemble du débat, pour les attentats du 11/09/2001, Guiliani a fait en sorte qu'aucune chaîne aucune journal quotidien/autres ne diffusent les photos des cadavres. Certes, on nous a montré en boucle l'implosion des deux tours (j'ai même vu ) la seconde tour s'effondrer en temps réel) mais il n'y a pas eu d'images sur les morts, justement par respect.
Jusque très récemment, aux US il était hors de question de montrer des victimes mortes, soldats ou autres. Mais parce que Bush est en chute libre, ils ont décidé de frapper la masse avec des images choc pour soulever de nouveau la population contre les fameux "terroristes".
Alors qu'en France, il semblerait que montrer des corps ou des images insoutenables soit déjà bien plus encré dans la mentalité journalistique.
Contrairement à Dark, je ne vois pas l'intérêt de montrer des images sanguinolentes pour essayer de frapper l'esprit des gens. Si les médias faisaient bien le travail, il ne serait nécessaire que de parler du problème sans montrer le tout dans son horreur.

Et pour les camps de concentrations, le parallèle est mal choisi parce que malheureusement les populations habitant autour étaient au courant, que les chancelleries l'ont appris très tôt mais on ne peut reprocher au populace vivant peut être dans la peur de ne pas s'être soulevé.

Pour le Rwanda, peut être que cela aurait eu une incidence si les médias avaient plus mis l'accent sur le génocide que sur l'exode massif d'octotones; mais on n'en sait finalement rien. Surtout que l'exemple de la Tchétchénie qui est un génocide en règle prouve bien le contraire puisque personne n'est dans la rue pour se mobiliser; donc on pourrait très bien en conclure que finalement rien ne nous fait bouger et ce même si on a les infos.
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snyder
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Message par snyder »

Zarathoustra a écrit :
snyder a écrit :Ensuite, tu prend l'exemple du génocide rwandais. Je suis désolé, mais tu sous-estimes le pouvoir du peuple. Si la population française avait été au courant par les médias de ce qui se passait et de l'ampleur du génocide, elle aurait été choquée et se serait indignée de l'attitude des démocraties libérales. Le gouvernement en serait venu à reconsidérer sa position de non-intervention pour éviter le scandale internationnal et ça n'aurait pas évité ce génocide mais au moins limité le nombre de morts.


Que tu crois. Toi tu le surestimes, le pouvoir du peuple.

Ah bon ? :D Je suis désolé, mais si demain aux infos j'entend qu'il y a depuis des semaines un génocide en Malaisie et que le gouvernement français fournit des armes et ne veut pas intervenir, je crois que je vais me bouger le cul ! Bien sûr, moi, toi et mon boulanger ne pourrons pas faire grand chose, mais tu crois que des organisations pour les droits de l'homme ou autres laisseraient couler l'affaire, que des quotidens comme le Monde au autres et certaines émissions de télévision ne comdamneraient pas l'attitude de la France ? Tu crois que l'annonce publique de cette nouvelle par les médias plongerait la population dans une complète indifférence ? J'en doute.
Je persiste et signe : la population, par l'intermédaire des médias, a un réel pouvoir. Tu trouves mes exemples sur l'affaire Watergate et en Espagne "beau", "plein de noblesse" et "presque touchant", mais ce sont quand même des faits. Que la presse, grâce à l'effet "boule de neige", ait conduit un Président des Etats-Unis à démissionner, c'est une preuve de pouvoir. Je n'ai jamais prétendu que les médias français jouissent d'un tel pouvoir, ce n'est pas le cas, mais ils peuvent influer sur les hommes politiques si le peuple se mobilise.
Eh oui c'est beau ;)

Zarathoustra a écrit :
snyder a écrit :]Les "élites" savaient ce qui se passait et justument ne voulaient pas que la population soit au courant parce qu'ils avaient des intérêts financiers ! (comme Bush en Irak, qui a trouvé un prétexte fallacieux de présence d'armes de destruction massives pour mettre l'opinion publique de son côté...)


Quels intérêts financiers? Tu peux m'en citer? Sinon, ça ne restera qu'un fantasme, rien de plus q'une autre théorie du grand complot.

Je ne suis pas bien au courant de toute l'histoire, mais la France fournissait aux Hutus des armes. Donc elle avait des intérêts financiers. Si ce n'était pas le cas, je ne vois pas pourquoi la France n'aurait pas agi contre ce génocide et n'aurait pas alerté les médias !

