HERO CORP - Saison 2
Elle a tout d’une (très) grande !
Par Emilie Flament • 22 juillet 2010
Après avoir battu The Lord, ils croyaient pouvoir retrouver leur tranquillité. Raté ! John et sa bande de super-héros sont la cible d’un ennemi encore plus puissant...

Ce qui frappe quand on a vu la saison 1 et qu’on découvre la saison 2, c’est son efficacité. On a l’impression que le dosage de l’ensemble des ingrédients de la série a été revu et que toute l’énergie créative a été canalisée pour donner 15 nouveaux épisodes, riches en personnages et en mythologie. Revenons ensemble sur les grands points de cette seconde saison, pour compléter les impressions écrites au fil de la diffusion.

 !!! Attention ! Cet article comporte des spoilers pour quiconque n’aurait pas encore vu la saison 2. Nous vous conseillons de voir les 15 épisodes avant de le lire. !!!

Une saison 2 canalisée

Le format 26 minutes est un format ingrat. Souvent réservé aux pures sitcoms, il rend difficile le développement des 3 arcs scénaristiques (épisode, personnages, saison/série). Il est essentiel pour y arriver d’être très précis dans la construction des épisodes. Là où la saison 1 pêchait un peu, la saison 2 est bien plus aboutie. Malgré l’aspect feuilletonnant qui complique la tâche, les épisodes sont plus structurés et délimités. Chacun développe sa propre intrigue, chacun se termine par un cliffhanger. Leur efficacité en est décuplée. Si l’an dernier, la tonalité donnée à certains épisodes (angoisse, séries B...) restait souvent floue ; cette année, leur mise en place est facilitée par l’appui que fournit cette structure. Des épisodes comme Intrus(2x07), Servir l’homme (2x09) ou Instructions (2x13) ont une vraie différence de ton et de rythme.
Et voici la seconde clé de cette saison : le rythme ! Tous ceux qui ont suivi la diffusion le diront : les épisodes passent trop vite. Certes, ils ne font que 20 minutes si on coupe les génériques et le rappel des épisodes précédents, et du coup, forcément, ça semble court ! Mais ce n’est pas la seule raison. La cadence de chacun des épisodes est très soutenue. L’intrigue progresse vite. Les révélations s’enchaînent, jetant des pistes dans tous les sens. En ajoutant à cela les cliffhangers, on crée chez les téléspectateurs un manque... et c’est gagné ! Impossible de décrocher de la série ! On passe des heures après la diffusion à échanger les théories, et on est intenable à l’approche de la diffusion suivante...Bravo !

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Un vrai exploit

Plus d’effets spéciaux, plus de décors, des nouveaux personnages, des guests comme Pierre Palmade, Pascal Legitimus ou Alexandre Astier... ça semble évident : ils ont eu plus de budget. Et bien non ! La saison 2 a été signée avant la diffusion de la saison 1, et du coup, le budget est resté le même. Pour vous donner une idée, à ce tarif là, avec 2 épisodes de « Braquo », on peut faire 3 saisons d’« Hero Corp ». 3 mois d’écriture, 2 mois de tournage à raison d’un-demi épisode par jour, et 5 mois de post-production... tout ça avec quelques sous et beaucoup d’astuces et d’implication de la part de l’équipe. « La seule série où les acteurs portent des pieds de projo ». Cet investissement est visible. On sent que toute l’équipe, et Simon Astier le premier, y met tout son coeur. C’est une série qui vient des tripes, pas d’une étude marketing. Et en ça, elle est juste exceptionnelle.

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L’équilibre des forces

« Hero Corp » ne se limite pas à un seul genre. On y retrouve beaucoup d’humour, une trame dramatique de plus en plus présente, de l’action et l’univers du comics. Avec tous ces ingrédients, c’est assez difficile de déterminer les mesures qui permettront à la série de s’équilibrer et définir son identité. Et bien la saison 2 a trouvé la recette !
Le plus gros intérêt de la série, c’est son univers et, du coup, sa mythologie. Elle est plus présente dans cette saison, apportant des informations sur Hero Corp dans le monde, ainsi que sur le rôle de John et de sa famille, agrandissant la sphère des super-vilains. La nouvelle ère des super-héros se met en place.
L’humour est bien sûr toujours présent et efficace. Comique de situation, comique de mots, comique de gestes et comique de caractère... tous les procédés comiques théâtraux y sont ! Pas étonnant vu que la famille Astier baigne dans le théâtre. Ajoutez à cela un don pour créer des super-héros inattendus (Doug, Jean-Mi Cheng... juste pour l’exemple) et un langage « imagé » couplé à des expressions quasiment disparues, et vous avez le cocktail « Hero Corp ». Mention spéciale pour le fil rouge de la saison : les personnages masculins avec un prénom plutôt féminin... C’est la fête des Cécile, Virginie ou Bénédicte !
Enfin, et c’est un ajout dans cette nouvelle saison, les super-héros passent à l’action. Même si c’est souvent en réaction à un élément extérieur, les pouvoirs un peu endormis se réveillent comme pour Burt qui redevient Acid Man. Les duels peuvent être décalés comme le match de handball de l’épisode 11, ou plus dramatique comme le duel John / Rémi-Pierre (2x13). Encore discret cette saison, on imagine que la saison 3 verra cet axe se développer.

