Mais bon, je dois t'avouer que généralement les gens lachent prise au bout d'un moment !
Sinon, puisqu'on en est aux témoignages positifs sur le FLT...
Antoine de Froberville, l'homme qui défendait Buffy dans Arrêt sur Images, a écrit :>
> ATTENTION, ce message est un peu long, si vous n'avez pas le temps de le
> lire je ne m'en offusquerais pas ;-) !
Pareil !
> Je pense que c'est cette concurrence acharnée qui pousse sans cesse les
> chaines à trouver de bons programmes et a les produire avec un maximum de
> qualité, des effets spéciaux corrects etc.
Je suis absolument d'accord avec toi. Il y a une véritable émulation aux USA,
notamment parce que la télé est un secteur concurrentiel très fort. Mais en
France, il n'y a pas de réélle concurrence; nous sommes dans un système
hybride où une télé de service public cherche à rivaliser avec une télé
commerciale. Cela empêche des parti pris radicaux et audacieux de part et
d'autre. Le spectateur français vit sous la coupe de quelques chaines qui ont
des ambitions de quasi-monopoles, et empêche toute forme de concurrence. Si la
TNT ( télé numérique terrestre) a autant de retard (cela devait être lancé
depuis plus de trois ans), c'est parce que les chaînes hertziennes font tout
ce qu'elles peuvent pour en retarder le lancement, et faire que le projet
meure dans l'oeuf. Ainsi TF1, qui actuellemnt préfère manifestement payer des
amendes au CSA que de faire les modifications techniques nécessaires sur sa
régie finale afin de permettre sa diffusion en numérique terrestre... C'est
aussi pourquoi en France la plan câble a été aussi foireux, et que 20% des
foyers français seulement sont câblés ou satellisés... contre plus de 95 % aux
USA. Ça change la donne. Plus il y a de diversité, plus le téléspectateur est
puissant, car il peut choisir.
Ils doivent être d'autant
> meilleurs qu'ils doivent survivre à des conditions de diffusion aussi
> déplorables.
Hé oui. Il y a donc parfois de bonnes contraintes. S'il est vrai que le
téléspectateur français a bien de la chance de ne pas se taper 20 mn de pub
par heure pour une série de 40mn, il y a un revers de la médaille. Le
téléspectateur américain paye le prix fort pour sa présence devant la télé en
se faisant bombarder de pubs. Et cela lui est aussi désagréable qu'à nous. Il
sait aussi de fait qu'il a un rôle à jouer : associations de télespectateurs,
boycotts, etc font partie de la vie du téléspectateur américain, que les
chaînes écoutent, soucieuses qu'ils ne s'en aillent pas à la concurrence. Il y
a même des remises de récompense , comme les "Q" awards de la Viewers for
Quality Television, qui a decerné pendant longtemps des prix prestigieux aux
fictions télé. C'est ainsi que Joss et BtVS ont eu le Founder's award en 2000,
prix spécial distinguant chaque année une personne ou une oeuvre. Autre
exemple que tout le monde ici connaît : la page de remerciement offert à Joss
Whedon par les fans de la série pour la diff du 100ème et qui se termine par
ces mots : "We have a remote. We know how to use it". Difficile d'imaginer la
même chose en France. Parce que tout le monde sait que les chaines se
foutraient totalement de ce genre de menaces. Où est la concurrence ?
PUB : c'est pourquoi, pour ma part, je pense qu'il faut soutenir une
association comme le FLT (Front de Libération Télévisuelle), qui fait un super
boulot pour défendre les séries télé et les téléspectateurs contre le
despotisme de chaînes, et en plus avec peu de moyens. <www.leflt.com>
D'autre part comme tu le faisais remarquer, ces conditions déplorables que
sont les saucissonages de pub obligent les scénaristes à se surpasser
(découpage en actes, intensité dramatique...). Inutile de dire que pour les
fictions françaises, le relâchement est total et que les exigences sont
minimes. Si Julie Lescaut devait subir le même traitement a) la série durerait
2 heures et demie, ce qui a déjà de quoi en décourager plus d'un, et b) ça ne
tiendrait pas la route, car le spectateur se rendrait rapidement compte qu'il
ne se passe pas grand-chose et zapperait à la deuxième coupure pub...
Le public américain, plus que le français pour l'instant, bien
> qu'on le rejoigne à grande vitesse, a basiquement un comportement de veau
> devant sa télé. Je ne dis pas ça méchamment, c'est un fait.
Je sais que tu ne dis pas ça méchamment, mais là je ne suis pas d'accord.
