LE QUINZO — 2.06 : Le Top 10 de 2010
Toutes les deux semaines, l’humeur de la rédac’ du Village.
Par le Village • 13 décembre 2010
Le Quinzo, saison 2, épisode 6. Cette quinzaine, la rédaction du Village commence les festivités de l’enterrement de l’année 2010. Pour se faire, elle livre son Top 10 des meilleures séries européennes de l’année.

Cher lecteur, le Top 10, c’est une expérience compliquée à la base. Quand on parle de fiction européenne, ça devient un casse-tête insoluble. Comment rendre compte par ce biais d’une production à la fois énorme — il est impossible de tout regarder — disparate, protéiforme et qui, pour ce qui concerne la France, a le malheur de continuer à privilégier l’Unitaire aussitôt vu, aussitôt disparu de la mémoire collective ?
La réponse de la rédaction du Village est claire : beaucoup de parti pris, une louche de mauvaise foi, et la capacité d’assumer un classement qui n’a, clairement, qu’un sens très limité en lui-même. Il aurait suffit qu’une ou deux séries de plus soit vue par plus d’un rédacteur pour le bouleverser complètement.

On assume donc la plus absolue subjectivité, et on lance le Top 10, en commençant par dévoiler le bas du classement !

Dixième place

  • « Being Human » - 7 points
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Par Emilie Flament.

Un vampire, un loup-garou et un fantôme sont dans un appart, l’un d’eux a des ennuis... que se passe-t-il ? Je me sens un peu seule sur ce coup là... mais bon j’assume !
Je n’ai pas encore vu la saison 2, donc je me contenterai de la saison 1 diffusée cet automne sur Orange. Pourquoi j’aime bien la série ? Parce que j’aime le fantastique, et parce que j’aime encore plus qu’il serve de prétexte à l’exploration de thèmes qui n’ont rien de fantastique : leurs doutes, leurs problèmes relationnels, leurs amis, y compris les néfastes... La série a son coté sombre tout comme ses moments d’humour et l’on s’attache très vite à ses 3 protagonistes, très bien interprétés notamment par Russell Tovey.
Alors bien sûr, c’est rempli de bonnes grosses ficelles, et la série n’aura pas le prix de l’innovation, mais elle fonctionne bien... alors pourquoi se priver de ce petit plaisir ?

Neuvième Place

  • « Un Village Français » - 9 points
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Par Sullivan Le Postec.

Sur les trois rédacteurs du Village, nous ne sommes que deux à suivre « Un Village Français ». Et encore, Emilie a pris le train en marche avec la saison 3 en cours de diffusion, qui fait l’objet d’un dossier du Village, avec des interviews vraiment très intéressantes déjà en ligne, du producteur Emmanuel Daucé et du réalisateur Philippe Triboit.

Dès le départ, « Un Village Français » est un projet dont l’ambition, l’inscription claire dans la durée et la sérialité, et les qualités techniques m’ont attiré. Il a fallu un petit peu plus de temps — pas tant que ça, finalement : douze épisodes, c’est relativement peu pour générer de l’addictivité — pour qu’elle franchisse le palier du réel attachement. Aujourd’hui, c’est bel et bien fait. Je vis avec ces personnages. J’adore détester certains des “méchants”, je suis au plus proche des souffrances et des dilemmes des “gentils”, à qui la guerre ne propose souvent que des mauvaises solutions. Bref, je n’ai qu’une envie : voir les épisodes suivants. Avouez que sur une série française, ça n’arrive pas tous les jours. D’ailleurs, je file : je viens de recevoir les épisodes 19 à 22 !

Huitième place

  • « Luther » - 10 points
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Par Dominique Montay.

C’est dur de se sentir seul. Enfin presque. Sur ce Quinzo en tout cas. Seul à avoir vu ce qui était à mes yeux l’une des meilleures séries de 2010 du vieux Continent, les six épisodes de la saison 1 de « Luther ». Du coup, l’ai-je mise en tête de mon top 10 surtout pour contrebalancer le fait que personne d’autre n’allait voter pour elle ? C’est un peu compliqué. Mon top 3 s’est joué à peu, l’exercice est compliqué. Toujours est-il que « Luther » est une grande série.

