La mort du rap noir
Publié : 09 août 2003 22:22
Le rap noir est-il sur le point de mourir ?
Cette musique, dont le courant mainstream tourne en rond depuis des années, va-t'elle être à nouveau récupérée par les blancs à l'image du rock et du jazz ? Peut-être pas immédiatement mais on se dirige peu à peu vers l'inéxorable, aux USA comme en France. Le rap est envahi par des mc' blancs de classe moyenne, souvent intellos et désireux de coupler cette culture à celle de la musique électronique. Certains le font bien. D'autres abusent et tuent deux cultures en même temps. Certains à force d'expérimenter dans le seul but d'expérimenter et de faire plaisir aux nerds écrasent le rap sous leur suffisance de gens chébran. D'autres, expérimentant avec parcimonie des formes de hip-hop aussi diverses que l'électro, le psychédélisme ou le minimalisme donnent lieu à des découvertes exceptionnelles. Quoiqu'il en soit, ces tendances nouvelles du rap US et français sont en passe de tuer peu à peu le rap noir.
La vague du rap indépendant américain débutée en 96 à New-York à travers le label Rawkus est l'origine de cette lame à double-tranchant. Le groupe culte Company Flow, multiracial, a ouvert une brêche dans le rap futuriste et expérimental en mêlant thèses politiques et romans de Philip K. Dick sur des instrumentaux terrifiants et difficiles : Funcrusher Plus est un disque clef de l'histoire du hip-hop, le précurseur de la quatrième période de cette musique. La séparation de Company Flow amena les deux partis principaux du groupe, El-P et Bigg Jus, à créer respectivement les structures Def Jux et Subverse, destinées à promouvoir des artistes en marge textuellement, le plus souvent dans des délires science-fictionnels - Cannibal Ox - ou politiques - Mr. Lif, NMS - ou des rappeurs et producteurs ayant une approche plus pop de leur musique - Rjd2. Réalisant que le hip-hop s'est ouvert et que de ne plus parler de ghettos et de guns n'est plus une tarre, les fans de hip-hop blancs se jettent sur leurs micros et enregistrent leurs premières maquettes. Jusque là, les rappeurs de classe moyenne et pâles de peau restaient des anomalies, comme les Beastie Boys et leur hip-hop de rockers. L'arrivée d'Eminem, qui après un premier EP minable mais un premier album impressionnant l'année suivante, fit fantasmer plus d'un apprenti rappeur blanc. Le rappeur blanc peut parler de choses dont le rappeur noir n'a rien à faire. Il peut parler de ses tendances suicidaires, de la haine qu'il a des ses parents, de ses amours d'enfance ou de sa frénésie masturbatrice. Il peut dire qu'il a envie de déchiqueter des gens au fusil à pompe et qu'il viole dix gonzesses par jour. C'est cette voie du sexe et du gore qu'emprunteront des faces de craie américaines extrêmement talentueuses comme Necro - responsable des textes les plus hardcore que le hip-hop n'ait jamais produit et d'instrumentaux macabres - ou son frère Ill Bill, ainsi que les Non-Phixion et leurs histoires de cul matinées de paranoïa anti-gouvernementale excessive et ludique. Les USA sont le pays de tous les excès et ses rappeurs blancs roulent sur ce chemin là, comme le faisait déjà une décennie auparavant le mc' noir Kool Keith. Seuls rappeurs blancs - et même asiatiques pour certains - ayant une démarche textuelle intellectuellement valorisante, les mystérieux Living Legends, mythes de l'underground qui ont à leur actif des centaines de sorties impossibles à toutes citer. A noter aussi le génial Edan, qui recycle du vieux en y ajoutant du neuf, posant des boucles alambiquées sur de vieux breakbeats boursouflés. Quelques noirs demeurent évidemment atypiques et ouverts à toutes les expérimentations, parmi eux l'incontournable Mos Def, le clan Quannum ou les pionniers d'AntiPop-Consortium qui forts de trois albums remarqués ont joué pour beaucoup dans le rapprochement rap et techno avant de se séparer.
