Par Dominique Montay.
Pour un journaliste d’investigation, le plus rude doit être de se retrouver dans une zone de guerre. On ne voit pas sa famille, on est en danger... L’équivalent, pour un rédacteur du village, c’est regarder une série comme « R.I.S. ».
C’est pas dangereux, on n’est pas obligé de s’éloigner de ses proches (on peut, si on veut...), et on n’est pas forcé d’avoir une barbe de 5 jours et porter des treillis. Mais quand même, ça reste le plus dur, si on tient compte des proportions. Il faut dire qu’au Village, on évite dès que possible d’avoir à parler de ce qui ne nous plaît pas. Mais « R.I.S. » étant un cas particulier sur le PAF, ça valait le coup de jeter un oeil.
Mon premier contact avec la série, c’était à ses débuts, avec cette magnifique photo promo où on voyait le cast principal poser les uns à côté des autres sur une vue de Paris vêtus de tyveks (les même combinaisons que les peintres en bâtiment). Ensuite, une scène, dans laquelle un des frères Ripollin se rendait sur une scène de crime balisée par des flics en uniforme, suivait une trace de sang, et trouvait un second cadavre à 100m du premier ! J’avais arrêté là.
5 saisons après, seconde chance. Un casting sérieusement renouvelé, un statut de série phare de la chaîne (ils sortent même des DVD), 16 épisodes par an (gros volume, donc)... Saison 5, épisode 13 (choisi complètement au hasard, peut-être pour le titre qui copie celui d’un film de Clint Eastwood, « Dans la ligne de mire »). Let’s go.
Formellement, c’est aussi propre que fadasse. Pas de contraste dans les images, pas de profondeur de champ... c’est plat. L’épisode compte trois lieux majeurs de tournage, un parking de centre commercial, le commissariat super high-tech des R.I.S. (enfin, le super high-tech vient surtout d’une table géniale au possible sur laquelle on peut se balancer des feuilles virtuelles d’un protagoniste à un autre. Un gadget aussi surréaliste qu’inutile, étant donné que je cherche encore sa valeur ajoutée par rapport à des vulgaires feuilles papier. Ah, si... on tue moins d’arbres avec des feuilles virtuelles... soit) et un hangar désaffecté. Peu de variété de lieux, peu d’exigence de réalisation, on comprend mieux les 16 épisodes par an, du coup... mais ça raconte quoi, en fait ?
Malik le R.I.S. vient en aide à une fliquette qui se retrouve prise sous le feu de malfrats munis d’armes de guerres. Ok... Dans le chaos ambiant, la fille se fait tirer dessus et meurt, et c’est peut-être Malik qui aurait tiré. D’accord... Malik est soupçonné, tout le monde (mais surtout sa petite amie Julie) essaie de l’aider au R.I.S., mais toutes les preuves semblent contre lui. Dur. Donc c’est un épisode particulier, une affaire spéciale qui met en difficulté un membre du cast régulier. Et du coup, ça chiale de partout.
Le personnage de Julie passe son temps en larmes et à crier “Mais vous le croyez pas ! Moi je le crois ! Vous ne comprenez rien ! Oh rage oh désespoir !” (soit, j’exagère, mais pas tant que ça). Celui de Malik le mal-aimé pleure aussi, un peu moins, mais c’est surtout quand il cherche à remettre ses souvenirs en ordre qu’il m’a bluffé. Moi qui croyait être dans un faux remake de « CSI », en le voyant repasser le film des évènements dans son esprit, y zoomer et y voir - alors que ça se passait à 20m de lui - qu’une fille avait fait tomber des clés, et voir qu’il s’agissait de clés de scooter... alors là, c’est « Médium » ! Et le chef. Ah, le chef... incarné par Philippe Caroit, qui joue avec la passion du type qui lit l’annuaire. Une nouvelle définition du mot cachetonner.
L’aspect "remake" est assez cocasse, parce qu’on a l’impression que le cahier des charges était de prendre tout ce qui est ennuyeux dans l’original et de le mettre plein de fois. Le RIS qui regarde un écran et qui attend d’y voir "Match" (en anglais dans le texte). Les RIS qui font plein de trucs de RIS pendant que de la musique passe (ça remplit bien les épisodes...), la blonde botoxée siliconnée (Cachou. Si, si. Cachou), et même un peu de « Cold Case » avec le long passage musical de fin. Sauf que dans « Cold Case », on montre pleins de protagonistes, dans des lieux différents, ça donne une impression de clôture... et là c’est juste un passage super ralenti où tout le monde pleure et se prend dans les bras à l’extérieur d’un hangar. Ca dure 2 minutes, mais on à l’impression que c’est 10. De plus, et assez souvent, pour bien appuyer les séquences, un dialogue peut être répété via les pensées d’un personnage 3 minutes après la première écoute, dans son intégralité. Un procédé que les américains n’utilisent plus depuis la seconde guerre.
Des dialogues pauvres, des acteurs pas concernés, une réalisation à la chaîne, une image triste... Merci, bravo, et à dans 5 ans. Pas avant.