« Luther », c’est l’histoire de John Luther (Idris Elba), flic de légende aux méthodes de moins en moins conventionnelles qui craint d’être au final aussi dangereux que ceux qu’il pourchasse. Au-delà de ce prémisce assez convenu, cette série parle surtout de la rencontre entre John Luther et Alice Morgan (Ruth Wilson). Une femme que « Luther » soupçonne du meurtre de ses parents, qu’il veut voir en prison et qu’il érige en némésis... et qui devient progressivement son amie. Une relation incroyable faite de confidences et de danger qui donne tout le sel d’une série remarquable, et qui se paie le luxe de ne pas se figer dans une routine en provoquant un twist incroyable en fin de saison, qui redistribue les cartes et met les personnages dos au mur.

« Luther », malgré des audiences faméliques, reviendra dans un an pour deux spéciaux de deux heures (pour clore ?). Par contre, pour la diffusion en France, à part vous conseiller d’acheter les DVD en import... rien à l’horizon !

PS : trois paragraphes pour parler de « Luther », ça n’est pas assez. On y reviendra TRES bientôt, gardez l’oeil ouvert !

Sixième place

Ex-aequo :

  • « Fais pas ci, Fais pas ça » - 11 points
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Par Emilie Flament.

Mes devoirs de vacances m’ont fait regarder et en partie apprécié sa première saison. La seconde me l’aurait presque faite oublier, mais heureusement, avec la saison 3... j’adhère !

La série a finalement trouvé son rythme, remplissant chaque fois ses 52 minutes sans baisse de régime. Et en France, pour une comédie... c’est assez rare pour être signalé !
L’intrigue à dormir debout de la saison précédente n’est plus qu’un mauvais souvenir (Ouf !), on revient à des histoires plus proches de nous.
Quant aux personnages, on s’y attache de plus en plus. S’ils semblent moins caractérisés, moins différenciés, cela a au moins l’avantage de les ancrer plus et de les rapprocher de leur public. Les 4 interprètes principaux (les parents) sont toujours excellents. Les « enfants », quant à eux, ont réellement l’occasion de se développer.
Bref, une bonne saison qui promet bien des choses pour la suite !

Et :

  • « La Commanderie » - 11 points
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Par Dominique Montay.

J’ai un peu l’impression d’avoir grandi en même temps que Didier Le Pêcheur, toutes proportions gardées. J’avais vu au cinéma ses deux premiers films, avec une préférence pour son premier, une histoire foutraque autour de la religion : « Des nouvelles du bon Dieu », vu en salle un jour de séchage de cours (je l’avoue maintenant, je pense ne pas risquer grand-chose... on verra bien). Le retrouver aujourd’hui sur « La Commanderie » n’est pas étonnant, l’histoire étant chargée de religion. Ce qui l’est un peu plus, c’est le traitement de la série par France 3. Diffusion en masse (par 3 épisodes) le samedi soir, avec un générique de fin intégré sur les dernières scènes des épisodes...

« La Commanderie », c’est une série en costume fauchée comme les blés, mais d’une richesse incroyable. Déjà parce que le traitement de la religion y est tellement sombre et sans concession qu’on se dit qu’il y a sûrement beaucoup de réalisme. Ensuite parce qu’on y parle de justice (le procès d’un cheval, même David E. Kelley n’avait jamais osé), de contraception (et de la création de préservatifs faits maison) et d’homosexualité. Une série historique qui se sert de la modernité pour raconter ses histoires, qui n’est pas engoncée dans un traitement plat et distancé, qui offre une caractéristation très "BD" à ses personnages, dans ce qu’il y a de plus noble dans la comparaison, avec entre autres le personnage du Breton. Une gueule, un caractère, une identité, une silhouette comme on en voit rarement à la télévision française et qui est absolument inoubliable. (voir notre dossier.)

Dans un monde parfait, on serait en train de harceler Le Pêcheur pour traiter la saison 2 en profondeur, vous donner du contenu, vous allécher avant les hostilités. Mais à France Télévisions, on n’a pas la même notion d’une bonne série à fort potentiel qu’au Village. « La Commanderie » n’aura donc existée que le temps d’une saison 1 de huit épisodes, et c’est bien triste.

Cinquième place

  • « Spooks » - 12 points
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Par Emilie Flament.

Après avoir lourdement critiqué dans de récents Quinzos la saison 9 de « Spooks », vous devez être surpris de voir la série dans ce Top 10... Pour mieux comprendre il faudrait ajouter en sous-titre : « Spooks », la saison 8, diffusée cet été sur Canal+ (et surtout pas la 9, que BBC1 a proposé cet automne !).

