PIGALLE, LA NUIT - Ep 1.06
« Je suis fatigué… » Olivier
Par Dominique Montay • 11 décembre 2009
Critique. Olivier a la conscience qui le travaille. Thomas veut discuter. Nadir ne veut pas entrer dans le jeu de Dimitri. Non, vraiment pas.

Pendant la diffusion de « Pigalle, la nuit », nous vous donnons rendez-vous chaque mercredi et vendredi pour la publication des critiques des épisodes diffusés le lundi soir.

Olivier, le bras droit de Nadir commence à se poser des questions, et pour cause, il trahit Nadir depuis quelques mois au profit de Dimitri. Thomas en a assez de courir dans le vent et de se cacher et décide plutôt de s’asseoir et discuter. Alice et Nadir continuent leur processus de rapprochement. Fleur ne sait plus vers qui se tourner pour punir ceux qui ont tués Lucien. Dimitri n’arrive pas à se sortir Emma de la tête.

On s’assoit et on cause

Le meilleur épisode de « Pigalle, la nuit », tout simplement. Le plus abouti scénaristiquement, le plus jubilatoire quand aux émotions qui y sont distillées. Fort, simplement fort. Et pas seulement parce qu’il montre Adam appeler quelqu’un avec un téléphone rose en forme de talon aiguille. D’abord parce qu’il réalise un fantasme de téléspectateur. Combien de fois vous êtes vous dit : « j’aimerais tant que untel et untel s’assoient pour discuter, aient un vrai face à face intelligent pour faire avancer l’histoire ». Et combien de fois est-ce arrivé ? Et bien dans « Pigalle, la nuit », ça arrive, et c’est juste bon.

Thomas veut crever l’abcès avec Adam et tenter de lui faire comprendre que Dimitri se fout de sa gueule. Thomas et Adam sont debout, au milieu de la rue, et la caméra leur tourne autour, afin de traduire visuellement la perte de repères d’Adam, qui commence à comprendre certaines choses. Et ça s’enchaîne encore, lorsque Thomas s’assoit à nouveau pour discuter, mais cette fois avec Nadir. Sans agressivité, sans attitude négative. Une vraie conversation entre les deux, sur laquelle nous reviendrons plus tard. S’ensuit une seconde mise au point avec Adam, afin de définitivement clarifier et repositionner les tenants et les aboutissants. Une vraie évolution dans le personnage de Thomas, qui passe enfin du statut d’être supérieur agressif et questionnant, à être humain décidé à enfin se considérer au niveau des autres, et de discuter avec eux pour comprendre.

Hélas, si Thomas parvient à avancer, il ne le fait pas significativement. Les éléments pour retrouver Emma ne sont pas plus nombreux, juste se met-il à mieux comprendre son environnement. Il a, pour de bon cette fois-ci, compris qui était le véritable esprit nocif à Pigalle. Pas Nadir et son costume à col en peau de moumoute, pas vraiment Adam la bête féroce, ni Pigalle et ses âmes perdues. Plutôt Dimitri et ses tatouages mystérieux.

Dimitri et la folie

La folie le gagne. Et pas seulement celle des grandeurs, tant il semble souffrir de cette dernière depuis qu’on a vu son regard devant un mur de LED rouges. Non, la folie tout court. Emma est une obsession pour lui. Tenter de la cloner avec toutes les filles qui lui ressemblent vaguement, c’était déjà une piste. Le voir visionner des cassettes filmées au caméscope de la jeune femme en refaisant lui-même les dialogues en était une autre. L’épisode 6 confirme, pas forcément par des actions, mais par des regards, des attitudes. Dimitri est plus brisé qu’il le montre réellement, et son état va en s’empirant.

Un épisode qui s’inscrit dans l’arche narrative, mais se centre aussi, très habilement sur Olivier, ce dernier ouvrant l’épisode par une scène de fellation à moitié improvisée par Pom Klémentieff (la jolie peste arriviste, à l’affiche dans « Loup », de Nicolas Vanier, sorti ce mercredi 9 décembre). Olivier est rongé par la culpabilité. Mais pas à cause de la fellation. Depuis quelques temps, donc, afin de régler une dette, il travaille pour le bras droit de Dimitri, sabote, divulgue. Olivier, un homme dont la vie est complètement dissolue, sans qu’on sache vraiment si c’est sa nature ou la faute de Pigalle. Un personnage finalement loin d’être secondaire, tant il est servi par un acteur habité par son rôle, drôle et touchant, dont le background (joueur et alcoolique) n’est pas matraqué par les auteurs, mais disséminé dans la narration, sans lourdeur.

« Je n’irais pas... »

Revenons à cette conversation entre Thomas et Nadir. Le pauvre Thomas n’apprend rien sur sa sœur, mais nous, nous apprenons quelque chose. Nadir joue la méthode Coué. Non il n’ira pas tuer Dimitri. Non, il ne rentrera pas dans le cycle de violence entamé par son envahissant voisin. Ni la mort d’un ancien associé, ni celle du petit ami de Fleur ne le fera bouger. Non, ce qui le fait « dégoupiller », c’est d’apprendre qu’il a été trahi par un fidèle parmi les fidèles. Une goutte d’eau qui fait tout déborder. S’ensuit une des plus fortes scènes de la série. Portée par une musique envoûtante et rythmée, Nadir va au Paradise, et pas pour boire un cocktail. Il est prêt, chaud bouillant. Jusqu’à ce que Thomas se mette en travers de son chemin et lui rappelle que ce n’est pas la solution. Convaincu par le jeune homme, il tourne les talons.

Les cliffhangers des épisodes pairs sont toujours plus musclés que ceux des épisodes impairs, la faute à une diffusion deux par deux qui reste le point faible des diffusions françaises. Celui là ne déroge pas à la règle, avec un final à couper le souffle après lequel on a juste envire de dire : « la suite, et vite »…

Post Scriptum

« Pigalle, la nuit »,
Créée par Hervé Hadmar et Marc Herpoux
Produit par Lincoln TV. Diffusion : CANAL+
Saison 1, Episode 6
Ecrit par Hervé Hadmar et Marc Herpoux
Réalisé par Hervé Hadmar

Copyright photos
© Tibo & Anouchka / LINCOLN TV / CANAL+