Remous à la rédaction de TF1
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Jeudi 05 Mai 2005
Distribution
Robert Namias aimerait engager comme correspondant à Washington Guillaume Debré, actuellement journaliste à CNN et fils du président de l'Assemblée Nationale.
Libération rapporte aujourd'hui que cette décision choque les journalistes de la rédaction :
Quatre-vingts journalistes de TF1 en AG clandestine dans un bistrot discret aux alentours de la tour de la chaîne à Boulogne-Billancourt ? On n'avait pas vu ça depuis des années. «C'est exceptionnel», commente l'un d'entre eux. Exceptionnel, en effet, dans cette rédaction qui n'a plus de société de journalistes depuis des lustres. L'objet de cette réunion secrète qui s'est tenue mardi soir : Guillaume Debré. Fils de Jean-Louis, président de l'Assemblée nationale, il va prochainement devenir l'un des trois correspondants de TF1 à Washington et ça ne passe pas.
Coup de piston. Les journalistes de la Une protestent contre ce qui ressemble fort à un gros coup de piston. Après avoir embauché sept journalistes, Robert Namias, directeur de l'information, a en effet annoncé qu'il «marquait une pause dans les recrutements», indique-t-on à TF1. Un gel des embauches qui apparemment ne vaut pas quand on est fils de président de l'Assemblée... Résultat : un texte signé par cinquante journalistes protestant contre les «fils de».
Pour Namias, rien à voir. «Il s'agit de renforcer notre bureau de Washington qui travaille pour TF1, mais aussi pour LCI, rapporte une porte-parole du directeur de l'information, Guillaume Debré est journaliste à CNN depuis six ans, il est candidat pour entrer à TF1 depuis quelques années, son profil et son expérience sur une telle chaîne d'information en continu intéressent Robert Namias.»
A feu et à sang la si calme rédaction de TF1 ? «Ce n'est pas si simple, estime un journaliste, le cas de Guillaume Debré n'est qu'un déclencheur. En fait, il a une réputation de bon journaliste mais son embauche cristallise un malaise plus profond.» Depuis plusieurs mois, l'audience du 20 heures de PPDA s'érode en même temps que l'ambiance, la direction faisant rejaillir la faute sur ses troupes. Pour arranger le tout, Robert Namias a lancé, fin 2004, des «comités d'évaluation» pour relever les points faibles. Ce qui a été plutôt mal perçu.
Appétits. «On est dans une atmosphère de fin de règne, Namias a quand même 60 ans...» commente une journaliste. Alors, à l'occasion d'un mouvement qui voit plusieurs correspondants à l'étranger changer de poste, les appétits s'aiguisent. «Les correspondants qui rentrent en France pourraient être le moteur du changement, ce n'est pas le rendez-vous des nuls et des aigris», relève-t-on.
Pourtant, selon plusieurs journalistes, Robert Namias n'est pas le premier partisan de l'embauche de Guillaume Debré, qui arriverait par l'entremise d'Etienne Mougeotte, vice-président de TF1.
Et l'incontournable PPDA dans tout ça ? Il s'est proposé auprès de certains journalistes comme intermédiaire entre la rédaction et Robert Namias. Un acte de volontariat dont «personne n'est dupe : PPDA veut se refaire une virginité auprès des journalistes».