D'ailleurs, que penses-tu du matraquage médiatique produit en 1994 au Rwanda par la "Radio 1000 collines"? Cette radio qui pendant un an a effectué un véritable lavage de cerveau aux Rwandais, encourageant la haine, exultant les massacres? Le génocide n'est pas la simple conséquence d'un avion présidentiel abattu, il est le fruit d'une intense et systématique campagne de conditionnement, par l'intermédiaire d'un média privilégié, la radio.

Je suis parfaitement d'accord que les médias peuvent être dangereux, et je n'ai jamais dit le contraire. Les médias véhiculent des informations et des idées, que ce soit positif ou négatif (la propagande par exemple, largement utilisée par les nazis avant et pendant la seconde guerre mondiale)
Moi je te parle du pouvoir des médias qui peuvent influer sur la conduite d'un gouvernement, et toi tu me parles d'une radio qui a lavé le cerveau aux Rwandais, les poussant au génocide. On ne parle visiblement pas de la même chose. C'est un autre domaine, très intéressant, du pouvoir des médias, de la façon dont ils peuvent manipuler l'opinion. Et comme tu sembles l'avoir conclu un peu trop vite, je ne pense pas que les médias sont fantastiques et défendent toujours ce qui est le meilleur pour le peuple. Donc on est d'accord.

sygbab a écrit :Si tu avais pris la peine de lire le dernier message de Jarod, tu aurais vu que c'est justement le problème auquel il fait allusion : l'accompagnement des images. Et c'est exactement ce que je reproche aux médias, le fait de ne montrer des images choquantes que dans le seul but de choquer et non d'informer, ce qui provoque à long terme une "banalisation" par effet d'acclimatation (merci Jarod ).

Mais j'ai pris la peine de le lire, merci de t'en inquiéter ;) C'est pas mon genre d'entrer dans un débat sans en connaître le contenu, si ? :cool:
L'idée de Jarod est qu'on peut tout montrer mais que le but n'est pas forcément légitime. Mon idée est qu'on ne peut pas tout montrer car à partir du moment où un montre une image, il faut qu'elle soit justifiée. Donc je rejette les images illégitimes comme celle dont je parle dans mon exemple sur la tâche de sang sur la route.
Jarod aussi. C'est une légère nuance, quoi. ;)
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Feyrtys
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Message par Feyrtys »

Bon, je pose ma pierre au débat, que je trouve intéressant.

Malheureusement, les faits ne se livrent jamais à nous tels qu’ils le sont vraiment. La Critique de la Raison Pure kantienne met explicitement en avant l’existence de formes a priori de l’entendement (que sont le temps et l’espace), à travers lesquelles nous percevons la réalité. La chose, telle qu’elle est en elle-même, la chose en soi, est pour nous insaisissable, imperceptible, elle nous apparaîtra toujours à travers ces formes a priori de l’entendement. Dès lors, les faits sont « faits » par notre subjectivité, et sont relatifs à notre condition humaine. Ce sont donc des artefacts, des productions humaines, des interprétations.

Dès lors nous nous trouvons confrontés au problème de l’interprétation et de la sélection des faits à promouvoir au détriment d’autres. Quels sont les faits qui font sens ? Que doit contenir une information comme élément véritablement significatif ?

Thomas Ferenczi, médiateur au journal Le Monde, fut confronté à cette problématique, lors de la justification du traitement qu’il avait fait d’un évènement singulier. Le Monde l’avait relaté en décrivant l’agression d’une jeune femme policier dans le RER par « cinq jeunes », en choisissant de ne pas mentionner qu’il s’agissait de quatre jeunes Maghrébins et d’un jeune Noir . Il est vrai que l’on cite fréquemment dans les médias français, l’origine ethnique des protagonistes, notamment lorsque ceux-ci sont « maghrébins » ou « noirs ». Cette mention, affirme-t-il, n’était pas utile, car « il n’était pas établi que celle-ci avait un lien avec l’acte commis » Ce principe, de ne pas mentionner les caractéristiques ethniques des protagonistes d’un événement, à moins qu’elles ne soient nécessaires à sa compréhension, semble louable et rigoureux.

