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Battlestar Galactica - Apollo et Starbuck entrent dans le ring

Unfinished Business: Trahison, uppercut et cabane au bord du lac

Par Feyrtys, le 8 décembre 2006
Publié le
8 décembre 2006
Saison 3
Episode 9
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Des problèmes pour gérer votre colère au quotidien ? Vous vous êtes pris le râteau du siècle et vous avez du mal à digérer ? Vous avez épousé un type que vous n’aimez pas parce qu’au fond, vous êtes complètement paumé ? Vous avez été gros à une époque et tout le monde se moque de vous à présent, même après avoir fait perdu tous ces kilos en trop ? Pas de problème, BSG a un remède pour vous : le match de boxe.

Du sang, de la chique et du molar, et aussi beaucoup de flash-back qui remontent à l’époque, en apparence plus heureuse, de l’installation sur New Caprica. Cette semaine, BSG fait dans la psychologie musclée, les retours en arrière et les drogues illicites !

Il faut que je l’avoue tout de suite, je suis ce qu’on appelle communément une "shipper" : j’aime les histoires d’amour dans les séries... Attention, je n’aime pas les violons, la guimauve et les petits angelots fessus, mais donnez-moi une déclaration d’amour sincère, ou même simplement deux regards échangés avec la promesse de nuits passionnées et je tombe sous le charme, mon cœur fond et je me mets à faire la moue en laissant échapper des « aaaaaawwwwww » limite pathétiques.

Ca marche à tous les coups, ou presque. En effet, je n’ai jamais ressenti de pincements à la vue de Lee et de Kara n’osant se dire qu’ils s’aiment, se cherchant, mais ne se trouvant pas, blabla... Ils n’ont jamais fait vibrer la corde de la shipper en moi (et pourtant, c’est assez facile)... Ensemble ou pas ensemble, ça m’était assez égal, j’étais bien plus intéressée par la relation entre Baltar et la N°6 de Pegasus, et par la relation entre Adama et Laura...
Cependant, quelque chose m’avait intrigué dans le season finale de la saison 2 : Starbuck s’était installée sur New Caprica avec Anders, qu’elle avait épousé, et Apollo était resté sur le Pegasus (avec sa femme, Dualla) et apparemment, Lee et Kara étaient sacrément en froid, genre période glaciaire... Kara n’avait pas fait preuve de beaucoup de maturité en exhibant son Anders de retour de la vieille Caprica, d’accord, et elle avait également manqué de tuer Apollo lors d’une mission, mais bon, rien d’impardonnable !

Alors pourquoi ces deux là, autrefois inséparables, s’ignoraient consciencieusement depuis le retour sur le Galactica ?

Nous avons notre réponse dans cet épisode :

Starbuck, malgré ses cigares, son whiskey et son corps de nageuse d’ex-Allemagne de l’Est, est une femme fatale.

Je crois qu’il n’y a pas d’autres explications plausibles. Regardons les faits : Kara est amoureuse du frère de Lee et paf ! Il meurt. Kara interroge un cylon pour le faire parler et paf ! Il tombe amoureux d’elle, meurt, se réincarne et la kidnappe pour la forcer à l’aimer. Kara est amoureuse de Lee et paf ! Elle couche avec lui pour se marier quelques heures plus tard avec un homme qu’elle n’aime pas. Kara rencontre Anders, fait tout pour lui faire croire qu’elle l’aime, finit par l’épouser et paf ! Elle le trompe avec Apollo, et paf ! Elle finit par le larguer comme une vieille chaussette, puis l’utilise pour du sexe et l’humilie en déclarant son amour pour Lee sur un ring de boxe...

La fille a fait plus de dégâts autour d’elle que Rita Hayworth dans La Dame de Shanghai ! Que quelqu’un l’arrête !

Il est donc impossible pour les hommes autour d’elle de lui résister. Ca paraît hautement improbable quand on sait à quel point Kara est insupportable, immature et égocentrique, mais je ne vois que cette explication ! Et après tout, c’est une série de science-fiction, il faut bien rajouter quelques inconnues dans l’équation...

