The story never ends...
JANVIER 2010
Par Sullivan Le Postec • 5 janvier 2010
Bienvenue au Village, le magazine en ligne de la fiction européenne et francophone.

Laissez-mois donc commencer par vous souhaiter à tous une très bonne année 2010. Puisse-t-elle nous apporter plein de bonnes séries européennes...

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il aura divisé, le final du dixième Docteur, dernier épisode de « Doctor Who » écrit par celui qui l’a fait renaître, Russell T Davies. Les adieux du génial David Tennant auront laissé de marbre les uns, carrément énervé les autres (voir le forum).
Et puis il y a les petites natures dans mon genre, limites dépressifs à l’idée de voir partir celui qui risque d’être à jamais « mon » Docteur. Petites natures qui, malgré les défauts de l’épisode, auront entrevu les 30 dernières minutes entre leurs larmes. Faut que je vous avoue, quand les larmes me sont remontées aux yeux au visionage des extraits montrés dans le making-off « Doctor Who Confidential », j’ai définitivement convenu que j’étais un cas désespéré...

Revenons un instant sur cet épisode. Oui je sais que j’ai déjà consacré une critique de six pieds de longs à « The End of Time part 2 » (et une autre avant à la part 1), mais elle fut écrite à chaud entre deux sanglots. Du coup, quelques jours plus tard alors que la pression a commencé à retomber, j’ai encore quelques trucs à dire.
Je suspecte que l’un des éléments de frustration pour certains, et cela l’a été en partie pour moi aussi, a été l’idée que puisque c’était le dernier épisode de Russel T Davies, tous les éléments non-résolus dans cette histoire le seraient à jamais. Passons sur l’identité de la femme en blanc, mystère clairement intentionnel. Mais il reste quand même la question l’évolution rapide des Oods, posée mais jamais résolue, celle de la force qui semble avoir tiré certaines ficelles, notamment en reliant le Docteur à Wilfred (comme BadWolf !Rose et Dalek Caan avaient tiré certaines ficelles avant), le mystérieux moyen utilisé par le Docteur pour terminer la guerre, "The Moment", ou encore la possibilité qu’une force ténébreuse soit, elle aussi, tapie dans l’ombre.
Et si Russell T Davies et Steven Moffat, qui se connaissent bien, s’apprécient beaucoup, se coordonnent aisément depuis cinq ans (Moffat a, à l’occasion, mis en place des éléments importants de la mythologie Davies comme Jack Harkness) avaient continué de se coordonner. Et si ces deux derniers épisodes n’étaient pas autant une fin qu’on avait pu le penser, ou en tout cas étaient en même temps qu’une fin une partie d’introduction à des éléments sur lesquels Steven Moffat pourrait rebondir dans le futur ?

Je recommande aux anglophones qui me lisent un passionnant article de spéculations sur les loose ends plus ou moins volontaires de « The End of Time ». L’article revient aussi sur Rassilon, que je n’ai guère évoqué par son nom dans ma critique, le Lord Président étant une figure historique des Time Lord, celui qui aurait fondé leur société et leur aurait offert les clefs du Temps. Un autre positionnement politique fort de la part de Davies sur le danger de recourir à des figures d’hommes providentiel en temps de crise — ceux-ci et leur égo sur-gonflé s’avérant plus souvent qu’à leur tour des Dictateurs en puissance. C’est cela aussi qui est passionnant dans l’écriture de Davies. Aussi brouillon que soit parfois le rendu, le sous-texte est généralement riche et passionnant.
Ces spéculations éveillent bien des perspectives diablement excitantes, en tout état de cause. Et rappellent à cette réalité pourtant clairement exposée : il n’y a pas vraiment de rupture, en réalité, the story never ends.

Allors donc, séchons nos larmes, en tout cas je sèche les miennes, et parlons futur. Ce mois-ci, Le Village vous propose de partir à la (re-)découverte de Steven Moffat, qui tiendra la barre de « Doctor Who » dès la prochaine saison — saison 5 qui débarquera dans même pas trois mois. Sans compter que sa ré-invention contemporaine de Sherlock Holmes, co-écrite avec Mark Gatiss, devrait aussi arriver d’ici là.
Retrouvez sur le site un profil du bonhomme, un petit retour sur ses épisodes de « Doctor Who », Who by the Moff, mais aussi un focus sur ses créations personnelles, de « Jekyll » à « Coupling ». On revient aussi sur le premier épisode de « Doctor Who » écrit par Moffat... Ce n’est pas ce que vous croyez !

Steven Moffat devait écrire la trilogie Tintin de Spielberg. Finalement, il n’en aura écrit que le premier volet, préférant saisir l’opportunité de devenir le showrunner de « Doctor Who ». Et nous, on s’en réjouit !

Le mois de décembre a été pas mal agité au Village, donc n’hésitez pas à rattraper votre retard si vous n’avez pas encore lus nos différents papiers sur le Livre VI de « Kaamelott », le « Robin des Bois » BBC qui arrive sur France 4, les méandres de France Télé qui programmera ce mois-ci un controversé « Chasseur ». Sans oublier nos dernières rubriques : le Vite Vu de janvier et un Billet Vidéo sur la SF britannique.

Enfin, c’est aujourd’hui, mardi 5 janvier, que sort en DVD la sublime « Pigalle, la nuit ». L’occasion pour les non-abonnés à Canal+ de découvrir cette pièce maîtresse de la fiction française et tout simplement l’une des meilleures séries de 2009 ! Les critiques de tous les épisodes sont en ligne ici, et, pendant votre visionnage, pensez à faire un arrêt toute les paires d’épisodes par les Bonus du Village spécialement concoctés pour vous.

Bonjour chez vous !