Et la télé britannique domina le monde
MARS 2012
Par Sullivan Le Postec • 19 mars 2012
Bienvenue au Village, le webzine des fictions européennes et francophones.

Mercredi 21 mars, la deuxième saison de « Sherlock » arrive sur France 4. Les séries britanniques trouvent plus facilement le chemin des ondes françaises depuis la multiplication des chaînes. Mais le cas de « Sherlock » est particulier, même s’il est de moins en moins rare : la série de Steven Moffat et Mark Gatiss ne vient pas seulement remplir une grille. Elle est un événement, lancé à grand renfort de communication. Bref, elle a franchi la barrière du mainstream.

Pourquoi ? Comment ? En vérité, la série parle d’elle-même. Maestria scénaristique, visuel virtuose, interprétation parfaite. La série témoigne avec forte de la maturité acquise par la fiction télévisuelle britannique. Et elle n’est pas seule : à ses côtés, « Dowton Abbey », « Doctor Who », « Luther » (en avril sur Canal+), et d’autres, jouent le même rôle.

La télévision britannique a, dans cet élan, imposé ses propres scénaristes - showrunner médiatiques. Les Steven Moffat, Neil Cross, Russell T Davies, Howard Overman, Julian Fellowes, et Abi Morgan sont des noms de plus en plus connus des amateurs de séries et, pour certains d’entre eux, même du grand public.
En juillet dernier, à Comic Con Paris, plus de 1000 fans étaient venus écouter Steven Moffat parler, et il n’y a pas eu de place pour tout le monde. Incroyable, quand on y pense.

JPEG - 89.2 ko
Quelques grands scénaristes britanniques
Steven Moffat, Julian Fellowes, Abi Morgan et Neil Cross

Quels prétendants au même succès, en France ? A peu près personne, évidemment. C’est tout le problème des chaînes françaises qui ne développent que des projets à grosses audiences, plutôt que des séries susceptibles de générer une véritable adhésion des téléspectateurs. Pourtant, la dite adhésion a des avantages financiers évidents (vente de DVDs et autres produits dérivés) sans parler du marketing gratuit (dont la fabuleuse campagne Believe in Sherlock, sur laquelle on ne s’étendra pas avant la fin de la diffusion de la saison 2 sur France 4. Et puis, au final, après un peu de patience, c’est cette adhésion qui produit les records d’audience, là où les séries pensées comme hyper-grand public des chaînes françaises plafonnent à 6 millions.
En attendant, les seuls prétendants français à ce type de succès viennent des production de l’Internet — je pense en premier lieu à François Descraques du « Visiteur du Futur ».

Un changement de mentalité est nécessaire à la télévision française, autant qu’il est en vérité improbable. Cette brillante télévision britannique est le fuit de créatifs et dirigeants de chaînes anglais qui aiment profondément la télévision. Et tout vient de là.


JPEG - 59 ko

Notre dossier « Sherlock » :
Un détective très moderne.