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Tsunami : les pays oubliés de la télévision
le Jeudi 30 Décembre 2004
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L'heure n'est évidemment pas à la polémique, alors même que le décompte macabre des victimes du tsunami qui a frappé dimanche 26 décembre 2004 l'Asie du Sud-Est s'alourdit d'heure en heure. Pourtant, on ne peut s'empêcher d'être surpris par certaines libertés prises par la télévision française pour rapporter la tragédie.

Au Nord de la Thaïlande, paradis des touristes occidentaux, se situe un pays répondant aujourd'hui au nom de Myanmar mais plus connu comme la Birmanie. Ce pays est dirigé depuis 1962 par une sanglante dictature militaire, ayant choisi l'isolationnisme sur le plan international pour mieux asseoir son pouvoir local. N'ayant aucune ambition expansionniste, ne développant pas d'armes de destruction massive, n'ayant pas la singulière particularité d'être communiste, le pays est ignoré par le reste du monde (sauf si une opposante reçoit le prix Nobel de la Paix, à l'image d'Aung San Suu Kyi) et quasiment interdit aux médias internationaux.


La Birmanie est le pays continental au littoral le plus étendu
sur le Golfe du Bengale et la Mer des Andaman, après l'Inde

Etant donné la situation géographique du pays, on ne peut s'empêcher de supposer que l'on doit également y dénombrer des victimes du tsunami. Une rapide recherche sur Internet nous le confirme, l'AFP annonçant à ce jour près de 90 victimes (confirmé par les autorités birmanes, pourtant peu bavardes habituellement). C'est peu, comparé aux milliers de morts en Malaise, au Sri Lanka ou en Inde... Mais la Birmanie mérite-elle de figurer en blanc sur la carte des pays victimes du tsunami lorsque les autres nations apparaissent en rouge ? C'est, pourtant, ce que l'on pouvait constater mercredi 29 décembre 2004 à plusieurs reprises sur les cartes présentées durant le journal de 20h00 de France 2. Et cette situation s'est répétée sur d'autres chaînes de télévision françaises.

Comme si le fait de ne pas pouvoir fournir d'images de victimes dans ce pays annulait toute disparition...

Un autre pays comptant au moins 2 victimes est également régulièrement ignoré des bilans télévisées : le Bangladesh, ancienne province indienne, ancien Pakistan Oriental, aujourd'hui indépendant et régulièrement victime de catastrophes naturelles. Pourtant, les mêmes journaux télévisées ne se privent pas de rapporter les victimes plus éloignées (Kenya, Somalie), ce qui est plus impressionnant évidemment mais la victime bengladi mérite-elle pour autant moins de considération ?

Par égard pour les victimes comme pour les télespectateurs, les rapports télévisés d'information se doivent à plus de rigueur.

Si vous souhaitez vous mobiliser en faveur des victimes de la catastrophe, le Front de Libération Télévisuelle recommande la visite du site du Ministère Français des Affaires Etrangères pour vous orienter au mieux.

Auteur : Oz

Commentaires

Membre Commentaire
Oz
30/12/2004 23:27
A noter ce soir un encart, en gras, dans Le Monde (daté du vendredi 31/12), précisant justement les difficultés pour obtenir des informations sur la situation en Birmanie. Comme quoi, ça ne coûte rien de dire que donner des infos c'est pas toujours facile... Et la crédibilité d'un journaliste osant dire qu'il ne sait pas tout ne peut qu'être renforcée !

yaya23
01/01/2005 12:14
J'avais lu sur le site du Monde qu'effectivement ce pays avait été touché, mais que les informations sont très difficiles à obtenir. Le repli d'une dictature sur elle-même je suppose.

Oz
02/01/2005 23:17
Oui, c'est évidemment le "repli de la dictature sur elle-même" qui est responsable de ce manque d'informations. Mais ce que je désirais souligner ici, c'est surtout le manque de rigueur des journalistes qui vont jusqu'à ignorer la Birmanie de leurs comptes-rendus. Le fait même que les nouvelles soient rares constituent une information d'importance, laissez croire que la Birmanie n'a pas du tout été touchée en l'ignorant, c'est grave.

Sharon*
03/01/2005 01:58
En parlant de ça, il aura tout de même fallu une telle catastrophe pour que les journalistes daignent enfin parler de la guerre civile qui déchire depuis plus de 20 ans le Sri Lanka et de ses 60 000 morts. Evidemment une guerre civile dans un petit pays dont une bonne partie de la population française ne savait même pas situer sur une carte avant le 26 décembre est moins vendeur qu’un tsunami.

Oz
03/01/2005 10:53
J'avoue également avoir été surpris en apprenant qu'il y avait un conflit séparatiste au nord-ouest de Sumatra. L'explication a été donnée au cours d'un JT : les journalistes avaient, jusqu'à la catastrophe, interdiction de s'y rendre. Pourtant, selon l'encyclopédie Mondes Rebelles, la rebellion a tout de même fait 5000 morts, ce n'est pas rien... Je n'ai même pas le souvenir d'en avoir entendu parler au moment de l'indépendance du Timor Oriental... Je peux me tromper mais bon...

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