En allant dans le sens de sa démarche, nous pourrions soutenir en effet, que c’est uniquement si l’on pense que telle ou telle catégorie de la population est composée d’agresseurs, qu’il fallait indiquer leurs origines. On évite ainsi l’effet d’amalgame consistant à assimiler un type d’acte avec une origine. Pourtant, on pourrait reprocher à Thomas Ferenczi d’avoir délibérément tronquer son reportage, alors qu’il semblait animé d’une exigence de réalité et d’objectivité.

Toute la difficulté de l’interprétation réside en ce qu’elle doit reconnaître sa subjectivité, son perspectivisme, sans qu’elle outrepasse ces limites en devenant une opinion personnelle. Et cette frontière muable et floue concentre en elle toute la complexité de l’interprétation et de sa valeur.
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Jarod
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Message par Jarod »

Et pour les camps de concentrations, le parallèle est mal choisi parce que malheureusement les populations habitant autour étaient au courant, que les chancelleries l'ont appris très tôt mais on ne peut reprocher au populace vivant peut être dans la peur de ne pas s'être soulevé.


Je reconnais que l'exemple des camps était sans doute mal choisi.

Je pense que le peuple, par l'intermédiaire des médias, a un grand pouvoir. Pour exemple, la presse est considérée aux USA comme le 4è pouvoir et a un réel pouvoir politique, comme dans l'afaire "Watergate" de 1972, où le président Nixon a été contraint à démissionner après que la presse ait étalé dans tout le pays qu'il avait fait poser des micros dans un journal. Les médias n'ont pas un tel pouvoir en France, mais s'ils avait diffusé l'information, les choses ne se seraient pas passées comme ça.


Certes l'exemple du Watergate prouve que la presse US est un 4° pouvoir efficace, mais essentiellement parce que la révélation est suivie par la justice et des commissions d'enquêtes. Je ne suis pas un expert en histoire mais il me semble que Nixon n'a pas démissioné après la révélation de l'affaire du Watergate (affaire ridicule de micro planqués dnas les bureaux du parti démocrate) mais parce que cela à conduit à une commission d'enquête. En France de nombreux scnadales financiers et autres sortent régulièrement dans la presse mais ils restent sans suite.

Autre exemple : récemment, en Espagne, le gouvernement a menti au peuple et ça a coûté les élections à Aznar grâce en partie aux manifestations de la population (je simplifie bien sûr)

Exemple extrème mais je rappelle pour mémoire qu'en Espagne tout comme en Angleterre l'opinion publique était largement anti-guerre en Irak ce qui n'a pas empeché ces pays de participer à la coalition.
Le pouvoir de l'opinion publique n'est malheureusement souvent qu'une illusion (même quand un gouvernement est désavoué par les urnes mais je ne veux pas rentrer dans une polémique politique)

Pour en revenir au sujet
Hier, au info, les caméras ont montré plusieurs fois une grosse tâche de sang à l'endroit où deux filles ont été renversées par une voiture qui roulait trop vite. Le reportage nous disait auparavant (et soulignait) qu'elles avaient été gravement blessées. Est-ce que c'était nécessaire de nous montrer dans un plan fixe de plusieurs secondes la grosse tâche de sang frais sur la route ? Non, on savait déjà que les filles étaient blessées, il n'était absolument pas nécessaire de montrer ça, sinon pour choquer. Cette image était gratuite, donc non justifiée dans l'information, donc illégitime d'être montrée.


En quoi trouve tu que c'était illégitime. Sans vouloir être l'avocat et sans avoir vu le sujet en question en quoi montrer cette tache de sang serait moins légitime qu'une autre tache de sang, parce que ce sont des petites filles, parce que c'était trop long, trop appuyé, trop cru?
On sait que la route tue, et qu'elle tue des innocents, le rappeler est je le pense utile, autant dans le journal télévisé que par des campagne "publicitaire" fortes.
Maintenant comme je l'ai précisé je n'ai pas vu le sujet en question et je ne peux juger de ce qu'il était véritalblement.
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Message par sygbab »

Feyrtys a écrit :Ce principe, de ne pas mentionner les caractéristiques ethniques des protagonistes d’un événement, à moins qu’elles ne soient nécessaires à sa compréhension, semble louable et rigoureux.