En 98, le hip-hop canadien blanc explose. Intellectuel, mélodique, il est le fruit de gens aussi passionnés par KRS-One que par Tom Waits ou l'art de la Renaissance. Son plus impressionnant représentant, l'extraordinaire et productif Buck 65, désormais signé sur major, est en passe de devenir une icône mondiale de la musique moderne, tandis que ses comparses bicolores de Swollen Members se rapprochent de la mentalité Cypress Hill. Le hip-hop blanc a la côte dans le monde entier, mais ses meilleurs éléments siègent au Canada, avec la crème d'Anticon et le très intéressant Mcenroe qui pop un peu sa musique de relents folk.
En Angleterre, Ninja Tune va poursuivre le sentier battu par Dj Shadow ou Prefuse73 aux USA et imposer de grands producteurs blancs - Herbaliser, Dj Vadim - à de grands rappeurs noirs décalés - Infesticons, New Flesh. Le label indépendant Jazz Fudge comporte également son lots de rappeurs blancs farfelus.
En France, le rap de rue, comme on l'appelle, commence à lasser et la résistance s'organise dès 99 au travers de deux groupes majeurs révélés par la structure Kerozen que sont La Caution et TTC. Les premiers, noirs, sont le mélange parfait entre le traditionnalisme urbain - textes sur la banlieue - et le rap expérimental - métaphores futuristes et musique électronique. Les seconds, blancs et signés sur Big Dada en Angleterre, sont le cliché typique du rap de nerds avec au programme humour débilatoire et surréaliste sur des sons warpiens variant du magnifique à l'épouvantable. Des producteurs comme Dj Cam, Tacteel ou Dj Medhi, signés à l'étranger, sont autant d'artisans d'un hip-hop alternatif et farouchement électronique - parfois bien trop malheureusement.
Mais si le rap blanc devait porter un nom, il s'appelerait indéniablement Anticon.
Né en 98, Anticon est avant toute chose un groupe de huit rappeurs/producteurs américains et canadiens, tous blancs, et actuellement meilleurs représentants de ce que l'on pourrait appeler "le rap de blancs". Expérimentations de plus ou moins bon goût, textes entre ésotérisme conceptuel et fleur bleue débile, flows rap souvent entrecoupés de chansonnettes space, musiques volontairement produites avec du matos pas loin d'être pourri et on en passe sur les scratches très spéciaux de Dj Signify et Dj Mayonnaise. Ce groupe atypique se subdivise logiquement en huit carrières solos mais également en dizaines de side-projects sur diverses structures qui seraient trop longues à énumérer. Anticon est également un label qui révèle de nouveaux talents - tous blancs pour le moment également ! - à condition que ces derniers ne soient pas trop loin de la ligne de conduite foutraque des patrons. Ainsi, Anticon a fait la lumière sur des gens aussi louches que Buck 65 ou Sage Francis en sortant leurs premiers disques et en vantant leurs mérites partout sur la planète. Malgré son jeune âge, le crew a déjà plus d'une centaine de sorties à son actif, répartis sur son label mais aussi sur plein de petites productions indépendantes parmi lesquelles le classique Mush Records. Extrêmement critiqués par les puristes - on a rarement vu des rappeurs se faire autant lapider que Anticon dans l'histoire de la musique rap - qui affirment que "Ca n'est pas du hip-hop !", la petite famille continue pourtant son chemin et est d'ores et déjà certaine de laisser une trace non-négligeable dans le livre du hip-hop anglophone, ne serait-ce que par la controverse qu'elle alimente. Seul le temps dira si Anticon était au fond un véritable hip-hop d'artistes novateurs ou bien une sombre arnaque opportuniste.
