Ministry n'est pas mort
Publié : 26 avr. 2002 19:13
Ministry est le plus grand groupe de ce sous-courant que l'on appelle le métal-indus. Il a influencé toute la scène hardcore en défiant les bases de la musique de son époque. Ministry a rencontré les plus grands et les a parfois lancés : de l'industriel de Nine Inch Nails à la rythmique technoïde de Front 242, des pionners de l'électronique Cabaret Voltaire aux cris survoltés des Skinny Puppy, Ministry était dans les parages. Bref, sans Ministry, la techno underground de Chicago et un bon paquet de bons groupes actuels comme Ramstein ou Aphex Twin auraient peut-être jamais vus le jour.
Ministry est le groupe d'industriel qui vend le plus de disques juste derrière Nine Inch Nails. Mais là où Nine Inch Nails s'applique à faire de son oeuvre une constante extrêmement subtile, Ministry représente le contraire. Ministry représente une violence, un nihilisme politique, une musique répétitive et sombre, une vulgarité sans poésie.
Ministry c'est avant tout Al Jourgensen.
Né à Cuba, il est élevé à la dure par des parents sur-politisés et très contestataires. Après de nombreux problèmes dûs à une insurrection civile sur l'île, il termine dans un bateau qui file vers les USA. L'enfant déboule dans la banlieue de Chicago, le trône suprême de la violence urbaine. Il passe sa jeunesse à se bastonner, à assister à la mort de plusieurs amis, et finit régulièrement à l'hôpital pour os brisés. Il reçoit un coup de batte dans le visage qui déplace un hémisphère de son cerveau et lui tord un oeil. Désormais Al Jourgensen portera des lunettes noires toute sa carrière.
C'est au début des années 80 que tout commence. Al se fait chier avec sa guitare sèche et son boulot de Dj de quartier. Il en a marre de ne passer que du disco en boîte, il trouve que c'est une musique de merde et que l'osmose homme/machine pourrait être bien meilleur que ça.
Trois ans plus tard, Jourgensen se lance dans la musique avec une volonté de musique plus violente que la daube qu'on sert partout à la radio. Malheureusement pour lui, sa maison de disque l'oblige à faire à son tour de la daube sous peine d'avoir des ennuis légaux. Le premier album de Ministry, "With Sympathy", c'est de la pop électronique typique des 80's... et l'idéal pour les radios. Pourtant les ventes sont médiocres, bref humiliation pour rien. Quelques bonnes idées, et des rythmiques agréables, mais des textes franchement niais. Jourgensen n'aime pas ce qu'il fait, mais il a besoin de pognon, et puis sa maison de disque le tient par les couilles. Il s'en va vite fait.
Il fonde le groupe mythique Revolting Cocks avec Richard 23, leader de Front 242. L'album "Big Sexyland" paraît, très simplet et parfois lassant, mais absolument essentiel pour la techno de Chicago qui voit là ses prémices.
Jourgensen-Ministry récidive en 1986 avec "Twitch". Le son est déjà moins soft, et même si l'aspect pop reste présent, les premières vibrations industrielles et quelques touches violentes apparaissent. Les textes évoquent problèmes écologiques et méfiance de l'autre. Mais bon c'est pas encore transcendant et ça passe inaperçu.
La sortie en 1987 du mini-album "Twelve Inch Singles", titres rares de l'époque pop, est imposée par l'ancienne maison de disque qui veut se venger du départ de Al en tentant de le ridiculiser avec ses premiers morceaux un chouilla ringards. Effet loupé.
Le groupe PTP, Program The PsychoDrill, qu'il fonde avec Nivek Ogre de Skinny Puppy le temps d'un morceau sur la BO de Robocop fait un bide monumental.
En 1988, Al rencontre Trent Reznor, et sort un disque avec lui sous le nom de 1000 Homos Dj. Un petit disque sans prétention qui reprend un hit du groupe métal Pantera.
C'est cette même année que le mythe commence. Al s'associe au bassiste Paul Barker, seconde tête pensante de Ministry et tout débute. L'album "The Land Of Rape And Honey", industriel dans sa plus pure définition avec guitares saturées, samples hyper-répétitifs, textes rageurs et bruits de perceuse, débarque aux yeux du monde et change à tout jamais l'histoire de la musique rock. Très violent, aliénant, méchant, à la fois hard-rock et techno, il révèle à un pays incrédule qu'il y a autre chose que les radios et leur merde incipide. Ministry explose dans les caves et leur disque est joué dans les boîtes les plus mal fréquentées qui soient à Chicago. Jourgensen commence à faire très peur aux mouvements bien-pensants américains.
