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Mégalopolis - Quatre épisodes de sitcoms qui peuvent faire rire n’importe qui (même Aline)

2011: LOL, Y’ALL !!!

Par Conundrum, le 2 janvier 2012
Publié le
2 janvier 2012
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Episode Hiver
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A la rentrée, Aline du forum nous a fait une terrible confession. Elle a avoué au monde que les sitcoms ne la faisaient pas rire. Avec un telle bouteille à la mer, et à l’occasion des 10 ans d’EDUSA, il était grand temps de faire ressortir Mégalopolis de la naphtaline afin de venir en aide à cette pauvre âme perdue.

En effet, comme les homosexuels qui ont choisi leur orientation sexuelle uniquement parce qu’ils n’ont pas rencontré la femme idéale, Aline n’a tout simplement pas découvert la comédie qui pourrait la mettre sur la voie de la raison. pErDUSA est là pour la guérir.
Pour les gays, on s’y prendra une prochaine fois.

Voici donc quatre épisodes de sitcoms grâce auxquels Aline sera bien obligée de se rendre à l’évidence : il existe une comédie qui lui fera comprendre qu’elle avait tort et que sa vie jusque-là n’avait aucun sens.

Frasier

Saison 4 - Épisode 1 - The Two Mrs Crane

Aux grands maux, les grands remèdes. On commence avec l’artillerie lourde, The Two Mrs Crane est un exemple d’épisode de sitcom parfait. Rien que ça. C’est l’épisode idéal pour découvrir une comédie qui a gardé un niveau de qualité élevé pendant la quasi totalité de ses onze ans à l’antenne.

The Two Mrs Crane est le premier épisode de la saison 4 de Frasier. Écrit par Joe Keenan, un des meilleurs scénaristes de la série, il joue sur les grandes forces de la Frasier. Il réunit toute la distribution autour d’un quiproquo qui devient rapidement ingérable. Comme 90% des épisodes de Frasier, vous me direz.
En plus d’être brillamment interprété et très bien écrit, l’épisode est idéal pour découvrir la série car il présente le principe et les personnages de la série aux nouveaux téléspectateurs sans ennuyer le public fidèle.

Frasier fait partie de ces sitcoms qui ne doivent pas trop faire évoluer ses personnages. Il serait inconcevable de voir J.D. rester étudiant en médecine pendant 10 saisons de Scrubs ou ne faire jamais obtenir de diplôme à Jeff dans Community, Frasier, au contraire, n’a pas de telles contraintes. Certes, il faudra adresser à un moment ou à un autre les sentiments de Niles envers Daphné, mais mis à part cela, on peut aisément regarder un épisode de la saison 3, enchaîner avec un de la saison 6 pour repasser à la 2 sans trop de problèmes.

Cet intemporalité bénéficie énormément à la série. En effet, elle a un côté théâtrale bien particulier. La plupart des épisodes n’ont besoin que d’un ou deux décors, et la série n’a eu que très rarement recours à des épisodes spéciaux ou des special guest stars pour faire rire son public. Dans ce sens, Frasier est l’anti Friends. La force des deux séries résident dans leurs personnages, mais les scénaristes de Frasier n’ont que très rarement été à court d’idées. Pas besoin de mariages à chaque fin de saison, de Bruce Willis ou d’épisodes à l’étranger. La seule contrainte est de donner un script à la hauteur de son casting.

The Two Mrs Crane nous montre une distribution qui semble vraiment prendre du bon temps ensemble. L’ensemble est plus qu’une mécanique bien huilée, il y a une chaleur qui sort de ce casting. Au centre, Kelsey Grammer, on peut dire ce qu’on veut du type, mais il n’a jamais hésité à laisser la vedette de la série porte son nom à ses partenaires. David Hype Pierce, le Neil Patrick Harris de ma génération, et John Mahoney en bénéficient fortement. Le timing comique de Jane Leeves et surtout de Peri Gilpin est toujours impeccable. Et malgré cela, et encore une fois avec un faible diversité des décors, Frasier n’a jamais eu le côté étouffant et incestueux des dernières saisons de Friends. La série garde la même galerie de personnages récurrent, et font toujours la part belle aux guests d’un épisode.

The Two Mrs Crane réunit tous ces éléments : un épisode aux aspects théâtre de vaudeville, joué par une distribution parfaite et très très drôle. La bonne nouvelle est que, s’il vous plaît, les onze saisons de Frasier en contiennent une grande partie du même calibre.

Parks and Recreation

Saison 2 - Épisode 4 - Practice Date

Après avoir vu les six premiers épisodes peu convaincants de Parks and Recreation, on a eu de la peine pour Amy Poehler. La plus talentueuse des membres de Saturday Night Live dont le nom ne rime pas avec Raya Mudolph méritait mieux. Surtout venant des mains des gars qui nous ont donné The Office.