Reste que le groupe a ses adhérents et qu'il draine plus d'un futur rappeur blanc derrière lui. Alors, que restera-t'il de la musique noire après la fin du rap noir ?
Anticon est :
- Alias
Rappeur peu intéressant, mais producteur de talent sachant créer de véritables ambiances sombres et des instrumentaux carrés, Alias compense son manque relatif de flow et ses textes tout juste corrects par un talent d'utilisation du sample assez hallucinant. Il donne dans un rap sombre et lourd, comme le démontre à nouveau son dernier EP instrumental "Eyes Closed" paru ces derniers temps.
http://www.anticon.com/alias-pillhiding.mp3
Pill Hiding
- Dose One
Rappeur de génie, nasillard et cynique, affectionnant les passages chantés et se lâchant volontiers à des imitations de toast sur des productions presque garage ou drum'n'bass. Dose One fait partie de divers groupes parallèles avec d'autres membres d'Anticon, tels Clouddead, Themselves ou Subtle. Fan de Warp, il se démarque surtout par une approche beaucoup plus électronique de la musique hip-hop. C'est le plus productif de la bande, faisant un peu penser par sa voix à B-Real de Cypress Hill.
http://www.anticon.com/themselves-darkskydemo.mp3
Dark Sky Demo
- Jel
Rappeur occasionnel, mais surtout producteur, Jel signe des compositions à la fois minimalistes et très recherchées. A l'aide de moyens minimaux, souvent un simple SP1200 d'Emu, il livre aussi des albums instrumentaux simples mais terriblement efficaces, à l'image de "Ten Seconds", véritable retour aux sources d'un rap crépitant à l'ancienne. Un véritable sens du rythme habite ce producteur dans chacune de ses oeuvres.
- Odd Nosdam
Odd Nosdam est le bourrin du clan Anticon. Le plus rustique. Celui qui retouchera jamais un morceau qu'il trouve merdique et qui le balancera dans le commerce tel quel. Celui qui fait des albums de 55 morceaux sans titres, d'une minute ou deux chacun et qui utilise des bruits piochés un peu partout. Des coups de pieds dans un mur, une chasse d'eau ou un clavier Bontempi volé à sa nièce. Du beau foutage de gueule ? Peut-être.
http://www.anticon.com/oddnosdam-track21.mp3
Track 21
- Passage
Le rappeur le plus strictement rap de l'écurie. En groupe avec ses acolytes d'Anticon il se comporte même comme un vrai mc'. Mais il suffit de le replacer dans le contexte de son groupe parallèle Restiform Bodies pour qu'il devienne le spécialiste des flows et sons cartoonesques. Passage est lunatique en somme.
- Pedestrian
Pedestrian n'est pas le plus affiché des rappeurs du label. Il se fait très discret, n'apparaissant que sur certains titres collectifs, avec parcimonie. Impossible de dégager une tendance pour l'instant.
- Sole
Fondateur d'Anticon, Sole est paradoxalement son plus mauvais élément. Rappeur peu doué, producteur moyen, l'individu ne laisse pourtant pas indifférent. Son style en solo est très nettement marqué par l'indus. Ses inécoutables sessions "Man BestFriend" en deux volumes témoignent d'une volonté de hip-hop industriel bien plus puriste que les précédents rappeurs s'y étant essayés, comme Divine Styler. Le résultat s'avère très très irrégulier.
- Why ?
