Vite vu aux RITV • Quatrième édition : 26 mars, 20 heures
On a vu. On a aimé. Ou pas. On vous dit tout. En bref !
Par Sullivan Le Postec & Loic & Anthime Caprioli • 25 mars 2007
Au sommaire de ce Vite Vu spécial RITV, des commentaires sur « Au Crépuscule des Temps », « Le Mystérieux Docteur Cornélius », « Dresden », « God morgon alla barn », « Esos Cielos », « Als Der Fremde Kam », « Les Vauriens », « Waking the dead ».
Grace aux RITV, on publiera au moins un Vite Vu qui ne parle pas de « Plus belle la vie » !

En chantant ?

« Au Crépuscule des Temps » [1]
On se croit tout d’abord dans un téléfilm de science-fiction comme la télévision française n’en fait plus depuis longtemps : une voix-off accompagne un long travelling à travers l’univers jusqu’à notre Terre et nous apprend que l’espèce humaine, ayant échoué à s’extirper de son berceau terrestre, a poursuivi une vie de mélomane. Car toute la population s’exprime désormais en chantant : pour appeler à l’aide, pour émettre un diagnostique et même pour prononcer ses dernières paroles. Et c’est l’origine de cet étrange état de fait que va nous compter « Au crépuscule des temps ». Une sorte de gourou complètement allumé se lance dans une entreprise de génie génétique en recrutant des chercheurs peu regardants. Cinq marginaux devenus cobayes sont rassemblés dans un endroit secret et se voient injecter des gènes en vue de modifier leur comportement : trop violent ? Un peu de gènes d’asperge, et vous voilà un légume !

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Bien sûr, l’entreprise dérape, le gourou ayant comme objectif secret de transformer à terme l’ensemble de la population en chanteur (et oui, les chorales, c’est sa passion !) Oscillant entre la grosse farce (le méchant de pacotille, à peine plus inquiétant que le Dr Mad d’« Inspecteur Gadget ») et la dénonciation des dangers d’une science mal maîtrisée (OGM, manipulation génétique), le téléfilm peine à trouver son ton. On ne s’ennuie pourtant pas devant cette gentille fable amusante. Mais la tentative de questionnement sur l’éthique scientifique se retrouve quelque peu noyée par un traitement comique parfois un peu trop forcé. Et on se demande au final quelle morale de l’histoire on veut nous faire tirer. Si on ne fait pas attention, on ne pourra un jour que s’exprimer en chansons ?
>> par Loic

Abba is back

« God morgon alla barn » [2]
Le problème en présentant uniquement la première partie de cette mini-série suédoise, en comptant deux, c’est qu’on ne sait pas vraiment quoi en penser, surtout quand la coupure semble survenir sans véritable logique. Il faut dire que les intrigues offertes par cette fiction sont pour le moins déconcertantes : un triangle amoureux entre trois professeurs tous aussi frustrés les uns que les autres (dont l’un semble avoir des tendances pédophiles !), un pizzaïolo à l’allure de cow-boy qui a une aventure avec l’esthéticienne de la ville, deux jeunes filles qui se chamaillent à propos de l’élection de la reine de la fête locale et je passe ici quelques intrigues supplémentaires. Ajoutons à cela des décors oscillant entre un kitsch digne des meilleurs clips d’Abba et le design si efficace d’Ikea, des costumes lunaires et un jeu d’acteurs très perturbant...

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Non, décidément, si « God Morgon Alla Barn » n’est pas déplaisant à regarder, on en ressort surtout intrigué et curieux de savoir quelle pouvait être la conclusion d’une si étrange histoire. Le suspense demeurera intact...
>> par Anthime

Ville martyre

« Dresden » [3]
Difficile de rester insensible devant les images de Dresde détruite par les bombes anglaises en février 1945, alors même que la guerre touche à sa fin et que chacun sait que l’Allemagne est vaincue (« sauf les Allemands, qui refusent de le voir » nous déclare un des héros du film). « Dresden » réussit à transcrire cette tragédie en images sans séance larmoyante superflue et beaucoup de retenue. Néanmoins, il faut avouer un certain malaise à entendre à plusieurs reprises au cours des 3 heures de ce téléfilm les personnages déclarer que c’est la faute à l’Allemagne si elle subit sans répit les bombardements alliés en ces derniers mois de guerre. Un Anglais justifie ainsi le fait de ne pas pleurer devant Dresde en flamme en se rappelant sa sœur brûlée vive lors du Blitz. Œil pour œil, dent pour dent ? On se demande si, plus de soixante ans après les faits tragiques, il n’est pas possible d’affirmer plus franchement certaines responsabilités pour certains faits de guerre, quel que soit sa nationalité : peut-on encore laisser penser que les Allemands ont une part de responsabilité directe dans ce qu’il s’est passé à Dresde même si l’on pointe par ailleurs clairement la décision britannique de faire un exemple en direction des Russes comme des Allemands ? Le malaise est diffus mais présent, d’autant plus lorsqu’on a en tête qu’il s’agit d’une production allemande...

