LE QUINZO — 3.01 : Demain, c’est hier
Toutes les deux semaines, l’humeur de la rédac’ du Village
Par le Village • 12 septembre 2011
Le Quinzo, saison 3, épisode 1. Cette semaine, la rédac’ du Village tourne le contact et repart pour un tour. Avec l’étrange sensation de rouler sur place.

La télé qui ne prend pas la tête

Par Dominique Montay.

J’ai passé des vacances en mode famille étendue. Pas juste la femme et les enfants. Non. Du coup, j’ai subit quelques moments difficiles. Surtout entre le début du dîner et sa conclusion (donc entre 20h50 et 21h50). Bon, une heure difficile par jour, c’est pas la mort me direz vous. Sauf quand, pendant cette heure, on est branché sur TF1, et on regarde « Camping Paradis ».

Depuis, je cherche un groupe de soutien moral pour personnes ayant connu mon désarroi.

Cette série est à la hauteur de l’attente qu’on en a. On sent très vite que tout a été fait rapidement, sans réflexion, sans recherche, sans volonté de raconter quelque chose d’un tant soit peu divertissant. Les séquences s’empilent, chacune annonçant le retournement de situation qui suit. On y retrouve les stars made in TF1 : la fille de Julie Lescaut, le type de Mon incroyable fiancé, et en guest internationale (elle est belge), une Alexandra Vandernoot qui lâche les chevaux et cabotine comme une malade. Et puis il y a Princess Erika.

Dingue, non ? Au départ, j’étais persuadé que son personnage était muet, vu qu’elle passait son temps à hocher la tête sans rien dire. Ou alors qu’elle faisait une référence à son ancien tube "Trop de bla-bla". Mais non, c’était juste une volonté de réal de la mettre dans des scènes où elle ne sert à rien d’autre qu’opiner du chef.

Et à un moment, y’a une nana, elle arrive au camping, et elle dit "il est où mon piano", et là les autres y se disent "mais pourquoi elle veut un piano ?", et elle répond "c’est le vieux qui bosse avec vous qui m’a dit que je pouvais avoir un piano", alors ils répondent "ah bon ?", et elle dit "ma fille elle passe un concours d’une grande école, alors je me suis dit qu’on allait au camping mais avec un piano", alors ils disent "ok on va vous donner un piano", et ils lui amènent un Bontempi.

C’est chouette comme prémice d’histoire ça ? Ca dépote, non ? Et puis c’est pas prise de tête, vous comprenez ? Pareil pour la trame principale : la fille de Julie Lescaut va épouser le type de Mon incroyable fiancé, mais un mariage cool, pas préparé (dans une semaine). Pas prise de tête, quoi ! Mais Vandernoot (qui joue la mère de la fille de Julie Lescaut) veut un gros mariage bien dépensier et organisé. Si c’est pas prise de tête, ça ! Et puis la fille de la nana qui veut un piano, elle veut s’amuser dans le camping, mais sa maman veut qu’elle joue du piano ! (du coup, elle a bien fait de l’emmener dans un camping, non ?)

Non, je ne sais pas comment ça se termine. Quelque chose me dit que le mariage aura lieu, mais "à la cool", parce que Vandernoot va se trouver entraînée dans l’ambiance du camping. Pareil pour la marâtre. Parce qu’on se prend pas la tête au Camping Paradis (très amusant, en passant, de voir un personnage, devant la pancarte "Camping Paradis", dire à un autre personnage "vous savez, c’est un petit paradis, ici"... superbe moment d’écriture).

Une série certainement écrite très vite, réalisée tout autant, pour un résultat aussi vain que sans intérêt. Comme d’habitude, on confond divertissement et flemmardise. Mais c’est pas prise de tête, n’est-ce pas ?

En fait, si, un peu.

Déjà parce que ça agace profondément qu’on soit capable de mettre en chantier des trucs pareil et que ça marche (toujours pour des problèmes de choix). Parce qu’en gros, en France, entre le culturel et le décérébré, il n’existe pas grand chose.

Au final, ça prend beaucoup la tête. Bien que je sois parti avant la fin, j’ai entendu la chanson du Camping, la nommée "Fiesta Boom Boom" [1], et que j’ai mis plus d’une semaine à me l’expulser du crâne.

Punaise, elle me revient...

Paradis, mon oeil.

Watson et les 13 nains

Par Emilie Flament.

L’adaptation sur grand écran de « Bilbo Le Hobbit » est indéniablement le bébé d’un néo-zélandais (pour ceux qui n’auraient pas suivi... je parle de Peter Jackson), et elle est certes produite par les américains (New Line Cinema et MGM), mais son casting est essentiellement britannique ! De quoi avoir l’impression que la fiction BBC débarquera au cinéma en 2012/2013...

Commençons par le personnage principal de cette préquelle : Bilbo Baggins. Dans le trilogie du « Seigneur des Anneaux », c’était déjà un anglais, Ian Holm, qui l’interprétait le vieux hobbit. Sa version ‘’jeune’’ sera interprétée par Martin Freeman, notre cher Watson dans le « Sherlock » de Steven Moffat. Au passage, son partenaire Benedict Cumberbatch a lui aussi été débauché et se chargera de Smaug le Dragon.

