Dans l'article de Une du supplément TV&Radio du Monde de la semaine du 28 Novembre, la journaliste Martine Delahaye revient sur le courant de "fiction du réel" lancé par Canal+ avec les téléfilms historiques diffusés aux cours des derniers mois (93 rue Lauriston, Nuit Noire, et plus récemment S.A.C., des hommes dans l'ombre) mais évoque également les nombreuses fictions sur ce schéma qui sont désormais en projet sur plusieurs chaînes française.

Canal+
Toujours selon la journaliste du Monde, une collection d'une dizaine de "films" de cette nature est envisagée, à raison de deux ou trois par an.

- Un premier sur l'affaire Rainbow Warrior (du nom du voilier de l'organisation Greenpeace sabordé par des nageurs de combat de la Marine française) est en cours de tournage par le réalisateur Pierre Boutron.

Les autres projets de fictions sur le même schéma :
- l'affaire Elf
- l'année 1994 sous François Mitterrand
- la tentation du terrorisme dans l'extrême gauche dans les années 1970
- la traque des criminels nazis
- le génocide de 1994 au Rwanda
- les jeunes français musulmans partis se battre en Irak

Arte
La chaîne annonce Poison d'Avril la première fiction du documentariste William Karel. Parmi les projets de la télévision française, c'est pour le moment celui qui ose analyser un passé très proche puisque le téléfilm traitera de l'échec des politiques et des médias lors de la compagne présidentielle d'avril 2002.

Autre projet ambitieux, confié à Peter Kosminsky (auteur des Années Tony Blair et de L'Affaire Kelly pour la chaîne britannique Channel 4) et une nouvelle fois produit par Capa Drama, un téléfilm consacré à l'arrivée au pouvoir des jeunes énarques après l'élection présidentielle de François Mitterrand en 1981.

Ezra, s'intéressera au destin d'un enfant soldat au Sierra Leone et La Cour fera le procès de la mondialisation du point de vue d'un africain. L'auteur de ce dernier, François Sauvagnargues prépare donc une fiction dans laquelle les personnages réels (avocats français, ex-ministre de la culture sénégalaise) se mélangeront aux acteurs pour interpréter leurs propres textes.

Enfin sans plus de précisions sont annoncés les projets suivants :
- la géopolitique de l'eau
- les conséquences des essais nucléaires en Algérie

France 2
Le service public lui aussi semble prendre la mesure avec
- Le Grand Charles, une fiction consacrée à De Gaule
- L'Affaire Ben Barka qui subira sans doute la comparaison avec le film "J'ai vu tuer Ben Barka" actuellement en salles.
- Leila, fille de harki
- L'Etat de grâce, une fiction sur une femme présidente de la république

Un projet sur "le dysfonctionnement des institutions dans l'affaire Villemin" est aussi annoncé sur la chaîne.

Toutes ces fictions n'arriveront (hormis quelques unes) sur nos écrans pas avant des mois, voire quelques années. Reste à voir si cette nouvelle tendance florissante pour la fiction française dans laquelle tout le monde semble désormais s'engouffrer ne s'asphyxiera pas d'elle-même.

Il est également intéressant d'observer la difficulté qu'ont les chaînes, les auteurs et les journalistes à évoquer les oeuvres télévisuelles en utilisant le terme "téléfilm" et pas "film". C'est d'autant plus regrettable à une époque où la télévision française semble enfin avoir une idée de ce à quoi son rôle dans la société moderne peut ressembler.