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Criminal Minds - Luke Cage ? Non, parlons de Criminal Minds à la place !

Criminal Minds (Saison 12, Episode 1) : Le Mari de Dharma et Greg

Par Conundrum, le 2 octobre 2016
Publié le
2 octobre 2016
Saison 12
Episode 1
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Lorsque l’on se fait une opinion d’une série qu’on ne suit pas, il y a peu de chances que celle ci change avec le temps.

L’année dernière, j’avais décidé de ne suivre aucune nouvelle série avant l’été et de me concentrer sur une série déjà à l’antenne que je ne regardais pas. C’est ainsi qu’en l’espace d’une saison, Law and Order : SVU est devenue la série la plus importante de mon planning. Elle s’est avérée être d’une richesse, d’une intelligence et surtout d’une importance dans son message inattendu.

On a tendance à oublier qu’une série n’est pas une oeuvre figée. Tant qu’elle est en production, elle évolue avec les nouvelles voix et les nouveaux visages derrière et devant la caméra. De Criminal Minds, j’avais l’idée d’une série peu subtile à la violence gratuite souvent dirigée à l’encontre des femmes.
Non, de Criminel Minds, je n’avais que suivre les coulisses. Et ce, dès le pilote, où la rumeur courait que ni Mandy Pantinkin, ni Thomas Gibson, anciens collègues de Chicago Hope, ignoraient que l’autre faisait partie de la distribution jusqu’au premier jour de tournage. Ce qui ne semblait pas les réjouir. Et puis, il y a eu le départ étrange de Pantinkin, et le renvoi de AJ Cook et Paget Brewster parce que la chaine voulait des femmes plus belles à l’antenne. Puis, il y a eu le retour de Cook et Brewster et une manigance contractuelle qui a forcé cette dernière à tourner une saison supplémentaire alors qu’elle avait émis le souhait de quitter la série. Il y avait aussi ce directeur de casting qui proposait des rôles à certains de ses clients (comprendre, vous pouviez acheter votre rôle dans la série !). Il y a aussi eu le moment très embarrassant où Gibson s’est fait piégée par une femme sur Twitter et une vidéo et des messages explicites de ce dernier se sont trouvés sur TMZ. Et puis, le même Gibson qui a du suivre une thérapie pour maitriser sa colère avant d’être renvoyé cette saison.

Bref, toutes ces histoires un peu étranges plus ou moins graves nuisaient fortement à la série. Pourtant ma curiosité, aidée par l’annonce d’un nouveau retour de Paget Brewster, a été piquée et j’ai décidé de me lancer dans la série avec les deux épisodes finaux de la saison onze et celui d’ouverture de la douze. Et le résultat n’est pas aussi horrible que ce que je craignais.

Tout d’abord, la production de la série est dirigée par une femme, Erica Messer. Sur les vingt-deux de la saison onze, neuf épisodes ont été écrits et sept ont été réalisés par des femmes. Ce n’est pas parfait, mais c’est une progression remarquable pour une série qui, lors de sa première saison, n’avait que cinq épisodes écrits et seulement un réalisé par une femme. Et le premier constat est que, sur les trois épisodes visionnés, quasiment aucune victime n’est une femme. Et la seule a été choisie par son agresseur, non pas à cause de son sexe, mais de son trouble mental. Il n’a aussi aucun élément à caractère sexuel de son crime. D’ailleurs, le premier antagoniste principal de ce triptyque est une femme tueuse en série. S’il ne suffit pas de trois épisodes pour ce faire une opinion définitive sur cet aspect de la série, il s’agit là d’un indicateur encouragent.

