Vite Vu - Edition de décembre 2007 • Episode 7
On a vu. On a aimé. Ou pas. On vous dit tout. En bref !
Par Sullivan Le Postec • 31 décembre 2007
« Cape Wrath » , « Mystère », « Baie des Flamboyants », « Autopsy », et notre rubrique dans la rubrique ’’si je regarde « PBLV », c’est bien sûr, uniquement pour le boulot’’.

Vous l’aurez remarqué, il s’est passé un moment depuis le dernier Vite Vu. Je vous promets le retour de la rubrique à un rythme mensuel en 2008. En attendant, et histoire de solder les comptes, retour sur quelques fictions Vite Vues au second semestre 2007.

Overdose d’ingrédients

« Cape Wrath » [1] est une coproduction de l’anglaise Channel Four et de l’américaine Showtime, tournée en Grande Bretagne avec des acteurs du cru. « Cape Wrath » est le titre de la série sur Channel Four, « Meadowlands » celui sur Showtime.
« Cape Wrath » est un de ces high-concept show qui laisse nécessairement celui qui doit les résumer plongé dans la perplexité le temps de trouver par où commencer. Mais essayons. Il y a trois ans, Danny Brogan s’est associé avec des criminels pour ouvrir un bar ; un temps, le lieu fut un succès, jusqu’à ce que l’association de Brogan avec la pègre dégénère et que l’établissement soit incendié alors que l’un des deux enfants de Brogan se trouvait à l’intérieur. Mark, un jeune garçon fragile et couvé par sa mère, s’en est sorti avec simplement de graves brûlures aux mains. Mais les séquelles psychologiques sont plus graves : il refuse de quitter sa paire de gants et n’a pas prononcé un mot depuis. En conséquence, sa soeur jumelle, Zoe, avec qui il a une relation intinctive, est la seule personne dont il soit réellement resté proche. Mais déjà, je digresse. Nous sommes donc trois ans plus tard et Danny Brogan a du témoigner contre ses anciens associés et, pour sa protection, placé dans un programme de protection de témoins. En fait, Danny Brogan ne s’appelle donc pas ainsi, mais Eddie Foy.
La famille ’’Brogan’’, Danny, sa femme Evelyn et les deux jumeaux Mark et Zoe, est donc envoyée dans un village de carte postale, Meadowlands, dont tous les habitants font partie du même type de programme. Les voisins sont donc autant de personnages fantasques et/ou inquiétants qui composent un environement des plus étrange qui doit néanmoins se fondre tant bien que mal dans un moule d’apparente banalité.
Nous sommes donc dans une sorte de « Prisonnier » rencontre « Twin Peaks » (les personnages barrés et le coté soap détourné) rencontre « Edward aux mains d’argent » (le style du Village et le personnage de Mark) rencontre « Desperate Housewives » (la vie ménagère entre voisins de banlieue aisée) rencontre « Lost » (chaque personnage a un passé secret). Et comme tout cela devait encore sembler un peu trop simple, il nous faut ajouter une dernière rencontre avec « X-Files » puisque Meadowlands est plus qu’une simple programme de protection, mais une véritable conspiration, le théâtre d’une expérience comportementale secrète. Ouf !
On l’aura compris l’unique originalité de la série réside dans la nature contrastée et le nombre des références qu’elle mixe pas toujours sans éviter les problèmes d’indigestion. Intrigante au premier abord, la série finit par se saborder à force d’être avant tout un fourre-tout sans queue ni tête.

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Meadowlands
Mark (Harry Treadaway)

Nous ne passerons pas en revue les multiples personnages de la série, d’abord parce que cela serait fastidieux, mais aussi et surtout parce que cela serait déflorer le principal attrait de la série. Un mot quand même sur Mark, le fils aux tendances autistiques, formidablement interprêté par Harry Treadaway : c’est un portrait fascinant, qui représente le meilleur de ce que « Meadowlands » a à offrir, notamment de part la relation charnelle hors norme entre cet adolescent de 17 ans et sa voisine Brenda, quasi-quinquagénaire aux formes généreuses !
Un autre point sur lequel la série pêche, comme beaucoup de séries du câble récentes, c’est d’ailleurs dans l’accumulation de rebondissements ’’chocs’’ de ce type, rarement aussi bien écrits que ce cas particulier, et qui aboutit logiquement à une sensation de gratuité. Par ailleurs, la mythologie de la série en vient vite sur les 8 petits épisodes de la saison, à confiner au grotesque. C’est donc sans trop de regret qu’on assistera à la conclusion sous forme de cliffhanger de la série, qui ne devrait pas connaître de suite.

