ANNE COESENS — “J’ai été attirée par les contradictions et les faiblesses du personnage”
Entretien avec l’interprète de Florence Daumal
Par Sullivan Le Postec • 24 juin 2007
Comédienne Belge, Anne Coesens a beaucoup travaillé depuis 15 ans, que ce soit au théâtre, au cinéma (« La vie en rose », « le secret »), et à la télévision (« Lyon Police Spéciale »). « Reporters » lui offre une exposition qu’elle mérite amplement.

Anne Coesens se partage entre sa Belgique natale et la France depuis qu’elle a quitté Paris pour retourner à Bruxelles après la naissance de son premier enfant. Pour « Reporters », elle s’est glissé à merveille dans le peau de Florence Daumal, femme discrète mais engagée, souvent troublante, parfois empêtrée dans ses contradictions... Entretien.

Le Village : Pouvez-vous nous décrire Florence Daumal en quelques mots ?

Anne Coesens : Journaliste politique, chroniqueuse au sein du quotidien 24 heures dans le monde, elle est une femme idéaliste, ambitieuse, qui veut croire encore à la politique.

Quels sont les éléments qui vous ont motivée à accepter ce rôle ?

Toutes les contradictions et les faiblesses du personnage. Elle finit par enfreindre les lois morales qu’elle s’était fixées et devient trop intime avec un homme politique. Elle lutte entre son ambition et le profond respect qu’elle porte à son patron Albert Lehman. Sa vie privée est un vrai fiasco.

Comment vous êtes-vous préparée ?

En interviewant différentes journalistes politiques du Monde et de Libération. En puisant dans le livre de Daniel Carton « Bien entendu, c’est Off... »

L’ambition, le succès et leurs prix font parties des thématiques principales de la série. Concernant Florence, la première fois qu’on lui propose la direction de 24 heures, elle refuse...

Elle refuse parce que Albert Lehman reste, pour elle, le directeur de rédaction idéal, c’est « son » journal. De plus, c’est son mentor, son modèle, sa référence, même si elle le sent un peu dépassé par les nouveaux impératifs d’argent et de temps.

La réapparition de Christian Janssen avec qui elle a suivi les mêmes études quinze ans plus tôt sert de révélateur à la proximité des journalistes politiques et de ceux qu’ils suivent...

Les rapports entre journalistes et hommes politiques sont très ambigus. Il faut une certaine intimité pour obtenir des informations différentes de la langue de bois habituelle sans pour autant faire leur jeu. Avec Janssen, Florence passe de l’autre côté, mélange vie privée et professionnelle, s’éloigne de l’éthique qu’elle s’était toujours fixée.

Quelle est votre vision du triangle amoureux où se trouve Florence entre Thomas et Janssen ?

Ce n’est pas un triangle amoureux. Elle aime Thomas. Elle se reconnaît en Janssen. Ils sont du même monde. Il la rassure. Elle s’en sert mais ne l’aime pas.

JPEG - 55.1 ko
Anne Coesens

Comment s’est passée la collaboration avec les deux réalisateurs ?

Ils sont très différents, humainement et dans leurs façons de travailler, mais je trouve qu’il y a une belle continuité et homogénéité entre les épisodes.

Quel souvenir gardez-vous du tournage ?

Un tournage intense, studieux, concentré mais ponctué de fêtes mémorables avec une équipe technique géniale.

Est-ce que vous avez une scène préférée ?

La dernière séquence entre Janssen et Florence.

Attention, les deux questions - réponses suivantes révèlent
des éléments importants sur l’intrigue de cette première saison.

A la fin de la saison, Florence explique à Thomas qu’elle n’est pas heureuse avec lui parce qu’il n’a confiance en personne. Pensez-vous que leur découverte commune sur Janssen puisse la faire évoluer ?

Cette découverte fait s’effondrer beaucoup de ses certitudes. Elle ne considérera plus jamais son boulot de la même façon. Et pour ce qui est de sa vie privée, elle est au plus bas.

La conclusion de la première saison vous place au centre des enjeux de la deuxième. Vous êtes impatiente de retrouver le personnage ?

Oui. J’ai hâte de lire la suite.

Reprendre la lecture ici

Sur quel projet travaillez-vous pour le moment ?

Un long métrage de Taylan Barman : « 9mm ».

Merci d’avoir répondu aux questions du Village.

Propos recueillis le 17 juin 2007.

Dernière mise à jour
le 16 février 2011 à 23h16