Oui, il est louable et rigoureux, car il empêche comme tu dis de faire l'amalgame. D'ailleurs, ce qui me gêne toujours dans les journaux, c'est ce besoin compulsif de citer le nom et l'origine ethnique (bien que je n'aimes pas trop ce terme), alors qu'on en a strictement rien à cirer, si je peux me permettre (arf, trop tard, c'est déjà fait ! ;) ). Le nom de la victime, le nom de l'agresseur, cela n'intéresse que les parties concernées, à savoir les proches de la victime, les proches de l'agresseur et l'autorité. Un exemple tout bête : une jeune femme qui se fait violer a déjà assez de problèmes sans qu'en plus tout le monde le sache. C'est peut-être tiré par les cheveux, je vous l'accorde.


Feyrtys a écrit :Pourtant, on pourrait reprocher à Thomas Ferenczi d’avoir délibérément tronquer son reportage, alors qu’il semblait animé d’une exigence de réalité et d’objectivité.


Oui mais comme tu le dis si bien les faits ne nous sont jamais présentés tels quels. Il y a d'autres éléments qui entrent en compte dans ce genre de cas, comme par exemple les familles concernées, ou encore les origines ethniques. Ce n'est pas si facile que ça en a l'air... En tout cas beaucoup plus difficile que de sacrifier l'information au bénéfice du spectaculaire en nous montrant des images de cadavres.


Feyrtys a écrit :Toute la difficulté de l’interprétation réside en ce qu’elle doit reconnaître sa subjectivité, son perspectivisme, sans qu’elle outrepasse ces limites en devenant une opinion personnelle. Et cette frontière muable et floue concentre en elle toute la complexité de l’interprétation et de sa valeur.


C'est bien pour ça que c'est difficile ! ;)
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snyder
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Message par snyder »

Jarod a écrit :Certes l'exemple du Watergate prouve que la presse US est un 4° pouvoir efficace, mais essentiellement parce que la révélation est suivie par la justice et des commissions d'enquêtes. Je ne suis pas un expert en histoire mais il me semble que Nixon n'a pas démissioné après la révélation de l'affaire du Watergate (affaire ridicule de micro planqués dnas les bureaux du parti démocrate) mais parce que cela à conduit à une commission d'enquête. En France de nombreux scnadales financiers et autres sortent régulièrement dans la presse mais ils restent sans suite.

Justement, c'est ce que je disais : les médias français n'ont pas le pouvoir de faire donner des suites à des scandales qui touchent le monde politique. Aux US oui, surtout quand en plus de la presse il y a différents lobbies (groupes de pression politiques) qui s'ajoutent.
Il faut prendre aussi en considération qu'aux USA, si l'affaire de Nixon a été si loin et si le scandale de Clinton a failli lui coûter aussi son poste, c'est parce que les américains, très puritains ;) , considèrent le mensonge comme une trahison. La presse, au moment de l'affaire Watergate et Clinton, a surtout mis en avant le côté "trahison" de Nixon et Clinton. Clinton s'en est sorti car après avoir nié etc, il a présenté ses excuses au peuple, les larmes aux yeux et la mine d'un chien battu. Il a reconnu avoir "pêché" et la presse a trouvé ça touchant.
Nixon aussi avait nié avoir placé les micros dans ce journal (le Post je crois mais je suis pas sûr), et quand il a été prouvé qu'il y avait bien eu espionnage du gouvernement dans une rédaction de journal, le peuple s'est senti trahi et Nixon s'est retrouvé dans une impasse. Sauf que là, c'est plus grave qu'une pipe sous le bureau et Nixon ne pouvait pas aller implorer le pardon des américains.

En quoi trouve tu que c'était illégitime. Sans vouloir être l'avocat et sans avoir vu le sujet en question en quoi montrer cette tache de sang serait moins légitime qu'une autre tache de sang, parce que ce sont des petites filles, parce que c'était trop long, trop appuyé, trop cru?
On sait que la route tue, et qu'elle tue des innocents, le rappeler est je le pense utile, autant dans le journal télévisé que par des campagne "publicitaire" fortes.
Maintenant comme je l'ai précisé je n'ai pas vu le sujet en question et je ne peux juger de ce qu'il était véritalblement.

