REPOST : NIN Historique
Publié : 12 mai 2002 14:35
Puisque entre temps on a changé de forum...
Nine Inch Nails, souvent contracté NIN, est un groupe à la notoriété énorme aux USA mais méconnu en France. Cet état de fait s’avère des plus injustes en comparaison avec ce que le groupe a apporté au rock et à la musique électronique des années 90.
Doté d’un style unique, NIN traverse les années sans jamais lasser, évoluant à l’infini tout en gardant ce qui a toujours fait sa force, un climat oppressant et désespéré. La musique du groupe paraît difficilement classable car très diversifiée : rock, techno trash, trip-hop ambiant et surtout industriel hardcore forment la palette éclectique qui a fait de Nine Inch Nails l’un des plus grands mythes musicaux de l’Amérique.
Violentes, noires, dépressives, les mélodies de NIN sont le reflet du malaise ambiant que suscitent les sociétés post-industrielles sur l’individu. Mais là où le reste de son mouvement industriel prône une politique nihiliste et totalement anti-sociale, Trent Reznor, éminence grise de Nine Inch Nails, chante et hurle le foutoir immonde qui habite sa psychologie. L’ambivalence de l’âme, thème majeur chez l’auteur, est exposée au premier plan sur toute la discographie du groupe, faisant de la musique de NIN la digne représentante de la musique romantico-pessimiste contemporaine.
En quelques années seulement, le groupe est devenu légendaire : les albums se vendent par millions malgré leur caractère anti-commercial, les concerts se multiplient dans le monde et Trent Reznor devient malgré lui une star internationale. Son œuvre sera acclamée par des célébrités venant de tout horizons : David Bowie (pop-rock), Gun’s and Roses (hard-rock), Aphex Twin (techno), Gary Nowman (pop-rock), Tori Amos (piano), Kiss (rock métal), Dr. Dre (hip-hop), Ministry (industriel), Oliver Stone (réalisateur de Tueurs Nés et de JFK), David Lynch (réalisateur de Dune et de Twin Peaks), Chris Carter (créateur de X-Files et de MillenniuM), David Fincher (réalisateur de Fight Club et de Seven)…
Nine Inch Nails, pour résumer, est Trent Reznor.
Hé oui, c'est bien Roméo Luther, c'est lui !
Auteur, compositeur, interprète, il contrôle toute la machine, jusqu’à la pochette des disques. L’entité NIN est sous son commandement, il est entouré pour la diriger de talentueux producteurs, remixeurs, assistants qui se transforment en musiciens lors des prestations scéniques : Charlie Clouser, Jerome Dillon, Danny Lohner et Robin Finck.
A côté de cette impressionnante maîtrise artistique ayant mené à de nombreux albums, maxis, compilations, remixes, collaborations, Trent Reznor s’avère être le créateur et directeur de l’un des plus originaux labels de la dernière décennie : Nothing Records. Il lance ainsi un nombre conséquent d’artistes en les produisant au travers de son label, leur laissant une liberté d’initiative bien plus étendue que chez une major quelconque. Le résultat est fameux car Trent Reznor, passionné par toutes les musiques, sait dégoter des artistes créatifs et originaux. Outre le hard-rock gothique de Marilyn Manson qui déchaînera une folie commerciale mondiale, Nothing Records fera lumière sur des musiciens aussi divers que l’excellent rocker TheThe, sur l’industriel-death Lacuna Coil, sur l’étrange trip-hop bruital d’Autechre ou sur l’electronica de Plaid. Ainsi, Reznor contribue à la musique des années 90 de façon significative, gardant sa crédibilité là ou tant d’autres baissent leur pantalon.
Mais comment cet homme, d’apparence banale, a-t-il pu devenir une telle icône de la musique hardcore industrielle et du rock en général ?
