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Deadwood - Dan Dority et le Captain se battent (violemment)

A Two Headed Beast: Some shit’s best walked through alone.

Par Feyrtys, le 16 juillet 2006
Publié le
16 juillet 2006
Saison 3
Episode 5
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Dan Dority a enfin son heure de gloire... Ou de gore, c’est selon le point de vue. L’affaire entre le Hostetler et Steve le poivrot se finit tragiquement ; Alma ne couvre pas très bien ses traces ; Sol n’a toujours pas la moindre idée de ce qui se passe à Deadwood et Bullock finit d’y aller.

L’épisode ouvre sur une scène que j’aurai préféré ne pas voir : Stapleton en train de donner son bain à une prostituée bien en chair du Bella Union. Eeeewwww, si vous me permettez.
Cy Tolliver le surprend dans ce passe-temps : il cherche à imiter la technique de Swearengen qui consiste à avoir un interlocuteur désigné pour parler avec Hearst. Cy n’étant entouré que de junkies, de putes et de losers, son choix se réduit à Stapleton... Autant dire qu’il pourrait demander à E.B. d’être son représentant, ça aurait le même résultat... J’aurais presque de la peine pour Tolliver, s’il ne méritait pas exactement ce qui lui arrive. Pour jouer dans la cour des grands, il ne suffit pas d’avoir de l’ambition, très cher, il faut aussi savoir s’entourer. Al a un avantage certain sur lui à ce niveau là.

Ce n’est pas que Johnny, Silas ou Dan soient particulièrement intelligents, mais ils arrivent au moins à faire fonctionner leurs cerveaux. Enfin surtout Silas et Dan. Johnny, bon... Johnny a évolué tout de même, par rapport à la saison 1. Il a pris de l’assurance. Il ne se comporte plus comme un parfait idiot, et il est devenu un homme de main sur lequel Al peut compter. Et pas seulement Al, mais aussi Dan et Silas. Johnny est devenu un homme !

Al aurait bien besoin de brainstorming pourtant, car il a beau retourner la situation dans tous les sens, il ne sait pas quoi faire avec Hearst. L’entretien avec Silas n’a pas fait avancer ses plans. Hearst a cherché à savoir vers qui (ou quoi) la loyauté de son ancien employé se porte, mais sans grand résultat. J’avais presque oublié qu’Adams était d’abord venu à Deadwood en la qualité d’employé de Hearst ! Bon, il avait vite tourné sa chemise, mais il est bon de le rappeler. La seule chose qui semble évoluer, c’est la relation entre les deux chiens de guerre de Deadwood. L’homme de main de Hearst provoque Dan par l’intermédiaire de Silas, et Dority a bien du mal à résister à l’appel du règlement de compte. Al hésite, appelle E.B. pour vérifier qu’il ne sait absolument rien de Hearst, et finit par envoyer Dan se battre.

Après s’être entièrement graissé le corps et les cheveux, pour que les coups portent moins et empêcher son adversaire d’agripper sa tignasse, Dan est prêt, et son regard décidé promet un affrontement violent. Johnny, dans un élan protecteur, annonce à son ami qu’il se tiendra prêt à abattre Turner s’il le faut, mais Dan refuse catégoriquement. L’affrontement devra se faire sans tricherie (ou si peu), et mano a mano, comme une métaphore de la lutte de pouvoir entre Al et Hearst, moins la torture psychologique. A défaut d’avoir des soldats à envoyer à la mort, les deux généraux se contentent d’envoyer leurs fidèles. Hearst glisse au Captain qu’il serait bon que le combat dure assez longtemps pour donner une leçon à tout le camp, appuyer un peu plus son écrasant pouvoir.

Bien entendu, en tant que fan invétérée de Dan depuis le tout début de la série, je ne pouvais que l’encourager à plein poumon, façon pom-pom girl, mais rapidement la scène de combat m’a mise dans une autre disposition. On est loin de la chorégraphie habituelle de la télévision ou du cinéma. On est plus proches d’un documentaire animalier sur les ours des Pyrénées, si vous voulez mon avis. Deux forces l’une en face de l’autre, deux volontés identiques de montrer sa supériorité et deux hommes, qui, dans la boue et le sang, ne ressemblent plus tellement à des êtres humains.
Le combat est violent, et il m’a fait penser à celui de Titus Pullo et Veranus dans le 1.11 de Rome et n’est pas non plus sans rappeler celui de Bullock contre l’Indien de la saison 1. Bestial, désespéré, le combat n’est alors plus tout à fait une lutte de pouvoir mais une lutte pour la survie.
Alors que Dan est en mauvaise posture (j’ai eu très très peur quand j’ai vu ses yeux se révulser alors que le Captain lui tape le crâne contre une pierre), il reprend le dessus après avoir réussi à... Vous connaissez Happy Tree Friends ? Les personnages mignons aux couleurs pastels à qui il n’arrive que des trucs gores sur fond de musique à la Candy ? Et bien ce que fait Dan à Turner pourrait passer dans un Happy Tree Friends, sauf que dans Deadwood, il manque la musique gentille. J’ai du crier de dégoût pendant 5 bonnes minutes.

