VITE VU - Edition de février 2010
On a vu. On a aimé. Ou pas. On vous dit tout. En bref !
Par Sullivan Le Postec & Emilie Flament • 7 février 2010
Sont abordés dans ce numéro : « Secret Diary of a Call Girl », « Afterlife », « Le Chasseur » et la saison 2 de « Survivors ».

Indécent cynisme

Pour la fiction française, l’innovation et l’audace sont une nécessité. Mais l’innovation et l’audace, cela n’a rien à voir avec le fait de faire n’importe quoi, n’importe comment.

Par Sullivan Le Postec.

Revenir sur « Le Chasseur » [1]... Pourquoi finalement ? Essentiellement parce qu’il convient d’éviter un malentendu en écrivant une fois pour toute, et après avoir vu les 6 épisodes, que « Le Chasseur » ne s’est pas plantée parce qu’elle était une série innovante et que les français seraient rétifs à l’innovation. Non, elle s’est plantée juste parce qu’elle était nulle et que l’objectif principal ayant guidé tous les choix de production semble avoir été de faire la plus petite audience possible...

Non pas qu’elle n’ait strictement aucune qualité. Sur un simple plan technique, c’est à dire en faisant totalement abstraction de ce que cela raconte, l’écriture est relativement efficace en terme de construction, notamment des intrigues épisodiques. Certains ont évoqué un manque de rythme. Je crois qu’ils exprimaient un certain ennui qui ne vient en réalité pas du rythme en lui-même, mais bien du problème fondamental de la série : l’absence absolument totale d’empathie pour les personnages et les situations. De ce fait, dès que la série s’écarte de l’action, notamment au profit du drame familial, elle se révèle absolument inintéressante. La mise en image de Nicolas Cuche est souvent jolie, à quelques fautes de goût près. Et Yannick Soulier se baladant à moitié nu deux ou trois fois par épisode n’a rien de désagréable à regarder (on se raccroche à ce que l’on peut).

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Pour le reste, la série confirme toutes nos mauvaises impressions. Auxquelles elle rajoute quelques autres lourds défauts. Fondamentalement, « Le Chasseur » est une série en toc, où tout sonne faux, où l’on peine à trouver la trace de la moindre émotion sincère. Le seul personnage sur six épisodes auquel on s’attache un peu, joué par Micky Sébastian, est une des victimes assassinée par le personnage principal. Juste après, à coups de musique mélodramatique (la bande-son de la série est un calvaire) on est censé s’émouvoir de ce que la femme de Samuel puisse le quitter...
La justification thématique de la série, c’est à dire son statut de satire acerbe d’une société toute entière vendue aux puissances financières, est traitée de manière tellement caricaturale que cela ne sert en rien « Le Chasseur ». Surtout que cette satire-là manque cruellement d’humour et se prend très au sérieux (c’est la marque des nanards). On pardonnera alors aux acteurs de se débattre comme ils peuvent dans ce naufrage, même si le cabotinage désespéré de Marie-France Pisier dans un rôle irrémédiablement ridicule cesse d’amuser assez vite pour faire franchement peine à voir. Quant à la chute de la série, elle achève de dévoiler une démarche cynique, le tissage à base de grosses ficelles d’un univers simpliste et sans intérêt. « Le Chasseur » ne fait à aucun moment réfléchir sur notre monde, elle est juste profondément bête et vulgaire. Difficile de ne pas rire quand, pour montrer que Samuel est “éperdument amoureux” de Lauren, la série ne sait rien faire d’autre que les montrer baisant sous la douche dans une scène à peine plus classe que les téléfilms que diffusa longtemps M6 tard le dimanche soir (ce qui, évidemment, produit l’effet inverse de celui recherché : on a l’impression qu’il n’a aucun sentiment et ne la sarde sous le coude que pour le sexe).

Après la diffusion, et son lourd échec, le producteur Vassili Clert déclare à Scénaristes.biz que, de toute façon, « la série ne peut pas prétendre à faire 8 millions de téléspectateurs ». Et annonce travailler à trois autres projets destinés à France Télé « tous très différents du Chasseur... parce que nous n’avons pas non plus vocation à ne prendre que des gadins ».
On s’en doutait un peu, parce que ces gens-là ne sont pas stupides. Il est donc avoué que l’échec d’audience de cette production était pour eux acquise dès le départ. Qu’on nous permette de dire que par les temps qui courent, vu les difficultés dans lesquelles se trouve le Service Public, s’offrir ce plaisir de sale gamin gâté n’est pas seulement cynique, c’est carrément indécent...