Michael Trent Reznor est né le 17 mai 1965 à Mercer, une petite bourgade rurale et paumée de Pennsylvanie. Fils de Mike Reznor et Nancy Clark, il a été éduqué par ses grand-parents lorsque ses géniteurs ont divorcé alors qu’il avait cinq ans. Son enfance fut des plus normales, skateboard, maquettes d’avions et cours de piano. Trent aurait dû être cantonné à la musique classique mais le destin fait qu’il découvre par hasard le rock avec le groupe Kiss. Il découvrira peu après David Bowie et Patti Smith. Dès lors il sera impossible pour lui de continuer à jouer du classique, il tente de recréer à l’aide d’un synthétiseur une rythmique rock, sans savoir qu’en faisant ça il est l’un des pionniers de la musique industrielle, supplantatrice du punk qui défraie alors la chronique en Angleterre avec des groupes comme les Sex Pistols.
Les études de Trent se passent sans trop de problèmes, il obtient un petit diplôme en tant qu’ingénieur en informatique à Pittsburgh. A force de fonder des petits groupes de rock de droite à gauche, Trent comprend que la musique est son seul centre d’intérêt et il abandonne ses études pour s’y consacrer. Il part à Cleveland et travaille dans un studio de la manière suivante : la journée il fait toutes sortes de tâches ménagères, en échange la nuit il peut se servir du matériel. C’est ainsi que naquit la première chanson d’un projet nommé Nine Inch Nails, via une cassette démo de qualité assez excitante pour un simple concierge de studio.
Le label anglais TVT, dirigé par Steve Gottlieb, est de suite intéressé et signe Trent Reznor et son bébé Nine Inch Nails. Le label présente à Trent des gens comme Flood de Depeche Mode, LeBlanc et Sherwood, producteurs et remixeurs qui l’aideront à réaliser un premier album. Dix titres sont mis en boîte en 1989 : l’album Pretty Hate Machine arrive chez les disquaires, précédé du maxi-single Down In It. Les ventes sont très satisfaisantes, ce qui est étonnant vu le type de musique et la publicité modeste faite autour du groupe. Les disques officiels sont notifiés avec un code bizarre nommé Halo.
Trent Reznor, accompagné de musiciens live, triomphe au festival de Lollapalooza en 1990 et Nine Inch Nails suscite la curiosité du public et de la scène rock. Steve Gottlieb du label TVT fait alors une erreur de taille, il essaye d’influencer la musique de NIN et de la contrôler alors que les maxis Head Like a Hole et Sin remportent un certain succès, tout comme leurs clips. Dégoûté par les tentatives de corruptions dont il est la cible, Reznor quitte le label TVT et enregistre un nouveau disque en secret durant les batailles légales : le premier disque du label Nothing Records, intitulé Broken, en 1992, une orgie hard-rock ultra-agressive accompagnée d’une vidéo pirate insoutenable faites de tortures et de mutilations. NIN obtient quand même un petit succès avec ce mini-album, ce qui semble carrément incompréhensible étant donnée la violence de ce dernier. Six mois plus tard paraît Fixed, mini-album de remixes de Broken.
1994, le monde entier découvre Nine Inch Nails grâce à une prestation sous la boue de Woodstock d’une rare intensité.
C'est de la boue, ça donne du style.
Dès lors les fans attendent un second album et le maxi éclaireur March of the Pigs annonce un disque condensant l’œuvre entière de NIN. The Downward Spiral sort, album-concept décrivant l’horreur mentale d’un homme qui sombre dans la déchéance et la décadence, fortement inspiré par Pink Floyd et Ministry. Certainement l’un des albums les plus marquants des années 90, ses ventes décollent pour ne plus s’arrêter et l’opus devient le plus culte du groupe. Le caractère sombre de NIN imprègne peu à peu les esprits et l’album fait les beaux jours de Nothing Records, tout comme le premier long-player de Marilyn Manson, que produit Reznor. Le maxi et le clip de Closer ne laissent personne indifférent.
S’ensuit une longue tournée, le Self Destruct Tour, triomphante, mais où Trent perd peu à peu sa santé mentale lors de jeux glauques avec son acolyte Manson. Il produit son second album, probablement son meilleur et sort Further Down the Spiral, album de remixes tout aussi violent et réussi que l’original. Les artistes amateurs qui reprennent NIN sur des tributes et des compilations se multiplient. Trent Reznor remixe des titres pour Megadeth, KMFDM, Puff Daddy, The Cure, David Bowie avec toujours le même brio puis compose la musique du jeu vidéo Quake. Il est contacté par Oliver Stone qui lui demande de produire la BO de son film Tueurs Nés en 1995. Puis c’est au tour de David Lynch de lui demander cette faveur, pour son film L’Autoroute Perdue, sorti en 1997. Reznor arrive à mener tous les projets de front, les magazines spécialisés font l’éloge de chacune de ses nouvelles créations, y compris du nouveau maxi, The Perfect Drug, très house-music et techno hard.
