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Série Séries : Masterclass avec Mette Bølstad
le Jeudi 02 Juillet 2015
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Mercredi 1 er juillet 2015, Mette Bølstad a répondu aux questions de Nicole Jamet, scénariste française, sur son travail sur la série Heavy War Water pendant une masterclass qui a précédé la diffusion des deux premiers épisodes de la série.



Anna Friel et Espen Klouman-Høiner


La série avait été présentée à Série Séries 2014 lorsqu'elle était encore en tournage. Nous nous retrouvons un an plus tard alors que la série a été diffusée en Norvège et qu'elle est en cours de diffusion en Angleterre.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les Alliés et l'Allemagne Nazie se sont battus avec rage pour être les premiers à fabriquer la bombe atomique. Dans ce combat, la Norvège était au centre du combat car elle avait une usine qui fabriquait de l'eau lourde. La seule usine en Europe. Pendant toute la guerre, les norvégiens et les britanniques alliés ont saboté tous les efforts des nazis pour obtenir cette eau si précieuse. En Allemagne, un groupe de scientifiques, éminemment reconnu, travaillait pour le 3ème Reich, certains par patriotisme, d'autres par obligation ou par simple besoin de le faire. Au centre de ce groupe, on retrouve Werner Heisenberg interprété par Christoph Bach, de l'autre on trouve Leif Tronstad (Klouman-Høiner) qui a fui la Norvège occupée pour aider les Alliés à empêcher la destruction de l'Europe.

Je trouve qu'il aurait été plus intelligent de commencer par la projection des épisodes et d'enchaîner ensuite sur la masterclass. Même si l'on connaissait un peu ce pan de l'histoire norvégienne, allemande et britannique, on était tout de même un peu gêné parce que Bølstad nous a parlés de son travail d'écriture sur la série sans que nous ayons pu nous immerger dans la série. Et à titre personnel, je regrette que nous n'ayons pas pu lui poser des questions parce que malgré cette réserve, Bølstad est passionnante à écouter.

Si on connaît dans les grandes largeurs le projet Manhattan, on connaît peu ce que les Norvégiens et les Britanniques ont fait pour empêcher l'Allemagne Nazie d'atteindre ce même but. Pour les Norvégiens, c'est un pan très important de leur histoire puisqu'ils célèbrent encore aujourd'hui ces Saboteurs. Et c'est d'ailleurs ce titre qu'a choisi l'Angleterre pour diffuser la série. Cela parle surement plus que : La guerre de l'eau lourde : Empêcher Hitler d'obtenir la bombe atomique

Mette Bølstad nous a révélé lors de la masterclass qu'elle a été contactée 4 semaines avant le début du tournage par le réalisateur Per-Olav Sørensen qui n'était pas heureux des scénarios et n'arrivait pas à trouver comment réaliser la série avec le matériel de départ. Elle a donc pris les scripts, les a lu et a eu quelques jours pour donner son avis sur ce qui ne fonctionnait pas et comment améliorer le tout. La première chose qu'elle a remarqué, c'était la fadeur des personnages féminins, elle les a donc redéveloppés, elle a réécrit des scènes entières pour les faire réaliser du point de vue de ces femmes.

Elle a aussi révélé que les cliffhangers qui se fondaient sur une action en suspens ne l'intéressaient pas. Premièrement parce que s'il concernait un personnage faisant partie de l'Histoire, il n'y avait aucun suspense et qu'elle préférait de loin les cliffhangers qu'elle appelle émotionnels. C'était d'ailleurs le souci que Terrence Winter a eu sur Boardwalk Empire, les personnages historiques de l'histoire étaient des points fixes et il ne pouvait pas créer de la tension avec leur futur puisqu'on sait ce qui est arrivé à tous ces mafieux.
Dans le contexte local, c'est exactement la même chose pour les Norvégiens. Ils savent ce qui est arrivé à Tronstad, le scientifique Norvégien quia fui la Norvège pour aider les Alliés à saboter l'usine située à Rjukan, seule fabricante d'eau lourde. De la même manière que les allemands savent ce qui est advenu de Werner Heisenberg. On ne pouvait donc s'attacher à eux qu'au travers d'autres personnages qu'on connaissait moins et sur lesquels elle pouvait inventer.

Mette Bølstad est une scénariste qui aime plus l'émotion que l'action et elle a donc informé le réalisateur qu'elle aimerait couper une scène de poursuite qui durait la moitié d'un épisode. Per-Olav Sørensen était pour, mais il fallait bien remplir les 25 minutes coupées. Elle a raconté alors qu'ils ont donc inversé les deux trames de l'épisode en question, la trame B est passée sur le devant de la scène tandis que la Trame A (la poursuite) s'est soldée par la violation de la règle d'or dans le domaine du visuel. Au lieu de montrer, elle a fait raconter une grande partie de la poursuite par son protagoniste. En plus de réduire les coûts de la série, elle avait l'avantage de rendre le tout plus intéressant ; pour Bølstad, elle considérait qu'il n'y avait aucun suspense sur la survie de l'homme poursuivi et une poursuite de 25 minutes c'est tout de même au final ennuyeux.

Dans le deuxième épisode, j'ai été frappée par une scène où Anna Friel montrait aux jeunes recrus très enthousiastes sa supériorité en tant que soldat. C'est une scène très similaire à celle que vous pouvez voir dans Captain America : le Premier Avenger où l'agent Carter (Hayley Atwell) montre concrètement qu'elle est supérieure aux hommes. Sans l'ombre d'un doute, la façon dont Bølstad et Sørensen l'ont montrée est plus subtile et surtout moins masculine tout en étant aussi humiliante que celle avec Atwell dans Captain America.

Bølstad a expliqué aussi que puisque l'un des personnages les plus importants était Werner Heisenberg (prix Nobel à 27 ans), il fallait trouver un moyen de le rendre sympathique alors que ce qui intéressait ce scientifique, au-delà de tout, c'était la science, peu importe pour quel camp il développait la bombe. Pour lui, il était neutre dans cette guerre, sa motivation c'était les avancées scientifiques et rien d'autre. Un des moyens utilisé a été de le rendre attachant par sa très belle femme, l'autre moyen fut de l'opposer aux soldats nazis. La haine que l'on pourrait donc éprouver pour ce scientifique est redirigée, très intelligemment, vers ceux qui veulent se servir de la bombe atomique et la façon dont Bølstad et Sørensen le font est efficace.

Bølstad s'est aussi penchée sur le fait que bien qu'il s'agisse d'une série tirée d'événements historiques, il fallait accepter qu'il s'agisse d'une fiction et non d'un documentaire. C'est tout le problème de films ou de séries qui racontent des faits réels : pour elle, il n'y a aucun doute, si on écrit une fiction, le téléspectateur doit accepter que certaines choses soient modifiées pour les besoins de l'histoire du moment que cela n'affecte pas l'issue finale.

Malgré ma petite réserve sur l'organisation de la masterclass, Bølstad est passionnante à écouter et j'en reprendrai bien encore un peu !

D'ici peu, vous pourrez voir la masterclass en vidéo. Série Séries devrait la publier dans quelques temps.

Auteur : Carine Wittman

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