Mais, une fois ce point adressé, qu’en est il de la série en elle même ? Si Law and Order : SVU est une série centrée sur les victimes, Criminal Minds est centrée sur les tueurs, et les pires de la sorte. Une équipe d’experts en pathologie criminelle enquêtent sur les crimes les plus sordides et vicieux. Et malheuresement, c’est le gros point faible de la série. Comme il n’existe pas de gentils tueurs en série, désolé Dexter, l’intérêt de la série devrait résider dans la psychologie de ces hommes et femmes. La série ne dresse, dans ces épisodes, qu’un portrait peu subtil. Si d’un côté, le Dr Reid explique que l’attrait de collection de certains autistes peut se porter sur des éléments à caractère criminels, le plaisir procuré vient de l’acte de collectionner et non pas de son sujet. De l’autre, on a un criminel qui cherche à créer de nouvelles personnalités à des personnes atteintes de troubles dissociatif de l’identité. Le premier point, abordé brièvement, aurait été un bon sujet d’épisode avec des ramifications interessantes. Le second est trop extreme pour être crédible. On a l’impression d’être devant un mauvais thriller parce que la série pêche sur son sujet de prédilection, la psychologies des criminels. Et les horribles citations d’hommes et femmes célèbres en début et fin d’épisodes n’aident pas sur ce point.

En revanche, tout n’est pas mauvais dans la série. Il y a tout d’abord sa galerie de personnages principaux, à l’exception d’un Gibson un peu froid et dont l’attitude qui ressort dans les médias limite fortement l’appréciation, les personnages sont clairement définis et attachants. Il y aussi un fort esprit d’équipe qui en ressort. Tout comme dans SVU, nous n’avons pas affaire à des anti héros. Il n’y a pas de moutons noirs ou de tensions entre les personnages. Lorsque le personnage d’Aisha Tyler commet une erreur aux ramifications dramatiques, une de ses collègues vient la reconforter, et l’assiste dans ses moments de doutes.
Et ce triptyque est un excellent moyen de découvrir l’équipe. Dans Devil’s Backbone, la criminelle incarnée par Frances Fisher, demande à parler seule à seule à chacun des membres. Ce procédé est une excellente introduction à l’équipe. Et à deux reprises dans l’épisodes, deux anciens personnages de la série sont mentionnés. Cela renforce l’idée que de liens forts unissent l’équipe, mais aussi que la série maitrise bien son passé.

Ce qui amène à l’élément le plus remarquable de la série : la gestion de ses intrigues. Criminal Minds maitrise parfaitement sa mythologie et la structure de ces épisodes. Une série comme celle ci donne l’image de s’attarder au criminel de la semaine. En commençant par un épisode de fin de saison, je m’attendais à un épisode double qui se conclurait avec celui d’ouverture de la saison suivante. Ce n’est pas le cas. Les trois épisodes forment un tout cohérent sans nécessairement former un épisode de 2h15. Chaque épisode peut être vu individuellement, et chacun d’entre eux peut être tant un point d’entrée qu’un point de sortie. A l’issue de The Crimson King, l’épisode de la saison 12 mais surtout le plus faible des trois, on peut soit arrêter la série, soit décider de suivre l’arc qui semble guider la série dans ces prochains épisodes. Parce que cet épisode, qui continue l’intrigue des épisodes de fin de saison 11 n’oublie pas d’être aussi un épisode d’ouverte de saison en présentant les personnages a un nouveau public éventuel par les yeux d’une nouvelle recrue.

Il est impressionant de voir une série à sa douzième saison réussir à maitriser sa mythologie sans oublier ni se faire écraser par son passé, tout en proposant des épisodes qui peuvent être vus de manière unitaire. Elle rattrape un peu sur ce point la maitrise maladroite de son sujet. On est loin du niveau de SVU, mais Criminal Minds ne mérite pas (entièrement) la mauvaise réputation qui la précède.

Conundrum
P.S. Et pourquoi ce titre ? Parce que Bodhi Elfman, le mari de Jenna, a un rôle récurrent, et que ça me fait sourire à chaque fois que je le vois à l’antenne avec Gibson. Ah les choses simples de la vie...