PREVIEW - Torchwood : Children of Earth
Troisième round, troisième chance...
Par Sullivan Le Postec • 1er juillet 2009
« Torchwood », le canard boiteux de la franchise « Doctor Who » revient début juillet sur BBC1 pour une saison 3 qui est aussi une vraie nouvelle formule. Elle est diffusée à partir du 17 novembre sur NRJ12.

Plusieurs choses sont vraies à propos de « Torchwood ». D’abord, la série est un succès incontestable. La première saison, diffusée sur BBC3 (un peu le France 4 local) avait battu des records d’audience, ce qui avait permis au spin-off sombre de « Doctor Who » de monter en grade pour sa deuxième saison, diffusée l’année dernière sur BBC2. A nouveau, c’est le succès et, à nouveau, le changement de saison est l’occasion d’une exposition qui augmente en conséquence. Cette fois, la saison 3 aura les honneurs de BBC1. Elle est chargée, aussi, de palier la relative absence de « Doctor Who » en 2009. Mais ce qui est également vrai, c’est que « Torchwood » a toujours eu un certain nombre de problèmes créatifs qui en font le canard un peu boiteux du Whoniverse...

> « Torchwood » « Children of Earth » a fait un carton sur BBC1, et a même créé le buzz aux Etats-Unis où les principaux critiques l’ont présenté comme l’un des principaux événements télévisuels de la saison. Alors que « Les enfants de la Terre » est diffusé à partir de mardi 17 novembre sur NRJ12, petit teasing sans spoilers.

A lire aussi, notre critique complète de la saison, pour ceux qui l’ont vue.

Il y a bien des séries dont le succès à l’échelle de l’audimat leur permet de continuer longtemps en dépit d’une créativité limitée. Mais, dans le cas de « Torchwood », un événement est survenu en coulisses à la fin de la saison 2 qui a remis en cause le statut quo. S’il l’a créée et la supervise en partie, Russel T Davies a largement laissé « Torchwood » entre les mains d’un autre scénariste : Chris Chibnall. Ce dernier est parti à l’issue de la deuxième saison pour devenir le showrunner de « Law & Order : London » la déclinaison britannique de la franchise à succès, diffusée sur la privée ITV (et pour laquelle il a chipé Freema Agyeman dont le personnage, Martha Jones, profite donc d’une lune de miel hors-écran). A coté de cela, il apparaissait que John Barrowman qui mène la distribution dans le rôle de Jack Harkness créé dans « Doctor Who », avait envie de temps pour autre chose.

Nouvelle donne

Tout cela a fourni l’occasion d’une redistribution importante des cartes. Les deux premières saisons de « Torchwood » étaient chacune constituées de 13 épisodes, essentiellement indépendants les uns des autres en dépit de timides et inconséquentes esquisses d’arcs. Aucun épisode n’avait été écrit par Russel T Davies depuis le Pilote. La saison 3, elle, sera une intrigue feuilletonnante en cinq épisodes diffusés chaque soir à 21h pendant une semaine à compter du lundi 6 juillet. L’écriture a été directement supervisée par Russel T Davies qui signe lui-même les épisodes 1, 3 et 5, tandis que John Fay et James Moran l’épaulent en participant à l’écriture des épisodes 2, 3 et 4. Euros Lyn est à la réalisation, tandis que Julie Gardner produit pour BBC Wales. Ces deux derniers ont été associés au projet dès le départ, aux cotés des scénaristes pendant leur travail d’atelier.

En outre, suite aux événements du dernier épisode de la saison 2, le casting de la série se trouve maintenant resserré sur trois personnages : Jack, Gwenn (Eve Mylies) et Ianto (Gareth David-Lloyd). Cette intrigue unique est l’occasion de confronter le trio à des enjeux autrement plus importants que ceux des épisodes produits jusqu’ici, ce que le teaser diffusé en Australie illustre parfaitement :

Davies’ touch ?

S’ils ne sont pas nécessairement très simples à résoudre, les problèmes créatifs des deux premières saisons de « Torchwood » le sont à décrire.
D’abord, la série a un gros problème avec ses personnages. Ils tendent à se répartir en deux groupes : les transparents et les insupportables. L’un des symptômes en était l’incapacité pour le téléspectateur à croire que ces personnages forment une équipe, encore plus qu’ils soient amis. Il faut dire que chaque épisode ou presque montrait un membre de Torchwood agir dans le dos des autres dans son propre intérêt. La deuxième saison a lentement entreprit de travailler sur ce problème, et un pas de plus a été fait avec l’élimination du personnage d’Owen, irrécupérable. Mais, de toute évidence, le travail sur les personnages n’était pas le fort de Chibnall (qui, malheureusement, n’était pas vraiment meilleur sur les intrigues).
Ensuite, « Torchwood » s’est révélée être particulièrement creuse. Au-delà d’un propos au mieux maladroit sur la sexualité – tous les personnages sont bisexuels – difficile de dire de quoi parle la série.

Russel T Davies est un grand scénariste de personnages, a toujours un propos, et a des capacités de construction d’intrigues tout à fait honnêtes. Il est donc permis d’espérer que sa patte vraiment apposée sur « Torchwood » puisse enfin permettre à cette série de réaliser son potentiel.

La saison 3 de « Torchwood » porte un titre : « Children of Earth » qui fait référence à son postulat de départ. Un matin, tous les enfants du monde s’arrêtent, comme en stase. De mystérieux extraterrestres, les 456, sont derrière cet étrange événement et leur font transmettre un message : ‘‘nous arrivons’’. Ces événements font basculer la Grande Bretagne, qui se retourne contre Torchwood. Un sombre secret détenu par l’un des membres est révélé, tant à ses partenaires qu’au téléspectateur.

Russel Davies semble avoir été particulièrement investi dans le sous-texte politique de l’histoire : ‘‘derrière la SF et les aliens, il y a quelque chose que j’espère très pertinent sur notre monde, sur la manière dont l’Occident s’assoit pour regarder des images d’atrocités dans d’autres pays et s’imagine que tout cela se passe très loin et que rien de tel n’est possible ici – ce qui n’est qu’un gros et confortable mensonge que nous nous racontons. C’est le cœur de mon envie. Je voulais raconter une histoire dans laquelle la civilisation dérape, dans laquelle nous devenons notre propre menace, dans laquelle rien n’est sûr. Beaucoup de gens vivent dans ces conditions sur cette planète. Dans cette histoire, c’est le tour de l’Angleterre !’’

La thématique n’est pas nouvelle pour Davies, qui l’a déjà esquissée dans deux épisodes de « Doctor Who » : le final de la troisième saison et « Turn Left » dans la quatrième. Si le canevas ne sera donc vraisemblablement pas très original, avoir du fond dans « Torchwood » sera un changement rafraîchissant. De plus, le scénariste promet aussi de véritables conflits humains pour nos trois principaux personnages, qu’on apprendrait à connaître comme jamais auparavant. La relation entre Jack et Ianto, l’un des rares éléments d’humanité à avoir été installé par les deux précédentes saisons, continuera aussi d’être explorée. Le couple qu’il forme avec Jack sera même mis en parallèle avec celui formé par Gwenn et Rhys. Enfin, tous les membres de l’équipe vantent le coté thriller intensifié qui caractériserait la saison dont l’ambition est de nous clouer à notre fauteuil cinq soirs consécutifs.

On saura dans deux semaines si l’équipe a gagné son pari. Mais, quitte à être déçus, on avoue qu’on a de nouveau envie de laisser une chance à « Torchwood »...

Dernière mise à jour
le 30 décembre 2009 à 13h21