HISTOIRE(S) — Petite histoire des adaptations littéraires à la télé britannique...
Ou comment les oeuvres littéraires majeures jalonnent la vie du petit écran britannique
Par Emilie Flament • 7 juin 2012
Des captations des grandes pièces de Shakespeare à la libre adaptation de l’oeuvre de Jane Austen dans « Lost in Austen », petite excursion dans l’histoire du petit écran britannique...

La télévision britannique a dès ses débuts pioché dans la littérature pour alimenter ses productions. La BBC notamment y a trouvé l’ingrédient idéal pour mener à bien ses missions de service public : informer, éduquer et divertir. Des captations des grandes pièces de Shakespeare à la libre adaptation de l’oeuvre de Jane Austen dans « Lost in Austen », petite excursion dans l’histoire du petit écran britannique...

L’âge d’or de la captation

Dans les années 30 et 40, les contraintes techniques imposaient à la BBC de ne diffuser que de simples captations de pièces ou d’extraits de pièces grâce à des caméras fixes. A partir des années 50, les avancées technologiques ouvrent de nouvelles perpectives et, pour répondre à un public lassé par 20 ans de retransmission en direct des mêmes pièces, le scope s’agrandit vers d’autres auteurs, comme Tchekhov ou Ibsen. Avec « An Age of Kings » en 1960, la BBC voit grand en proposant de parcourir en 15 épisodes de parcourir les célèbres pièces de Shakespeare, « Richard II », « Henri IV », « Henri V », « Henri VI », et « Richard III ».

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Mais le projet le plus ambitieux sera mené bien plus tard, entre 1978 et 1985, avec « The BBC Television Shakespeare » qui reprend l’ensemble des 37 pièces du célèbre dramaturge. Le coût d’une telle production nécessite d’ailleurs l’association avec un partenaire américain, Time-Life, qui imposera que chaque « épisode » entre dans un format 150 minutes et soit tourné en costume d’époque, aboutissant à des versions très controversées et pourtant bien conventionnelles, bien qu’encore utilisé à des fins éducatives.

Le classique du Dimanche

Avec l’arrivée des chaînes privées, la BBC décide de privilégier la serialisation de ses adaptations, espérant ainsi fidéliser ses téléspectateurs en définissant un créneau spécifique : c’est la naissance du classique du Dimanche soir. Les oeuvres de Jane Austen, des soeurs Brontë, d’Elizabeth Gaskell et surtout de Charles Dickens connaissent alors une multitude d’adaptations toutes très conventionnelles, prévues pour un public familial. Les tournages se font essentiellement en studio, dans des décors très bling-bling. L’accent est mis sur la fidélité au texte et les dialogues. Le parti pris est inexistant. « Orgueil et Préjugés (Pride and Prejudice) » et « Jane Eyre » sont ainsi adaptés 5 fois chacun entre 1948 et 1995.

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En parallèle, d’autres genres littéraires trouvent leur place dans la programmation des chaînes. Des séries basées sur les romans d’Agatha Christie ou de Sir Arthur Conan Doyle voient le jour. La science-fiction et le fantastique ne sont pas en reste : « 1984 » de George Orwell est produit en 1954, « Les chroniques de Narnia (The chronicles of Narnia) » sont déclinés en 4 épisodes de 1988 à 1990.

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Ces fictions et leur succès sont d’une grande importance pour les chaînes. Le passage à la couleur de la chaine BBC2 en 1967 est fêté avec une adaptation de « Vanity Fair ». Les productions prennent de l’ampleur, permettant des chantiers comme l’adaptation en 20 épisodes du « Guerre et Paix (War and Peace) » de Tolstoï. Mais les budgets de telles adaptations découragent petit à petit les chaînes comme ITV qui repartent vers un format téléfilm.

Le début d’une nouvelle ère

Les années 90 sont un tournant majeur. Le « Middlemarch » en 1994 et le « Orgueil et Préjugés (Pride and Prejudice) » en 1995 par Andrew Davies changent les règles fixées des années plutôt en abandonnant le traditionalisme populaire et le conventionnel des précédentes adaptation et en optant pour une vision plus moderne et une lecture plus personnelle des oeuvres. Andrew Davies devient l’auteur de référence des adaptations, et de nombreuses productions actuelles sont issues de sa plume.

Poussées par ce nouveau libéralisme, des versions plus libres font leur apparition sur les écrans depuis quelques années. Les costumes d’époques ne sont plus toujours de rigueur et seuls les grands axes des romans sont utilisés par les auteurs pour exprimer leur propre ressenti, comme dans « Lost in Austen »

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Des romans plus récents sont également adaptés mais leur budget est souvent plus restreint que ce type de production. Coté théâtre, suite au succès de David Tennant (« Doctor Who » pour les non adaptes) sur scène dans « Hamlet », une adaptation télé a été diffusée pendant les fêtes par la BBC, dépoussiérant le genre.