Et puis si j’ai eu peur pour Dan, la tristesse éprouvée alors qu’il achève son adversaire (après un signe sobre de Al, du haut de son balcon) a dépassé le soulagement de le voir triomphant. Dan ne mérite vraiment d’avoir à se battre pour sa vie de cette façon, et de devoir tuer un adversaire qui finalement, lui ressemble plus qu’il ne voudrait l’admettre.

Peut-être le sait-il, car après le combat, il s’enferme dans une chambre du Gem Saloon, refuse de voir ni prostituée ni docteur ni Johnny, et renonçant même à une bouteille de whiskey. Johnny, inquiet, demande à Al de descendre le voir, mais Al refuse, lui donnant comme raison cette phrase universelle qui va devenir mon motto : Some shit’s best walked through alone.

Hearst est-il touché par la mort du Captain Turner ? Ou bien cette mort remet-elle en question ses plans immédiats à Deadwood ? Impossible à savoir. Il semble assez résigné par le sort de son garde du corps / assassin de service et s’en va boire un verre au Bella Union. Ca faisait un certain temps que Hearst n’était pas descendu de son hôtel dans la rue, et tout changement d’habitude (comme pour Al d’ailleurs) fait comprendre que quelque chose se passe dans l’esprit torturé de ces hommes.

Néanmoins, Hearst n’a pas le temps de s’apitoyer sur lui-même puisque ce cher Seth Bullock finit de péter un câble et décide de faire la loi lui-même, au nom de la loi, d’accord, mais quand même. Quand le dernier des Cornishmen qui voulaient monter un syndicat est retrouvé mort dans la rue, poignardé en plein cœur, Bullock décide de trop s’en est trop. Rondjudju ! Il décide dans un premier temps de se retirer de l’engagement qu’il avait avec Al et qui consistait à laisser le patron du Gem Saloon gérer le problème « Hearst » à sa façon. Et ensuite, après avoir lamentablement échoué dans sa tentative de rendre justice au Hostelter, le sheriff se prend soudain pour quelqu’un qui a de l’autorité et se rend au Bella Union pour arrêter Hearst, non sans échanger quelques lignes mythiques de dialogue.

Seth : You’re under arrest.
Hearst : Fuck you, and shut up or I will shut you up for good.
Seth : Threatening a peace officer, I’m taking you into custody.
Cy : Don’t be stupid, Bullock
Seth : Don’t you be fucking stupid (tire Hearst par l’oreille) Fuck you.

Et comme dit Al : The Sheriff eliminates several of our options.
Reste à savoir ce que Bullock va se décider à faire avec Hearst... Et ce que Hearst va tirer comme ficelles pour faire mordre la poussière à Seth...

Pendant ce temps, Alma ne couvre plus très bien ses traces de junkie et apparaît dans un état proche de l’Ohio à Merrick, le journaliste, qui très vite émet des soupçons vis-à-vis d’elle. Mais de toutes façons, Leo avoue tout de son trafique avec Alma à Tolliver, donc son secret n’aura pas duré très longtemps... Elle arrive même à se griller auprès d’Ellsworth, qu’elle tente maladroitement de séduire dans un moment « d’égarement ». Si je peux me permettre de faire une parenthèse, Molly Parker joue à merveille la femme lascive. Elle m’a épaté. Donc, Alma tente de satisfaire une soudaine envie mais ne s’y prend pas très bien. La scène est délicieusement drôle et presque romantique, jusqu’à ce que ce cher Ellsworth (que j’aime tant et je n’ai pas peur de le répéter) se rende compte de l’état de sa femme et la rejette assez froidement... Ce ne sera pas pour ce soir, Alma !

Sol lui non plus a failli ne pas avoir sa dose de réconfort (trixien) puisqu’il s’entête à ne rien suivre. Il commence à m’énerver un peu, Sol, à ne jamais rien suivre et à regarder Trixie s’énerver avec ses grands yeux. Wake up, pal ! C’est le moment de montrer que tu es le plus civilisé de tous !

Peut-être aurait-il pu aider Seth dans la résolution du conflit Hostelter - Steve le poivrot, par exemple. Peut-être aurait-il pu empêcher le Hostelter de se suicider... On y croyait pourtant, on pensait que tout finirait bien. Steve avait obtenu un prêt à la banque et le Hostelter allait pouvoir commencer une nouvelle vie ailleurs avec l’or. Mais c’était sans compter la vieille histoire de l’ardoise, que j’avais oubliée (en même temps, c’était plus ou moins lié à de la zoophilie donc bon, c’est normal d’oublier ce genre de choses). Hostelter avait surpris Steve le poivrot en train de... ben euh... éjaculer à côté du cheval de Bullock. [1] Le Hostelter en avait profité pour obtenir une paix relative avec Steve, qui voulait le pendre jusque là, en lui faisant signer l’ardoise sur laquelle il avait inscrit « I fucked the sheriff’s horse ».
Sauf que Steve veut retrouver l’ardoise avant le départ de l’ancien maréchal ferrant pour pouvoir l’effacer. Et bien entendu, l’ardoise a été effacée accidentellement, et Steve commence à traiter le Hostelter de menteur...
C’est plus qu’il ne peut supporter, et il finit par se tirer une balle dans la tête...

Triste fin pour un homme qui était bien trop digne pour une ville comme Deadwood.

Feyrtys
Notes

[1je pensais que je n’aurais plus jamais à écrire ce genre de phrases après avoir fini les critiques de la saison 3 de Nip/Tuck et finalement, elles me poursuivent)