IMPRESSIONS — Borgia, Episodes 3 & 4
La série de Tom Fontana sur Canal+
Par Dominique Montay • 17 octobre 2011
Évènement Canal+ de la rentrée, une coproduction européenne showrunnée par un américain couronné de prix à la carrière exemplaire. Ou quand Tom Fontana vient en France pour nous parler du Vatican.

Le Pape Innocent VIII vient de mourir, tous les Cardinaux sont enfermés dans le Vatican, sans contact avec le monde extérieur, pour élire un nouveau Pape. En dehors du Vatican, Cesare retourne à Pise et Lucrezia tombe malade. Et les romains se tiennent prêts à piller la ville.

On aime

  • L’immersion dans la politique

Grâce au conclave, Fontana séquestre ses cardinaux dans les murs du Vatican. Une idée (même si elle est une directe adaptation de la réalité historique) qui lui permet de booster les enjeux, et provoquer tensions et crises de nerf.
L’histoire met en relief ce qui nous paraissait jusqu’ici comme assez triviales, les relations d’une violence incroyable entre les Cardinaux, et leur attitude qui n’a rien de religieuse, fondée sur l’égo et la quête de pouvoir.

  • L’absence des enfants de Borgia

Ce n’est pas tant qu’ils sont sortis de l’histoire (A part Juan, qui disparaît durant ce double épisode), mais leurs aventures sont réduites, et, étrangement, l’absence d’interaction entre ses enfants et Rodrigo arrange considérablement le récit. Moins de conflits vains, de réactions puériles et de prises de becs qui confinaient à la redite très rapidement (Cesare est frustré, Lucrezia se plaint, Juan se tape quelqu’un).

  • Les personnages des Cardinaux

Afin d’asseoir son élection, qu’il veut sous le sceau de la rénovation et du retour à la moralité (une volonté bien noble), Rodrigo fait venir au Vatican de personnages qui l’ont quitté. Des personnages bien écrits, très vite tridimensionnels et, pour le coup, bien mis en scène et en avant. Leur arrivée donne une vie jusqu’ici absente dans le Vatican, et mettent encore plus en lumière les autres Cardinaux.
Celui qui s’en sort le mieux est le jeune De Medici, qui au début est un soutien indéfectible à Rodrigo Borgia, de par son amitié avec Cesare, et qui amorce un revirement très intéressant au final.

  • Les délires de Lucrezia

Même si elles sont répétitives, les aventures de Lucrezia clouée à un lit ne sont pas inintéressantes, entre autre la séquence où elle doit embrasser le visage conservé de Sainte Petronille.

  • Le changement de personnalité de Rodrigo Borgia

On y croirait presque. Il semble tellement sincère quand il promet de tourner le dos à son ancienne vie pour devenir Pape. Le jeu de Doman est ici sans deuxième niveau de lecture, on le sent désireux de changer. Hélas, en repensant aux épisodes précédents, on se demande si c’est bien voulu, ou si c’est juste Doman qui n’arrive pas à jouer la dualité.

On aime moins

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  • Les aventures de Cesare à Pise

Le garçon n’avait pas envie de retourner à Pise. Ça tombe bien, nous n’avions pas forcement envie de l’y suivre. Toute son histoire autour de son fils illégitime, de sa volonté d’effacer cette erreur pour faire plaisir à Dieu et que son père soit élu Pape ne dégage aucune empathie. Encore une fois, le jeu, la mise en scène, qui blâmer ?

  • Le rythme de la seconde partie

Alors que l’épisode 3 et une réelle réussite, le 4 traîne en longueur. Étrange de constater que Tom Fontana n’a pas réglé la question du conclave en un seul épisode (ce qu’il aurait sûrement fait aux États-Unis, mais pas ici, tenant compte des spécificités françaises de diffusion par 2). Du coup, la seconde heure semble répétitive et d’une lenteur assez pesante.

  • Les non-dits qui sont ensuite appuyés par le dialogue

Surtout un, en fait. Quand Rodrigo Borgia récupère la dernière voix dont il a besoin au terme de l’épisode. Il le fait d’une façon grotesque (mais crédible, attention), qui souligne la vanité des Cardinaux. Quand il fait ce geste, un commentaire nous vient à l’esprit. Le problème, c’est qu’un personnage émet cette pensée à haute voix dans la foulée, appuyant l’ensemble grossièrement.
Une ligne de dialogue qui gâche un peu le plaisir.

  • Les faux documents qui se baladent sans arrêt entre les mains des protagonistes

"J’ai un papier prouvant que...", "c’est un faux", "moi j’en ai un qui montre que...", "c’est un faux", "non c’est un vrai, j’en suis témoin"... Ce ressort dramatique est utilisé tellement souvent qu’il en devient assez ridicule.

  • Rodrigo Borgia devient Pape, et John Doman exulte

Je ne m’en remet pas, mais je trouve cette séquence d’un ridicule infini.


Après deux épisodes très mitigés, le niveau augmente avec ce double-épisode autour du conclave. On souhaite que la suite (qui va voir revenir les enfants Borgia à Rome) soit du même acabit.

Post Scriptum

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