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Dallas - La famille Ewing est de retour dans la série qui fait suite à Dallas

Dallas: Ca sent pas un peu le renfermé ?

Par Jéjé, le 16 juin 2012
Par Jéjé
Publié le
16 juin 2012
Saison 1
Episode 1
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1986. Le couloir d’une école primaire. Les élèves de CM1 attendent sûrement que leur institeur ouvre la porte. L’excitation semble à son comble dans le groupe.
« Tu as vu ce qui s’est passé ? C’est incroyable ! »
« Mais oui, Bobby a ressucité. »
« Et le nouveau mari de Pamela, tu crois qu’on va le voir ? »
« Je sais pas, mais moi je suis bien content. Bobby, c’est mon préféré. »
« Moi, je préfère J.R. ! »
Au milieu de ces enfants, l’un d’entre eux paraît moins enthousiaste. Un peu perdu, même. On voit qu’il tend l’oreille, qu’il tente de suivre, on sent qu’il aimerait participer à la discussion... Un camarade se tourne vers lui. « Alors, Jéjé, toi aussi, t’as vu le dernier épisode de Dallas ? »
« Euh... Oui ? »
« C’est fou, hein ! »
« Oui, oui... »
Il tourne la tête, retient ses larmes et maudit les méthodes éducatives de ses parents.

Oui, Dallas, (avec V, que je n’ai pas vu non plus en CM2) c’est le traumatisme télévisuel de mon enfance !
Pas étonnant que depuis des années j’en sois rendu à suivre 30 séries par semestre...
Et qu’en 1995, j’ai suivi la première diffusion intégrale de la série en France, du pilote jusqu’à son ultime et 357ème épisode. Et même si je reconnais la supériorité de Dynasty et de Côte Ouest dans le genre, moi, mon soap, c’est Dallas !

C’est avec lui que j’ai développé ma passion pour le genre, c’est par lui (et X-Files) que j’ai découvert les codes du format « série », que j’ai compris la supériorité du scénariste sur le réalisateur, que je me suis rendu compte qu’un épisode écrit par le producteur executif annonçait souvent un gros rebondissement, bref que j’ai fait une bonne part de mon éducation personnelle aux séries...

Mais pourquoi il nous raconte tout ça ?

Parce que TNT diffuse cet été les 10 premiers épisodes du retour de Dallas !

Mais c’est quoi, Dallas, en fait ? (Iris)

L’époque où tout le monde était là pour les photos de groupe, en décor réel

C’est en gros et pour faire court la série fondatrice de l’âge moderne des séries télé américaines.
Pas de Hill Street Blues, pas d’Urgences, pas de Six Feet Under, pas de Lost sans ce succès monstrueux qui lança la mode des soaps en prime-time et qui fit alors de la continuité des intrigues un ingrédient envisageable pour les séries du soir.
En gros et pour faire court.

C’est surtout l’histoire de l’ignoble J.R., du gentil Bobby et de toute la riche petite famille Ewing, qui s’est étripée et réconciliée pendant 14 années au sein (et souvent au sujet) de leur propriété, le ranch de Southfork.
Et du problème d’alcool de Sue Ellen. Qui trouve que J.R. est vraiment ignoble. Mais vraiment vraiment.

C’est avec qui ?

Tous les anciens de la série originelle (Larry Hagman, 81 ans, Linda Grey, 72 ans, et Patrick Duffy, 62 ans) sauf Victoria Principal (sans âge).
Et les « gamins » de Desperate Housewives. Jesse Metclafe, l’amant de Gaby dans les premiers épisodes, incarne Christopher, le fils adoptif de Bobby. Josh Henderson, le neveu d’Eddie Britt, est lui, John Ross, le fils de J.R. et de Sue Ellen.

Et ça parle de quoi ?

Comme d’hab’. De pétrole, de Southfork, de l’honneur famillial, de trahisons, de secrets, d’usurpation d’identité...
C’est fois-ci, c’est Christopher qui revient à Southfork après de longues années d’absences pour épouser sa petite amie, comme en son temps, dans le pilote original, son père, y était retourné pour présenter Pamela.

Et c’est bien ?

Moui...
Pour l’instant.

Ce pilote et l’épisode suivant (diffusé à la suite) ont pour eux que la série joue à fond la carte de la nostalgie et qu’elle assume pleinement l’aspect "revival" de l’entreprise.