Une sensibilité dissimulée

Un casting essentiellement masculin, des blagues souvent imagées, des super-héros... on pourrait croire que la série déborde de testostérone. C’est en partie le cas... seulement en partie ! On sent une vraie sensibilité dans le show, même si elle n’est que rarement mise en avant. La relation John / Jennifer par exemple est traitée de façon quasi innocente. Les gestes sont maladroits, la sexualité absente jusqu’à l’épisode 2X07, les sentiments rarement exprimés, et pourtant le lien est très fort. On dirait 2 enfants amoureux. La scène de l’épisode 2x05 où John ouvre son coeur à Jennifer est extrêmement juste.
Cette sensibilité est disséminée dans l’ensemble des personnages. Chez Klaus, elle s’exprime par exemple via son besoin de s’occuper d’un élevage (cette saison, il choisit les fourmis). Même leurs pouvoirs sont liés à cette sensibilité. Les mensonges affectent Doug et sont les éléments déclencheurs de son pouvoir. John ne sait pas que John senior est son père, mais inconsciemment il le ressent, et cela provoque ses malaises et joue sur ses capacités.

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Popculture

Cinéma, télévision, littérature, bande-dessinée... la série est remplie de références en tout genre. Certaines plus évidentes que d’autres, comme les discussions à propos de Superman ou Green Lantern. Les effets spéciaux du duel entre John et Rémi-Pierre sont un clin d’oeil à Matrix. Star Wars n’est pas loin non plus. Le cri Wilhem a été glissé dans l’épisode 13. Le thé de Valur me fait penser à la pseudo potion magique de Panoramix dans « Astérix chez les bretons ». La madeleine de Proust devient le cookie de John. Le livre de Oger est une référence au livre des kanamites dans « Servir l’homme » de Damon Knight, une nouvelle de science-fiction...Dixit Simon Astier, « On est des geeks jusqu’au bout » [1]. « Hero Corp » ne renie pas ses influences. C’est un fruit issu de la culture populaire et elle y puise sa force en créant un lien plus fort avec le téléspectateur qui se retrouve dans cet univers.

Le monde des Comics

Pour donner toute son ampleur à cet univers, l’action se détache du village. Après un bref passage en fin de saison 1 à l’agence de Montréal, on découvre par l’intermédiaire de survivants d’autres bases dans le monde. Les restes d’une structure importante qui décline depuis 20 ans, à l’image des pouvoirs de ses super-héros. « Hero Corp » a en 2 saisons développé une large galerie de personnages secondaires. Certains sont surtout là pour faire rire. D’autres ont pris plus d’importance, comme Mique qui se détache peu à peu de l’influence de son père pour essayer de se faire une place dans le groupe.
Pas de super-héros, sans super-vilains ! Hoodwink, qui contrôlait The Lord dans la saison 1, est le grand méchant de la saison. Chose remarquable, on ne connaît toujours pas son pourvoir, McCormack l’a juste décrit comme étant beaucoup plus puissant que The Lord. A la façon de Palpatine, il déstabilise Hero Corp pour évincer McCormack, il provoque des émeutes qu’il maîtrise. Ainsi, fort de son rôle de sauveur, il se voit confier Hero Corp. Mais Hoodwink est-il à la tête des super-vilains ? L’apparition d’Hypnos et de la mère de John laisse à penser que non...

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Où sont les femmes ?