Délayage

On ne pourra pas dire qu’on a pas essayé de regarder « Mystère » [2] avec un bon esprit. Notre critique des deux premiers épisodes en atteste. Làs, là où nous aurions aimé avoir vu des promesses que la suite aurait confirmées, il s’est avéré que ces deux épisodes étaient les meilleurs, et qu’ensuite chacun d’eux s’avérait pire que le précédant.

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Mystère

Facilités scénaristiques qu’un enfant de 10 ans aurait honte de mettre dans ses rédactions, concours du plus mauvais acteur, et surtout délayage infini : l’histoire des 12x50 minutes de « Mystère » aurait tenu 4x42 minutes chez les américains ou les anglais. Evidemment, TF1 va décider que les audiences assez basses « c’est la faute à la science-fiction » et re-bannir le genre pendant 15 ans. Remarquez, peut-être que ça vaut mieux.

Terrorisme

On avait cru que Jean-Luc Azoulay avait cessé ses activité de terroriste télévisuel avec la fin de l’ère AB des années 90. Malheureusement, le service public s’échine à lui confier de l’argent pour lui permettre de reprendre la plume sous le pseudo de Jean-François Porry et de signer des horreurs. En 2001, France 2 le payait pour qu’il change les prénoms dans les vieux ’’scénarios’’ de « Hélène et les garçons » et les refilme sous le titre « Le Groupe ». En 2007, France Ô lui confie les clefs de sa pemière série « Baie des Flamboyants » [3]. Les recettes sont toujours les mêmes : des histoires timbre-poste avançant mollement aux rythmes de scènes épouvantables à base de dialogues insipides entre personnages inexistants, interprêtés par des mannequins, ou des ex de la Star Academy, ou des anciens d’AB, dont le point commun est de ne pas savoir jouer. Avantage : ça coûte trois francs six sous (et encore, France 3 ET France 2 vont devoir rediffuser la chose pour boucler la coproduction). Inconvénient : vous ne forceriez pas votre pire ennemi à regarder un épisode. Seule innovation : les rires enregistrés ont disparu. Pour ce qui concerne le cachet exotique, ce n’est pas une nouveauté, il avait déjà servi aux « Vacances de l’amour » ou aux « Garçons de la plage ». On appréciera néanmoins à sa juste valeur le coté « les trucs lamentables d’Azoulay on en veut plus pour nous, mais c’est encore bien bon pour l’Outre Mer ».

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Baie des Flamboyants
Muscles lustrés par le soleil et naïades en bikini : toute la portée culturelle du programme résumée en une photo

Les merdes d’Azoulay, c’était pénible sur TF1. Mais payé avec l’argent de la redevance sur France Télévisions, c’est une insulte impardonnable.

Hors-norme

Le fait que France 3 ait actuellement la fiction télévisée la plus audacieuse des chaînes non cryptée aura été démontré à nouveau par la diffusion de l’unitaire « Autopsy » [4].

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Autopsy

« Autopsy raconte l’histoire d’un flic de la quarantaine, Eric Mercadier, marié et père d’un adolescent, qui, lors d’une enquête, a le coup de foudre pour le nouveau médecin légiste, Emmanuel (masculin) Rivière. Incapable d’accepter cette passion, Mercadier répercute son rejet sur Emmanuel, qu’il soupçonne d’être le meurtrier manipulateur qu’il traque. Les bases d’un thriller psychologique original sont posées, un thriller qui se permet de perturber son public, de le prendre à rebrousse poil. Jusqu’à une conclusion tranchée, que certains adoreront autant que d’autres la haïront. Ce qui, on en conviendra, n’arrive pas tous les jours en fiction française.

