DOCTOR WHO - SP.02 : Planet of the dead
Où le désert n’est pas là où on le croit...
Par Sullivan Le Postec • 27 avril 2009
Quatre petits épisodes de « Doctor Who » pour toute l’année 2009, c’est bien peu. Alors si en plus ils sont mauvais...

« Planet of the dead » ou « Planète morte » en version française, donne le coup d’envoi des quatre spéciaux qui seront diffusés en 2009 — sachant que les trois autres seront diffusés de manière plus rapprochée entre novembre et début janvier prochain. Ce spécial intervient donc au milieu d’une grosse période de disette. On en attendait donc beaucoup. Indubitablement trop au regard du résultat.

Planet of the dead

Scénario : Russel T Davies & Gareth Roberts ; réalisation : James Strong.
Le Docteur monte à bord d’un bus alors qu’il traque, dans le Londres contemporain, une distorsion spatio-temporelle. Le bus se retrouve téléporté sur une planète désertique avec l’ensemble de ces passagers, dont la voleuse Christina de Souza. Ce désert est en fait la conséquence d’une race extraterrestre qui a dévoré et réduit à l’état de sable tout ce qui se trouvait à la surface de cette planète et tente d’ouvrir un passage vers la Terre.
Tandis que le Docteur tente de ramener les passagers du bus chez eux, de l’autre coté de la porte spatio-temporelle, UNIT est déterminée à la fermer au plus vite pour protéger la Terre...

Pop-corn story

L’ambition de « Planet of the dead » est claire : il s’agissait d’offrir une aventure à grand spectacle légère, la dernière avant que l’atmosphère ne s’assombrisse considérablement à l’occasion du chant du cygne du Docteur de Tennant. L’épisode aligne donc deux guest-stars célèbres, Michelle Ryan et Lee Evans, quelques morceaux de bravoure comme le bus volant au-dessus de Londres et un luxe considérable : un tournage en partie effectué à Dubaï qui permet ces images saisissantes d’un bus anglais posé entre les dunes. Un seul élément manque à l’appel : un scénario digne de ce nom.

De fait, l’histoire tient sur un ticket de métro. Il ne se passe pour ainsi dire rien sur la planète désertique, si ce n’est quelques pérégrinations sans grand intérêt et une rencontre avec des extraterrestres échoués un peu ridicules — et qui, surtout, ne sont guère plus qu’un gagne minute dans un scénario qui peine à remplir son heure d’antenne.
On ne dirait rien si le développement des personnages prenait le pas sur l’action. Malheureusement, les passagers du bus ne dépassent jamais le statut de vignettes hâtivement brossées. On est loin du travail effectué sur « Midnight », dernier épisode à présenter une forme de huis clos en groupe. C’est plutôt « Voyage of the damned » que cela nous évoque... en pire.

Russel T Davies et Gareth Roberts font beaucoup d’efforts pour que le personnage de Michelle Ryan apparaissent comme ‘‘cool’’. Ce qui lui permet d’être tout juste un peu plus mémorable que le non-personnage de Kylie Minogue dans le spécial de Noël sur le Titanic céleste. Michelle Ryan n’est pas mauvaise, son duo avec David Tennant fonctionne relativement bien, mais elle n’est pas non plus capable d’inventer rien que par son jeu un personnage qui vienne combler le manque d’épaisseur de celui qui existe sur le papier. Il est certain que passer après Catherine Tate et David Morrissey ne l’aide pas. Lee Evans y parvient déjà plus, quitte à cabotiner comme un malade. Au moins parvient-il à insuffler un peu d’énergie, de fantaisie, d’enthousiasme et de sincérité à un épisode tristement mécanique, sorte de « Doctor Who » sur pilotage automatique. Le Docteur et sa compagne d’une aventure trouvent même le moyen de s’embrasser, comme pour rejouer un tic de l’ère Davies.

Révélateur de ce désert narratif, l’histoire des coulisses de cet épisode est dix fois plus intéressante que ce qui se trouve à l’écran. « Planet of the dead » a du en effet être tourné dans un planning ultra-serré, David Tennant ayant retrouvé le chemin des plateaux de « Doctor Who » dans la deuxième moitié du mois de janvier après son expérience sur les planches. A peine trois mois pour tourner, monter et post-produire un épisode visuellement ambitieux, c’est peu. Cela devient très peu quand la malchance s’en mêle. Le bus envoyé à Dubaï a en effet été fortement endommagé pendant le transport. Il a donc fallu réécrire en vitesse le scénario, et casser à l’identique celui resté à Londres pour les scènes tournées sur place. Comme si cela ne suffisait pas, le premier des trois jours de tournage à Dubaï a été entièrement perdu du fait d’une tempête de sable. De quoi mettre l’équipe à peu à cran... Et lui fournir des tas d’anecdotes à raconter, soulagés, pour occuper le commentaire audio de cet épisode.

Sorte d’aveu d’inconséquence, l’épisode se termine sur un foreshadowing facile avec les prédictions d’une Voyante chargée de faire monter la sauce des trois prochains épisodes. D’une, ce n’était pas vraiment nécessaire. De deux, comme on ne se souvient pratiquement que de cela le lendemain de la diffusion de l’épisode, cela surligne surtout la vacuité du reste. Il n’y a pas eu d’épisode qu’on puisse considérer comme plutôt faible depuis le milieu de la saison 4, tout cela n’est donc pas bien grave. Au moins, nous voilà à peu près sûrs que cela sera mieux la prochaine fois !

Post Scriptum

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