Cette série, à la hauteur de son interprète principale, nous l’avons eu la rentrée suivante avec la seconde saison de Parks and Recreation. De semaine en semaine, Parks and Recreation sur toute sa saison nous a surpris et montré que les épisodes de la saison passée n’étaient pas représentatifs de ce qu’elle pouvait offrir. Pour être parfaitement honnête, la scène d’ouverture du 201 où, suite à un « Here’s the situation » de Ron Swanson (Nick Offerman), Leslie Knope (Amy Poehler) se lance dans un rap de Will Smith, m’a convaincu de ne jamais arrêter cette série.

Parce que Nick Offerman et Aubrey Plaza ont beau être les révélations de Parks and Recreation, la raison principale de la regarder est de voir Amy Poehler chaque semaine. L’erreur principale de la première saison de Parks and Recreation est que les scénaristes ont voulu qu’on se moque de Leslie Knope comme on pouvait se moquer d’un Michael Scott dans The Office. Sauf que, avec son côté bête et méchant, Michael mérite qu’on se moque de lui. Leslie Knope, en revanche, ne mérite que notre respect.

Les années 90 nous ont donné une génération de femmes de sitcoms sarcastiques ou névrosées, les années 2000 avec des Liz Lemon, Christine Campbell ou Jules Cobb nous ont proposé des femmes drôles mais un peu pathétiques. Leslie Knope ne rentre pas dans cette catégorie. Aussi à l’aise dans un rap de Will Smith que pour organiser un festival régional, Leslie est une femme intelligente, douée, motivée à la bonne humeur inébranlable et très drôle. Il n’y a aucune raison de se moquer d’elle.

L’humour et la force du personnage est que, malgré toutes ses qualités, Leslie, tout en ayant une grande confiance en elle, ne se prend pas au sérieux. L’une des caractéristiques de Leslie, et c’est là où elle rejoint une Liz Lemon ou Christine Campbell, est qu’elle n’a pas eu de chance en amour. C’est l’un des rares domaines où elle n’est pas à l’aise. Dans l’épisode 204, Leslie demande l’aide d’Ann (Rashida Jones) pour préparer son premier rendez vous avec Dave (Louis CK).

L’épisode possède les deux caractéristiques qui rendent un épisode de Parks and Recreation mémorable : un enchaînement de talking heads (ces scènes où un personnage parle à la caméra) probablement improvisé par Poelher, et une Leslie totalement ivre. En plus de cela, cet épisode s’intègre dans la période où les scénaristes savaient quoi faire de Rashida Jones. L’actrice réussit à nous prouver qu’elle a sa place aux côtés de Poehler, Offerman ou Plaza avec une scène où elle prépare Leslie aux pires situations qui peuvent se présenter lors d’un rendez-vous.

Dans un épisode qui aurait facilement pu prendre la route « Moquons nous joyeusement de Leslie », Knope n’apparaît jamais pathétique. On rit avec elle parce que Leslie n’éprouve aucune honte quant à ses échecs amoureux. C’est un épisode que j’affectionne particulièrement parce que la vie sentimentale de Leslie pourrait être une source facile d’intrigues, mais les scénaristes n’y ont que très rarement recours. Et quand ils le font, Leslie peut toujours en ressortir digne.

Le reste de l’épisode est plutôt sympathique. Bien que l’on découvre l’alter ego de Ron dans cet épisode, c’est plus les scènes d’ouverture et de clôture avec un scandale sexuel à Pawnee qui nous décochent les plus gros sourires sans aucune relation avec Poehler.

The New Adventures of Old Christine

Saison 3 - Épisode 6 - The New Adventures of Old Christine

La saison qui a vu l’annulation de The New Adventures of Old Christine nous a aussi donné Cougar Town. Pour moi, il s’agit d’un heureux hasard karmique. Certes, le départ précipité de Christine Campbell et l’aile californienne des Amis de la Grappe m’a fait beaucoup de peine, mais la télévision aura toujours eu besoin d’avoir Julia Louis-Dreyfuss à l’antenne. De Saturday Night Live à Veep, sa nouvelle série pour HBO, l’humoriste américaine a toujours su retrouver les chemins des studios. En attendant son retour, Cougar Town a brillamment pris la place de The New Adventures of Old Christine.

Les deux séries se ressemblent beaucoup. Centrées autour d’une actrice populaire des années 90, elles mettent en scène des mères célibataires, leur groupe d’amis et leur implication dans le maintien de l’activité viticole de leur région. Cougar Town et The New Adventures of Old Christine sont, après quelques épisodes nécessaires à trouver leurs marques, remarquables par la constance de la qualité de leurs épisodes et leur casting irréprochable.

Dans cet épisode de la trop courte troisième saison, le parallèle va encore plus loin. Après que la série se soit enfin débarrassée de Blair Underwood, plus à sa place dans In Treatment que dans la sitcom de CBS, Christine (Julia Louis-Dreyfuss) accepte un rendez-vous arrangé par la fiancée de son ex mari, New Christine (Emily Rutherfurd). Cependant, New Christine ne voyant pas l’âge comme un problème, lui présente un de ses collègues beaucoup plus jeune qu’elle, transformant ainsi Christine en couguar malgré elle.