J'ai trouvé cette image particulièrement inutile non pas parce que c'était des petites filles (c'était des ados) mais parce que dans le reportage, il avait été précisé qu'elles avaient été gravement blessées, image du lieu de l'accident à l'appui (traces de pneu dans l'herbe, image du mur où a atterri la voiture... ça d'accord, c'est utile au reportage) Ce que j'ai trouvé choquant, ce n'est pas l'image de la flaque de sang en elle-même, mais son côté "bonus" : super ! on a une grosse flaque de sang, c'est gore, on vous le montre pour en rajouter une couche !
On savait déjà qu'elles étaient blessées, on sait ce que veut dire les mots "blessées gravement", c'était pas la peine de faire un plan fixe de plusieurs secondes sur la flaque de sang sur le bitume.
Evidemment, c'est un point de vue subjectif, mais je pense qu'il n'y avait pas besoin d'une telle image pour qu'on comprenne que les filles sont blessées. Et d'ailleurs, c'est une des premières fois que dans un reportage sur un accident de la route, je vois un plan fixe du sang par terre.
Je trouve que ça rentre encore dans le domaine de l'image spectaculaire et inutile : "Wao, elles sont vachement blessées, y'a plein de sang beurk et regardez il est encore frais !"
A force de nous bassiner d'images sanglantes, au bout d'un moment le public va relativiser et s'accomoder à ces images, du coup il va s'attendre à recevoir son lot d'images sanglantes et inutiles quotidien. Faut-il du sensationnel pour que le public soit touché par quelque chose ? Non ! Et pourtant, ça n'arrête pas et c'est pas nouveau : images des avions percutant les tours qui passent en boucle pendant des jours et des jours...
Voilà ;)
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Message par Jarod »

Petit HS
snyder a écrit :Nixon aussi avait nié avoir placé les micros dans ce journal (le Post je crois mais je suis pas sûr), et quand il a été prouvé qu'il y avait bien eu espionnage du gouvernement dans une rédaction de journal, le peuple s'est senti trahi et Nixon s'est retrouvé dans une impasse. Sauf que là, c'est plus grave qu'une pipe sous le bureau et Nixon ne pouvait pas aller implorer le pardon des américains.


Je précise que les micros n'étaient pas placés dans un journal, mais dans les bureaux du parti démocrate qui se trouvaient dans l'immeuble du Watergate. Le plus idiot dans cette affaire c'est que Nixon a demandé que les micros soient posés pour espionner les démocrates pendant la campagne électorale de 1968qu'il était sur de gagner. Ce sont deux journalistes du Washington Post Carl, Bernstein et Bob Woodward qui ont dévoilé l'affaire, grâce notament aux informations d'une source secrète appelée Deap Throat (Gorge Profonde).
Fin du mode HS :D
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Message par snyder »

Petit HS bis

jarod a écrit :Je précise que les micros n'étaient pas placés dans un journal, mais dans les bureaux du parti démocrate qui se trouvaient dans l'immeuble du Watergate. Le plus idiot dans cette affaire c'est que Nixon a demandé que les micros soient posés pour espionner les démocrates pendant la campagne électorale de 1968qu'il était sur de gagner. Ce sont deux journalistes du Washington Post Carl, Bernstein et Bob Woodward qui ont dévoilé l'affaire, grâce notament aux informations d'une source secrète appelée Deap Throat (Gorge Profonde).


Mes souvenirs flanchent... :rolleyes:
Je souligne une petite erreur, après vérification : l'affaire s'est passée en 1972, et elle a éclaté en 1974. ;)

Fin du HS bis
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Message par Olivier.L. »

Jarod a écrit :Aujourd'hui le problème avec les images des soldats US massacré en Irak est autre. Nous avons déjà vu des victimes de massacres à la télé. Nous avons vu des morts en direct (notamment en Palestine), le sang s'étale chaque jours à la une des journaux. Ne pas monter les soldats US est plus politique. Il faut savoir tout d'abord d'où viennent les images, si elles sont d'origine US il est probable qu'elles ne sont pas "disponibles" tout comme pendant la "guerre officielle" les images des blessés US n'étaient pas "disponibles".


Crois moi les images de Falloudja était disponible. J'ai pu les voir à AITV (l'équivalent de RFO pour la télé) et ici ce ne sont pas les politiques qui ont fait le choix de ne pas les montrer entièrement, mais plutôt les journalistes, parce qu'elles étaient bien gore ces images. En voyant la dizaine de minutes d'images, et bien on se rend vraiment compte de la violence de l'attaque, et c'est sur qu'il y aurait eu beaucoup de lettres de protestation si toutes les images avaient été diffusé. Voir des corps brules vifs, des hommes couper la tête et les membres des corps calciné, le sang trainé par terre, et des personnes taper et sauter à pieds joints sur les restes... et bien je pense qu'on aurait eu une réaction plus proche de celle lors de la même histoire en Somalie...

