PREVIEW - Merlin
La jeunesse du magicien est l’objet du nouveau pari de la BBC
Par Sullivan Le Postec • 4 septembre 2008
Sur BBC One, la case du samedi à 19 heures, très familiale, est stratégique. C’est là que « Doctor Who » bat des records d’audience. « Merlin » arrive prochainement, et la BBC espère qu’il réunira le même public.

On s’en lamente suffisamment pour s’en souvenir, la quatrième saison de « Doctor Who », qui s’est achevée début juillet, était la dernière livraison régulière d’épisodes avant le printemps 2010. « Robin Hood » (« Robin des Bois » sur Canal+), autre occupant de la case du samedi à 19h sur BBC One a toutes les chances de s’arrêter après sa troisième saison à venir, puisque l’interprète de Robin des Bois, Jonas Armstrong, n’a pas l’intention d’aller au-delà. Le timing de l’arrivée de « Merlin » était donc particulièrement bien choisi.

Pour ce lancement, la BBC a vu les choses en grand. Depuis le 29 aout une bande-annonce est diffusée jusque dans les salles de cinéma. Il faut dire que le projet est ambitieux et luxueux, tant dans sa mise en image que de part sa distribution qui accueille quelques grands noms et des guest stars prestigieuses.

Origines

Comme son nom l’indique fort bien, « Merlin » s’intéresse aux légendes arthuriennes, et plus particulièrement au personnage du magicien Merlin qui, pour les anglo-saxons, est apparu pour la dernière fois à la télévision dans une mini-série américaine intitulée également « Merlin », mettant Sam Neill en vedette, et qui remonte à une dizaine d’années. En tout état de cause, le personnage est plutôt usé, mais ce retour à l’antenne se fait par un biais original.
En effet, le Merlin que la série donnera à voir n’est pas un magicien au faite de sa puissance, mais un jeune homme de 18 ans en pleine découverte de ses capacités dans un monde ou la grande Histoire reste encore à écrire. Le dangereux tyran Uther Pendragon règne sur son royaume, d’où il a bannit la magie. Son héritier, Arthur, est un tout jeune homme lui-même.

A l’origine de la série, on trouve Julian Murphy et Johnny Capps (« Hex : la malédiction »). A la recherche d’un nouveau sujet élaboré pour leur prochaine série, ils sont séduits par l’idée de revenir à Merlin et à ces légendes, que chaque génération semble appellée à ré-écrire. Pour proposer une approche fraiche du matériel, les deux auteurs sont bientôt séduits par l’idée de traiter de la jeunesse des personnages, et notamment de Merlin et Arthur.
Une approche qui, évidemment, évoque à tous la série US « Smallville » qui, depuis bientôt huit ans, raconte l’adolescence puis la jeunesse du futur Superman. ‘‘Tout comme « Smallville », nous avons souhaité prendre les attentes à contre-pied,’’ explique Capps. ‘‘Ainsi, Camelot est un royaume où la magie a été bannie. Merlin, plutôt que d’être un incroyablement vieux et sage magicien est un jeune garçon qui travaille comme servant d’Arthur et doit dissimuler ses capacités. Il sauve régulièrement Arthur, mais ses pouvoirs magiques doivent rester un secret. De la même manière, Arthur n’est pas le roi héroïque de la légende. C’est un jeune homme, semblable au Prince Harry, qui aime faire la fête, apprécie son statut mais fait aussi preuve de qualités royales’’.
Il reste à espérer que l’approche laissera plus de place à la subtilité que la pachydermique « Smallville », qui a systématisé une approche du type si X doit devenir tel chose, alors adolescent il sera tout le contraire, et qui manie les symboles avec une lourdeur qui confine au ridicule plus souvent qu’à son tour.
Bien sûr, certains éléments seront par ailleurs fidèles à la légende — les créateurs citent Excalibur, Mordred, et Lancelot — et on sentira poindre dans la série le futur légendaire en gestation.

L’Univers dans lequel se situe la série est celui d’un monde médiéval fantastique, qui évoque des éléments de « Harry Potter », « Le Seigneur des Anneaux » ou du « Monde de Narnia ». Pour figurer Camelot, la production a longtemps cherché un lieu adéquat, qui possède la grandeur requise pour qu’il ne soit pas nécessaire de faire appel aux images de synthèse de manière systématique pour l’améliorer. C’est en France que le lieu idéal a été trouvé, et une partie du tournage a donc eu lieu au Chateau de Pierrefonds, situé au Nord de Paris.

L’ampleur du projet confirme l’essor que prend la fiction anglaise, qui produit désormais de plus en plus en plus régulièrement des séries dont les productions values n’ont pas grand-chose à envier à leurs homologues américaines — tout en maintenant un niveau d’écriture globalement plus régulier.

Une productrice expérimentée

Une fois arrivé entre les mains de la BBC, c’est Julie Gardner, la même qui a travaillé avec Russel T Davies à relancer « Doctor Who », qui a assuré la production exécutive pour le compte de la chaîne, en capitalisant sur l’expérience acquise auprès de Davies. Le développement de la série a pris soin de tenir compte de cette case de diffusion : un horaire familial où rien n’est plus à sa place qu’un divertissement épique, centré sur des personnages avec lesquels les téléspectateurs puissent entrer en empathie.

Le projet définitivement écrit et validé au tout début de 2007, l’équipe a du travailler très vite pour faire en sorte que la série soit diffusable à partir de septembre. La distribution rassemble de jeunes acteurs encore peu connus dans les rôles de Merlin et Arthur et de véritables pointures pour les personnages plus âgés. Colin Morgan a été choisi pour le rôle de Merlin — on l’a vu cette année dans l’épisode « Midnight » de « Doctor Who » où, de même que le reste de la distribution, il se révélait particulièrement brillant. Il est chargé d’apporter son charisme et son humour au personnage.
Bradley James incarne quand à lui le Prince Arthur. Le reste de la distribution principale se compose de Anthony Head (« Buffy ») dans le rôle du Roi Uther, Richard Wilson dans celui de Gaius, Katie McGrath dans le rôle de Morgane et enfin Angel Coulby dans celui de Gwen. John Hurt assure la voix du Dragon enfermé dans les donjons de Camelot, et qui fait office de mentor pour Merlin.
Apparaîtront aussi au détour de l’un des 13 épisodes de la première saison Santiago Cabrera (« Heroes »), Michelle Ryan (« Jekyll », « Bionic Woman »), et Eve Myles (« Torchwood »).

Murphy et Capps sont conscients que le défi que « Merlin » n’est pas facile. Le succès de « Doctor Who » ne rend que difficile de réussir dans la même case, et certains puristes rejetteront sans aucun doute certaines des options prises, comme celle de faire de Arthur et Merlin deux jeunes hommes du même âge. Les deux scénaristes croisent les doigts et espèrent que le succès arrivera pour leur permettre de continuer l’exploration de cet Univers.

« Merlin » arrive ce mois-ci sur BBC One pour une première saison de 13 épisodes.

La bande annonce