Egalement membre de Clouddead et Reaching Quiet Why ? est le farfelu le plus incontrôlable du crew Anticon. En vérité plus chanteur que rappeur, et plus compositeur que producteur, le monsieur donne dans une sorte de rap hybridé avec de la pop. De l'indie pop comme disent les intellos. Au final on obtient des albums teintés de guitare acoustique et de nappes presque naïves où le concerné chante une sorte de pop folk totalement allumée. Parfois franchement lourd, parfois très intéressant, car unique.
http://www.anticon.com/why-badentropy.mp3
Bad Entropy
Disque conseillé pour débuter : Maxi We Ain't Fessin

Cette musique, dont le courant mainstream tourne en rond depuis des années, va-t'elle être à nouveau récupérée par les blancs à l'image du rock et du jazz ? Peut-être pas immédiatement mais on se dirige peu à peu vers l'inéxorable, aux USA comme en France. Le rap est envahi par des mc' blancs de classe moyenne, souvent intellos et désireux de coupler cette culture à celle de la musique électronique. Certains le font bien. D'autres abusent et tuent deux cultures en même temps. Certains à force d'expérimenter dans le seul but d'expérimenter et de faire plaisir aux nerds écrasent le rap sous leur suffisance de gens chébran. D'autres, expérimentant avec parcimonie des formes de hip-hop aussi diverses que l'électro, le psychédélisme ou le minimalisme donnent lieu à des découvertes exceptionnelles. Quoiqu'il en soit, ces tendances nouvelles du rap US et français sont en passe de tuer peu à peu le rap noir.
La vague du rap indépendant américain débutée en 96 à New-York à travers le label Rawkus est l'origine de cette lame à double-tranchant. Le groupe culte Company Flow, multiracial, a ouvert une brêche dans le rap futuriste et expérimental en mêlant thèses politiques et romans de Philip K. Dick sur des instrumentaux terrifiants et difficiles : Funcrusher Plus est un disque clef de l'histoire du hip-hop, le précurseur de la quatrième période de cette musique. La séparation de Company Flow amena les deux partis principaux du groupe, El-P et Bigg Jus, à créer respectivement les structures Def Jux et Subverse, destinées à promouvoir des artistes en marge textuellement, le plus souvent dans des délires science-fictionnels - Cannibal Ox - ou politiques - Mr. Lif, NMS - ou des rappeurs et producteurs ayant une approche plus pop de leur musique - Rjd2. Réalisant que le hip-hop s'est ouvert et que de ne plus parler de ghettos et de guns n'est plus une tarre, les fans de hip-hop blancs se jettent sur leurs micros et enregistrent leurs premières maquettes. Jusque là, les rappeurs de classe moyenne et pâles de peau restaient des anomalies, comme les Beastie Boys et leur hip-hop de rockers. L'arrivée d'Eminem, qui après un premier EP minable mais un premier album impressionnant l'année suivante, fit fantasmer plus d'un apprenti rappeur blanc. Le rappeur blanc peut parler de choses dont le rappeur noir n'a rien à faire. Il peut parler de ses tendances suicidaires, de la haine qu'il a des ses parents, de ses amours d'enfance ou de sa frénésie masturbatrice. Il peut dire qu'il a envie de déchiqueter des gens au fusil à pompe et qu'il viole dix gonzesses par jour. C'est cette voie du sexe et du gore qu'emprunteront des faces de craie américaines extrêmement talentueuses comme Necro - responsable des textes les plus hardcore que le hip-hop n'ait jamais produit et d'instrumentaux macabres - ou son frère Ill Bill, ainsi que les Non-Phixion et leurs histoires de cul matinées de paranoïa anti-gouvernementale excessive et ludique. Les USA sont le pays de tous les excès et ses rappeurs blancs roulent sur ce chemin là, comme le faisait déjà une décennie auparavant le mc' noir Kool Keith. Seuls rappeurs blancs - et même asiatiques pour certains - ayant une démarche textuelle intellectuellement valorisante, les mystérieux Living Legends, mythes de l'underground qui ont à leur actif des centaines de sorties impossibles à toutes citer. A noter aussi le génial Edan, qui recycle du vieux en y ajoutant du neuf, posant des boucles alambiquées sur de vieux breakbeats boursouflés. Quelques noirs demeurent évidemment atypiques et ouverts à toutes les expérimentations, parmi eux l'incontournable Mos Def, le clan Quannum ou les pionniers d'AntiPop-Consortium qui forts de trois albums remarqués ont joué pour beaucoup dans le rapprochement rap et techno avant de se séparer.
