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VU va désigner le successeur de Messier 03/07/2002

Publié : 03 juil. 2002 18:20
par Ardéa
Vivendi Universal va désigner le successeur de Messier

PARIS (AFP)
3 Juillet 2002 18h22


Vivendi Universal réunit cet après-midi un conseil d'administration extraordinaire à Paris pour désigner un successeur à Jean-Marie Messier, dans une ambiance de soupçons grandissants.

Le conseil devait se réunir à partir de 15h00 au siège parisien de VU, avenue de Friedland près des Champs Elysées, mais la direction de la communication du groupe ne confirmait plus cet horaire mercredi matin, alors que le quotidien Les Echos évoquait 18h00.

Après avoir redressé le groupe chimique français Rhône-Poulenc dans les années 1990, Jean-René Fourtou sera vraisemblablement nommé à la présidence du deuxième groupe mondial de communication, héritant ainsi de la lourde responsabilité de sortir le groupe de médias du bourbier.

Loin de tirer bénéfice de la chute de son ex-patron visionnaire, Vivendi Universal est en effet dans la tourmente, confronté à des doutes majeurs sur sa capacité à rembourser sa dette, à une vertigineuse dégringolade boursière et des incertitudes sur sa stratégie.

Mardi, le jour où Jean-Marie Messier a annoncé sa démission, le titre Vivendi Universal a chuté de 25,52% à 17,80 euros, après avoir atteint jusqu'à 40% de baisse en cours de séance. L'action Vivendi Universal dévissait à nouveau mercredi à la mi-journée à la Bourse de Paris, plongeant de 13,26% à 12h40.

VU a encaissé un triple choc depuis lundi: l'abaissement de sa note de dette à long terme par les deux grandes agences de notation financière, Moody's et Standard and Poor's, et la révélation par Le Monde d'une tentative de manipulation de son bilan 2001, information qui a semé le doute sur la régularité de ses comptes.

La COB, le gendarme boursier français, a confirmé être intervenu pour dissuader VU de cette irrégularité comptable au regard des normes françaises.

Les soupçons ont encore grandi avec les informations mercredi du quotidien Libération concernant deux montages complexes à la limite de la légalité. Lors du rachat du réseau de télévisions américaines USA Network en décembre 2001, M. Messier a promis à son propriétaire Barry Diller et à d'autres dirigeants "un très gros paquet de stock options avec garantie de cours".

Si les Américains demandent à exercer leurs options à 60 euros, mais que le cours se traîne à 15 euros, VU s'est engagé à payer la différence", selon le journal, et cet engagement futur peut être classé dans le "hors-bilan" et ne figure pas dans l'endettement de l'entreprise.

Libération a aussi révélé, en citant des analystes, que VU a vendu vendredi 6,16% du capital du groupe français de BTP Vinci pour 353 millions d'euros, alors même que ces actions avaient déjà été vendues sous la forme d'obligations échangeables en février 2001.

Dans ce contexte, M. Messier négocierait selon la presse française une protection pénale contre d'éventuelles poursuites en France et aux Etats-Unis.

Le PDG évincé, qui s'était pourtant engagé fin 2000 à ne jamais réclamer d'indemnité de départ, négocierait aussi une enveloppe équivalant à deux ans de son salaire, soit plus de 10 millions d'euros, selon le syndicat FO.

Il obtiendrait même 18 millions de dollars, soit trois fois son salaire de 2001 augmenté des primes, selon l'édition de mercredi du Wall Street Journal.