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Fil Info - Scott & Bailey

Gentleman Jack : Avis du 1er épisode
le Lundi 22 Avril 2019
Medias

Sally Wainwright est une scénariste peu connue en France malgré les énormes succès outre-Manche. Happy Valley est la série la plus connue en France.



Avec Gentleman Jack, elle renoue avec Suranne Jones pour qui elle a écrit l'excellente série Scott et Bailey. Jones y incarne une figure historique, Anne Lister, une femme lesbienne qui a écrit journal sur journal dans un code qui n'a été déchiffré que dans les années 1930 par un descendant et un ami à lui. Une plaque commémorative vient d'être posée au musée de Shibden Hall à Halifax pour célébrer sa vie et ce qu'elle a fait pour la région.

Ce n'est certes pas la première lesbienne connue mais elle a eu une relation maritale avec Ann Walker (incarnée par Sophie Rundle), richissime, ce qui lui permit de rénover Shidben Hall, la demeure ancestrale. Elle n'a jamais caché ses penchants sexuels et elle était connue comme tel à l'époque d'où son surnom de Gentleman Jack. Elles considéraient qu'elles étaient mariées et jusqu'à ce jour, leur union est considérée comme le premier mariage gay de l'ère moderne.



26 volumes composant ses journaux intimes relatent sa vie et Wainwright s'est appuyée dessus pour relater la dernière partie de sa vie, celle qui commence avec son retour à Shibden Hall et sa rencontre avec Ann Walker.

J'aurai pu regarder presque toute la série mais j'avais envie de pouvoir la regarder normalement de semaine en semaine après un premier épisode qui m'a enchantée. Ces temps-ci, il n'est pas aisé d'être ébloui par une fiction, il y en a trop, tout se mélange et au final, il faut que la fiction soit excellente pour dépasser du lot dont la qualité ne cesse d'augmenter.

En général, un réalisateur a des tiques mais Wainwright qui a écrit et réalisé le premier épisode, surprend par le visuel choisi. Et c'est la première fois, parmi les épisodes qu'elle a réalisé, que l'on voit ce qu'elle a choisi.

La première scène où on a l'impression que Lister regarde la caméra, on aurait pu croire que c'était juste une vue de l'esprit, mais on est vite fixé sur le choix de Wainwright de casser le 4è mur. Lister ou plutôt Suranne Jones non seulement regarde la caméra, mais fait aussi des clins d’œils et parle aux téléspectateurs et pour une série en costumes, c'est très très surprenant. C'est aussi un choix payant. Parce que cela nous met dans la confidence bien plus qu'une simple scène où on connaîtrait son secret à l'exclusion de tous. Il est tout de même difficile de choisir le secret quand tout le monde est au courant. De part ce choix, Wainwright crée un lien entre le personnage et le spectateur, un lien différent de celui qu'auraient eu ses contemporains avec elle.

Suranne Jones campe le rôle avec une drôle de puissance. Les scènes où elle confronte des hommes qui croient pouvoir avoir leur ascendant sur elle sont révélatrices du caractère d'Anne Lister.

Malgré l'époque (on démarre en 1832), l'épisode nous la montre à la tête de son domaine qu'elle a hérité et dont elle semble être la seule de sa famille capable de gérer. On est aussi à une époque où le Parlement débat de donner le droit de vote aux hommes non issus de la noblesse et avec intelligence, elle note que bien qu'elle soit une noble, elle vaut moins qu'un paysan, ne pouvant pas voter en tant que femme. Pour rappel, on est à une époque où elle aurait pu être internée par un membre masculin de sa famille pour faire main basse sur son patrimoine.

En 60 minutes, Wainwright pose les choses : l'époque où une fracture nécessite une amputation, des locataires sont locataires jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus servir leur Noble, en l'occurrence, Lister, où les femmes sont la proie d'hommes peu scrupuleux et qu'accorder sa confiance est un jeu dangereux.

C'est 60 minutes de pur plaisir visuel où les acteurs/actrices sont tous/toutes excellent.es, avec l'utilisation de musiques actuelles. Parce que cela a beau être une série en costumes, Lister fait figure d'anachronisme bien qu'étant bien plantée dans son époque. Elle aurait plus sa place aujourd'hui que deux cents ans plutôt. Et ce personnage, si fort, si emblématique, donne encore envie aujourd'hui. N'importe quelle femme aimerait avoir la force et le courage qu'avait eu Lister. Wainwright réussit son pari, on voudrait être Anne Lister...

On vous conseille de regarder la série en version originale parce que les passages où les actrices parlent en français vont vous passer sous le nez si vous regardez la version française.

Suranne Jones et Sophie Rundle sont accompagnées de Joe Armstrong (Samuel Washington), Amelia Bullmore (Eliza Prestley), Rosie Cavaliero (Elizabeth Cordingley), Stephanie Cole (Tante Walker), Peter Davison (William Prestley), Anthony Flanagan (Sam Sowden), Gemma Jones (Tante Anne Lister), Lydia Leonard (Marianna Lawton), Jodhi May (Vere Hobart), Timothy West (Jeremy Lister) et Gemma Whelan (Marian Lister).

La série qui est une co-production BBC/HBO débute ce soir aux États-Unis (avant BBC One) et donc OCS la diffuse dès ce mardi 23 avril 2019. Si vous êtes abonné.e, regardez !

Auteur : Carine Wittman
Editeur : Carine
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