26 février 2018
Episode Audition
Lors de la dernière audition de Comme Jeanne d’Arc, nous avions parlé de The Amelia Project. Le podcast, lancé fin 2017, suit une équipe de spécialistes qui, moyennant finance et excitation, peuvent vous faire disparaître et réapparaître sous une toute nouvelle identité.
Philip Thorne, son co-créateur, mais aussi magicien, parisien et grand connaisseur en chocolat chaud, nous a accordé une entrevue. Sous sa traduction en français, vous trouverez l’interview en anglais.
Below the transcript in French, the original version in english.
Comment décririez-vous The Amelia Project à quelqu’un qui n’écoute pas de series audio ?
The Amelia Project est une drama en format podcast, ce qui signifie qu’il s’agit d’une série télévisée en audio uniquement. Nous faisons appel à des actrices/eurs, de la musique et des effets sonores pour créer une histoire immersive. Contrairement à une série télévisée, le podcast peut être suivi lorsque l’on conduit, court, jardine, va au travail, lorsque l’on attend, etc..
Il relate l’histoire d’une organisation clandestine qui propose un service bien particulier : faire disparaitre ses clients en simulant leur mort et orchestrer leur réapparition sous une toute nouvelle identité !
La série est un mélange de mystère et de comédie noire et est influencée par Douglas Adams, les Monty Python et Sherlock Holmes. Chaque épisode de 20 minutes est centré sur un nouveau cas.
Elle peut être téléchargée sous iTunes (ou tout autre application de podcast) et les épisodes sont diffusés toutes les deux semaines.
Le concept du podcast est plutôt simple (il s’agit d’un entretien avec un but, la disparition du client), il permet cependant d’aborder une riche variété de thèmes et de genres (du film noir à la science fiction). Est-ce The Amelia Project a été pensée en tant que podcast ou avez-vous eu l’idée d’abord puis choisi le format (qui peut aussi fonctionner comme une pièce de théâtre, un court métrage ou une série télévisée) ?
L’idée d’une agence excentrique qui simule la mort était dans mon esprit depuis un petit bout de temps. À l’origine, je pensais la développer en tant que pièce, mais je n’ai jamais trouvé le bon angle d’attaque. À cette époque, je ne connaissais pas les séries audio. Il y a deux ans, je suis tombé sur Welcome to Night Vale, et cela a changé un peu ma vision. Je suis tombé amoureux du format "série audio" et The Amelia Project semblait être un candidat idéal au podcast et est vraiment adapté au format épisodique.
Ceci étant dit, nous espérons pouvoir explorer l’idée sous d’autres formats. Nous avons des plans pour un livre The Amelia Project, une pièce de théâtre, un escape game et une série télévisée.. .
Comme vous l’avez souligné, The Amelia Project s’attaque à plusieurs genres, et c’est quelque chose qui me plait énormément. Chaque client ne vient pas juste avec un nouveau cas, mais aussi un nouveau thème pour la série. Jusqu’ici, dans la saison une, nous avons une épouse éconduite, le gourou d’une secte suicidaire, un agent du MI-5 et une entité d’intelligence artificielle consciente. Nous espérons créer la sensation qu’il n’y a aucun moyen de prédire où la série va aller !
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce format ? Et sur la base de cette première expérience, qu’en avez-vous appris ? Y a-t-il eu des limitations imprévues ou d’agréables surprises ?
Lorsque je disais que je ne connaissais pas les séries audio, ce n’est pas vraiment exact. J’ai grandi en Angleterre où il y a une riche tradition de séries radiophoniques. Mais cela me paraissait très guindé et bourgeois, et je n’y étais pas particulièrement attiré.
Lorsque j’ai découvert cette nouvelle vague de fiction américaine comme Welcome de Night Vale et Limetown, cela m’a vraiment ouvert les yeux. Il y a une créativité folle et un esprit d’aventure dans ces séries que j’ai trouvés profondément stimulant. J’ai tout de suite su que je voulais être de la partie.
Les histoires racontées en audio et entendues (principalement) via des écouteurs s’adressent à vous comme aucun autre média (au sens littéral !). Il y a une intimité extraordinaire.
Et une fois qu’on s’y penche, il n’y a plus de retour possible. Il y a une incroyable diversité de séries disponibles, telles que les grandes productions comme Bronzeville (avec Laurence Fishburne) ou Wolverine, la série audio de Marvel à venir, et des productions indépendantes comme la nôtre. Il n’y a pas de gardien du temple pour le moment, les grandes productions et les indépendantes jouent tous les deux plus ou moins dans la même cour. La situation actuelle des fictions en podcast est souvent référencée comme le « Far West » !
Il est très excitant de travailler dans ce média actuellement !