Olivier
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Message par Olivier.L. »

snyder a écrit :On savait déjà qu'elles étaient blessées, on sait ce que veut dire les mots "blessées gravement"


Vraiment?

snyder a écrit :Faut-il du sensationnel pour que le public soit touché par quelque chose ? Non ! Et pourtant, ça n'arrête pas et c'est pas nouveau : images des avions percutant les tours qui passent en boucle pendant des jours et des jours...


C'est bien là le problème, et cela apporte la question de l'oeuf et la poule. Est-ce le public qui demande des images choquantes ou les médias qui créés cette envie en montrant de plus en plus d'images choquantes. Il faut bien dire que la nature humaine est perverse dès le départ. Suffit de voir comment un accident de la route peut causer un embouteillage la file qui va dans le sens inverse.

Il est clair que l'information à la télé est entrain de devenir trop sensationnaliste avec des images de plus en plus violentes, sanglantes et choquantes. Mais en même temps, le public ne semble pas trouver ceci choquant. Il est rare d'entendre des critiques sur ce fait aujourd'hui, ou alors qu'on on les entend, cela ne dure pas longtemps.

Le problème c'est qu'au lieu de changer leur ligne éditoriale pour amener le citoyen à se comporter comme un citoyen (ayant un désir d'information, sans qu'on ait besoin de l'attirer avec du sexe et de la violence), les médias préfèrent en rajouter pour gagner la guerre de l'audience et donc de l'argent. C'est ce qui arrive quand de plus en plus de journaux, tv et radios sont dirigé par de moins en moins de grandes compagnies (intégration verticale!).

Et cela créer des citoyens qui n'en ont rien à foutre de savoir ce qui se passe dans le monde...

Olivier, étudiant en journalisme, mais tout de même optimiste... sisi c'est possible! ;)
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Zarathoustra
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Message par Zarathoustra »

snyder a écrit :Ah bon ? :D Je suis désolé, mais si demain aux infos j'entend qu'il y a depuis des semaines un génocide en Malaisie et que le gouvernement français fournit des armes et ne veut pas intervenir, je crois que je vais me bouger le cul !


Ben j'aimerais bien voir ça. En attendant ça me fait doucement rigoler. Assis derrière ton ordinateur, il est bien facile de s'enorgueillir d'un idéalisme aussi enflammé que le tien...

Bien sûr, moi, toi et mon boulanger ne pourrons pas faire grand chose, mais tu crois que des organisations pour les droits de l'homme ou autres laisseraient couler l'affaire, que des quotidens comme le Monde au autres et certaines émissions de télévision ne comdamneraient pas l'attitude de la France ? Tu crois que l'annonce publique de cette nouvelle par les médias plongerait la population dans une complète indifférence ? J'en doute.


Pas moi. J'en veux pour preuve les récents événements aux portes mêmes de l'Europe: je pense à l'épuration ethnique qui a eu lieu pendant la guerre en ex Yougoslavie. Et toutes tes belles paroles s'envolent devant la réalité des faits: personne en Europe n'a bougé. Pas même toi, c'est dire. Il a fallu attendre l'intervention américaine pour voir les choses commencer à évoluer.

Je persiste et signe : la population, par l'intermédaire des médias, a un réel pouvoir. Tu trouves mes exemples sur l'affaire Watergate et en Espagne "beau", "plein de noblesse" et "presque touchant", mais ce sont quand même des faits. Que la presse, grâce à l'effet "boule de neige", ait conduit un Président des Etats-Unis à démissionner, c'est une preuve de pouvoir. Je n'ai jamais prétendu que les médias français jouissent d'un tel pouvoir, ce n'est pas le cas, mais ils peuvent influer sur les hommes politiques si le peuple se mobilise.

Eh oui c'est beau ;)


Jarod y a très bien répondu. Les journalistes du Washington Post ont permis de révéler le pot aux roses, mais c'est bien la Justice qui, en prenant le relais, a poussé Nixon à démissionner. Est-ce que le peuple a réellement quelque chose à voir avec ça? Je ne sais pas.