Les grands-parents de Trent, qui l’ont élevé, décèdent à cette période, ce dernier tombe dans ce qu’il appellera une déprime bénéfique. De plus, le chanteur se sent trahi par son ami Manson, qui blasphème sur lui dans une autobiographie, et harcelé par les médias et par des groupies hystériques. A l’issue de ce difficile moment, Reznor sent qu’il est temps de sortir un nouvel album de Nine Inch Nails, un album différent, plus humaniste et vulnérable, moins dur. L’auteur travaille d’arrache-pieds et mettra deux ans à créer l’événement pré-millénaire. Le single The Day the World Went Away arrive en 1999 et surprend tous les fans, par son ton résolument différent.
Black and White comme dirait Gib's.
En fin d’année arrive après moults retards, le double-album The Fragile, monumental, toujours novateur, plus expérimental et moins sombre. Les critiques sont unanimes, et le célèbre Spin Magazine déclare qu’il s’agit du disque de l’année. Pour le noyau dur des fans de NIN, The Fragile devient le meilleur opus du groupe. Mais ses ventes sont moins conséquentes que celles du précédent album. La tournée Fragility débute partout dans le monde, avec les musiciens Charlie Clouser, Danny Lohner, Robin Finck et Jerome Dillon. La renommée de Nine Inch Nails n’en finit plus de grimper, les bootlegs se vendent par milliers sous le manteau, le site internet officiel est envahi par les fans, le merchandising est au sommet et le maxi We’re in this Together marche plutôt bien alors que le clip Starfuckers crée l’évènement...
Fin 2000, NIN récidive et largue Things Falling Apart, l’album de remixes de The Fragile, à des fans qui salivent à chaque annonce de sortie d’un nouveau disque. L’accueil est là, tout comme la surprise : le style est toujours en mutation, cette fois Nine Inch Nails côtoie les rives du hip-hop underground et de la dance industrielle. Le groupe sort Deep, un titre inédit pour la BO du film Tomb Raider en 2001, sympathique mais dont l’aspect plus commercial gêne les initiés. Reznor signe à nouveau de nombreux remixes et se fait remarquer pour sa collaboration avec les audacieux Telefon Aviv ou avec les rappeurs hardcore de NERD. Plusieurs titres inédits apparaissent sur le site officiel, NIN rayonne de plus en plus sur toute la planète et cartonnera avec And All That Could Have Been : le 22 janvier 2002 sortira le DVD/VHS/CD LIVE de Nine Inch Nails, issu du Fragility Tour 2000. Un track-listing de folie, et pour les aficionados plus acharnés qui peuvent débourser, une version double avec quelques titres en accoustique et une poignée d’inédits en plus. Ce disque représentera certainement la fin d’une époque pour Nine Inch Nails.
Aujourd’hui les projets en attente sont nombreux : nouvelle production de BO pour le film Survivor, lancement du groupe parallèle TapeWorm avec entre autres le chanteur de Tool, création de la musique du futur jeu vidéo Doom 3, projets solos, et bien sûr nouvel album de Nine Inch Nails qui est annoncé comme un retour aux sources, électronique et ultra-violent.
Reste désormais à savoir ce qui pourra bien arrêter Trent Reznor et sa bande, qui de disques en disques, confirment à quel point Nine Inch Nails est l’un des groupes majeurs de notre époque. Un groupe qui évolue sans cesse, qui ne s’essoufle jamais même après plus de dix ans de carrière et dont l’existence est une aubaine pour la Musique, qui a tendance à devenir un produit de consommation sans originalité et un simple générateur de fric pour bureaucrates. Nine Inch Nails incarne la survie de l’Art dans l’industrie musicale corrompue et se doit d’être respecté en conséquence, pour son œuvre époustouflante.
