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Charlie’s Angels - Avis sur le retour des Drôles de Dames à la télé

Charlie’s Angels: Clear Top, Full Bra, Can’t Lose !

Par Blackie, le 27 septembre 2011
Publié le
27 septembre 2011
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Quand j’étais petite, j’adorais regarder Drôles de Dames. Entre elles et Wonder Woman, j’étais fascinée et inspirée par ces femmes qui savaient se battre et faire régner la justice. Comme les hommes, mais en mieux habillées. Puis on sait bien que c’est plus dur pour les femmes (vous avez déjà essaye de courir avec des talons ?)

Évidemment, c’était bien longtemps avant que Scully et Buffy ne débarquent. Enfin pas si longtemps que ça pour moi, je regardais les énièmes rediffusions. Quand même.

Pour l’époque, les aventures de la belle, la cruche et l’intello faisaient presque office de révolution féministe à la télé. Il y avait peu de femmes au premier plan et encore moins en héroïnes d’action.

Aujourd’hui, on est un peu plus lucides. Les filles étaient des stéréotypes qui passaient chaque épisode à se changer quarante fois (la cruche avait toujours droit au maillot de bain) et la série était basée sur un gros complexe paternel. Ou les fantasmes d’Aaron Spelling. C’est pareil.

Qu’est ce que c’est ?

Charlie’s Angels est un remake "mis au gout du jour" de la série télé du même nom des années 70, qui a connu entre-temps deux adaptations sur grand écran. Elle est diffusée le Jeudi soir avant Grey’s Anatomy, parce que Drew Barrymore a assez d’argent pour obtenir la meilleure case horaire.

Après s’être chargée de ces chef d’œuvres cinématographiques, Barrymore produit aussi cette version télé, et justifie sa présence parmi les trois géantes lors des Emmys. A la barre pour tout superviser, il faut forcement des hommes : Mark Millar et Alfred Gough, le remarquable duo responsable de Smallville.

Hmm, ça sent déjà le nanar à plein nez.

C’est avec qui ?

Minka Kelly, notre chère Lyla Garrity de Friday Night Lights !

Allez, on va faire comme Ju et récapituler ce que sont devenus les héros de notre série adorée et tant respectée :
Tyra est l’horrible Wonder Woman de DEK. Julie fait "la blonde a forte poitrine" dans des films d’horreurs crétins. Riggins essaie tous les pires accents du monde dans plein de nanars. Matt fricote avec Mamie Gummer dans une série de Shonda Rhimes. Et Street a quitté Julianna Margulies pour se taper Summer Roberts sur la CW.

Minka, dis au revoir à ta carrière !

Pour la voix de Charlie, Robert Wagner fut remplacé a la dernière minute par Victor Garber. Garber est évidemment hyper connu comme le mec qui admire les boucles d’oreilles de Debbie dans Singles.

Le reste, on s’en tape royalement. Les bouts de viande, ça n’a pas de nom.

Ça parle de quoi ?

Vous connaissez tous, mais remettons le sujet en place. Pour le plaisir.

Trois femmes super bonnes, et donc jugées "mauvaises" par la société, sont sauvées de leur terrible condition par un homme riche et puissant. Pour leur rappeler leur place, il en fait ses larbins et les oblige à se servir de leur sexualité pour attraper les ordures de ce monde. Mais il ne faut pas les laisser sans la surveillance permanente d’un homme, donc l’incompétent Bosley joue les chaperons.

Évidemment, le mystérieux Charlie a un léger complexe de supériorité. Donc ses "Anges" ne peuvent que l’entendre et jamais le voir. Comme Jeanne d’Arc. Elles doivent dire oui en permanence a cette voix salvatrice qui les a remises sur le droit chemin, celui de la soumission, sans jamais poser de questions, et en disant toujours au revoir en chœur.

Une vraie définition du féminisme.

Et c’est bien ?

Je vous dirai quand mes yeux et mes oreilles arrêteront de saigner.

Comme si le manque de talent du cast ne suffisait pas a faire grincer des dents, la série est affublée de couleurs criardes, de procédés de transition énervants, de combats flous et de dance music. Rien ne nous est épargné.

Le procédé d’introduction est toujours le même : en splitscreen, les origines des trois "Anges" sont présentées par la voix off de Charlie. Si on veut nous endormir dès le début, la douceur de Garber est idéale.

Il y a Abby la Blonde, Gloria la Latina et Kate la Black. Sur les notes du fameux générique, nos trois représentantes de Victoria’s Secret marchent au ralenti, le sourire jusqu’aux oreilles et le soutif jusqu’au menton, habillées tout en blanc comme de vrais petits anges libidineux. C’est juste magnifique.

Pour faire moins pub Benetton, on explose la Latina vite fait et on la remplace par la Brune Eve, sous des prétextes idiots que je n’ai pas retenus. Il y a aussi une enquête que je ne saurais pas vous raconter. Parce que tout ça, c’est de la poudre aux yeux. Des pseudo-raisons pour voir les filles dans des soirées au bord de la piscine ou sur un yacht, dans des robes aguicheuses.

Quand Eve se retrouve enchainée et torturée, c’est surement sensé être sexy.
Quand elle repart une voiture, ah ça j’en suis sure, c’est sensé être sexy.

Les filles se retrouvent même habillées en diablesses. Parce que leur nom de code est Anges. Vous saisissez ? Trop tordant.

Mais quand même, c’est 2011, vous vous dites. Il doit surement y avoir des changements majeurs par rapport à la série d’origine. Il y a eu du progrès depuis quarante ans...

Pas de panique, on vous a entendus ! Voici donc... le jeune et muscle Bosley ! Fini le gros moche asexué, celui-la essaie de se taper tout ce qui bouge, pendant que les filles font évidemment vœu de célibat. Mais hey, regardez, il y a un homme traité comme un objet !
L’égalité des sexes, elle s’est perdue quelque part dans ses abdos.

Vraiment, cette nouvelle série ne rend pas une seule seconde nostalgique des aventures de Farrah, Kate et Jaclyn, qui avaient le mérite d’être charmantes de nunucherie et légères comme des bulles de champagne. Elle n’est pas non plus assez idiote pour être drôle, pas assez poussive pour être un guilty pleasure et n’a même pas l’enthousiasme sous ecstasy des films. Ce n’est ni divertissant ni sexy. Juste ennuyeux au possible, au-dessus de la couche d’insultes.

Blackie
P.S. Hey Drew, Gloria Steinam a appelé. Elle voudrait que tu donnes ton utérus a quelqu’un qui le mérite.