Dans la foulée, 1989 voit arriver l'album "The Mind is a Terrible Thing to Taste", qui ressemble énormément au précédent mais qui contrairement à lui, va bien mieux marcher commercialement, avec les titres "Burning Inside" et "So What" qui sont les premiers gros succès de Ministry.
En 1990, Al et Paul s'allient avec Jello Biafra et fondent avec lui le groupe métal répétitif LARD. L'album "The Last Temptation of Reid" paraît et confirme l'aspect anti-social du clan Ministry, avec des slogans aussi lourdauds que jouissifs tels que "Fuck the governments, fuck the banks, fuck the police and fuck me". Un grand disque.
Suit le projet parallèle Pailhead, qui sort un mini-album nommé "Trait" en 1991 puis disparaît dans l'oubli. Al a entre temps lancé divers groupes industriels en Allemagne, il fait équipe avec Skinny Puppy et produit un titre pour Nine Inch Nails. Il sort un second album des Revolting Cocks, "Beef and Beers", sur lequel Reznor participe.
1990, le live "In case you didn't like feeling up" sort en cd et vidéo. Il devient rapidement culte pour la simple et bonne raison que certains Etats des USA veulent l'interdire à la vente. C'est également le premier disque de toute l'industrie musicale à avoir eu le fameux logo "Parental Advisory" sur sa pochette, bref bonne pub pour le groupe.
1992 est la plus grande année Ministry, puisque c'est la sortie de l'album "Psalm 69" : le croisement ultime entre l'industriel et le métal et le disque de référence de l'underground US. Le succès de l'abum est conséquent, et pour cause c'est le meilleur disque de Ministry, absolument indispensable, qui préfigure déjà toute la musique hardcore, sombre et répétitive des 90's. Les hits "Just One Fix", "Jesus Built my HotRoad" et "New World Order" tétanisent toute l'Amérique, cet album est un monstre inouï qui propulse Ministry au sommet.
De plus en plus de curieux veulent alors voir ce que Ministry donne en concert. Ils ne vont pas être déçus : le groupe détruit tout sur scène, s'enferme derrière des barreaux d'acier et hurle à tue-tête tout en faisant des solos d'harmonica derrière les cris des guitares.
1993, les Revolting Cocks sortent leur troisième et dernier album, un très bon disque d'ironie sociale cotoyant hard-rock, breakbeat hip-hop et techno. Le tube fun "Crack'In Up" des Revolting Cocks donne une image plus humoristique du craint et dur Ministry.
Ministry a besoin de fric pour se lancer dans un nouvel album. Des problèmes de drogue au sein du groupe ont fragilisé toute la structure. Al, loin d'être un romantique, a divorcé de sa femme Patty après que celle-ci ait porté plainte pour agressions domestiques. Résultat quelques mois dans la sympathique prison du ghetto de Chicago. La vie de Al est vraiment un modèle de tranquilité. C'est durant ces années que des maxis collectors sortent en Europe avec des inédits rares.
L'album "FilthPig" est précédé par le single "Lay Lady Lay", reprise réussie de la chanson de Bob Dylan. 1996, les fans se précipitent donc chez les disquaires pour acheter le nouveau Ministry mais surprise : cette fois on a droit à un échec commercial cinglant. Ce dernier album n'est plus industriel, c'est quasiment du métal pur, avec l'aspect répétitif propre au groupe. Pour certains il devient un disque de chevet inestimable, pour d'autres c'est une déception totale, en tout cas le disque est vraiment controversé.
LARD sort son second album en 1997 et ne convainc pas vraiment. Son premier album était vraiment réussi, mais cette fois ça sent le réchauffé. Tant d'années d'absence pour aucune évolution, si ce n'est des titres plus violents et moins funs, les fans déchantent. Le mini-album qu'il sortira en 2000 sera tout juste passable.
1999, Ministry sort "Dark Side Of The Spoon", le côté sombre de la cuillière. Cet album est vraiment une bonne surprise puisqu'Al se calme enfin un peu et emmène Ministry vers les contrées plus subtiles d'un métal plus lent et expérimental.
"Tapes of Wrath", la compilation de tous les clips de Ministry paraît en 2000 en K7 et DVD.
2001 "The Greatest Fits" : Ministry sort son best-of, qui est accueilli à bras ouverts par le public même si quelques titres capitaux manquent au track-listing. Un titre rarissime, un live exclusif et un excellent titre inédit font grimper les ventes du best-of.