En 98, le hip-hop canadien blanc explose. Intellectuel, mélodique, il est le fruit de gens aussi passionnés par KRS-One que par Tom Waits ou l'art de la Renaissance. Son plus impressionnant représentant, l'extraordinaire et productif Buck 65, désormais signé sur major, est en passe de devenir une icône mondiale de la musique moderne, tandis que ses comparses bicolores de Swollen Members se rapprochent de la mentalité Cypress Hill. Le hip-hop blanc a la côte dans le monde entier, mais ses meilleurs éléments siègent au Canada, avec la crème d'Anticon et le très intéressant Mcenroe qui pop un peu sa musique de relents folk.
En Angleterre, Ninja Tune va poursuivre le sentier battu par Dj Shadow ou Prefuse73 aux USA et imposer de grands producteurs blancs - Herbaliser, Dj Vadim - à de grands rappeurs noirs décalés - Infesticons, New Flesh. Le label indépendant Jazz Fudge comporte également son lots de rappeurs blancs farfelus.
En France, le rap de rue, comme on l'appelle, commence à lasser et la résistance s'organise dès 99 au travers de deux groupes majeurs révélés par la structure Kerozen que sont La Caution et TTC. Les premiers, noirs, sont le mélange parfait entre le traditionnalisme urbain - textes sur la banlieue - et le rap expérimental - métaphores futuristes et musique électronique. Les seconds, blancs et signés sur Big Dada en Angleterre, sont le cliché typique du rap de nerds avec au programme humour débilatoire et surréaliste sur des sons warpiens variant du magnifique à l'épouvantable. Des producteurs comme Dj Cam, Tacteel ou Dj Medhi, signés à l'étranger, sont autant d'artisans d'un hip-hop alternatif et farouchement électronique - parfois bien trop malheureusement.
Mais si le rap blanc devait porter un nom, il s'appelerait indéniablement Anticon.
Né en 98, Anticon est avant toute chose un groupe de huit rappeurs/producteurs américains et canadiens, tous blancs, et actuellement meilleurs représentants de ce que l'on pourrait appeler "le rap de blancs". Expérimentations de plus ou moins bon goût, textes entre ésotérisme conceptuel et fleur bleue débile, flows rap souvent entrecoupés de chansonnettes space, musiques volontairement produites avec du matos pas loin d'être pourri et on en passe sur les scratches très spéciaux de Dj Signify et Dj Mayonnaise. Ce groupe atypique se subdivise logiquement en huit carrières solos mais également en dizaines de side-projects sur diverses structures qui seraient trop longues à énumérer. Anticon est également un label qui révèle de nouveaux talents - tous blancs pour le moment également ! - à condition que ces derniers ne soient pas trop loin de la ligne de conduite foutraque des patrons. Ainsi, Anticon a fait la lumière sur des gens aussi louches que Buck 65 ou Sage Francis en sortant leurs premiers disques et en vantant leurs mérites partout sur la planète. Malgré son jeune âge, le crew a déjà plus d'une centaine de sorties à son actif, répartis sur son label mais aussi sur plein de petites productions indépendantes parmi lesquelles le classique Mush Records. Extrêmement critiqués par les puristes - on a rarement vu des rappeurs se faire autant lapider que Anticon dans l'histoire de la musique rap - qui affirment que "Ca n'est pas du hip-hop !", la petite famille continue pourtant son chemin et est d'ores et déjà certaine de laisser une trace non-négligeable dans le livre du hip-hop anglophone, ne serait-ce que par la controverse qu'elle alimente. Seul le temps dira si Anticon était au fond un véritable hip-hop d'artistes novateurs ou bien une sombre arnaque opportuniste.
Reste que le groupe a ses adhérents et qu'il draine plus d'un futur rappeur blanc derrière lui. Alors, que restera-t'il de la musique noire après la fin du rap noir ?
