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Friday Night Lights - Critique de l'épisode 3 de la saison 2

Are You Ready For Friday Night ?: Slappin’, punchin’ and prayin’ : la Sainte Trinité de Dillon

Par Feyrtys, le 26 octobre 2007
Publié le
26 octobre 2007
Saison 2
Episode 3
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Même si j’ai encore du mal avec l’intrigue de Tyra et de Landry, et même si rien ne va plus à Dillon, je trouve que la série retrouve peu à peu le ton et l’esprit de la saison 1, dans ses confrontations, ses enjeux et ses dialogues uniques.

Des confrontations, nous en avons des belles dans cet épisode. A commencer par celle qui m’a complètement submergé d’émotions contradictoires : Julie et Tami. Je sais que pour beaucoup, Julie est devenue une petite garce égoïste à la limite du supportable, et pourtant, je la trouve extrêmement touchante, en particulier quand elle demande au Swede de l’emmener n’importe où (en gros, de la kidnapper) alors que sa mère est prête à lui passer le savon de sa vie. Julie ne peut plus rester chez sa mère, elle veut partir n’importe où, quelque part où sa mère ne lui rappelle pas constamment, de par sa simple présence, que leur père est parti à cause d’elle et les a abandonnées. Julie en veut probablement à Tami d’avoir poussé son père à prendre ce boulot à Dillon, alors qu’elle aurait préféré que pour une fois, Eric Taylor sacrifie sa carrière pour sa famille, chose qu’il n’a jamais fait jusque-là. Julie en veut à sa mère d’avoir eu un enfant, aussi. Je ne pense qu’elle soit jalouse de sa sœur, je pense juste qu’elle y est indifférente et ne voit en elle que la preuve que sa mère fait passer le bonheur de son mari avant son bonheur personnel et celui de sa famille. Julie me paraît être celle qui voit la situation avec lucidité. Sa façon de réagir à cette réalité n’est certainement pas la bonne, mais elle reste une adolescente, et il n’y a pas de raison qu’elle se montre mature ou compréhensive. Sa famille est en train de s’écrouler et sa mère continue à faire comme si tout allait bien. Ok, Julie pourrait faire preuve d’un peu de bonne volonté, mais je crois qu’elle en a fait preuve pendant longtemps. Elle a atteint sa limite…

Slappin’

Il n’en reste pas moins que la scène de confrontation entre Julie et Tami est très dure et que la gifle, infligée par une Tami à bout de nerfs et morte d’inquiétude, est d’une violence terrible.

Des gifles, on en voit souvent à la télévision. Pourtant, rares sont celles qui nous marquent réellement. Aussitôt donnée, aussitôt oubliée. La dernière en date qui m’a fait pousser un cri d’angoisse, c’était celle donnée par Ruth à Claire dans la cinquième saison de Six Feet Under, alors qu’elles se reprochaient mutuellement des erreurs qu’elles avaient du mal à se pardonner à elles-mêmes.
Celle donnée par Tami à une Julie complètement perdue m’a fait le même effet. J’étais à la fois du côté de Tami et du côté de Julie, j’étais, on peut le dire, dans tous mes états. C’est ça aussi Friday Night Lights.

Il est certain que la gifle aura des conséquences. Tami en pleure déjà dans les bras d’un Eric complètement dépassé par les événements…

J’espère que la situation va s’arranger rapidement, parce que je vais finir par en vouloir à Eric et à Tami. Surtout à Eric. Qui, de retour d’Austin, prend quand même le temps de s’arrêter à un match de football, celui des Panthers. Ca m’a très, très énervée. Sa femme et ses filles ne l’ont pas vu de la semaine, tout va mal, et lui, qu’est-ce qu’il fait ? Il s’arrête à un match sur son chemin. Un match de foot. D’une équipe dont il ne s’occupe plus. Ça n’aurait pas suffi qu’il écoute la radio chez lui ?
Et quelle est la première chose qu’il demande à sa femme en la voyant, visiblement très déprimée, sur son canapé ? « Tu as vu le match ce soir ? ». J’ai cru que j’allais lui jeter ma tasse de café à la tête. Et pourtant, je l’aime beaucoup, la tête de Kyle Chandler.

Qu’est-ce que tu crois, Eric, que Tami a le temps d’aller à un stupide match de football entre deux biberons ? Qu’elle a ENVIE d’aller à un stupide match alors que sa maison croule sous le linge sale, les couches et les flacons à stériliser ?? Come on !