Hannah est toujours Belle

Billie Piper aurait du revenir sur M6 avec la seconde saison du « Journal intime d’une call girl » [2] à la mi février.

Par Emilie Flament & Sullivan Le Postec.

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Dans cette saison, après avoir planté sa maquerelle, Hannah débute donc une nouvelle période dans sa carrière et prend même une petite nouvelle dans le métier sous son aile, Bambi !
Seulement voilà, les audiences de la saison 1 n’ont pas été à la hauteur des espérances de la chaîne, en plafonnant à 8% de part de marché. M6 a donc déprogrammé la série manu militari, annulant même la diffusion des deux derniers épisodes de la première saison. A la place, elle préfère enchainer à peu près une douzaine d’épisodes de « Medium ». On se rabattra donc, et ce n’est sans doute pas plus mal, sur l’édition en DVD de la série, chez l’excellent Koba Films, chez qui les deux premières saisons sont déjà sorties.
Pour un avis plus complet sur la série, rendez-vous sur notre critique.

Afterlife

C’est toujours avec plaisir que l’on retrouve l’excellente Lesley Sharp (déjà vu dans « The second coming »). En l’occurrence, on devra bientôt ce plaisir renouvelé à M6 qui annonce pour prochainement la diffusion de la série britannique « Afterlife » [3].

Par Emilie Flament.

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Le pitch est assez classique : à la suite d’un accident de voiture, Alison Mundy développe un don qui lui permet d’entrer en contact avec l’au-delà. Diffusée en 2005 et 2006 en Grande-Bretagne, cette petite série réussit à créer une ambiance adéquate, et ... de toute façon, vu qu’il y a Lesley Sharp, il faut regarder ! Point.

Ils survivent toujours

Alors que NRJ 12 diffusait la saison 1, la BBC donnait le coup d’envoi de la seconde saison de « Survivors » [4], chargée de résoudre le cliffhanger massif par lequel les six premiers épisodes s’étaient terminés.

Par Sullivan Le Postec.

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Les deux premiers épisodes de cette nouvelle série nous permettent de retrouver l’univers post-apocalypstique réaliste mis en place par la première saison, dans une version un peu moins contemplative. Il faut dire que les deux premiers épisodes se passent intégralement en centre-ville, dans le cadre ultra-dangereux introduit la saison passée. On retrouve aussi ce soin particulier pris à écrire les personnages et leur relation, avec quelques moments réellement touchants, à l’image de Najid tapissant le centre de Londres de banderoles permettant à Abby de les retrouver.

La trame de fond mythologique de la série s’étend aussi considérablement à mesure que l’on comprend mieux qui sont ceux qui ont enlevé Abby à la fin de la première saison, et que se dessinent les contours d’une conspiration à laquelle est lié un des personnages principaux. A nouveau réunie, l’équipe va directement devoir se confronter aux conséquences des agissements de Tom. Pas sûr que la série n’aurait pas gagnée à laisser à nos personnages un temps de répit pour se retrouver. S’il réussit à merveille à bien des fictions anglaises, le format de 6 épisodes n’est peut-être pas parfaitement adapté à l’étendue de l’univers de « Survivors »...

Post Scriptum

On en parle dans les forums : « Survivors », « Le Chasseur » , les séries UK.

Dernière mise à jour
le 13 février 2010 à 18h33

Notes

[1« Le Chasseur »
Son & Lumière / France 2 - 2010.
6x45’
Scénario : Gérard Carré. Réalisation : Nicolas Cuche.

[2« Journal intime d’une call girl (Secret Diary of a Call Girl) »
Saison 2, 8 épisodes

[3« Afterlife »
2 saisons, 14 épisodes
Diffusion : M6. Prochainement

[4« Survivors »
BBC Drama Production.
Créé par Adrian Hodges.
Saison 2 : 6x60mn.
Actuellement sur BBC1, prochainement sur NRJ12.