Jusqu’ici, j’ai trouvé l’experience de travailler dans une série aussi plutôt libératrice. Elle vous donne une liberté dans le casting. Il n’y a pas à se soucier du physique, mais juste de qualité vocale. Cela nous permet de redécouvrir des actrices/eurs que l’on aime déjà et de trouver quelque chose de neuf à leur propos qui est uniquement dans leur voix.
Cela est aussi particulièrement adapté à ma situation actuelle, car j’ai récemment déménagé en France, mais mes collaborateurs se trouvent partout en Europe. Nous nous réunissons en studio pour l’enregistrement, mais les pré- et post-productions, les parties les plus chronophages du procédé, peuvent être exécutées de n’importe où. J’ai co-écrit et réalisé The Amelia Project avec mon partenaire artistique de long terme Oystein Brager de Norvège. Nous pouvons diriger la production de The Amelia Project tout en étant localisé dans différents pays.
La série n’est pas feuilletonnante, pour autant des informations sur les personnages, leur passé et personnalités, sont mentionnées de temps à autre. Même si chaque épisode est indépendant, avez-vous une vision plus large et allez-vous développer un peu plus la mythologie ou avez-vous prévu de garder le format indépendant avec des informations intéressantes pour les auditeurs de longue date ?
Nous avons déjà écrit la saison 2 et avons planifié plusieurs saisons ! Les épisodes continueront à aborder des cas individuels, mais, en même temps, ils développeront un arc narratif plus large, qui va commencer en fin de première saison. Je ne vais pas révéler de quoi il en retourne pour le moment… Le secret est le mot d’ordre d’Amelia !
À un certain point, j’aimerais explorer les personnages périphériques plus en détail… Les hommes de mains maladroits de l’Interviewer, Joey et Salvatore, le chirurgien rebelle Piotr Kozlowski et, bien entendu, Alvina, sans qui toute l’opération Amelia ne pourrait tourner ! Peut-être que, plus tard, nous ferons une mini-saison centrée sur l’un de ces personnages et le quotidien de bureau d’Amelia…
Le podcast bénéficie d’une production très soignée (le générique est fantastique au passage !). Cependant il n’y a aucune publicité (il est difficile à croire que l’Interviewer n’interrompt pas l’entretien pour vanter les mérites de blueapron.com !). À la place, le support financier vient de Patreon. Où en êtes vous de ce point de vue là ? Avez-vous réussi à maintenir votre objectif financier et prévoir une seconde saison ?
La musique de générique est composée par notre ingénieur du son Fredrik Baden et est vraiment cruciale pour se mettre dans l’ambiance du monde d’Amelia !
Je parlais plus tôt de l’incroyable intimité des drama audio. Mais cette immersion dans l’histoire peut être aisément cassée lors que l’on parle soudainement de chaussettes et de livraison de repas. Je trouve que la publicité dans les séries audio est souvent agaçante. Nous ne sommes pas contre la publicité à proprement parler, mais nous devrions travailler de manière collaborative avec nos sponsors afin qu’elles ne soient pas intrusives.
Pour le moment, nous misons sur le financement participatif, car cela nous permet de construire une relation plus forte avec nos auditrices/eurs les plus dévoué·es et d’étendre encore plus le monde d’Amelia. Nous demandons aux personnes qui apprécient le plus la série de nous aider avec une donation par épisode par Patreon. Le montant est libre, mais pour 5 dollars par épisode, vous aurez droit au dossier de chaque nouveau client. Chacun d’entre eux contient le détail de ce qui se déroule après l’épisode et donne un meilleur aperçu du monde de The Amelia Project.
Nous n’avons pas encore atteint notre but, et nous avons besoin de collecter bien plus de fonds avant d’entamer la production de la seconde saison. La première a été produite en grande partie grâce aux bénéfices de notre précédente pièce de théâtre, mais pour continuer, nous devons rendre Amelia économiquement viable.
Le chocolat chaud de Les Deux Magots joue un rôle crucial dans la série et est mentionné à chaque épisode. La marque Les Deux Magots devrait s’engager et nous sponsoriser !
J’ai cru comprendre qu’une performance en public est disponible pour les contributeurs via Patreon, pensez-vous que les auditeurs réguliers y auront accès ? Étant donné que la série n’a qu’un décor, un nombre limité de personnages et est essentiellement une discussion, avec votre expérience théatrale, avez-vous prévu d’autres épisodes en public ? Avez-vous noté des différences entre l’enregistrement en public et celui en studio ?
Pour le moment, nous avons fait deux performances en public, une à Oslo, l’autre à Austin, Texas.
À Oslo, nous avons joué le pilote à notre soirée de lancement avec les actrices/eurs originales/aux, Alan Burgon et Samantha Lawson. Tous les deux sont d’excellent·es actrices/eurs de théâtre et il y avait des étincelles et une vraie alchimie lors de leur performance en direct.