Si je regarde « PBLV », c’est, bien sûr, uniquement pour le boulot

C’est un peu la punition pour n’avoir pas tenu la rubrique à jour : je me retrouve à devoir évoquer six mois de « Plus Belle la Vie » [5] d’un coup. Pour le coup, je vais essayer de vraiment être bref.
Rien à dire sur l’intrigue de juin-juillet impliquant Maïdi Roth (la chanteuse dont le passage a finalement beaucoup moins été une longue plage promo pour le « tube de l’été » qu’escompté) et le passé de Frank Vecchio : c’était du PBLV basique. Aout, avec la seconde moitié de l’arc Vassago fut é-pou-van-table. Dieu sait que je n’ai rien contre le fantastique, j’adore ça. Mais le fantastique avec les contraintes du daytime quotidien, c’est juste pas possible, et les quatre mois passés à voir se balader un supôt de Satan, voire Satan en personne, au Mistral furent pénibles, juste bons à gérer les départs plus ou moins temporaires de plusieurs acteurs d’un coup. On a enchaîné avec une intrigue reprennant les pires défauts de PBLV : Charlotte rencontre un nouveau mec et décide de l’épouser en deux semaines, rencontre un autre mec une semaine plus tard, en tombe re-folle amoureuse, et en fait son amant au moment du mariage. Difficile de forcer plus l’introduction des personnages secondaires de l’arche du moment. A part que le jardinnier torse nu de la série était sympa à regarder mais moins que celui de « Desperate Housewives » et que le whodunnit était cette fois-ci franchement pas intéressant parce que capillotracté, pas grand-chose à signaler, non plus. Du coup, j’ai fait un break et planté cet arche au beau milieu, et suis passé complètement à coté de la partie 1 de l’arche émeutes au Mistral.

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Plus belle la vie
Renaud Sardi (Guillaume Romain)

Courant novembre, je tombe à nouveau sur un épisode, et là je suis violemment pris par les sentiments : c’est justement l’épisode où Renaud Sardi, un de mes guests préféré de la série, est de retour au Mistral. Du coup, je me rend aussi compte que je suis dans une intrigue complètement différente de celles de d’habitude, qui n’a contenu aucune mort violente et qui repose sur la mémoire de ce qui s’est passé auparavant. Ca et Renaud Sardi me décident à rester, surtout que le prime annuel approche et qu’il devient vite évident que Renaud y sera soit une innocente victime, soit le méchant assassin (bon en même temps, on nous a vendu un quasi-slasher tout ça pour ne tuer qu’un personnage tertiaire d’il y a six mois).
Autre réussite de la période : un nouveau personnage, Maxime, le fils qu’avait eue Agathe alors qu’elle était encore prostituée et droguée. Un de ces portraits de blessés attachants que la série réussit décidemment très bien, qui bénéficie en plus d’être interprêté par l’un des meilleurs acteurs de la série. Le personnage semble vouloir s’inscruster, et c’est tant mieux.
Je précise que j’ai volontairement passé sous silence le travail sur la structure de la série mené pendant ces six mois, j’y reviens tout prochainement dans un article dédié. A suivre...

Dernière mise à jour
le 31 décembre 2007 à 18h13

Notes

[1Channel Four/ Showtime/ Ecosse Film.
Créé par Matthew Alridge et Robert Murphy.
Première diffusion : été 2007.

[2Alma Productions – TF1.
Première Diffusion : été 2007.
Scénario : Malina Detcheva et Franck Ollivier. Réalisation : Didier Albert.
Avec : Toinette Laquière, Arnaud Binard.

[3JLA Productions / France Ô.
Créé par Jean-François Porry.

[4France 3 / Les Productions de l’éphémère.
Première diffusion : 10 novembre 2007.
Scénario : Gérard Carré et Jérôme Anger. Réalisation : Jérôme Anger.
Avec : Stéphane Freiss (Eric Mercadier), Thierry Neuvic (Emmanuel Rivière), Sara Martins (Sarah), Claude Perron (Anne Mercadier).

[5Telfrance / France 3.
Direction d’écriture : Olivier Szulzynger.