Bien entendu, comme pour toutes les femmes fatales dignes de ce nom, on ne peut que plaindre les malheureux qui tombent sous son charme... Ni Anders ni Lee ne méritent ce que Kara leur fait subir. Et pourtant, et pourtant, il est difficile de complètement haïr Starbuck. Lui en vouloir, oui. Lui en vouloir énormément et souhaiter que Lee la mette K.O. sur le ring, oui, aussi un peu, j’avoue. Mais lorsqu’elle s’effondre (émotionnellement) dans les bras d’Apollo à la fin de son match en lui disant « I missed you », j’ai beau me concentrer très fort pour la haïr, je ne le peux pas. Pire que tout, je trouve ça beau. Et romantique. Et mon cœur de shipper se dit que tout est encore possible, et je plains Dualla, et je plains Anders, mais je veux que Kara et Lee se retrouvent enfin, deviennent adultes, s’aiment, et fassent plein de bébés super musclés.

Pour être tout à fait honnête, je n’ai jamais vraiment aimé Dualla, alors je ne la plains pas tant que ça. Elle a tué Billy quand même. D’accord, pas volontairement, tout ça était un accident, Billy a voulu jouer au héros, mais quand même, elle a sa part de responsabilité. D’autant plus que je la soupçonne fortement d’être amoureuse non pas de Lee, mais de son père, Bill... Son admiration pour son amiral dépasse la simple relation d’une militaire envers son supérieur. Je suis sûre qu’elle s’est rapprochée de Lee pour se rapprocher d’Adama, même si elle n’en est pas consciente. Donc bon, je ne vais pas la plaindre de découvrir que son mari en aime une autre.

Pour ce qui est d’Anders, j’ai toute confiance dans sa capacité à passer à autre chose et à trouver une fille normale, avec un cerveau et pas de la testostérone à la place, qui saura ce qu’elle veut et ne profitera pas de lui. Enfin, il y a plusieurs façons de profiter d’Anders et j’en ai quelques-unes en tête qui sont tout à fait respectueuses de sa personne...

Le règlement de compte entre Lee et Kara est donc une parfaite réussite. Les scènes de flash-back, accompagnées d’un thème musical particulièrement émouvant, permettent de réellement revivre leur histoire à travers leurs yeux. Elles sont prenantes, elles sonnent justes, et en plus, elle sont sexy. Reste à savoir, comme le dit Joss Whedon dans le formidable Once More, With Feeling : « Where do we go from here ? »

Mais l’épisode ne s’arrête pas là. En effet, il offre un développement assez inattendu (mais que j’attendais avec impatience, je sais, ce n’est pas logique) de la relation compliquée entre ce cher Bill et cette chère Laura...
L’attirance est là depuis le début. Le respect mutuel a grandi au fur et à mesure, comme la complicité évidente qui les unit. On a même eu un baiser ! Alors, la question avant cet épisode était : qu’attendent-ils pour passer aux choses (pas) sérieuses ?

La réponse est : ils attendaient que Laura ne soit plus Présidente, que Bill ait trop bu, qu’ils aient fumé un bon gros pétard, et que Laura lui fasse des avances en parlant d’une cabane au bord du lac et du fait qu’elle aimerait bien s’y baigner toute nue avec lui. J’extrapole sur ce dernier point, mais la façon dont Mary McDonnell déclame ses lignes ne laisse pas beaucoup de place à l’imagination.