Nous avons été invités au Festival du Film d’Austin en tant que l’un des quatre finalistes de la Compétition du Scénario de Fiction en Podcast. (Le fait que le festival ait introduit une récompense pour les séries audio aux cotés de celles traditionnelles du cinéma et télévision est un signe qui dénote à quel point la fiction en podcast explose aux États-Unis actuellement !). Nous ne pouvions pas amener la distribution originale, nous avons joué le pilote et l’épisode suivant avec un nouveau casting. L’Interviewer était incarné par Nick Stevenson de Orange is the New Black.
En tant qu’auteur, les performances en public sont intéressantes car il s’agissait de la première fois où j’ai entendu la réponse du public au matériel et vu quels moments faisaient rire et réagir. Les actrices/eurs se sont aussi nourri·es de ces réactions et cela a donné une énergie différente aux performances en public. L’expérience en podcast est plus intime et personnelle, les performances en public sont plus collectives. Chacune a ses forces.
Oystein et moi avons une formation de metteur en scène, de ce fait, nous aimerions faire plus de performances en public de The Amelia Project. Nous travaillons avec Open House, un théâtre en langue anglaise à Vienne, et espérons pouvoir y proposer bientôt un épisode en public mais nous aimerions aussi en proposer une à Paris un jour !
Maintenant que nous avons dépassé la mi-saison, que nous réserve la seconde partie (annoncez-nous plus d’Alvina, s’il vous plait !) ?
Je suis content d’entendre que vous appréciez Alvina ! Un grand nombre de nos auditrices/eurs semblent s’être vraiment attaché·es au personnage ! Pour le restant de la saison, elle continuera à intervenir dans les préludes, mais comme mentionné plus tôt, je pense qu’elle mériterait une petite série dérivée le moment venu !
Pour la suite de la saison 1, vous pouvez vous attendre à un comique déprimé, un client venu de l’Enfer, un voyageur dans le temps, deux cambrioleurs d’avant garde, beaucoup de mystère et, bien entendu, du chocolat chaud de Les Deux Magots !
Interview in English
How would you describe The Amelia Project to someone who does not listen to audio drama ?
The Amelia Project is a serial dramatic podcast, which means it’s like an audio-only TV show. We use actors, music and sound effects to create an immersive story. Unlike a TV show, it can be consumed while you drive, jog, garden, commute, wait in line, and more.
It tells the story of an underground organisation that offers a very special service : making its clients disappear, by faking their deaths, then letting them reappear with a completely new identity !
The show combines mystery and black comedy, and is influenced by Douglas Adams, Monty Python and Sherlock Holmes. Each twenty minute episode focuses on a new case.
It can be downloaded for free on iTunes (or any other podcast player) and episodes come out biweekly.
The concept of the podcast is quite simple (it is an interview with one goal, the disappearance of a client) yet it allows you to reach a variety of themes and genre (from film noir to sci-fi). Was The Amelia Project thought of straight away as a podcast or did you come with the idea first and then choose the format (as it can work as a play, a short film or a TV show) ?
The idea of an eccentric agency that fakes deaths had been kicking around in my mind for a while. I was originally thinking of developing it as a play, but could never find the right angle. At the time I was clueless about audio drama. About two years ago, I stumbled across Welcome to Night Vale, and it made my world shift a little. I fell in love with audio drama and The Amelia Project seemed a good fit for a podcast and really suited the episodic form.
Having said that, we do hope to take the story into other genres too. We have plans for an Amelia Project book, theatre show, escape room and TV series…
As you say, The Amelia Project straddles different genres, and this is something I really enjoy. Each client brings, not just a new case, but a new theme to the show. So far, season one has featured a jilted wife, the leader of a suicide cult, an MI-5 agent and a fully sentient AI. We hope to create a sense that there’s no telling where the show will go next !
What draw you to this format ? And based on this first experience, what did you learn from it ? Were there unexpected limitations or cool surprises you faced along the way ?
When I say I didn’t know about audio drama, that’s not quite true. I grew up in England, where there’s a rich tradition of radio drama. But somehow it always seemed very staid and middle class to me and was never something I was particularly drawn to.
When I stumbled on the new wave of US fiction podcasts like Welcome to Night Vale and Limetown, it was a real eye opener for me. There was a wild creativity and adventurous spirit to these shows which I found hugely inspiring. I immediately knew I wanted to be part of this.
Stories told in audio and listened to (mostly) through earbuds, get into your head like no other medium (quite literally !) There’s an extraordinary intimacy to it.
Once you catch the audio drama bug there’s no going back. There’s an incredible diversity of shows out there, from big name productions like Bronzeville (with Laurence Fishburne) and Marvel’s upcoming Wolverine audio drama, to independently produced shows, like ours. There are no gatekeepers yet, and big budget and indie productions stand on a relatively equal playing field. The current state of fiction podcasting is often referred to as “the Wild West” ! It’s an extremely exciting medium to be working in right now !