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Cependant, l’essentiel de l’œuvre ne se résume pas à cette question, à laquelle il faudra pourtant chercher à répondre en d’autres lieux. « Dresden » est avant tout une grande production, avec des moyens conséquents, offrant au public une très belle histoire d’amour au sein d’une plus grande histoire d’une famille allemande maudite par la guerre. Un père trahissant le serment d’Hippocrate pour sauver sa famille du chaos allemand, une mère dépassée par ce qui se déroule autour d’elle et abandonnée à elle-même depuis le départ de son fils au front, une jeune fille idéaliste amoureuse d’un pilote anglais tombée derrière les lignes ennemies, sa meilleure amie mariée « à la vie, à la mort » à un juif, un jeune docteur éperdument amoureux de la jeune héroïne... Tous les ingrédients d’un grand mélo sont présents et parfaitement assemblés. Si elle ne révolutionne pas le genre, « Dresden » permet d’éclairer un peu plus une des grandes tragédies de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Une belle réussite pour cette production télévisée qui mérite tout notre respect.
>> par Anthime

Héritage

« Le Mystérieux Docteur Cornélius (ep. 2) » [4]
Il est amusant d’assister à la projection du deuxième épisode du « Mystérieux Docteur Cornélius » sans jamais en avoir vu le premier épisode. Après avoir été surpris par un générique chanté digne des grands moments de Récré A2, on craint de ne pas très bien comprendre une intrigue a priori compliquée, sentiment renforcé lors du résumé introduisant ce deuxième épisode. Par chance, l’histoire de ce second opus semble n’avoir que peu de rapport direct avec l’épisode précédent : le Docteur Cornélius du titre n’y tient qu’un rôle secondaire et l’on suit les tribulations d’un ancien associé du Docteur exilé en France. Aucun effort superflu n’est donc nécessaire pour se plonger dans cette nouvelle histoire à la galerie de personnages particulièrement hauts en couleurs : de la Reine des Clochards au scientifique excentrique en passant par la Catherinette amoureuse du vrai/faux héros, l’adaptation du roman-feuilleton, grande tradition française de la fin du XIXe siècle, est parfaitement réussie.

Sullivan me disait avoir les mêmes sentiments en regardant les épisodes du « Mystérieux Docteur Cornélius » que devant un épisode classique de « Doctor Who ». Quel meilleur compliment peut-on faire à cette œuvre de Maurice Frydland ? Et l’on regrette alors que la télévision française ne connaisse pas mieux son passé ; qu’aucun producteur, ou plutôt aucune chaîne, ne joue de ces formidables productions (« Cornélius », « L’Ile aux Trente Cercueils », etc...) pour en offrir une suite moderne à l’instar de ce que Russel T Davies et la « Bib » ont parfaitement réussi avec « Doctor Who ». On peut penser que cela ne marchera pas, que ce n’est plus à la mode, mais après tout, qui pouvait imaginer que « Doctor Who », dont les dernières aventures étaient passées totalement inaperçues avant la reprise en main, serait un magistral succès d’audience pour la BBC ? Le public est plus demandeur de bonnes histoires que d’effets de mode. L’avenir de la télévision française passe aussi par la reconnaissance et la redécouverte de son passé, les rendez-vous avec le public s’établissent dans le temps, et ce dernier peut être celui d’une ou de plusieurs génération(s).
>> par Anthime

En grève !

« Als der fremde kam » [5]
La famille Wernicke accueille à son domicile le Dr Robert Stubenrauch, un syndicaliste venu du siège défendre les intérêts des travailleurs de la cimenterie qui emploie Mathias Wernicke, son fils Uli et, en tant que cuisinière, sa femme Anne. Conscient que l’action de ces travailleurs d’un village perdu n’aura de poids que si elle devient médiatique, il suggère dès le début que les hommes frappent fort : ils ne seront pas seulement en grève, mais en grève de la faim.
Tandis que tous les hommes sont alités pour économiser leurs forces, Robert négocie avec les dirigeants. Mais il passe aussi beaucoup de temps à la demeure Wernicke, où la grand-mère fantasque qui passe son temps à chatter sur internet se prend d’affection pour lui. Mais c’est entre Robert et Anne Wernicke que se noue un drame plus intime : ils cèdent à la tentation et couchent ensemble...

