La mini-série de 10 épisodes adaptée du célèbre roman de Boulgakov bat en ce moment des records d’audience en Russie.
Annoncé à grand renfort de publicité, le premier épisode du Maître et Marguerite, diffusé le 19 décembre, aurait dépassé les 50% d’audience dans tout le pays.

Le succès populaire est ainsi au rendez-vous pour une production qui s’est donnée les moyens de ses ambitions : 5 millions de dollars de budget, un roman sulfureux et quasiment légendaire, des acteurs du grand écran, de nombreux effets spéciaux (pour le chat du diable par exemple), un réalisateur rompu aux adaptations de classiques.
Certains critiques sont tout de même peu enthousiastes.
"C'est loin d'être une oeuvre cinématographique. C'est un 'soap-opera'. La mise à l'écran du roman est une idée vouée à l'échec", s'insurge Leonid Parchine, un spécialiste de l'oeuvre de Boulgakov. Encore du travail pour le FLT pour convaincre que les qualités d’une production de télévision n’ont pas à être évaluées à l’aune de l’Etalon Cinéma.

Il serait intéressant qu’une chaîne française acquiert les droits de cette série pour se rendre compte si Vladimir Bortko a réussi à transposer à l’écran l’âme de ce roman philosophique aux délires satiriques foisonnants et si éventuellement la critique sous-jacente de Staline du livre trouve des résonances contemporaines dans la Russie de Poutine où les médias, dont la télévision, sont fortement instrumentalisés par le régime en place.

En effet, les trois plus grandes chaînes de télévision de Russie sont deux chaînes étatiques (Rossia, qui diffuse Le Maître et Marguerite » et Pervy Kannal) et NTV, une chaîne à l’origine privée dont le contrôle fut repris par une entreprise d’état (Gazprom, le GDF local) à la suite de l’arrestation pour fraude fiscale du fondateur de la chaîne, arrestation qui coïncidait avec une couverture peu appréciée par le pouvoir du conflit en Tchéchénie…