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Gandalf, toujours interprété par le monumental Ian Mc Kellen, entraînera le jeune hobbit dans la quête de la compagnie des 13 nains : gagner la Montagne Solitaire, vaincre Smaug et récupérer leur royaume et leur trésor.

Là encore, les 13 nains sont en grande partie britanniques. James Nesbitt (« Jekyll », « Occupation ») est Bofur. Le vampire de « Being Human », Aidan Turner devient lui aussi un nain (Kili) et surtout, toute cette petite bande est menée par Richard Armitage qui interprètera Thörin. Et voici sans doute un des plus grands mystères de ce casting : Comment un grand gaillard musclé et athlétique de 1m88 a fait pour décrocher le rôle du chefs des 7 nains (oups... pardon 13 !) ? Même si leur sex-appeal en prend un coup, il faut admettre qu’ils forment au final une convaincante brochette de guerriers.

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Jed Brophy (Nori), Dean O’Gorman (Fili), Mark Hadlow (Dori), James Nesbitt (Bofur), Peter Hambleton (Gloin), Graham McTavish (Dwalin), Richard Armitage (Thorin Oakenshield), Ken Stott (Balin), John Callen (Oin), Stephen Hunter (Bombur), William Kircher (Bifur), Adam Brown (Ori), Aidan Turner (Kili)

Les anciens du « Seigneur des Anneaux » ont tous repris leur costume et certains ont même pris du gallon : Andy Serkis, en plus de son rôle de Gollum, devient le réalisateur de la seconde équipe de tournage.

Alors, évidemment, c’est au cinéma, donc on ne vous en parlera probablement plus sur Le Village. Mais pour les fans de séries à univers qui attendent impatiemment cette nouvelle incursion dans le monde de Tolkien, je vous conseille de suivre le blog de Peter Jackson http://www.thehobbitblog.com pour y découvrir les premières vidéos du tournage.

Le Conseil Supérieur d’Avant-hier ?

Par Sullivan Le Postec.

Scoop : dans un rapport publié aujourd’hui, le CSA s’est déclaré favorable au passage de la télévision à la couleur. Bon, c’est vrai, j’exagère. Mais si peu.

La loi votée il y a plusieurs années prévoyait le lancement de trois chaînes bonus sur la TNT dès le 1er novembre prochain. Ce 12 septembre 2010, Michel Boyon, Président du CSA, communiquait un rapport [2] qui lui avait été commandé par Matignon — à lui personnellement, pas à l’institution qu’il préside, vous l’aimez notre République bananière ? — censé aider à déterminer s’il est opportun de lancer de nouvelles chaînes sur la TNT. C’était déjà risible en soi, mais le caractère ridicule du timing est encore renforcé par le fait que le rapport est finalement sorti quatre jours après une nouvelle qui est venu bouleverser le paysage audiovisuel français en général, et la TNT en particulier.

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Michel Boyon
Président du CSA ; auteur de rapports en freelance

On ne s’étonnera pas, donc, que le Rapport rendu soit dans la même tonalité. Il est urgent d’attendre. Changeons de norme pour retarder le lancement de nouvelles chaînes. Surtout qu’une nouvelle nouvelle norme est annoncée dans deux ans, ça sera une bonne occasion d’attendre deux ans de plus. Attendons, attendons.
Le tout est d’autant plus décalé que, vu la nouvelle tombée jeudi soir, les deux premiers groupes de télévision privée, TF1 et M6, qui militent depuis huit mois pour le gel de l’attribution de nouvelles fréquences, risquent fort de (re-)faire un changement de cap à 180° et réclamer de nouveaux canaux. Cela devient particulièrement difficile de ne pas voir que gouvernement et CSA sont leurs pantins.

Michel Boyon commence son rapport par une ligne impayable, qui donne le ton du reste : ‘‘La télévision numérique terrestre est, en France, un incontestable et remarquable succès’’.
Voilà qui est caractéristique de l’incapacité en France, de considérer la télévision autrement que comme un tuyau. On ne s’étonnera pas que Michel Boyon ne passe pas ses soirées devant « Les Anges de la télé-réalité », « Dilemme », ni les rediffusions des « Cordiers », mais en tant que Président du CSA, il pourrait au moins charger un stagiaire de le faire à sa place et de lui rédiger des fiches. Peut-être découvrirait-il l’indigence de la TNT, et l’échec absolu de la diversification et de l’amélioration des programmes qu’elle devait apporter.

Le problème, c’est que pendant qu’en France les acteurs se concertent pour jouer la montre, ailleurs les choses avancent. On l’a déjà dit, à l’heure qu’il est, le PAF n’est absolument pas équipé pour survivre aux évolutions qui s’annoncent avec la télévision connectée. Et il n’y a pas de quoi être confiant.