So far, I’ve found working in audio a mostly liberating experience. It gives you freedom in casting. You don’t have to worry about looks at all, only vocal quality. You get to rediscover actors that you already love, and find something new about them that’s only in their voice.
It also really suited my personal situation, as I’ve recently moved to France, but my collaborators are spread around Europe. We all get together into a studio for recording, but pre and postproduction, which are by far the longest parts of the process, can be done from anywhere. I co-write and direct The Amelia Project with my long term artistic collaborator Oystein Brager from Norway. We can show-run The Amelia Project while being based in different countries.
The audio drama is not serialized yet some information on our characters, their past and personalities are mentioned throughout the series. Even though each episode is a standalone, do you have a bigger picture in mind with delving a little bit more in the mythology or do you plan on keeping the standalone format with cool tidbits for long time listeners ?
We’ve already written season two and mapped out several seasons beyond ! Episodes will continue to deal with individual cases, but at the same time a larger narrative arc will kick in towards the end of season one. I won’t reveal what that overarching storyline is yet… Amelia is all about the secrets !
At some point I’d like to explore some of the smaller characters in more detail… The Interviewer’s clumsy henchmen Joey and Salvatore, the maverick surgeon Piotr Kozlowski, and, of course, Alvina, without whom the whole Amelia operation would grind to a halt ! Maybe at some point we’ll do a mini season focussing on these characters and the day to day running of the Amelia office…
The podcast has great production values (the theme song is fantastic, by the way !) yet it comes with no commercial (I find it hard to believe that the interviewer does not interrupt the meeting mid point to praise blueapron.com !). Instead, financial support comes from Patreon. How is it going so far ? Did you manage to find a way to keep your goal and foresee a potential second season ?
The theme tune was composed by our sound designer Fredrik Baden and is really crucial in setting the tone for the world of Amelia !
I was talking earlier about the incredible intimacy of audio drama. But the immersion in a story can quickly be broken when you suddenly talk about socks or food delivery. I find advertising in audio dramas is often quite grating. We’re not against advertising per se, but we’d have to work closely with an advertiser to make sure ads aren’t intrusive.
For the time being we’re going for a crowd funding model, as it allows us to build a stronger connection with our most dedicated listeners and enables us to expand the world of Amelia even further. We’re asking people who really enjoy the show, to support us with a per episode donation via patreon (www.patreon.com/ameliapodcast) You can pledge however much you want, but for 5 dollars per episode, you get a “case file” for each new character. The case files contain an account of what happens after the episode finishes, and provide much more insight into the world of the The Amelia Project.
We haven’t reached our goal yet, and have to raise a lot more money before we can go into production on season two. Season one was made largely with a surplus from a previous theatre show, but in order to be able to continue, we have to make Amelia financially sustainable.
Hot chocolate from Les Deux Magots plays a crucial part in the show and is mentioned in every episode. Maybe Les Deux Magots should step forward and sponsor us !
From what I understand, a live performance is available for Patreon contributors, do you think it is something that standard listeners might have access to ? Since the show has one set, a limited number of characters and is basically a conversation, and with your theater background, do you plan to produce more live episodes ? Have you noticed differences between live and in studio performances ?
So far, we’ve done two live performances, one in Oslo, the other in Austin, Texas.
In Oslo we performed episode one at our launch party, with the original actors, Alan Burgon and Samantha Lawson. They’re both excellent stage actors and bring real spark and chemistry to the live version.
We were invited to Austin Film Festival as one of four finalists of the Fiction Podcast Script Competition. (The fact the festival has introduced an award for audio drama alongside its traditional film and TV awards, is a sign of how fiction podcasts in the US are exploding right now !) We couldn’t take our original actors, so we performed episodes one and two with a new cast. The Interviewer was played by Nick Stevenson from Orange is the new Black.
As a writer, the live performances were interesting, as it was the first time I heard an audience respond to the material, and see which moments elicited laughs and reactions. The actors also fed off theses reactions, which gave the live shows a different energy. The podcast experience is intimate and personal, the stage performance is more communal. Both have their strengths.
Oystein and I both trained as theatre directors, so we would love to do more live performances of The Amelia Project ! We’re collaborating with Open House, an English language theatre in Vienna, and hope we’ll be able to put on a live show there soon, but we would also love to perform in Paris one day !
Now that we reached the mid point of the season, what can we expect on the second half (please, say more Alvina !) ?
I’m glad you like Alvina ! Lots of listeners seem to have really taken to this character ! For the remainder of this season she will continue to appear in the preludes, but as mentioned earlier, I think she deserves a little spin off of her own at some point !
For the continuation of season one you can expect a depressed comedian, a client from Hell, a time traveller, two avant garde burglars, lots of mystery, and, of course, hot chocolate from Les Deux Magots !