C'est en mars 2002 que sort l'album live "Sphinctour", dixième opus, dont rien que le titre annonce la couleur. Un live enregistré durant la tournée de 1996 et qui donne vraiment du punch aux titres clefs de l'époque.
Ministry travaille actuellement sur son nouvel album studio, que l'on espère bien chiadé.
Ministry est le groupe d'industriel qui vend le plus de disques juste derrière Nine Inch Nails. Mais là où Nine Inch Nails s'applique à faire de son oeuvre une constante extrêmement subtile, Ministry représente le contraire. Ministry représente une violence, un nihilisme politique, une musique répétitive et sombre, une vulgarité sans poésie.
Ministry c'est avant tout Al Jourgensen.
Né à Cuba, il est élevé à la dure par des parents sur-politisés et très contestataires. Après de nombreux problèmes dûs à une insurrection civile sur l'île, il termine dans un bateau qui file vers les USA. L'enfant déboule dans la banlieue de Chicago, le trône suprême de la violence urbaine. Il passe sa jeunesse à se bastonner, à assister à la mort de plusieurs amis, et finit régulièrement à l'hôpital pour os brisés. Il reçoit un coup de batte dans le visage qui déplace un hémisphère de son cerveau et lui tord un oeil. Désormais Al Jourgensen portera des lunettes noires toute sa carrière.
C'est au début des années 80 que tout commence. Al se fait chier avec sa guitare sèche et son boulot de Dj de quartier. Il en a marre de ne passer que du disco en boîte, il trouve que c'est une musique de merde et que l'osmose homme/machine pourrait être bien meilleur que ça.
Trois ans plus tard, Jourgensen se lance dans la musique avec une volonté de musique plus violente que la daube qu'on sert partout à la radio. Malheureusement pour lui, sa maison de disque l'oblige à faire à son tour de la daube sous peine d'avoir des ennuis légaux. Le premier album de Ministry, "With Sympathy", c'est de la pop électronique typique des 80's... et l'idéal pour les radios. Pourtant les ventes sont médiocres, bref humiliation pour rien. Quelques bonnes idées, et des rythmiques agréables, mais des textes franchement niais. Jourgensen n'aime pas ce qu'il fait, mais il a besoin de pognon, et puis sa maison de disque le tient par les couilles. Il s'en va vite fait.
Il fonde le groupe mythique Revolting Cocks avec Richard 23, leader de Front 242. L'album "Big Sexyland" paraît, très simplet et parfois lassant, mais absolument essentiel pour la techno de Chicago qui voit là ses prémices.
Jourgensen-Ministry récidive en 1986 avec "Twitch". Le son est déjà moins soft, et même si l'aspect pop reste présent, les premières vibrations industrielles et quelques touches violentes apparaissent. Les textes évoquent problèmes écologiques et méfiance de l'autre. Mais bon c'est pas encore transcendant et ça passe inaperçu.
La sortie en 1987 du mini-album "Twelve Inch Singles", titres rares de l'époque pop, est imposée par l'ancienne maison de disque qui veut se venger du départ de Al en tentant de le ridiculiser avec ses premiers morceaux un chouilla ringards. Effet loupé.
Le groupe PTP, Program The PsychoDrill, qu'il fonde avec Nivek Ogre de Skinny Puppy le temps d'un morceau sur la BO de Robocop fait un bide monumental.
En 1988, Al rencontre Trent Reznor, et sort un disque avec lui sous le nom de 1000 Homos Dj. Un petit disque sans prétention qui reprend un hit du groupe métal Pantera.
C'est cette même année que le mythe commence. Al s'associe au bassiste Paul Barker, seconde tête pensante de Ministry et tout débute. L'album "The Land Of Rape And Honey", industriel dans sa plus pure définition avec guitares saturées, samples hyper-répétitifs, textes rageurs et bruits de perceuse, débarque aux yeux du monde et change à tout jamais l'histoire de la musique rock. Très violent, aliénant, méchant, à la fois hard-rock et techno, il révèle à un pays incrédule qu'il y a autre chose que les radios et leur merde incipide. Ministry explose dans les caves et leur disque est joué dans les boîtes les plus mal fréquentées qui soient à Chicago. Jourgensen commence à faire très peur aux mouvements bien-pensants américains.
Dans la foulée, 1989 voit arriver l'album "The Mind is a Terrible Thing to Taste", qui ressemble énormément au précédent mais qui contrairement à lui, va bien mieux marcher commercialement, avec les titres "Burning Inside" et "So What" qui sont les premiers gros succès de Ministry.