La principale différence entre Cougar Town et The New Adventures of Old Christine est le talent de son actrice principale. Courteney Cox n’est clairement pas Julia Louis-Dreyfuss. Cougar Town arrive à ne pas trop exposer les limites du talent comique de son actrice principale grâce à une distribution secondaire qui est l’équivalent d’une SWAT Team de la comédie. Avoir quelqu’un d’aussi versatile que Julia Louis-Dreyfuss dans le rôle titre fait que la série peut se permettre de temps à autre de centrer totalement la série elle sans étouffer son audience. Un épisode de Cougar Town à 100% sur Courteney Cox, ça ferait beaucoup de Courteney Cox même pour le plus grand fan de Cougar Town.

Ici, on réalise à peine que Wanda Sykes est totalement absente d’un l’épisode qui n’a même pas besoin d’une deuxième intrigue pour le ventiler. Christine Campbell en couguar est idée tellement drôle qu’elle comble l’intégralité des 21 minutes. Parce qu’en plus d’être drôle, l’épisode est particulièrement bien géré dans le sens où il utilise parfaitement le reste de la distribution. La première partie donne de l’excellent matériel à Richard (Clark Gregg) et New Christine, la seconde à Matthew (Hamish Linklater) et même à Richie (Trevor Gagnon). Les Meany Moms réussissent même à avoir la meilleure réplique de l’épisode avec un simple « Hi, Richie ! ».

C’est ûr qu’une série sur une mère célibataire donne aussi envie sur le papier qu’une quarantenaire sur le retour qui chercher à serrer du petit jeune. Mais on ne regarde pas Old Christine pour son titre ou son principe, on regarder juste Old Christine pour voir Julia Louis Dreyfuss nous faire rire. Et qu’elle soit chanteuse de cabaret, ami d’un comique juif new-yorkais ou mère célibataire probablement alcoolique, elle y arrive toujours.

The Office

Saison 7- Épisode 24 - Dwight K. Shrute, (Acting) Manager

The Office est une drôle de série. The Office ne devrait pas nous faire rire. Il s’agit de l’adaptation d’une série britannique dont le matériel d’origine tient à peine dans une saison d’une production américaine. Huit ans après, la série est toujours à l’antenne et ne ressemble en rien à la série de ses débuts, et encore moins au matériel de base.

Satire sympathique dans sa simplicité de la vie de bureau, elle a été fortement influencée par la personnalité de son interprète principal. La version US a beaucoup plus de cœur. On est triste de voir Michael Scott (Steve Carrell) quitter Scranton, alors qu’on aurait probablement ordonner à Numfar de faire la Danse de Joie si ce fut arrivé à son homologue britannique. A l’inverse, Carrell aimant la comédie un peu lourde, la série est devenue moins piquante avec un humour moins fin. La personnalité de l’humoriste étant tellement ancrée dans l’ADN de la série qu’on s’est longtemps demandé si elle pouvait survivre sans lui.

Avant la nomination d’Andy Bernard (Ed Helms) pour remplacer Scott, et après les difficiles épisodes de Will Ferrell, les scénaristes ont dû passer par une phase obligée : écarter Jim et Dwight du poste. Pour Jim, ce fut assez aisée, son poste de co-manager a presque ruiné le personnage et une redite aurait été trop dangereuse. Dwight en tant que manager aurait aussi été un exercice périlleux. Après avoir perdu Carrell, la série ne pouvait pas se permettre de perdre un second rôle aussi important. Cependant, il fallait trouver une raison pour justifier cette non-promotion et c’est tout le thème de cet épisode.

Nous avions déjà eu un épisode où Dwight, avec Andy en bras-droit, dirige le bureau lorsque Michael pensait avoir une promotion. Cet épisode est bien meilleur. En plus de répondre à une des grandes questions de la série, l’ambition de Dwight, elle montre surtout que la série a encore des signes de vie malgré le départ de Carrell. Bien évidemment, elle se cherche encore. Ainsi, il nous prouve que Jordan n’était pas une hallucination collective de la saison 7 mais un réel personnage qui n’aura pas survécu au reformatage de la série. Comme le pantalon rose d’Andy.

Avec l’absence de Michael, The Office doit se reposer sur ce qui faisait la force de la série. Chaque membre de la distribution a ses 15 secondes de gloire plus ou moins subtiles. Le plus étant l’athéisme d’Oscar, le moins est Kevin et son code de photocopie. Mais le tout fonctionne très bien. Ainsi, on se rappelle pourquoi on affectionnait tant la série par le passé et surtout que ce n’était pas uniquement pour Steve Carrell.

En mettant Dwight dans une situation de pouvoir, Jim peut redevenir le gamin qui le tourmente sans passer pour connard fini. Et l’épisode prend même le temps d’humaniser Dwight. Nous seulement elle le rend un peu plus sympathique mais surtout elle met en avant l’intégrité du personnage. Il en découle une scène finale entre les deux hommes qui montre qu’ils ont mûri en sept ans et qu’une relation plus respectueuse entre eux pourrait être une des forces de ce The Office nouveau.

Bien que l’épisode suivant soit le finale de la saison avec plein de guests prestigieux et la première apparition de Robert California (James Spader), c’est bien cet épisode qui montre que The Office peut encore avoir quelque bonnes saisons devant elle.

Conundrum