"Allez lire la Saison Virtuelle MillenniuM, c'est un ordre !"
Nine Inch Nails, souvent contracté NIN, est un groupe à la notoriété énorme aux USA mais méconnu en France. Cet état de fait s’avère des plus injustes en comparaison avec ce que le groupe a apporté au rock et à la musique électronique des années 90.
Doté d’un style unique, NIN traverse les années sans jamais lasser, évoluant à l’infini tout en gardant ce qui a toujours fait sa force, un climat oppressant et désespéré. La musique du groupe paraît difficilement classable car très diversifiée : rock, techno trash, trip-hop ambiant et surtout industriel hardcore forment la palette éclectique qui a fait de Nine Inch Nails l’un des plus grands mythes musicaux de l’Amérique.
Violentes, noires, dépressives, les mélodies de NIN sont le reflet du malaise ambiant que suscitent les sociétés post-industrielles sur l’individu. Mais là où le reste de son mouvement industriel prône une politique nihiliste et totalement anti-sociale, Trent Reznor, éminence grise de Nine Inch Nails, chante et hurle le foutoir immonde qui habite sa psychologie. L’ambivalence de l’âme, thème majeur chez l’auteur, est exposée au premier plan sur toute la discographie du groupe, faisant de la musique de NIN la digne représentante de la musique romantico-pessimiste contemporaine.
En quelques années seulement, le groupe est devenu légendaire : les albums se vendent par millions malgré leur caractère anti-commercial, les concerts se multiplient dans le monde et Trent Reznor devient malgré lui une star internationale. Son œuvre sera acclamée par des célébrités venant de tout horizons : David Bowie (pop-rock), Gun’s and Roses (hard-rock), Aphex Twin (techno), Gary Nowman (pop-rock), Tori Amos (piano), Kiss (rock métal), Dr. Dre (hip-hop), Ministry (industriel), Oliver Stone (réalisateur de Tueurs Nés et de JFK), David Lynch (réalisateur de Dune et de Twin Peaks), Chris Carter (créateur de X-Files et de MillenniuM), David Fincher (réalisateur de Fight Club et de Seven)…
Nine Inch Nails, pour résumer, est Trent Reznor.
Hé oui, c'est bien Roméo Luther, c'est lui !
Auteur, compositeur, interprète, il contrôle toute la machine, jusqu’à la pochette des disques. L’entité NIN est sous son commandement, il est entouré pour la diriger de talentueux producteurs, remixeurs, assistants qui se transforment en musiciens lors des prestations scéniques : Charlie Clouser, Jerome Dillon, Danny Lohner et Robin Finck.
A côté de cette impressionnante maîtrise artistique ayant mené à de nombreux albums, maxis, compilations, remixes, collaborations, Trent Reznor s’avère être le créateur et directeur de l’un des plus originaux labels de la dernière décennie : Nothing Records. Il lance ainsi un nombre conséquent d’artistes en les produisant au travers de son label, leur laissant une liberté d’initiative bien plus étendue que chez une major quelconque. Le résultat est fameux car Trent Reznor, passionné par toutes les musiques, sait dégoter des artistes créatifs et originaux. Outre le hard-rock gothique de Marilyn Manson qui déchaînera une folie commerciale mondiale, Nothing Records fera lumière sur des musiciens aussi divers que l’excellent rocker TheThe, sur l’industriel-death Lacuna Coil, sur l’étrange trip-hop bruital d’Autechre ou sur l’electronica de Plaid. Ainsi, Reznor contribue à la musique des années 90 de façon significative, gardant sa crédibilité là ou tant d’autres baissent leur pantalon.
Mais comment cet homme, d’apparence banale, a-t-il pu devenir une telle icône de la musique hardcore industrielle et du rock en général ?
Michael Trent Reznor est né le 17 mai 1965 à Mercer, une petite bourgade rurale et paumée de Pennsylvanie. Fils de Mike Reznor et Nancy Clark, il a été éduqué par ses grand-parents lorsque ses géniteurs ont divorcé alors qu’il avait cinq ans. Son enfance fut des plus normales, skateboard, maquettes d’avions et cours de piano. Trent aurait dû être cantonné à la musique classique mais le destin fait qu’il découvre par hasard le rock avec le groupe Kiss. Il découvrira peu après David Bowie et Patti Smith. Dès lors il sera impossible pour lui de continuer à jouer du classique, il tente de recréer à l’aide d’un synthétiseur une rythmique rock, sans savoir qu’en faisant ça il est l’un des pionniers de la musique industrielle, supplantatrice du punk qui défraie alors la chronique en Angleterre avec des groupes comme les Sex Pistols.