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Dans un premier temps, on se dit que la fiction allemande a évolué dans sa mise en image, et nous épargne désormais les teintes verdâtres et l’image baveuse. Concrètement « Als der fremde kam » est un téléfilm honnête, sans grande originalité mais sans grande faiblesse non plus, si ce n’est peut-être qu’il peine à se conclure, et ne trouve d’ailleurs en dernier ressort qu’une fin en queue de poisson pas forcément très satisfaisante. Il nous évite assez heureusement de sombrer dans un misérabilisme sans issue en se parant d’une dose conséquente d’un humour chaleureux, notamment lorsqu’il dépend l’attachante grand-mère chanteuse et qui dépense ses économies en achetant des gadgets inutiles sur internet.
La fiction vaut aussi, bien sûr, pour la manière dont elle dépeint le syndicalisme allemand, ainsi que les négociations entre le personnel et les dirigeants de l’entreprise, qui voient à la fin très timidement intervenir les politiques locaux pour n’y expliquer que leur refus d’intervenir sur le marché. La fiction illustre donc très bien ce que la réalité de l’affaire Airbus nous a récemment laissé entrevoir.
>> par Sullivan

¿ Basta Ya ?

« Esos cielos »
 [6]
Irène est une jeune femme de 34 ans qui a passé de nombreuses années en prison pour terrorisme : elle appartenait à l’ETA. Elle bénéficie aujourd’hui d’une mesure de grâce, c’est une « repentie ». Rendue à la vie civile à Barcelone, elle décide finalement de prendre le bus et de rentrer dans sa ville natale, San Sebastian...
Etrange production que nous présente la TVE : écrite et réalisée par une Basque, d’après un grand écrivain d’origine basque, elle traite d’un problème typiquement basque (mais aussi universel, comme l’a justement fait remarquer la réalisatrice en introduction de la projection) mais est bel et bien financée par la télévision centrale espagnole. Avouons que, compte tenu du contexte tendu entre l’Espagne et sa province sécessionniste, on comprendrait aisément que la chaîne nationale ne se risque pas à placer ses sous dans un tel sujet. En tous les cas, nul doute qu’en France, cela serait impossible !
« Esos cielos » parle donc du retour au pays des traîtres à la cause basque, et s’interroge surtout sur la manière dont une ancienne terroriste réussira à s’échapper de la prison morale dans laquelle elle se retrouve de fait enfermée (impossible de renouer des liens solides avec sa famille encore engagée dans la lutte ni avec ses amis ; impossible également de rester à Barcelone tant elle est attachée au Pays Basque), après avoir réussi à finalement quitter sa prison physique. Le sujet est passionnant mais son traitement sans doute trop espagnol, voire basque, pour qu’un « étranger », comme moi, s’y attache réellement. Difficile, en effet, d’appréhender toute la portée symbolique du soutien de deux nonnes, dans une Espagne toujours très catholique, accompagnant Irène dans son périple, ou encore de la rouerie de la police locale dans sa lutte contre l’ETA... Le tournage en vidéo, conjugué à de nombreux faux raccords, n’aide pas plus à se plonger dans le sujet. On reste donc perplexe devant cette production dont on pense toucher du doigt la justesse tout en étant conscient de passer à côté de la majeure partie du sujet. Cette année aux RITV, le rendez-vous avec l’Espagne, sans être manqué, a semblé légèrement différé.
>> par Anthime

Fiction avec Rufus. (A moins que ce soit JF Dérec ?)

« Les Vauriens »
 [7]
Dans les années 30, les enfants criminels, voleurs, fugueurs ou
simplement abandonnés risquaient de se retrouver dans la colonie de
Belle-Île-en-Mer au large de la Bretagne. Une colonie qui n’était en
fait qu’un centre d’internement brutal avec de vagues objectifs de
réhabilitation. « Les Vauriens » nous raconte donc l’incarcération à
l’âge de 10 ans de Louis Delpierre, dit Loulou, son amitié avec un co-
détenu Robert Favart, leurs tentatives d’évasion et la fermeture du
centre suite à la dénonciation du scandale par un journaliste de
Paris Soir.