On ne regarde pas Dallas en 2012 pour en voir une ré-interprétation contemporaine. 
Après la vague des remakes, pardon de reboots (c’est tellement plus chic) d’anciennes séries à succès qui a déferlé sur les networks ces dernières années, on a bien compris que cette histoire de version moderne était aussi creuse que le sens du mot "reboot" et que tout ça n’est qu’un emballage marketing pour lancer de fades nouveaux soaps (90210, Melrose Place) ou séries policières (Dragnet, Hawaï 5-0) sans aucun rapport avec l’esprit des séries dont elles étaient sensés s’inspirer.

On veut donc bien d’un nouveau Dallas, mais on veut la famille Ewing, on veut J.R. et on veut le vrai J.R., on veut Larry Hagman, et on veut Patrick Duffy, Linda Gray, Southfork...

C’est pour ça que la créatrice de la nouvelle version a eu la bonne idée d’en faire une véritable suite. 

On récupère donc des petits Ewing qui ont bien grandi mais surtout on ressort du formol nos vieilles icônes, un Larry Hagman quasi momifié, un Patrick Duffy tout gris et une Linda Gray miraculeusement pas trop refaite. Le tout à Southfork, qui, 20 ans après, affiche les stores à rayures jaunes et blanches qu’on lui a toujours connu.
(Je crois que j’ai été aussi content de retrouver ces stores que le générique ! Un vrai générique, d’une bonne minute, pas ces affreux carton-titre de 5 secondes Franchement, un nouveau Melrose Palce sans générique n’avait aucune chance de durer bien longtemps !, avec la même musique, avec les plans d’hélicoptère, la même travelling aérien final sur Southfork ! Il ne manquait véritablement que la version française de la chanson...)
Le peuple est ravi !

L’époque de photoshop et des fonds verts

Astucieusement, les anciens personnages ont autant de temps d’antenne que la nouvelle génération. De plus, tout le monde est intégré dans les mêmes intrigues. JR, Bobby et Sue Ellen n’assurent pas simplement dans le fond du décor la transition entre la version CBS et une version TNT qui se focaliserait à terme sur John Ross et Christopher. Les trois anciens sont là pour durer !

Mieux encore, les événements des quatorze saisons précédentes ne sont pas oubliés. De nombreux détails du passé nourrissent les bases des nouvelles histoires, consolidant ainsi le sentiment de continuité entre les deux séries sans apparaître comme de simples clins d’oeil aux spectateurs de la première heure.
Moi, ça me plaît bien que le testament de Miss Elie et les origines de Christopher soient au coeur de ces premiers épisodes. Et je suis persuadé que sa nouvelle femme et son frangin un peu douteux sont liés à la famille Barnes. Il n’est pas possible que Cynthia Cidre passe à la trappe la rivalité Ewing-Barnes. Pour nos jeunes lecteurs, je rappelle que la fortune des Ewing vient en partie du fait que Jock (le père de JR et Bobby, dont on voit le portrait accroché à un mur du salon) a spoilé son associé de l’époque, Digger Barnes, le père alcoolique de Pamela, la première femme de Bobby, et de Cliff, amant de Sue Ellen et rival éternel en affaires de JR... 

Nostalgie, donc, nostalgie à fond !

Mais, si tout ce qui me plaisait de la première époque a été repris, les dialogues premier degré, la vision simpliste du buisness de l’énergie, les triples ou quadruples retournements de situation un poil lourdauds l’ont été aussi. C’est la contrepartie d’un prolongement aussi littéral et fidèle qu’on pouvait l’espérer (et la grosse limite de tout le projet).
 
Et donc, au final, en temps que série de 2012, au bout d’une grosse demi-heure, Dallas m’est apparu bien poussive, et même un peu ringarde, pour tout dire.
A l’instar de Titans de Aaron Spelling, lancée en 2000 en grande pompe sur NBC avec tous les ingrédients des soaps de la grande époque (dont Victoria Principal) et qui n’avait jamais pu et/ou su s’extraire de son statut initial de boursouflure anachronique.

Peut-être qu’avec des saisons courtes estivales, elle échappera à ce destin, mais de mon côté, je ne suis pas sûr que la bienveillance de mes réminiscences dallassiennes soit suffisante pour je m’accroche longtemps.
Clairement, je m’arrêterai si jamais je suis poussé à m’interroger sur les raisons de mon intérêt de l’époque pour la série et si je sens que cette suite pourrait gâcher mes souvenirs...

Jéjé
P.S. J’ai hâte de voir ce que TF1 va faire avec la musique du nouveau générique !