En effet, même si la série n’atteint plus globalement le niveau des premières saisons portées par le personnage de Tom Quinn, elle nous offre toujours de petits bijoux et, en l’occurrence, l’épisode 4 est une pure merveille. Lucas North, revenu depuis quelques mois de la prison russe où il a passé 8 ans à être torturé, se retrouve confronté à son tortionnaire. Comment réagit-il ? Vengeance ? Syndrôme de Stockholm ? Quels liens se sont réellement liés entre ces 2 hommes ? Un épisode consécration pour le personnage de Lucas et pour son interprète. Une de mes séquences préférées dans la série, les « retrouvailles » de Lucas et de Oleg dans ce bunker, et cette main tremblante de Lucas lorsqu’il entend la voix de son bourreau dans le téléphone.
On peut déplorer un démarrage de saison cumulant quelques incohérences scénaristiques notamment autour du personnage de Ruth, mais l’intrigue autour de Nightingale est bien menée, et les autres épisodes sont de meilleure qualité. Le procès des « grands de ce monde » creuse très bien la question de la justice et de sa morale. Lorsque l’économie britannique est menacée par un groupe de terroristes, on explore un type de terrorisme qui colle terriblement à l’actualité.

Quatrième place

  • « Misfits » - 17 points
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Par Sullivan Le Postec.

Franchement, à ce stade, je crois que je devrais détester « Misfits ». C’est que le sujet des super-héros porte en lui quelque chose de très casse-gueule : il faut le traiter avec beaucoup de précision pour ne pas glisser dans la célébration non distanciée de l’auto-justice, des milices privées. Et « Misfits » n’a pas cette rigueur éthique. C’est moins une question de prémisses — puisque les cinq super-héros en devenir de la série sont dotés de leurs pouvoirs alors qu’ils sont en train d’effectuer une peine de travaux d’intérêt généraux, nous sommes clairement dans une histoire de rédemption — que de maladresse du scénariste, qui peine à incarner ce concept de la rédemption dans la réalité de la série, et qui n’a su se sortir d’une impasse scénaristique de la saison 1 (critiquée ici par Dominique) que par la mort d’un personnage totalement innocent, provoquée par un des ‘‘héros’’. Un acte traité sans vrai recul et pour lequel on le remercie encore en milieu de saison 2 (sur laquelle Dominique livre ses impressions au fil des épisodes).

Donc oui, à ce stade, je devrais détester « Misfits ». Sauf que j’adore. La caractérisation brillante des personnages — sauf Curtis le boulet, mais il faut toujours un boulet dans une série ; l’interprétation de haute volée d’une jeune distribution assez spectaculaire ; et la beauté formelle d’une série à petit budget dont la qualité visuelle est absolument étourdissante... tout cela a eu raison de ma relative bigoterie. D’autant plus que la saison 2 donne progressivement une ampleur inattendue à l’intrigue, dont on se prend à attendre avec une impatience folle l’évolution au cours des prochaines années.

Quelque chose qui — à ceci près que la tonalité de la série penche plus vers le drama — n’est pas sans rappeler « Hero Corp ». Le super-héros européen, en 2010, c’était un must. La preuve aussi qu’une réappropriation de la culture commune d’origine américaine peut donner des choses très intéressantes, si on met à la barre de vrais créatifs qui savent aller plus loin que le copier/coller made in TF1...

Troisième place

  • « Sherlock » - 18 points
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Par Sullivan Le Postec.

La réinvention de « Sherlock » par le duo Moffat et Gatiss atterrit en troisième place, alors même que les trois fois 90 minutes de la saison 1 n’ont été vues que par deux des trois rédacteurs.

C’est que les deux fan boys British ont frappé fort et juste, à tous les niveaux : qualité du scénario, choix exemplaire des deux comédiens principaux, et une réalisation formidable — avec une qualité de cadrage et une inventivité rare en télévision. C’est un peu le grand chelem, et il n’y a que la relative faiblesse de l’épisode 2 qui peut prétendre à remplir une colonne des défauts presque virtuelle.

« Sherlock » arrive sur France 4 le samedi soir en prime-time, les 1er, 8 et 15 janviers prochains. L’occasion d’en faire le dossier du mois prochain, dont un avant-goût est déjà en ligne : une petite visite dans les coulisses du doublage de « Sherlock ».

Deuxième place

  • « Hero Corp » - 25 points
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Par Sullivan Le Postec.

Une série française en 2e place d’un Top 10 des meilleures séries européennes de l’année, ça a quelque chose d’un peu inattendu, si on est honnête. C’est la saison 2 de « Hero Corp » qui remplit ce petit miracle, déjà célébré dans le dossier gargantuesque concocté par Emilie. Mais “rassurons”-nous, rien ne change en France : à l’heure qu’il est, il est toujours possible (probable ?) que la série n’ait pas de saison 3...

