UPSTAIRS, DOWNSTAIRS (2010) — Saison 1
Retour d’une série culte des années 70...
Par Carine Wittman • 10 janvier 2011
Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis qu’on ressuscite des séries pour d’étanges suites/reboot des années après. La BBC la fait cet hiver avec "Upstairs, Downstairs", drama en costume qui remporta un gros succès pendant cinq saisons dans les années 70... sur l’antenne de la concurrente ITV !

« Upstairs, Downstairs » est une reprise d’une série emblématique des années 70 en Grande-Bretagne connue sous le nom « Maitres et servants » en France.

Elle est sûrement considérée comme un pilier de la fiction britannique mais en France et pour moi, elle n’a pas cette aura.
Ce que j’en sais c’est que malheureusement, elle arrive 3 mois après « Downton Abbey » et il est impossible objectivement de ne pas les comparer, le sujet étant la vie en haut et en bas chez des aristocrates / bourgeois.

Bande-annonce BBC :

Nostalgie

Heidi Thomas, la scénariste de ces 3 épisodes diffusés sur la BBC les 26, 27 et 28 décembre, a énormément joué sur la nostalgie et de mon point de vue, ceci est un gros défaut de ces épisodes.

La grande différence entre « Downton Abbey » et « Upstairs Downstairs » est l’enjeu. Dans « Downton... », on commence avec le naufrage du Titanic mais ce sont ces circonstances particulières qui nous entraînent dans le monde merveilleux du Manoir et de ses habitants. Dans « Upstairs... », c’est la montée d’Hitler et la démarcation entre les chemises noires et les autres qui est au premier plan.

Julian Fellowes se sert des événements historiques en toile de fond dans « Downton Abbey », alors que Heidi Thomas met les événements historiques au premier plan, peut-être parce que les personnages ne brillent pas leur vivacité. Tout au long des trois épisodes, on verra que Sir Hallam Holland se bat pour taire les rumeurs au sujet du Roi et la possibilité qu’il abdique. On verra le chauffeur, Spargo, et Persophone, la sœur d’Agnes Holland, tomber amoureux l’un de l’autre parce qu’ils sont tous les deux membres du mouvement des Chemises noires, mouvement fasciste qui fut vite écrasé par le gouvernement britannique.

Histoire

Il faudra trois épisodes pour arriver à s’attacher un peu aux personnages et encore on ne peut que se sentir détaché de ce qui arrive dans cette maison de diplomates londoniens. Que ce soit le nouveau domestique qui a un geste malheureux et égorge un homme dans une rixe, que ce soit la juive qui meurt d’une crise d’asthme ou les relations entre la doyenne et la maîtresse de la maison, on n’est que peu investi par leurs aventures. On est en revanche sûrement plus intéressés par l’Histoire avec un grand H ; entre l’abdication du Roi pour se marier avec sa Simpson, ou la montée d’Hitler, il y a de quoi faire.

JPEG - 96.7 ko

Au-delà du point de vue complètement différent entre les deux séries, ce qui fait que malheureusement « Upstairs Downstairs » est un échec est qu’il manque une véritable vie entre les personages. En 10 minutes, Julian Fellowes nous fait connaître, aimer ou détester les personnages de « Downton Abbey ». On ne veut qu’une chose, que Violet, la doyenne nous sorte une de ses piques. Dans « Upstairs... », les quelques dialogues croustillants qui pourraient exister du fait de relations antogonistes sont en fait sans peps. On imaginerait bien des joutes verbales entre Lady Agnes et Lady Maud mais Lady Agnes est tellement effacée que cela n’amuse personne quand sa belle-mère lui sort une pique des plus meurtrières.

Comme la majorité des téléspectateurs, je pense que la BBC a raté le coche avec une série qui est aussi légère qu’un éléphant. C’est vraiment dommage car la distribution est absolument géniale, entre Keeley Hawes, Claire Foy, Jean Marsh ou Dame Eileen Atkins, nous étions gâtés. Mais malheureusement, la série est empêtrée dans des dialogues sans saveurs et des histoires pas assez intéressantes pour avoir envie de revoir ces personnages dans d’autres aventures.

Post Scriptum

« Upstairs Downstairs » 2010
Une co-production BBC Wales / Masterpiece on PBS
Ecrit par Heidi Thomas ; réalisé par Euros Lyn (épisodes 1 & 2) et Saul Metzstein (épisode 3) ; produit par Nikki Wilson.
Producteurs exécutifs : Piers Wenger, Heidi Thomas, Kate Harwood et Rebecca Eaton.