Pourquoi ? Parce que le public en tant qu'entité homogène n'existe pas, et ce
pas plus aux Etats-Unis qu'en France. La difference entre la France et les US,
c'est que là-bas un directeur des programmes qui nierait la diversité du
public se fairait lourder, alors qu'en France il est promu.
En France, on vit sous la figure tutélaire du général de gaulle, qui était à
n'en pas douter un de nos grandes figures historiques, mais qui a quand même
dit quelques conneries. L'une a particulièrement fait des dégâts : "Les
français sont des veaux". De Gaulle étant lui-même français, j'en conclue que
lui aussi... La phrase a marqué, elle est rentrée dans les esprits, et a
légitimé des formes de mépris plus ou moins conscientes vis à vis de tout ce
qui pouvait être assimilé à la masse ou au "public". Je crois qu'il faut
sortir de ça et arrêter de penser que le public, c'est toujours l'autre, à la
façon de ces gens qui sont dans une foule et s'en plaignent sans réaliser
qu'ils en font eux-mêmes partie.
Nous faisons tous partie du public, toi comme moi. Le fait d'aimer des séries
télévisées ambitieuses et de préferer la Vo ne nous autorisent pas à nous
croire meilleurs ou plus intelligents, et penser qu'on ne fait pas partie du
public : non, cela nous autorise en revanche à revendiquer que la diversité du
public soit prise en compte par les chaines de télé, et que nos goûts soient
respectés... et que les chaînes ne nous prennent pas pour des veaux.
Car le public est composite. Et je ne me permettrai pas de juger ceux qui
n'aiment pas les mêmes choses que moi. Pour ma part, je connais des profs
d'université qui suivent les feux de l'amour, des ados qui aiment Starac ET
Buffy, des artistes qui regardent PJ comme Arte...
Et si le public est composite, cela veut dire que l'on peut militer pour une
télé composite. Ce qui évidemment va à l'encontre des chaînes qui prétendent
que Le Public est un bloc monolithique. Ce discours évidemment les sert : car
nier la diversité du public justifie le fait de pas segmenter ce public.
C'est ce qui se passe avec notamment le fameux débat VO/VF, et la soi-disante
affirmation que les amateurs de VO sont ultra-minoritaires. Or, à l'heure
actuelle, il n'y a jamais eu en France, d'études sérieuses, avec un protocole
clairement défini, faites par un organisme indépendant (donc certainement pas
Médiamétrie) permettant d'affirmer que la VO est ultra-minoritaire. Qu'on ne
soit pas majoritaire, certes, mais de là à être quantité négligeable, je n'en
crois pas un mot, notamment chez les moins de 40 ans, qui ont grandi avec le
rock ou le rap, les clips, le cinéma US, les Comics... J'ai interrogé Ozgirl
du FLT : le FLT a mené une enquête auprès des chaînes afin de leur demander ce
qui leur permettait d'affirmer le caractère marginal des amateurs de VO. La
réponse des chaînes a été la suivante : elles basent le rejet du public de la
Vo sur des questionnaires que remplissent s'ils en ont envie les gens qui
viennent sur leurs sites internet. Il n'y a donc derrière tout cela aucune
méthode scientifique, et aucun protocole définissant une quelconque
représentation de l'ensemble de la population française.
Il
> réagit bien sûr, et si Buffy par exemple a eu tant de succès, ce n'est pas
> pour rien, mais cela donne d'autant plus de mérite à Joss d'avoir su
> l'imposer dans ces conditions si difficiles.
Oui. Ce qui permet d'affirmer que talent et qualité peuvent être reconnus à la
télévision, et par le plus grand nombre.
>
> Voilà, pardon pour ce message trop long (au moins, on ne pourra pas
> m'accuser de faire du one-line !), mais dans ce débat il m'a semblé qu'il
> fallait remplacer les télés US et Françaises dans leurs contextes pour
> comparer ce qui est comparable.
Effectivement les télés françaises et US sont très différentes, et
difficilement comparables. Mais les publics français et américains, dans leur
diversité et leur complexité, sont pour moi comparables. Comme tu le faisais
remarquer, la même envie de regarder la télévision anime le téléspectateur
américain et français. Ils la regardent pour les mêmes raisons : pour se
distraire, s'informer et parfois même se cultiver. Et le besoin et l'envie de
voir des fictions, et que ces fictions soient bien écrites, bien filmées, bien
racontées, bien jouées, sont les mêmes de part et d'autre de l'Atlantique. Ce
que l'on peut comparer, c'est l'écoute et la qualité de la réponse apportées à
ce besoin et à cette envie par les chaînes ici et là-bas : y'a pas photo...
Antoine
Buffy... ROCKS!