IMPRESSIONS — Luther, Episode 2x02
Chronique du retour inespéré d’un coup de coeur de 2010
Par Dominique Montay • 24 juin 2011
"Luther" est de retour sur la BBC. Un retour inespéré qui reprend quelques mois après le final incroyable de suspense de la saison 1. Chaque semaine, quelques jours après la diffusion, le Village reviendra sur les épisodes de cette deuxième saison.

On aime

  • Le soin apporté aux personnages secondaires de flics

Qu’il s’agisse de Schenck ou de Ripley, ces personnages ne sont pas seulement là pour servir la soupe à John Luther. Schenck pour sa scène d’interrogatoire, où l’on a retrouvé le filc de l’an dernier, celui qui avait failli faire tomber Luther, et qui ici, obtient des aveux juste en haussant le ton. Et Ripley parce qu’en sa situation d’hotage durant tout l’épisode, on pourrait s’attendre à ce qu’il ne s’en sorte qu’avec l’aide de Luther. C’est plus malin que ça.

  • La scène du bus, la maîtrise de la tension

Globalement, la série gère avec une grande maestria les scènes de tension. Lorsque Cameron, l’assassin que traque l’équipe de Luther, est au volant d’un bus, à quelques minutes de réaliser son meurtre final, il est à la fois pathétique et terrifiant. Le voir impatient et anxieux au volant, se tourner toutes les 2 secondes pour voir si son "chargement de victimes" est bel et bien là retranscrit parfaitement la tension.

  • Les scènes d’interrogatoires, qui mettent l’humain en avant

Rien à faire, les séries de flics ne sont intéressantes que lorsque l’humain est mis en avant. Dès qu’ils agitent des tubes à essais ou dès qu’ils se retrouvent dans une salle à converser les uns après les autres en prononçant des phrases interchangeables, il n’y a plus aucun intérêt. Ici, c’est l’homme avant le flic qu’on voit. C’est sa douleur, sa difficulté à obtenir la vérité, dans une situation d’urgence. C’est très basique, mais c’est brillant.

  • L’avant dernière scène, mais chut

Ben oui, chut. Mais il y a Alice dedans. Et même si son final ouvre sur un changement majeur dans la série (peut-être pas définitif, qui sait...), la séquence est très belle.

On aime moins

  • La pédale douce sur la réalisation

Un peu dommage qu’entre la première et la deuxième saison, l’équipe créative semble avoir pris la décision de marquer la réalisation de manière moins radicale. On parlait dans la critique de la saison 1 de cet air laissé autour des personnages, pour donner cette sensation d’isolement (mais aussi, de perte de repères, le personnage n’est en appui sur rien, prêt à tomber... enfin bref, j’adore ces cadrages). Dans la saison 2, soit la BBC a demandé à ce que cet effet de style soit tempéré pour moins choquer l’audience (idée incongrue en Grande-Bretagne), soit c’est juste un problème de budget. En effet, plus on cadre serré avec un arrière-plan flou, moins on a de décor à travailler (Josée Dayan-style)

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  • La fille de Krusty le Clown fait du porno

Elle est maquillée comme un clown, elle est habillée comme un clown, elle à l’air d’avoir quinze ans, elle est super agaçante, et elle fait du porno. Et elle aime ça... enfin, jusqu’à ce que les effets de la drogue passent. L’intrigue-boulet de la première partie devient presque encore plus intrigue boulet en seconde. Thématiquement, c’est très logique de voir les auteurs s’attaquer au côté St-Bernard de John Luther, et de développer une histoire qui fait que ça va lui coûter cher. Mais franchement, le duo de la mère et de la fille est insupportable. Souriez, la fille va revenir dans l’épisode 2 (ça a intérêt à être meilleur)

  • Le rythme bâtard de la saison qui se confirme

Quand on construit un "two-parters" en partant d’un unitaire, on prend le risque de se retrouver avec une première partie d’exposition, pour une seconde d’action. Le gros défaut habituel d’une série comme « Doctor Who » est ici transposé sur une série plus contemplative. Il y a intérêt qu’il y ait une saison 3 (oui, c’est une menace), et il y a intérêt que ce soit des épisodes de 52 minutes (toujours une menace).

  • L’évacuation du centre d’intérêt majeur de la série SPOILER

Se débarrasser d’Alice n’est pas un choix très judicieux. Alors non, elle ne meurt pas, mais le simple fait qu’elle décide de s’enfuir, puis de fuir dans un pays qui commence par un "M" (on avait dit qu’elle était complètement givrée ?) me laisse perplexe. Ce qui était la qualité principale de la série se voit effacé. J’ai du mal à croire que c’est définitif tant le duo John Luther/ Alice Morgan est parfait sous toutes les coutures. Bad move...

La théorie à la noix

Vue la facilité avec laquelle John Luther explique le plan d’un meurtrier et voir ce meurtrier faire exactement ce que John avait prédit veut dire que soit John Luther est un médium, soit c’est Dieu. Voilà, John Luther, c’est Dieu. Bon, c’est juste une théorie.


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