Par Emilie Flament.
L’Angleterre... Big Ben, la Famille Royale, le Tea Time, les pubs, la BBC et bien sûr ses excellentes séries, telles que « Doctor Who » ! Alors qu’on vante régulièrement la qualité de la télévision anglaise sur ce site, la lecture du dernier « Doctor Who Magazine » sur un banc de Hyde Park m’a soudain fait réaliser que je connaissais mal le téléspectateur britannique.
A priori, tout commençait bien : un article en page 15 vantant l’impressionnant score de « The Eleventh Hour » (plus de 10 millions de téléspectateurs dont 9,59 lors de la première diffusion sur BBC One). Mon regard est alors attiré par un tableau en bas de page avec le Top 20 des programmes les plus regardés de la semaine du 29 mars au 4 avril 2010. Intéressant, voyons ce que les anglais regardent en ce moment... Et là, c’est le choc !
Sur les 20 programmes, 14 des meilleurs scores (dont les meilleurs !) sont détenus par des soap opéra ! Je savais que les anglais étaient friands du genre mais je ne pensais pas à ce point. Par exemple, le plus haut score atteint par un soap opéra au Royaume-Uni est de 30,15 millions de téléspectateurs pour l’épisode de Noël 1986 d’« EastEnders » (en comparaison, les funérailles de Diana ont rassemblé 32,1 millions de téléspectateurs). Curieuse, j’ai décidé de vous en apprendre un peu plus sur ces 3 monuments britanniques :
Considérés comme les vedettes de BBC et d’ITV, de mauvais résultats pour l’un d’eux seraient inacceptables. Du coup, les trois séries sont très rarement programmées en concurrence. De quoi occuper toutes vos soirées lors de votre prochain séjour en Angleterre (on ne vous en voudra pas si vous passez votre tour) !
Par Sullivan Le Postec.
Le texte suivant contient des spoilers sur la saison en cours de « Doctor Who », et notamment l’épisode 5x07 « Amy’s Choice ».
« Amy’s Choice » a donné l’impression d’être l’épisode le plus stand-alone de cette saison 5. Serait-il possible qu’il ait en fait été un très important segment mythologique ? En effet, nombreux sont ceux qui ont vu dans le Dream Lord de cet épisode le profil d’un ancien ennemi...
Le Dream Lord appliquait des principes de torture psychologique pour malmener le Docteur alors qu’il était inconscient, sous le coup d’un pollen psychédélique. La conclusion de l’épisode révélait que le Dream Lord n’était autre que la face sombre du Docteur lui-même : sa négativité, sa frustration et sa colère accumulées personnifiées.
En 1985, la saison 23 de « Doctor Who » fut toute entière consacrée à un serial en quatorze épisodes : « The Trial of a Time Lord » (découpé en quatre sous-parties). Le sixième Docteur s’y voyait mis en procès par les Time Lords (qui voulaient en fait l’éliminer car il avait été le témoin d’une de leur propres exactions). L’accusation était menée par un mystérieux Valeyard, déterminé à ce que le Docteur soit condamné et tué, et prêt pour ce la à manipuler les preuves présentées au cours du procès.
On apprenait en fait bientôt que le Valeyard était un double maléfique du Docteur, sa face sombre. Et que celle-ci venait du futur. Le Valeyard avait une bonne raison de vouloir tuer le Docteur : les Time Lords lui auraient transmis ses régénérations restantes, l’amenant d’une demi-existence à une existence réelle.
L’origine du Valeyard dans le futur du Docteur n’était pas très explicite et, pour compliquer le tout, un peu divergente entre la version de « The Trial of a Time Lord » diffusée à la télévision et sa novélisation. Mais il semblerait que le Valeyard ait été créé au moment de la douzième régénération du Docteur, c’est à dire le passage entre sa douzième et treizième régénération (la dernière selon les règles exposées dans l’ancienne série, mais évidemment, cela sera contourné le jour venu, qui n’est plus si éloigné maintenant – un contournement rendu facile par la disparition de Time Lords, de leur société et de leurs règles depuis le retour de la série en 2005).
Alors, le Valeyard a-t-il en fait été créé à l’occasion de cette exposition au pollen psychique dans « Amy’s Choice » ? A la fin de l’épisode, le Docteur voit le Dream Lord apparaître à la place de son reflet. Manière de suggérer qu’il continue de vivre en lui. Peut-être pourrait-il continuer de le hanter intérieurement dans les années à venir, avant de prendre corps d’ici deux régénérations...
Pas sûr que Steven Moffat soit encore à la barre pour négocier le passage du douzième au treizième Docteur. Sans doute l’importance de « Amy’s Choice » dans l’histoire de la série devra-t-elle beaucoup de la décision future de son successeur d’effectivement traiter de la création du Valeyard, ou pas, et si oui de rebondir sur ce qui vient d’être mis en place. Si le Dream Lord devait revenir d’ici là, son importance grandissante pourrait faire pencher la balance en ce sens.
Dernière mise à jour
le 29 mai 2012 à 03h19