2x19
Non, c'est pour rire, comment vous voulez reviewer un épisode comme ça qui n'est manifestement que le point de départ d'un arc de 5-6 épisodes ? Bon courage à Feyrtys en tout cas, je suis de tout coeur avec elle...
Juste une toute petite remarque à la personne qui indique que le fait que le Chief est humain est une évidence et donc l'intrigue en question pénible : je ne suis pas d'accord ; le seul et unique personnage pour lequel nous pouvons avoir une certitude sur la question de son appartenance à la race humaine est Helo (et Baltar, sauf si tous les 12 modèles cylons ne connaissent pas les 11 autres), tous les autres sont suscepts.
Non, en fait je voulais profiter de cette pause forcée de ma machine à spéculations (je l'ai mise en hiatus pour profiter) pour répondre à Bubu.
bubu a écrit :Quand j'ai lu vos réactions, je m'attendais à un truc terrible. Mais c'ets très banal tout ça.
Vous parlez des 3 minutes de politique ? Effectivement, c'ets très intéressant, mais très court et succinct (bâclé ?).
Ou alors BSG se la joue John Doe avec ses 2 minutes de mythologie par épisode... (

)
Le reste ? Un scénario vu et revu, consu de fils blancs.
Un chef incompétent et paranoïaque, qui n'écoute persone et fout tout le monde dans la merde mais se rachète par un acte héroïque qui lui coûte la vie.
Franchement, ils se sont pas cassés la tête.
Alors oué, y a de la bataille et de effets spéciaux, mais je croyais qu'on encensait BSG justement parce qu'elle alliait forme et fond. Ce n'est plus le cas ?
Et comme d'habitude, y a pas de nuance, tout le monde trouve ça super. au mieux, on occulte les passages moins bons.
Cela me met sur le cul, franchement...
Bon, c'est peut etre parce que je n'ai jamais regardé John Doe (problème de profonde antipathie pour la platitude du regard bovin de l'acteur ainsi que de survalorisation de mon temps libre), mais je ne saisis pas trop : je crois meme que les 3 épisodes faibles en ont pris pour leur grade plus que de raison comme le souligne l'excellent podcast émis depuis une région mythique et reculée de l'espace, la 13ème colonie.
Ce que je saisis en revanche, c'est l'allusion à la propension de certains à ne juger que dans l'absolu : soit une série est nulle et il faut l'écrabouiller, soit elle est géniale et intouchable, soit un épisode est merdique, soit exceptionnel...
Tu ne trouves pas BSG si géniale que ça, c'est ton droit... Passe t-on certains défauts à la série qu'on ne passerait pas à d'autres ? Absolument... Pourquoi ? Je vais m'expliquer.
1) Ron Moore a un plan : et ça, malheureusement, peu de créateurs de série en ont un (hormis celui de faire de l'audience), et pour ceux qui font l'effort d'en avoir un, soit ils l'oublient fort opportunément en cours de route, soit il ne tient juste pas la route ou est profondément ininteressant. Et cela, c'est un grand hommage que fait Ron Moore au genre de la
série tv, lui permettant d'accéder au statut d'art à part entière, puisque sans propos, sans recherche de vérité, il n'y a pas d'art, mais au mieux du divertissement ou de l'esthétique.
Ici, on s'attaque avec une grande patience et sans concession à un thème philosophique rarement effleuré par la création occidentale (mais très présent dans la création japonaise) : celui de la nature et la valeur de l'humanité.
Rien que pour cela, et sans meme savoir quelle sera l'issue de la réflexion de Ron Moore, avec laquelle je serais peut etre en parfait désaccord, il a droit à mon plus grand respect et à ma complète attention.
2) Pour pouvoir mener son plan à bien (c'est à dire ne pas voir sa série arretée, ou remaniée contre son gré après 13 épisodes faute d'audience pour cause de trop grande opacité ou élitisme), Ron Moore est bien obligé de faire des concessions à l'audimat : j'ai nommé les Héros, une poignée de personnages parmi les personnages principaux aux qualités photogéniques, embarqués dans des aventures plus classiques avec effets spéciaux aptes à capter l'attention du téléspectateur épuisé par les spots de pub coca cola.
C'est cela que je lui passe mais que je ne passerais pas forcément à une autre série.
3) La mythologie : là où Ron s'en sort une fois encore honorablement, c'est en justifiant cela en inscrivant sa série dans une mythologie, une légende lointaine du passé qu'il nous serait donné de suivre en temps presque réel. Et qui dit mythologie, voire meme juste histoire, dit évènements extraordinaires, coups de bol providentiels, hasards, personnages héroiques à la destiné grandiose, quiproquos insignifiants à portée historique, tragédies crétines...
Il faut se dire que ce sont les héros futurs de l'humanité que nous découvrons avant l'heure : c'est pourquoi ils ne mourront certainement pas avant d'avoir accompli leur destinée, de la meme manière que, pour ceux qui ont suivi Rome, parce que l'histoire de Rome est dejà écrite, César n'avait aucune chance de mourir en Egypte ou ailleurs avant son heure (en l'occurence, le final de la saison 1).
En outre, l'histoire, flamboyante de loin, n'en est pas moins au quotidien une somme d'évènements affligeants ou banals qui n'ont pas besoin d'etre originaux pour etre véridiques.
4) Des personnages et une narration fouillée et maitrisée
Là où BSG se démarque, c'est que ses héros, bien qu'étant des personnages finalement classiques, sont soumis à la meme rigueur que la série : très fouillés, pertinents et cohérents sur la durée ; pas de virages à 180 dégrés, pas de manichéisme, très peu d'éléments téléphonés, personalités complexes avec qualités et défauts... et ça c'est très rare.
En outre, une très grande confiance est faite au téléspectateur puisque la rançon de l'absence de manichéisme de la série est l'absence d'altérité réelle bon/méchant, bien/mal : bien qu'abordant des thèmes extremements sensibles, aucun personnage ne détient la vérité ni n'agit en permanence de manière exemplaire, les divers aspects d'une situation sont généralement explorés de manière impartiale, mettant en évidence les raisons de chacune des parties (qui peuvent souvent etre tout aussi valables de part et d'autre) et le téléspectateur est libre de former son propre avis avec sa propre conscience (plutot que celle de coca cola) : et ça c'est encore plus rare.
Et quel plaisir que cette profonde cohérence qui ne laisse rien au hasard, les propos de la mini-série résonnant encore dans nos oreilles 2 saisons plus tard sans etre fortuitement oubliés ou contredits.
Alors oui, je rejoins le Trekker Greg, cette série est un véritable chef d'oeuvre (et pas seulement de SF).