Je ne suis pas bien au courant de toute l'histoire, mais la France fournissait aux Hutus des armes. Donc elle avait des intérêts financiers. Si ce n'était pas le cas, je ne vois pas pourquoi la France n'aurait pas agi contre ce génocide et n'aurait pas alerté les médias !


Mais quel contrat, aussi faramineux soit-il, pourrait justifier la mort de 800.000 personnes? tu peux me le dire? La France entretenait une vieille alliance avec l'armée Hutu, soit, mais comment peux tu te satisfaire de cette seule raison? Et puisque la France était trempée dans l'affaire, qu'est ce qui empechait le reste des nations occidentales, ou encore l'ONU, de réagir? Parcequ'ils vendaient des armes aux Tutsis? :eek:
Il y a d'autres raisons, plus difficiles à accepter, moins flatteuses certainement, mais qui doivent être prises en compte: la volonté politique en premier lieu. Les chefs d'états se sont dégonflés, mais pourquoi? Peut-etre aussi parceque le peuple n'avait pas envie de voir ses soldats mourir pour la "cause rwandaise" (pudiquement je m'arreterais là, chacun comprendra ce qu'il voudra).
Moi aussi je persiste et signe: ta naïveté est touchante.
Pour le reste, tu en conclus que nous sommes d'accord. Comme tu veux, je n'en rajoute pas.

Non, à mon avis, ce post n'est pas qu'un vaste hors sujet :D
La violence dans l'information a une indéniable efficacité: du retrait des soldats U.S en Somalie à la guerre du Viet Nam (souvenez vous cette jeune fille dénudée et brulée par le napalm...), les exemples sont légions.
Encore faut-il que l'opinion publique se trouve suffisamment impliquée, d'une manière ou d'une autre, car sinon même un génocide en direct et 800.000 morts n'y changeront rien: le sentiment, l'émotion, constituent deux facteurs à prendre inévitablement en considération. "Shoah", de Claude Lanzmann, en est l'exemple le plus probant: ici la violence est absente du début à la fin. Pas une goutte de sang, pas une trace de la violence et de l'horreur des camps d'extermination. La force de "Shoah" repose toute entière sur l'émotion.
Ainsi parlait Zarathoustra.
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Message par Sharon »

sygbab a écrit : pourquoi attirer l'attention sur ces actes - certes terribles et écoeurants, je n'ai jamais dit le contraire - en nous les montrant alors que nous n'avons quasiment pas eu d'images sur les victimes civiles des bombardements (ces fâmeux dommages collatéraux) ?


Pour les médias, la vie d’un Américain ou de tout Occidental vaut bien plus que celle d’un malheureux Africain ou Afghan. Tous les midis et tous les soirs, on a le droit au compteur « nombre de morts Américains en Irak », par contre quelqu’un a t-il cherché à comptabiliser, même approximativement, le nombre de morts qu’ont engendré les bombardements américains en Irak et en Afghanistan ? Je n’en ai pas le souvenir.


Jarod a écrit :La question est double. La première question n'est pas de savoir si l'on peut montrer, la réponse est simple: on peut tout montrer, il n'y a pas de limites.
Le seconde est: Mais à quoi ça sert? Informer? Influencer?


Pour moi, le devoir d’information des chaînes de télévision, ça fait belle lurette qu’il est parti se promener et qu’on ne l’a jamais revu. Aujourd’hui, dans cette ère du tout pognon, les sujets des journaux télévisés sont choisis dans le but de faire de l’audience et plus du tout d’informer (ou si peu). Combien de Français savent comment sont fabriqués les santons de Provence et combien savent qu’il y a une guerre civile au Sri Lanka (comme en parle Zarathoustra) ? Les sujets abordés aux journaux sont minutieusement sélectionnés par les rédactions et ceux qui sont jugés inintéressants et pouvant provoquer un zappage sont envoyés directement à la corbeille. Le tri sélectif, ça ne concerne pas que l’écologie ! Ce ne sont plus les médias qui nous informent de la société dans laquelle nous vivons, mais c’est la société elle-même qui choisit de quoi et comment allons nous être informé. En résumé, la société gère sa propre image, c’est dangereux et ce n’est que le début…
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sygbab
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Message par sygbab »

Sharon a écrit :Pour les médias, la vie d’un Américain ou de tout Occidental vaut bien plus que celle d’un malheureux Africain ou Afghan. Tous les midis et tous les soirs, on a le droit au compteur « nombre de morts Américains en Irak », par contre quelqu’un a t-il cherché à comptabiliser, même approximativement, le nombre de morts qu’ont engendré les bombardements américains en Irak et en Afghanistan ? Je n’en ai pas le souvenir.