En 1990, Al et Paul s'allient avec Jello Biafra et fondent avec lui le groupe métal répétitif LARD. L'album "The Last Temptation of Reid" paraît et confirme l'aspect anti-social du clan Ministry, avec des slogans aussi lourdauds que jouissifs tels que "Fuck the governments, fuck the banks, fuck the police and fuck me". Un grand disque.
Suit le projet parallèle Pailhead, qui sort un mini-album nommé "Trait" en 1991 puis disparaît dans l'oubli. Al a entre temps lancé divers groupes industriels en Allemagne, il fait équipe avec Skinny Puppy et produit un titre pour Nine Inch Nails. Il sort un second album des Revolting Cocks, "Beef and Beers", sur lequel Reznor participe.
1990, le live "In case you didn't like feeling up" sort en cd et vidéo. Il devient rapidement culte pour la simple et bonne raison que certains Etats des USA veulent l'interdire à la vente. C'est également le premier disque de toute l'industrie musicale à avoir eu le fameux logo "Parental Advisory" sur sa pochette, bref bonne pub pour le groupe.
1992 est la plus grande année Ministry, puisque c'est la sortie de l'album "Psalm 69" : le croisement ultime entre l'industriel et le métal et le disque de référence de l'underground US. Le succès de l'abum est conséquent, et pour cause c'est le meilleur disque de Ministry, absolument indispensable, qui préfigure déjà toute la musique hardcore, sombre et répétitive des 90's. Les hits "Just One Fix", "Jesus Built my HotRoad" et "New World Order" tétanisent toute l'Amérique, cet album est un monstre inouï qui propulse Ministry au sommet.
De plus en plus de curieux veulent alors voir ce que Ministry donne en concert. Ils ne vont pas être déçus : le groupe détruit tout sur scène, s'enferme derrière des barreaux d'acier et hurle à tue-tête tout en faisant des solos d'harmonica derrière les cris des guitares.
1993, les Revolting Cocks sortent leur troisième et dernier album, un très bon disque d'ironie sociale cotoyant hard-rock, breakbeat hip-hop et techno. Le tube fun "Crack'In Up" des Revolting Cocks donne une image plus humoristique du craint et dur Ministry.
Ministry a besoin de fric pour se lancer dans un nouvel album. Des problèmes de drogue au sein du groupe ont fragilisé toute la structure. Al, loin d'être un romantique, a divorcé de sa femme Patty après que celle-ci ait porté plainte pour agressions domestiques. Résultat quelques mois dans la sympathique prison du ghetto de Chicago. La vie de Al est vraiment un modèle de tranquilité. C'est durant ces années que des maxis collectors sortent en Europe avec des inédits rares.
L'album "FilthPig" est précédé par le single "Lay Lady Lay", reprise réussie de la chanson de Bob Dylan. 1996, les fans se précipitent donc chez les disquaires pour acheter le nouveau Ministry mais surprise : cette fois on a droit à un échec commercial cinglant. Ce dernier album n'est plus industriel, c'est quasiment du métal pur, avec l'aspect répétitif propre au groupe. Pour certains il devient un disque de chevet inestimable, pour d'autres c'est une déception totale, en tout cas le disque est vraiment controversé.
LARD sort son second album en 1997 et ne convainc pas vraiment. Son premier album était vraiment réussi, mais cette fois ça sent le réchauffé. Tant d'années d'absence pour aucune évolution, si ce n'est des titres plus violents et moins funs, les fans déchantent. Le mini-album qu'il sortira en 2000 sera tout juste passable.
1999, Ministry sort "Dark Side Of The Spoon", le côté sombre de la cuillière. Cet album est vraiment une bonne surprise puisqu'Al se calme enfin un peu et emmène Ministry vers les contrées plus subtiles d'un métal plus lent et expérimental.
"Tapes of Wrath", la compilation de tous les clips de Ministry paraît en 2000 en K7 et DVD.
2001 "The Greatest Fits" : Ministry sort son best-of, qui est accueilli à bras ouverts par le public même si quelques titres capitaux manquent au track-listing. Un titre rarissime, un live exclusif et un excellent titre inédit font grimper les ventes du best-of.
C'est en mars 2002 que sort l'album live "Sphinctour", dixième opus, dont rien que le titre annonce la couleur. Un live enregistré durant la tournée de 1996 et qui donne vraiment du punch aux titres clefs de l'époque.
Ministry travaille actuellement sur son nouvel album studio, que l'on espère bien chiadé.