Leurs scènes sur New Caprica sont extraordinaires pour la fan (et shipper) de ces deux personnages que je suis depuis le début. Elles montrent ce dont on se doute tous depuis le début, à savoir qu’ils forment un couple idéal ; elles développent leur relation sans l’envoyer tout droit dans un mur ou dans une impasse : il pourrait rester des non-dits, des regrets, mais il n’en est rien. Laura est redevenue Présidente, Adama est de nouveau à la tête d’une armée de pilotes et d’hommes ; leurs deux rôles sont si importants et si vitaux à la survie de la race humaine qu’il leur est impossible d’imaginer vivre une histoire d’amour « normale ». Mais y-a-t-il ressentiment pour autant ? Non. A-t-on l’impression que les scénaristes nous font tourner en rond avec ces deux personnages ? Non plus. Leur relation a gagné en profondeur, et elle suit une voie logique et raisonnable, comme les deux personnages. J’ai envie de les voir heureux ensemble, mais en même temps, je comprends pourquoi les scénaristes ne les mettent pas ensemble. Ce n’est pas une tâche si facile que ça quand on y pense.

Mais il n’y a pas que des histoires d’amour en suspension dans cet épisode : il y a aussi des matchs de boxe. Le deck a été transformé en ring et les paris fusent. Il y règne une ambiance explosive, qui est particulièrement bien rendue par la mise en scène. Explosive car primale, comme l’explique si bien Tahmoh Penikett, l’acteur qui joue Helo. Tahmoh a en effet participé au dernier podcast en compagnie de Ron Moore, de Grace Park (un rire charmant !) et de Mme Moore (shut up already !). Il se trouve que Tahmoh dit plein de choses intéressantes lors de ce podcast, et qu’en tant que sportif qui aime pratiquer la boxe thaï, il apporte son point de vue sur l’ambiance particulière qu’est la boxe. Pour la petite anecdote, Helo n’était pas prévu dans le script à la base, mais Tahmoh a fait du forcing pour avoir au moins un scène sur le ring dans l’épisode, quitte à perdre contre Apollo.

Même si je ne partage pas le point de vue d’Adama, j’ai aimé sa storyline avec le Chief... Bill monte sur le ring pour se faire mettre à genoux par Tyrol, en gros. Ron appelle la scène « The Passion of the Adama ». Pourquoi Bill agit-il de la sorte ? Pour montrer que lorsqu’il a accepté de laisser partir ses hommes de confiance sur New Caprica, il a agi en tant qu’ami et non en tant qu’amiral, et que c’était une mauvaise décision de sa part.
En même temps, si Tigh et Tyrol n’avaient pas été sur New Caprica, peut-être que la Résistance n’aurait pas eu la possibilité de coordonner une attaque avec le Galactica... Enfin Bill fait son mea culpa, explique qu’il a baissé sa garde mais que ça ne se reproduira plus, blabla, c’est beau, mais ce n’est pas la storyline la plus passionnante de l’épisode ! D’autant que comme je l’ai dit, je ne trouve pas la position d’Adama très compréhensible. Rien de ce qu’il aurait pu faire n’aurait changé quoique ce soit à ce qui s’est passé sur New Caprica. Tigh a perdu Ellen, mais peut-être l’aurait-il perdue en restant sur le Galactica... Il faut qu’il arrête de se croire responsable pour tout ce qui arrive de mal aux survivants !

C’était quand même intéressant de savoir dans quelles conditions le départ du Galactica, pour les hommes proches d’Adama, s’était fait. C’était une bonne idée que de revenir sur ces décisions, de revenir sur la joie et l’euphorie qui régnaient quand Baltar n’était pas encore devenu un tyran et que les cylons n’avaient pas encore débarqué.

En bref, c’était du tout bon ! Pour ma part, j’ai trouvé qu’il y avait eu un tantinet trop d’allers-retours entre le passé et le présent, mais vraiment, rien d’impardonnable. On sent que le montage est maîtrisé, que la narration l’est tout autant et que les scénaristes savent où ils veulent aller avec leurs personnages principaux. On apprécie le développement de ces personnages, que l’on suit depuis plus de deux ans maintenant, et on a l’occasion, dans cet épisode, de se rendre compte à quel point ils ont changé.

Feyrtys
P.S. Pour l’épisode 3.10, je vous laisserai en compagnie de Ju. J’ai bien été obligée : c’est sa scénariste préférée, Jane Espenson, qui a écrit l’épisode...