Avec son budget infiniment petit (son non-renouvellement en est d’autant plus ridicule, insensé, inconséquent et inepte, et il nous fait redoubler d’inquiétudes quant à la stratégie fiction du Groupe Canal+, visiblement décidé à faire désormais passer devant les retours commerciaux immédiats, repoussant au deuxième et au troisième plan les retours à moyen-long terme et la qualité) « Hero Corp » a réussi à donner naissance à une fresque d’une ampleur ahurissante, passionnante et hilarante, intense et dépaysante. Sans conteste, à des kilomètres devant les autres, la série française la plus addictive créée depuis 30 ans.

Tous les ingrédients d’un succès sont là. L’engagement des fans, vu au Comic’ Con ou lors de la campagne Pinage, le prouve. Mais voilà, on est en France et « Hero Corp » a été diffusée dans les cases où elle avait le moins de chances de trouver son public, avec des empilements d’épisodes (quatre à la suite le vendredi soir sur Comédie !) grotesques. Le seul moyen de faire pire pour la diffusion de la saison 3, ce serait de mettre l’épisode dans un petit carré de 5cm au milieu de l’écran, et d’écrire autour : « franchement, ce serait mieux de télécharger, non ? ». Et on n’est pas à l’abris que quelqu’un y ait vraiment pensé. Tout ça sans parler du fait que les quatre gugus dotés de zéro euro de budget derrière la campagne Pinage ont généré plus de promotion et de communication autour de la série que ses deux diffuseurs ensemble...

Bref : « Hero Corp », par ses qualités immenses, et surtout par le fait que celles-ci ne sont aucunement récompensées, c’est la preuve qu’actuellement, la télévision française est tellement verrouillée par des imbéciles heureux qu’elle ne peut pas évoluer. Vous me pardonnerez de faire mon populiste de base, mais oui, trois fois oui : qu’ils s’en aillent tous !

Première place

  • « Doctor Who » - 27 points
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Par Dominique Montay.

On l’attendait, l’arrivée de Steven Moffat aux commandes du Docteur. Parce que le départ de Russell T Davies était un départ choisi, pas une cruelle injustice. Parce qu’aussi, Moffat était la personne idoine pour continuer le beau travail. Et quel beau travail ! Certes, la saison 5 est loin d’être parfaite, et que certains épisodes sentent l’inachevé, comme Victory of the Daleks ! Mais elle a donné lieu à de beaux moments d’action The Time of Angels/Flesh and Stone, d’humour The Lodger, d’émotion Vincent and the Doctor...

La saison nous a offert un final (The Pandorica Opens / The Big Bang) qui, il est vrai, multiplie les incohérences, mais dans lequel existe une vrai énergie, un vrai savoir-faire, quasi-hollywoodien, qu’on regarde avec des étoiles plein les yeux. Steven Moffat est un enfant avec son jouet préféré, et on l’imagine bien à une réunion de travail avec ses collègues répondre à quelqu’un qui pointe une incohérence "Who cares ? It’s great !"

Et le type peut se le permettre, rien que parce qu’il a pondu le meilleur épisode, toutes séries confondues, de la saison avec le monumental The Eleventh Hour. Une leçon de scénario, et même de réalisation. Cet épisode est un pur morceau de bravoure. Steven Moffat avait dit à son équipe que cet épisode était le plus important de leur vie dans le monde Docteur. Pression bien gérée, tant le résultat est là. Et en dehors de Moffat, on peut saluer le duo Matt Smith - Karen (rrrrrrrrrrahhhhhhh) Gillan. Une saison de haut niveau pour une série monument. Vivement Noël...

Le top de chaque rédacteur

Qui a voté pour quoi ? Quels grands oubliés sont pénalisés par le fait qu’ils n’ont été vu que par un (ou aucun) des rédacteurs du Village ? Tout ça est dans le tableau récapitulatif !

Sullivan Dominique Émilie
1 Shelock Luther Hero Corp
2 Doctor Who Doctor Who Doctor Who
3 Hero Corp Sherlock Spooks
4 Misfits Hero Corp Being Human
5 Un Village Français Misfits Fais pas ci, fais pas ça
6 Fais pas ci, Fais pas ça La Commanderie Les Invincibles FR
7 La Commanderie Spooks Misfits
8 Fracture The Killing Un Village Français
9 Single Father The It Crowd La Commanderie
10 Mafiosa Dead Set Mafiosa