BUSINESS — Netflix, la Révolution de la télé ?
Netflix se lance dans le contenu original aux Etats-Unis. Une révolution en approche ?
Par Dominique Montay • 28 avril 2011
En 2012, Netflix lancera sa première Création Originale aux Etats-Unis, le début d’une ère nouvelle de fiction télévisée libérée des contraintes de programmation. Une vraie révolution ?

Et si Vidéo-futur diffusait du contenu original ? En substance, et pour schématiser, c’est ce qui se passe aux Etats-Unis aujourd’hui. Enfin demain. Fin 2012 pour être précis. A cette période seront mis à disponibilité les épisodes de la série « House of Cards », à la tête de laquelle, créativement parlant, se trouve David Fincher, et dans laquelle jouera son ancien acolyte de [Il ne faut pas le dire, sinon ça gâche le film] Kevin Spacey.

Netflix en deux mots

Netflix en deux mots (je suis un menteur, il y en aura plus).
Créée en 1997, cette compagnie révolutionne le système de location de DVD en fonctionnant sur un principe d’envoi par la poste. Par la suite, elle a étendu son aura en offrant de la vidéo en Streaming, relayant, au gré des contrats signés avec les grands studios producteurs, plusieurs séries. Aujourd’hui son catalogue, comme son nombre d’abonnés, sont immenses, et en font le poids lourd de la location, qu’elle soit dématérialisée ou non.

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Autant dire qu’en annonçant (après des années à dire le contraire) qu’elle allait se mettre à diffuser du contenu original, elle a provoqué un grand nombre de réactions dans le microcosme télévisuel américain.

Netflix propose du contenu venant d’autres chaînes, pour certaines payantes. Quel sera l’avantage du consommateur de séries de prendre un abonnement à HBO quand il pourra s’abonner à Netflix et y trouver, en plus, un contenu qu’il ne trouvera pas sur HBO. Est-ce que, du coup, HBO va se retirer du deal signé avec Netflix ?
Mais de façon plus générale, est-ce que cette annonce va provoquer la mort de la télévision telle qu’on la connaît pour créer une nouvelle façon de fonctionner, à l’image d’Internet, où tous les programmes sont disponibles à la demande, ne raisonnant plus en terme de programmation horaire.

Une révolution qui serait conséquente aux Etats-Unis et qui ne se fera pas sans une très longue période de transition, qui sera nécessaire pour ne pas laisser les anciennes générations sur le carreau, mais une révolution à envisager sérieusement.
En s’affranchissant du système de programmation actuel, c’est tout un système de rémunération à repenser et, pour une fois sur ce point, les Etats-Unis en sont au même niveau que nous. Leur système de comptabilisation de l’audience est aussi archaïque que le nôtre, et ne prend absolument pas en compte les visionnages via DVR (stations d’enregistrements), sur internet en décalé, mais n’intègre que les résultats issus des boitiers Nielsen, placés dans des familles témoins. Un système qui volerait en éclat.

Et la France ?

La question est : si la révolution a lieu aux Etats-Unis (rien n’est fait, on spécule énormément), pourrait-elle débarquer en France ?
On n’est pas forcément obligé de faire tout comme les américains (sinon, à l’instar de leur célébrités qui donnent en prénom à leur enfant des noms d’Etats, la fille deJohnny Hallyday se serait appelée Auvergne-Pays D’anjou Hallyday… ce n’est pas le cas), mais comme pour la TNT et la HD, on sait que les pays développés ont tendance se rejoindre en ce qui concerne leurs avancées technologiques.

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Déjà, existe-t-il un équivalent Netflix en France ? Dans sa version embryonnaire, oui. Cinesnap, DVDPost (qui est Belge mais œuvre en France), fonctionnent à l’égal de la compagnie américaine à ses débuts, en tant qu’organe de location de DVD par la Poste. Mais la Poste française n’étant pas celle des Etats-Unis, ces compagnies sont grevées par une lenteurs aux expéditions qui les rendent moins pratiques (c’est paradoxal), que les boutiques en dur. Cette absence de prise d’importance leur empêche de progresser et d’offrir autre chose, et la probabilité un jour de les voir fournir de la fiction maison est quasi-nulle.

Mais voilà, qu’est-ce qui empêche, techniquement, Netflix de vouloir, un jour, gagner nos contrées ? L’état actuel de l’offre internet est telle dans notre pays qu’il y a un réel intérêt pour un nouvel investisseur de venir proposer son offre. A moins que nos décideurs choisissent à nouveau de faire jouer l’exception que représente notre beau pays. Le pays qui refuse l’évolution de façon systématique, pas seulement parce qu’évoluer fait peur (ça c’est le message qui est dispensé pour obtenir l’adhésion du plus grand nombre), mais aussi parceque nos gras businessmen, de Bouygues à Métropole télévision y perdrait une grosse part de gâteau.

En l’état actuel, et quand on voit la façon déplorable dont le projet de chaîne en clair de Canal+ se heurte à une vératble volonté de le mettre au rebut [1], on est impatient de voir quel lapin vont sortir ces rétrogrades de leur chapeau pour continuer à maintenir sous respirateur un système exsangue, si une révolution pareille voit le jour.
Juste histoire de pouvoir continuer à faire des marges de malades. Et de nous prendre pour desimbéciles par la même occasion.

Encore une fois, je spécule...