Anticon est :
- Alias
Rappeur peu intéressant, mais producteur de talent sachant créer de véritables ambiances sombres et des instrumentaux carrés, Alias compense son manque relatif de flow et ses textes tout juste corrects par un talent d'utilisation du sample assez hallucinant. Il donne dans un rap sombre et lourd, comme le démontre à nouveau son dernier EP instrumental "Eyes Closed" paru ces derniers temps.
http://www.anticon.com/alias-pillhiding.mp3
Pill Hiding
- Dose One
Rappeur de génie, nasillard et cynique, affectionnant les passages chantés et se lâchant volontiers à des imitations de toast sur des productions presque garage ou drum'n'bass. Dose One fait partie de divers groupes parallèles avec d'autres membres d'Anticon, tels Clouddead, Themselves ou Subtle. Fan de Warp, il se démarque surtout par une approche beaucoup plus électronique de la musique hip-hop. C'est le plus productif de la bande, faisant un peu penser par sa voix à B-Real de Cypress Hill.
http://www.anticon.com/themselves-darkskydemo.mp3
Dark Sky Demo
- Jel
Rappeur occasionnel, mais surtout producteur, Jel signe des compositions à la fois minimalistes et très recherchées. A l'aide de moyens minimaux, souvent un simple SP1200 d'Emu, il livre aussi des albums instrumentaux simples mais terriblement efficaces, à l'image de "Ten Seconds", véritable retour aux sources d'un rap crépitant à l'ancienne. Un véritable sens du rythme habite ce producteur dans chacune de ses oeuvres.
- Odd Nosdam
Odd Nosdam est le bourrin du clan Anticon. Le plus rustique. Celui qui retouchera jamais un morceau qu'il trouve merdique et qui le balancera dans le commerce tel quel. Celui qui fait des albums de 55 morceaux sans titres, d'une minute ou deux chacun et qui utilise des bruits piochés un peu partout. Des coups de pieds dans un mur, une chasse d'eau ou un clavier Bontempi volé à sa nièce. Du beau foutage de gueule ? Peut-être.
http://www.anticon.com/oddnosdam-track21.mp3
Track 21
- Passage
Le rappeur le plus strictement rap de l'écurie. En groupe avec ses acolytes d'Anticon il se comporte même comme un vrai mc'. Mais il suffit de le replacer dans le contexte de son groupe parallèle Restiform Bodies pour qu'il devienne le spécialiste des flows et sons cartoonesques. Passage est lunatique en somme.
- Pedestrian
Pedestrian n'est pas le plus affiché des rappeurs du label. Il se fait très discret, n'apparaissant que sur certains titres collectifs, avec parcimonie. Impossible de dégager une tendance pour l'instant.
- Sole
Fondateur d'Anticon, Sole est paradoxalement son plus mauvais élément. Rappeur peu doué, producteur moyen, l'individu ne laisse pourtant pas indifférent. Son style en solo est très nettement marqué par l'indus. Ses inécoutables sessions "Man BestFriend" en deux volumes témoignent d'une volonté de hip-hop industriel bien plus puriste que les précédents rappeurs s'y étant essayés, comme Divine Styler. Le résultat s'avère très très irrégulier.
- Why ?
Egalement membre de Clouddead et Reaching Quiet Why ? est le farfelu le plus incontrôlable du crew Anticon. En vérité plus chanteur que rappeur, et plus compositeur que producteur, le monsieur donne dans une sorte de rap hybridé avec de la pop. De l'indie pop comme disent les intellos. Au final on obtient des albums teintés de guitare acoustique et de nappes presque naïves où le concerné chante une sorte de pop folk totalement allumée. Parfois franchement lourd, parfois très intéressant, car unique.
http://www.anticon.com/why-badentropy.mp3
Bad Entropy
Disque conseillé pour débuter : Maxi We Ain't Fessin