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Breaking Bad - Où j’ai un peu peur de me faire insulter en disant du mal de Breaking Bad.

Open House: Attention danger : critique honnête !

Par Ju, le 1er août 2011
Par Ju
Publié le
1er août 2011
Saison 4
Episode 3
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J’ai une petite question à vous soumettre. Une question théorique, sans aucun fondement particulier. Juste une interrogation n’ayant d’autre but que de faire un peu de gymnastique intellectuelle. Voici ma question : au bout de combien d’épisodes suis-je moralement en droit de déclarer que le début de la saison 4 de Breaking Bad est raté ?

Mince, c’est sorti de façon un peu moins théorique que prévu.

Jusqu’à maintenant, quand je pensais à Breaking Bad, c’est une toute autre question qui me venait naturellement, sans jamais avoir réussi à y trouver une réponse satisfaisante. Cette question était de savoir comment parler de Breaking Bad. Ou plus précisément : comment parler de Breaking Bad sans tomber dans la surenchère de qualificatifs qui accompagne bien trop souvent les séries qu’on adore ?

Au final, la réponse était très simple. Il me suffisait juste d’attendre un peu, et de ne me lancer que lorsque je serais enfin tombé sur quelque chose se rapprochant des premiers épisodes de cette quatrième saison. C’est-à-dire à une déception. Une déception difficile à admettre, mais impossible à ignorer.

Aïe Aïe Aïe !

Je vais préciser.

Pas tant parce que j’aime rentrer dans les détails et rendre mes propos clairs et compréhensibles, mais plutôt parce que j’ai très peur de me faire insulter furieusement par les fans de la série. On pourrait croire qu’on s’habitue à ce genre de choses, et c’est sans doute un peu vrai, mais quitte à me faire insulter autant que ça soit pour une bonne raison.

Allons-y donc franchement. Le premier épisode de la saison 4 était raté.
Non pas parce qu’il était d’une lenteur à mourir (il l’était, mais ce n’était pas le problème), mais bien parce qu’il faisait retomber toute la tension et tout le suspense établis dans les deux derniers épisodes de la troisième saison.
L’an dernier, nous avions quitté Walt et Jesse dans une situation désespérée. Ce qui ressortait le plus de cette fin de saison, c’était un sentiment d’urgences (sans doute un peu trop absent de la série depuis que les Cousins Dangereux s’en étaient pris à Hank, mais bel et bien renouvelé). La chose à ne surtout pas faire après plus d’un an d’absence, c’était de revenir avec un épisode mou, relâchant toute la tension, et se regardant le nombril.

C’est un fait, d’un point de vue esthétique Breaking Bad est sans doute la plus belle série à l’écran actuellement. Les épisodes sont tout simplement magnifiques à regarder. Certes. Mais ce n’est pas une raison pour en oublier d’écrire une bonne histoire.
J’aurais pu passer outre le fait que Hank, Marie et Skyler occupaient une place démesurée dans ce premier épisode si la partie de Walt et Jesse avait été à la hauteur. Ce n’était pas le cas. Car la scène qui se voulait charnière, celle où Gus assassine Victor devant les yeux é-ba-his de tout le monde, est tombée complètement à plat. Parce que Gus est un méchant caricatural. Parce que Giancarlo Esposito est le maillon faible de la distribution. Et surtout parce qu’il n’a jamais été plus apparent que dans cette longue scène de strip-tease meurtrier que Breaking Bad se regardait trop le nombril.

Essayer de créer une scène jolie à regarder, c’était une bonne idée, mais il ne fallait pas oublier non plus d’établir un minimum de tension. Et établir de la tension, c’est bien difficile à faire quand la conclusion de la scène est hyper prévisible, et lorsque les acteurs cabotinent.

Et sans le cutter, c’est mieux ?

Si l’épisode suivant et celui d’aujourd’hui ont eu la bonne idée de tenir Gus à l’écart, ils n’en sont pas exempts de défauts pour autant.

Il y avait pourtant du mieux, la semaine dernière. Mike le Nettoyeur est toujours bon. Jesse et sa fête perpétuelle, c’était trop long, mais ça avait un certain charme. Quant à Walt réfléchissant à l’achat d’un flingue dans ses moindres détails, c’était du Breaking Bad pur jus, c’était excellent, mais ce n’était que le prégénérique.
A côté de ça, Hank et Marie s’évertuaient à faire du surplace de la façon la moins flatteuse possible pour les deux personnages, Skyler était toujours bizarrement antipathique, et l’impression de vide continuait.

C’est sans doute pour ça que cette semaine, sans même qu’on m’ait trop provoqué, j’en ai eu marre. Marre de voir Marie monopoliser l’épisode sans aucune raison avec des scénettes amusantes mais très dispensables. Marre de voir Hank se comporter comme un gros connard alors que les saisons précédentes avaient fait du très bon boulot pour l’humaniser. Marre que la seule façon qu’ait trouvée les scénaristes pour mettre Skyler en valeur est de faire perdre des points de QI à Walt, comme dans toute cette histoire d’achat de lavage automatique.

Arrivé à un tel point, je ne pouvais plus ignorer le reste, et surtout pas le l’ennui que m’inspire ce début de saison.

Il ne s’y passe rien. Les dialogues n’y sont pas particulièrement remarquables. La réalisation a trop tendance à vouloir se faire remarquer. Et, pire que tout pour une série dont l’intérêt repose en grande partie sur son suspense, le statut quo est trop bien établi pour que subsiste la moindre tension.
Ici, pas de Cousins Dangereux qui trainent. Pas de cancer. On nous remet bien Hank en piste, le plus tard possible et sur une coïncidence un peu grotesque, mais ça reste une répétition fade d’une intrigue vieille de deux ans.

Du coup, je ne sais plus trop quoi penser. J’ai envie d’aimer Breaking Bad, vraiment, mais j’aimerais que la série me rappelle pourquoi j’y suis autant attaché. Car avec un début de saison aussi faible, j’ai un peu du mal à m’en souvenir.

Ju