RITUELS MEURTRIERS
Bastien Bénita les a vus... il sait que Francs-Maçons sont là.
Par Dominique Montay • 19 octobre 2011
3 morts sont découverts en 12 heures. Bastien Benita et Clara Valère sont mis sur l’enquête, et trouvent très rapidement des liens entre les assassinat et la franc-maçonnerie.

Traiter de la franc-maçonnerie sur la télévision publique, c’est rare. La coupler à une histoire de meurtres, certainement plus. On a du mal à s’imaginer une seconde que le film puisse être une critique des agissement des Francs-maçons. Et ça ne loupe pas. En dehors de quelques piques, « Rituels meurtriers » se tient à distance de la polémique. En faisant cela, il passe à coté de son sujet, l’affaire traitée dans cette histoire devenant au final très anecdotique.

Pendant la première moitié du téléfilm, c’est encore plus flagrant. L’enquête des deux flics tient moins de l’analyse que de la compréhension de ce qu’est la franc-maçonnerie. On a le droit à des scènes d’un didactisme incroyable ou Elmosnino donne l’impression de réciter Wikipedia. Ces passages sont assez ennuyeux et surtout tellement appuyés qu’on a du mal à ne pas voir la volonté de l’auteur de bien baliser le terrain, appliqué à l’extrême.

Dans toute enquête policière, quand le sujet n’est pas bien traité, on attend quelque chose niveau humain. Avec le duo Elmosnino/Loiret-Caille, on est servi. L’un joue de sa nature éminemment sympathique pour nous faire passer un personnage mal dégrossi, qu’il arrive à rendre très attachant. Loiret-Caille, elle, avec son physique frêle qui donne l’impression qu’elle est capable de tomber toutes les cinq minutes, est très bonne en femme marquée par le deuil de sa sœur.

Là où la fiction fait fausse route, c’est dans sa volonté de montrer la vie d’un commissariat. En dehors des deux principaux et de la spécialiste informatique, tous les autres personnages sont des figurants au mieux, des silhouettes la plupart du temps. L’ancrage humain ne fonctionne pas, reste bancal.

Les dialogues posent problème. Choix de mise en scène ou résultante d’un manque de temps pour tourner, les dialogues incluent systématiquement les hésitations des acteurs. Si le procédé avait été utilisé pour un ou deux personnages, cela aurait été plus discret, et pu passer pour une volonté artistique. Mais vu que tout le casting semble buter sur les mots, la thèse du manque de nombre de prises semble hélas plus consistante.

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Chez les Francs-Maçons, tout est très bien rangé

Certaines scènes ne servent à rien, comme celle où Elmosnino et un technicien sont dans un fourgon d’écoute. Il ne se dit rien, fait rien pendant 30 secondes, puis Elmosnino dit juste « C’est bon, ça marche ? ». Puis il sort et retourne dans la voiture de Loiret-Caille. Ces scènes plombent un récit, qui, paradoxalement expédie ses moments important.

Le maximum dans l’excès de vitesse incontrôlé est atteint dans la foulée, quand Elmosnino arrive à s’infiltrer dans une loge franc-maçonnique pour y trouver un lien entre les trois morts. Il cherche un peu (pas trop), et trouve une salle d’archive. Le plan est filmé de derrière une étagère, et on constate rapidement que les classeurs qui s’y trouvent ont la tranche tournée dans le mauvais sens (celui de la caméra pour qu’on les voit, mais pas dans le sens de celui qui cherche). Et Elmosnino, bonne pâte, de faire semblant de chercher en soulevant négligemment l’intérieur des classeurs. De plus, il trouve en 10 secondes, ouvre le classeur et tombe sur une sous-chemise où sont inscrits les noms des trois morts. A la limite, on attend presque à ce qu’il y ait inscrit : « c’est ça que vous cherchez ;) ».

Une scène très dommageable, qui vient polluer la fin du visionnage, surtout qu’elle est suivie peu de temps après par une scène dramatique en tout point dont le montage exclut toute possibilité d’investissement émotionnel.

Reste quelques bonnes idées, comme celle de voir Elmosnino et son ex-femme passer leur temps à coucher ensemble, et de voir la réaction du nouveau mec de cette dernière, qu’on prend plaisir à voir excédé, persuadé sans preuve qu’il est cocu. Difficile de dire si ce capital sympathie du duo principal tient avant tout aux comédiens, plutôt très bons et de nature à générer l’empathie, ou d’une mise en scène au final difficile à cerner.

Post Scriptum

« Rituels meurtriers »
JEM Productions pour France 2. - 90’.
Écrit par : Jean-Luc Gaget et Nathalie Hertzberg d’après une idée originale d’Alain Bauer et Emmanuel Torres
Produit par Jacques Kirsner.
Réalisé par : Olivier Guignard.
Avec : Eric Elmosnino (Bastien Bénita), Florence Loiret Caille (Clara Valère), Grégory Gadebois (Gillet)...

Le 21 octobre à 20h35 sur France 2.