Les femmes ne sont pas très présentes dans la série et elles ont toutes un point commun : elles tournent toutes autour de John. Marie est sa tante, Jennifer sa copine, Eshana sa « tentatrice ». Il y a aussi les mamans de John et de Jennifer. Conclusion : John doit être un aimant à fille et les autres super-héros doivent adorer l’ambiance « combat de slips » !
C’est vrai que, quand on y regarde de plus près, la sexualité est très peu présente dans cet univers. La relation John / Jennifer est franchement innocente, même après les « tentatives » de l’épisode 7. Quant à Eshana, l’énergie sexuelle est certes plus présente, mais elle n’est pas franchement exploitée. Son rôle reste très limité. Les autres mecs de l’équipe sont sous son charme, mais rien. Les copains de John n’ont pas le droit d’avoir une copine ? Correction : il y a un second couple, dont la tension sexuelle est limite plus forte : le « couple » Marie / Valur... John et Jennifer doivent être trop jeunes !
J’en arrive au mauvais point de la saison : Jennifer. Qu’on ne se méprenne pas, je trouve Aurore Pourteyron excellente et j’adore Jennifer. Je pense juste qu’elle manque de cohérence dans cette saison 2. Son amnésie était très drôle, mais le retour de sa mémoire est un peu trop soudain. Elle pose beaucoup de questions (pas forcément les bonnes d’ailleurs !), mais suit quand même le groupe sans se méfier. Une fois au bunker, même en ayant retrouvé la mémoire, elle ne se demande pas pourquoi son père veut tous les tuer. Elle découvre les archives et les costumes, mais elle n’en parle pas à John... Soit elle en sait beaucoup plus qu’elle ne le dit et on comprendra mieux tous ces points dans la saison 3, soit son cerveau a des séquelles suite à l’explosion de la voiture, soit son personnage a souffert d’un petit coup de flemme sur l’écriture. Dans tous les cas, le coup de la brocante est un peu « too much ». J’espère sincèrement que ma première hypothèse est la bonne. D’ailleurs, le doute est permis sur sa condition de « civile » : dans l’épisode 10, d’après Ron, les visions de Théodore ne concernant que les super-héros, le traître ne peut être arrivé vu que sans Jennifer ils ne sont que 17. Or, Rémi-Pierre, le traître, est bien là. Jennifer doit donc être comptée ! On ne nous cacherait pas un petit pouvoir ? C’est la fille de The Lord et de Mégane après tout. D’ailleurs, Mégane ne peut pas avoir comme unique don celui d’épouser les super-vilains !

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John au centre des préoccupations

Ça semble complètement fou, mais Simon Astier a réussi à créer une très forte empathie pour un personnage dont on ne sait absolument rien... jusqu’ici ! Au moyen de flashbacks, on découvre peu à peu son enfance avec Marie (2x02), son adolescence et sa relation avec Britney (ces flashbacks sont à mourir de rire) (2x03, 2x05, 2x15), et surtout sur ce qu’il lui est arrivé entre le moment où il a quitté Marie et son arrivée au village (2x08, 2x15)... et ce n’est pas joli du tout ! A court d’argent, il accepte de « bosser » pour des personnes pas très nettes, qui se révèlent être liées à sa mère. Et oui, John est issu des amours d’un super-héro et d’une super-vilaine. Papa John senior l’a confié à sa sœur Marie à l’âge de 3 ans pour le protéger de sa méchante maman.
Il n’y a pas que les jedis qui peuvent basculer du coté obscur, John le peut aussi ! La proximité de son père déclenche chez lui des crises, qui tendent à inhiber son pouvoir de défense, au profit d’un potentiel pouvoir d’attaque et d’une agressivité accrue. D’ailleurs, Britney en avait déjà fait les frais lorsqu’indirectement John s’était rapproché de sa mère. Pour l’instant, l’équilibre se maintient si il reste éloigner de ses parents. On a pu en découvrir un peu plus sur son pouvoir « antidote ». Mais le dernier épisode semble faire pencher la balance de l’autre coté...

Après cette excellente saison 2, on ne peut qu’espérer une saison 3 très vite. De nombreuses pistes sont déjà lancées pour la préparer, même si elle n’est pas encore signée : la prophétie de Théodore, Hypnos, le mère de John, Hoodwink à la tête d’Hero Corp, les survivants en route pour Montréal, The Lord mis KO par McCormack, Jennifer tombée à la mer, Doug mordu par un vampire, John dans un état très limite... Il y a tellement d’axes à développer qu’on ne sait plus où donner de la tête après les derniers épisodes... Mais Simon Astier a montré qu’il maîtrisait parfaitement son univers, on lui fait donc confiance pour la suite.

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Post Scriptum

« Hero Corp »
Saison 2, 15 épisodes de 26 minutes
Créée par Simon Astier
Déjà diffusée sur Comédie !
Diffusion sur France 4 à partir de 5 juillet 2010 à 19h55, du lundi au vendredi.
Disponible en DVD le 21 septembre 2010 pour la saison 2, saison 1 déjà disponible.

Dernière mise à jour
le 7 juillet 2010 à 00h53

Notes

[1Extrait du live-chat d’HeroCorpFrance