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Cumulant les critères des fictions de France Télévisions
en général et de France 3 en particulier (fiction historique à
caractère social avec une dose de terroire), le téléfilm réussit à
faire passer l’émotion, aidé en cela par une distribution efficace
(pas forcément évident quand la plupart des rôles doit être tenu par
des enfants, Jean Senejoux en particulier est remarquable pour son
jeune âge) et la beauté des paysages de Belle-Île. La cruauté des
conditions de détention est abordée de front n’hésitant pas à évoquer
les viols entre détenus. On regrettera cependant un choix narratif
contestable qui alourdit le récit : toute l’histoire nous est contée
par un vieil homme qui relate à la fille de Loulou le passé de son
père. Les allés retours entre la conversation de ces deux personnages
et l’histoire des enfants prisonniers n’apporte pas grand chose et on
a du mal à comprendre comment ce vieux monsieur peut nous raconter
les nombreuses scènes auxquelles il n’a pu assister.
>> par Loïc

A Suivre...

« Waking the Dead »
« Wren Boys », première partie
 [8]
L’épisode de « Waking the Dead » qui nous a été présenté est
malheureusement uniquement la première partie du double épisode qui
ouvre la sixième saison de cette série anglaise. On découvre donc
rapidement les membres de cette équipe de policiers chargés
d’élucider d’anciennes affaires non classées (vous avez dit « Cold
Case
 » ?) à l’aide des techniques dignes de la police scientifique
(vous avez dit « CSI » ?) qui sont cette fois-ci confrontés à une affaire
de tournois de boxe illégaux ayant laissé au moins un adolescent
mort.

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Au cours de leur enquête, les policiers emmenés par Boyd
croiseront le chemin de gitans irlandais, d’une nonne présentant les
stigmates de la crucifixion du Christ mais aussi de plusieurs gros
chiens. On ne voit pas encore bien comment tout cela est censé se
résoudre dans la deuxième partie dont nous avons donc été privée.
Tout ce qu’on peut dire, c’est que la relation de vieux couple entre
les deux enquêteurs Boyd et Foley fonctionne au moins très bien.
>> par Loïc

Dernière mise à jour
le 28 août 2007 à 13h20

Articles par Anthime Caprioli

Notes

[1ARTE France - Films en Stock •
90 min
Scénario et réalisation : Sarah Lévy • Musique : Alain Ranval et Jean-Philippe Goude • Avec : Isabelle Renauld, Gérard Laroche, Jean-Claude Dreyfus, Yolande Moreau, Feodor Atkine, Édouard Montoute, Franck Gourlat, Sophie Mounicot, Nicole Monestier, Marilyne Even, Laetitia Spigarelli

[2SVT Suède •
2x88 min
Scénario : Stina Sturesson • Réalisation : Jens Jonsson • Musique : Martin Willert • Avec : Cecilia Frode, Magnud Krepper, Lotta Tejle, Reine Brynolfsson

[3ZDF Allemagne •
2x88 min
Scénario : Stefan Kolditz • Réalisation : Roland Suso Richter • Musique : Harald Kloser et Thomas Wanker • Avec : Felicitas Woll, John Light, Benjamin Sadler, Heiner Lauterbach, Katharina Meinecke, Susanne Bormann, Wolfang Stumph, Marie Baüme, Kai Wiesinger • Producteurs : Nico Hofmann et Sascha Schwingler

[4Antenne 2 France •
60 min
Scénario et dialogues : Jean-Pierre Petrolacci, Jean-Daniel Simon, Pierre Nivollet • Réalisation : Maurice Frydland • Musique : Gérard Gallo et Slim Pezin • Avec : Jean Bouise, Gérard Desarthe, François-Eric Gendron, Renzo Palmer, Hugues Quester, Caroline Sihol, Georges Géret

[5WDR, Allemagne, 90mn
Scénario : Hans-Werner Honert
Réalisation : Andreas Kleinert
Avec : Götz George, Dagmar Manzel, Gudurn Ritter, Christian Redl, Aljoscha Stadelmann

[6TVE Espagne  Scénario : Aizpea Goenaga d’après Bernardo Atxaga  Réalisation : Aizpea Goenaga  Musique : Francesc Gener  Avec : Nagore Arambora, Teresa Calo, Ainhoa Aierbe, Loli Astoreka, Nadala Batiste

[7Scénario et dialogue de Sandro Agénor
Réalisation de Dominique Ladoge
Musqiue de Nicolas Jorelle
Avec Jean Senejoux (Loulou), Frédéric Papalia (Robert Favart),
Laurent Lucas (Fernand), Rufus (Fouchs)
1re diffusion sur France 3 le 30 septembre 2006

[8Scénario de Declan Coghran
Réalisation de Tim Fywell
Musique de Joe Campbell
Avec Trevor Eve (Peter Boyd), Sue Johnston (Grace Foley), Felicite Du
Jeu (Stella Goodman), Wil Johnson (Spencer Jordan)