C'est justement le problème que je pointais du doigt. S'offusquer et condamner des agissements sur quelques cadavres alors que des milliers de civils sans doute sont morts pendant les bombardements, je n'arrive pas à comprendre. Ce n'est pas le fait d'être choqué que je ne comprends pas, c'est plutôt le trop d'attention que l'on y porte alors que les vrais problèmes sont ailleurs. Comme je le disais, oui c'est moche, oui c'est affreux, oui c'est condamnable, etc... , mais les Etats-Uniens ne sont pas blancs du tout de leur côté.
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Zarathoustra
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Message par Zarathoustra »

Sharon a écrit :Pour les médias, la vie d’un Américain ou de tout Occidental vaut bien plus que celle d’un malheureux Africain ou Afghan. Tous les midis et tous les soirs, on a le droit au compteur « nombre de morts Américains en Irak », par contre quelqu’un a t-il cherché à comptabiliser, même approximativement, le nombre de morts qu’ont engendré les bombardements américains en Irak et en Afghanistan ? Je n’en ai pas le souvenir.


Mais cela se limite t-il aux médias? La population en général se sent-elle si frustrée par ce "tri sélectif de l'information"? Les médias au sens large sont aussi des citoyens et font parti de la société dans son ensemble, n'est-ce pas? Le citoyen lambda n'en à peut-être rien à cirer du conflit au Cachemire...ce qui l'inquiète c'est d'abord sa personne et le milieu dans lequel il évolue et où il peut avoir une influence, où les décisions peuvent avoir une influence sur son existence. Ce qui n'a rien d'anormal entendons nous bien.
Maintenant le journalisme ne devrait-il pas s'efforcer, dans la mesure du possible, d'aborder TOUS les sujets qui font sens, que ces événements aient lieu au bout de la rue ou au bout du monde? (et pas uniquement dans certaines parties du monde). La violence inhérente à une certaine actualité ne devient alors qu'un facteur supplémentaire dans cette quête de la verité. Une violence qui concerne en premier lieu, comme on a pu le voir dans ce topic, la télévision.
Ainsi parlait Zarathoustra.
Mad_Ouaf
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Message par Mad_Ouaf »

Sharon a écrit :Pour moi, le devoir d’information des chaînes de télévision, ça fait belle lurette qu’il est parti se promener et qu’on ne l’a jamais revu. Aujourd’hui, dans cette ère du tout pognon, les sujets des journaux télévisés sont choisis dans le but de faire de l’audience et plus du tout d’informer (ou si peu). Combien de Français savent comment sont fabriqués les santons de Provence et combien savent qu’il y a une guerre civile au Sri Lanka (comme en parle Zarathoustra) ? Les sujets abordés aux journaux sont minutieusement sélectionnés par les rédactions et ceux qui sont jugés inintéressants et pouvant provoquer un zappage sont envoyés directement à la corbeille. Le tri sélectif, ça ne concerne pas que l’écologie ! Ce ne sont plus les médias qui nous informent de la société dans laquelle nous vivons, mais c’est la société elle-même qui choisit de quoi et comment allons nous être informé. En résumé, la société gère sa propre image, c’est dangereux et ce n’est que le début…


C'est totalement vrai, mais je crois que ça fait belle lurette que c'est une porte ouverte qu'on enfonce.
La bataille à été perdue le jour où France 2 à vu qu'on gagnait à mieux faire de la "proximité" pour prendre des parts de marché à Pernod plutôt que de traitrer objectivement de toutes les informations qui se passent dans le reste du monde.
Aujourd'hui on ne fait plus des informations, on donne des infos qui plaisent au public. (TF1 commence son journal avec de LA METEO!!!) Si vous voulez savoir ce qu'il se passe regardez le journal de la nuit ou Arté.

Mais bon, c'est pareil pour la presse et la radio. Tenez, par exemple, dans les journaux, le "fait divers" prend de plus en plus d'importance. Or, journalistiquement, c'est considéré une case nulle, qui n'informe de rien mais n'est là que pour vendre du papiers.
<B>:smile7: </B>
<B>Dog-Zone, les puces, sur mon blog:</B>www.20six.fr/le-mad-dog
Verrouillé