Les études de Trent se passent sans trop de problèmes, il obtient un petit diplôme en tant qu’ingénieur en informatique à Pittsburgh. A force de fonder des petits groupes de rock de droite à gauche, Trent comprend que la musique est son seul centre d’intérêt et il abandonne ses études pour s’y consacrer. Il part à Cleveland et travaille dans un studio de la manière suivante : la journée il fait toutes sortes de tâches ménagères, en échange la nuit il peut se servir du matériel. C’est ainsi que naquit la première chanson d’un projet nommé Nine Inch Nails, via une cassette démo de qualité assez excitante pour un simple concierge de studio.
Le label anglais TVT, dirigé par Steve Gottlieb, est de suite intéressé et signe Trent Reznor et son bébé Nine Inch Nails. Le label présente à Trent des gens comme Flood de Depeche Mode, LeBlanc et Sherwood, producteurs et remixeurs qui l’aideront à réaliser un premier album. Dix titres sont mis en boîte en 1989 : l’album Pretty Hate Machine arrive chez les disquaires, précédé du maxi-single Down In It. Les ventes sont très satisfaisantes, ce qui est étonnant vu le type de musique et la publicité modeste faite autour du groupe. Les disques officiels sont notifiés avec un code bizarre nommé Halo.
Trent Reznor, accompagné de musiciens live, triomphe au festival de Lollapalooza en 1990 et Nine Inch Nails suscite la curiosité du public et de la scène rock. Steve Gottlieb du label TVT fait alors une erreur de taille, il essaye d’influencer la musique de NIN et de la contrôler alors que les maxis Head Like a Hole et Sin remportent un certain succès, tout comme leurs clips. Dégoûté par les tentatives de corruptions dont il est la cible, Reznor quitte le label TVT et enregistre un nouveau disque en secret durant les batailles légales : le premier disque du label Nothing Records, intitulé Broken, en 1992, une orgie hard-rock ultra-agressive accompagnée d’une vidéo pirate insoutenable faites de tortures et de mutilations. NIN obtient quand même un petit succès avec ce mini-album, ce qui semble carrément incompréhensible étant donnée la violence de ce dernier. Six mois plus tard paraît Fixed, mini-album de remixes de Broken.
1994, le monde entier découvre Nine Inch Nails grâce à une prestation sous la boue de Woodstock d’une rare intensité.
C'est de la boue, ça donne du style.
Dès lors les fans attendent un second album et le maxi éclaireur March of the Pigs annonce un disque condensant l’œuvre entière de NIN. The Downward Spiral sort, album-concept décrivant l’horreur mentale d’un homme qui sombre dans la déchéance et la décadence, fortement inspiré par Pink Floyd et Ministry. Certainement l’un des albums les plus marquants des années 90, ses ventes décollent pour ne plus s’arrêter et l’opus devient le plus culte du groupe. Le caractère sombre de NIN imprègne peu à peu les esprits et l’album fait les beaux jours de Nothing Records, tout comme le premier long-player de Marilyn Manson, que produit Reznor. Le maxi et le clip de Closer ne laissent personne indifférent.
S’ensuit une longue tournée, le Self Destruct Tour, triomphante, mais où Trent perd peu à peu sa santé mentale lors de jeux glauques avec son acolyte Manson. Il produit son second album, probablement son meilleur et sort Further Down the Spiral, album de remixes tout aussi violent et réussi que l’original. Les artistes amateurs qui reprennent NIN sur des tributes et des compilations se multiplient. Trent Reznor remixe des titres pour Megadeth, KMFDM, Puff Daddy, The Cure, David Bowie avec toujours le même brio puis compose la musique du jeu vidéo Quake. Il est contacté par Oliver Stone qui lui demande de produire la BO de son film Tueurs Nés en 1995. Puis c’est au tour de David Lynch de lui demander cette faveur, pour son film L’Autoroute Perdue, sorti en 1997. Reznor arrive à mener tous les projets de front, les magazines spécialisés font l’éloge de chacune de ses nouvelles créations, y compris du nouveau maxi, The Perfect Drug, très house-music et techno hard.
