L'heure n'est évidemment pas à la polémique, alors même que le décompte macabre des victimes du tsunami qui a frappé dimanche 26 décembre 2004 l'Asie du Sud-Est s'alourdit d'heure en heure. Pourtant, on ne peut s'empêcher d'être surpris par certaines libertés prises par la télévision française pour rapporter la tragédie.
Au Nord de la Thaïlande, paradis des touristes occidentaux, se situe un pays répondant aujourd'hui au nom de Myanmar mais plus connu comme la Birmanie. Ce pays est dirigé depuis 1962 par une sanglante dictature militaire, ayant choisi l'isolationnisme sur le plan international pour mieux asseoir son pouvoir local. N'ayant aucune ambition expansionniste, ne développant pas d'armes de destruction massive, n'ayant pas la singulière particularité d'être communiste, le pays est ignoré par le reste du monde (sauf si une opposante reçoit le prix Nobel de la Paix, à l'image d'Aung San Suu Kyi) et quasiment interdit aux médias internationaux.

La Birmanie est le pays continental au littoral le plus étendu
sur le Golfe du Bengale et la Mer des Andaman, après l'Inde
Etant donné la situation géographique du pays, on ne peut s'empêcher de supposer que l'on doit également y dénombrer des victimes du tsunami. Une rapide recherche sur Internet nous le confirme, l'AFP annonçant à ce jour près de 90 victimes (confirmé par les autorités birmanes, pourtant peu bavardes habituellement). C'est peu, comparé aux milliers de morts en Malaise, au Sri Lanka ou en Inde... Mais la Birmanie mérite-elle de figurer en blanc sur la carte des pays victimes du tsunami lorsque les autres nations apparaissent en rouge ? C'est, pourtant, ce que l'on pouvait constater mercredi 29 décembre 2004 à plusieurs reprises sur les cartes présentées durant le journal de 20h00 de France 2. Et cette situation s'est répétée sur d'autres chaînes de télévision françaises.
Comme si le fait de ne pas pouvoir fournir d'images de victimes dans ce pays annulait toute disparition...
Un autre pays comptant au moins 2 victimes est également régulièrement ignoré des bilans télévisées : le Bangladesh, ancienne province indienne, ancien Pakistan Oriental, aujourd'hui indépendant et régulièrement victime de catastrophes naturelles. Pourtant, les mêmes journaux télévisées ne se privent pas de rapporter les victimes plus éloignées (Kenya, Somalie), ce qui est plus impressionnant évidemment mais la victime bengladi mérite-elle pour autant moins de considération ?
Par égard pour les victimes comme pour les télespectateurs, les rapports télévisés d'information se doivent à plus de rigueur.
Si vous souhaitez vous mobiliser en faveur des victimes de la catastrophe, le Front de Libération Télévisuelle recommande la visite du site du
Ministère Français des Affaires Etrangères pour vous orienter au mieux.