Les grands-parents de Trent, qui l’ont élevé, décèdent à cette période, ce dernier tombe dans ce qu’il appellera une déprime bénéfique. De plus, le chanteur se sent trahi par son ami Manson, qui blasphème sur lui dans une autobiographie, et harcelé par les médias et par des groupies hystériques. A l’issue de ce difficile moment, Reznor sent qu’il est temps de sortir un nouvel album de Nine Inch Nails, un album différent, plus humaniste et vulnérable, moins dur. L’auteur travaille d’arrache-pieds et mettra deux ans à créer l’événement pré-millénaire. Le single The Day the World Went Away arrive en 1999 et surprend tous les fans, par son ton résolument différent.
Black and White comme dirait Gib's.
En fin d’année arrive après moults retards, le double-album The Fragile, monumental, toujours novateur, plus expérimental et moins sombre. Les critiques sont unanimes, et le célèbre Spin Magazine déclare qu’il s’agit du disque de l’année. Pour le noyau dur des fans de NIN, The Fragile devient le meilleur opus du groupe. Mais ses ventes sont moins conséquentes que celles du précédent album. La tournée Fragility débute partout dans le monde, avec les musiciens Charlie Clouser, Danny Lohner, Robin Finck et Jerome Dillon. La renommée de Nine Inch Nails n’en finit plus de grimper, les bootlegs se vendent par milliers sous le manteau, le site internet officiel est envahi par les fans, le merchandising est au sommet et le maxi We’re in this Together marche plutôt bien alors que le clip Starfuckers crée l’évènement...
Fin 2000, NIN récidive et largue Things Falling Apart, l’album de remixes de The Fragile, à des fans qui salivent à chaque annonce de sortie d’un nouveau disque. L’accueil est là, tout comme la surprise : le style est toujours en mutation, cette fois Nine Inch Nails côtoie les rives du hip-hop underground et de la dance industrielle. Le groupe sort Deep, un titre inédit pour la BO du film Tomb Raider en 2001, sympathique mais dont l’aspect plus commercial gêne les initiés. Reznor signe à nouveau de nombreux remixes et se fait remarquer pour sa collaboration avec les audacieux Telefon Aviv ou avec les rappeurs hardcore de NERD. Plusieurs titres inédits apparaissent sur le site officiel, NIN rayonne de plus en plus sur toute la planète et cartonnera avec And All That Could Have Been : le 22 janvier 2002 sortira le DVD/VHS/CD LIVE de Nine Inch Nails, issu du Fragility Tour 2000. Un track-listing de folie, et pour les aficionados plus acharnés qui peuvent débourser, une version double avec quelques titres en accoustique et une poignée d’inédits en plus. Ce disque représentera certainement la fin d’une époque pour Nine Inch Nails.
Aujourd’hui les projets en attente sont nombreux : nouvelle production de BO pour le film Survivor, lancement du groupe parallèle TapeWorm avec entre autres le chanteur de Tool, création de la musique du futur jeu vidéo Doom 3, projets solos, et bien sûr nouvel album de Nine Inch Nails qui est annoncé comme un retour aux sources, électronique et ultra-violent.
Reste désormais à savoir ce qui pourra bien arrêter Trent Reznor et sa bande, qui de disques en disques, confirment à quel point Nine Inch Nails est l’un des groupes majeurs de notre époque. Un groupe qui évolue sans cesse, qui ne s’essoufle jamais même après plus de dix ans de carrière et dont l’existence est une aubaine pour la Musique, qui a tendance à devenir un produit de consommation sans originalité et un simple générateur de fric pour bureaucrates. Nine Inch Nails incarne la survie de l’Art dans l’industrie musicale corrompue et se doit d’être respecté en conséquence, pour son œuvre époustouflante.
"Allez lire la Saison Virtuelle MillenniuM, c'est un ordre !"