Ceci étant dit, Coach Taylor est en train de préparer son retour à Dillon. Pas un retour des plus subtil, mais un retour quand même… Pourquoi ai-je eu l’impression qu’il signait un pacte avec le diable quand il a serré la main de Buddy Garrity ? Peut-être parce qu’il s’agit effectivement d’une association des plus dangereuses… Buddy n’est pas l’homme le plus franc et le plus honnête de Dillon, et je me demande bien comment il va s’y prendre pour licencier le nouveau coach. Nouveau coach, qui, contrairement à mes espoirs, ne se révèle pas vraiment intéressant… Il se contente d’être un anti CT, ce qui est quelque part assez réducteur et plutôt facile d’un point de vue de l’écriture.
Je m’attendais évidemment à ce qu’il ait d’autres méthodes, mais pas des méthodes aussi opposées à celles d’Eric Taylor, aussi formidable soit-il. McGregor n’écoute ni ses collègues, ni ses joueurs. Il réussit à faire gagner aux Panthers leur premier match de la saison, mais nourrit consciemment des dissensions et ne croit pas à l’esprit d’équipe, ce qui me paraît être l’équivalent d’un tir dans le pied quand on est entraîneur. Qui plus est, il manipule Jason Street de façon odieuse et finit par le traiter de mascotte… En gros, il n’y a rien à garder.
J’aurais aimé qu’on entende son point de vue, qu’on apprenne à le connaître avant de l’oublier. Car, soyons honnête, qui peut penser qu’il ne sera pas "remercié" dans le prochain épisode ?

Punchin’

C’est dommage. C’est un peu facile. Faire perdre les Panthers aurait été encore plus facile, d’accord, mais leur victoire importe peu dans cet épisode : Matt a perdu son rôle de capitaine et de leader, Smash le remplace sans trop de ménagement et de diplomatie, et les deux finissent par en venir aux mains. Riggins s’évanouit pendant l’entraînement, est indiscipliné et continue à boire comme un anglais le vendredi soir. (Heureusement pour l’audience féminine et gay, il n’en a pas le ventre ni le teint blafard. Et pour le prouver, il porte des pantalons de jogging très, très taille basse. Allez, un petit effort Tim, et pense à te laver les cheveux, tu seras parfait !)

Même si j’aime cette idée d’effriter doucement mais sûrement l’équipe des Panthers, et de donner à Matt l’occasion de montrer une autre facette de sa personnalité, j’avoue que j’aurais largement préféré que cela advienne sous la coupe d’un entraîneur différent mais pas fondamentalement opposé au Coach Taylor. Quelqu’un qui a des méthodes différentes mais qui fonctionnent aussi, quelqu’un qui aime autant le football que son prédécesseur. Là, on ne peut qu’en vouloir à McGregor, et que souhaiter son départ. J’aurais aimé un peu plus de dissensions sur la question du retour d’Eric Taylor. Après tout, si tout le monde faisait la même chose que lui, on crierait à l’injustice. On quitte généralement son boulot pour de bon, et on ne revient pas six mois plus tard piquer le poste de son remplaçant…

Mais voilà, Eric est malheureux à Austin, il fait un boulot qui est loin de ce qu’il imaginait (après toutes ces années passées dans le milieu de l’entraînement, il ne se doutait pas juste un tout petit peu de ce qui l’attendrait ??), et même, qui est contraire à ses principes. A TMU, on se débarrasse des joueurs qui ne sont pas immédiatement et à 100% performants. On n’est pas là pour leur donner une chance de s’améliorer, on est là pour ne garder que les meilleurs.

Alors, quand Buddy Garrity fomente son coup d’état et demande à Eric de revenir à Dillon, CT est d’abord réticent, mais finit par accepter de se joindre à lui pour renverser le nouveau coach et redonner au roi du 4x4 et des réservoirs de 150 litres la place qui était la sienne jusque là. L’avenir de l’équipe des Panthers n’apparaît pas comme la première raison de ce renversement, mais plutôt l’avenir de la vie privée de ces deux hommes. Buddy n’est rien sans son statut social et Eric n’est pas grand chose dans sa famille (et sa famille pas grand chose sans lui visiblement).
Finalement, les Panthers et leurs disputes intestines sont secondaires. Buddy a beau ne parler que de son équipe, il n’en reste pas moins que maintenir son rang au sein de la communauté et de sa famille est le plus important de l’histoire… Ne nous leurrons pas.

Mais ça lui donne l’occasion d’échanger quelques mots mémorables avec Tim Riggins, et pour ça, on lui est reconnaissant.

Prayin’

En parlant de Tim Riggins, ce dernier a besoin d’aide. Rapidement. Et pas seulement au niveau capillaire, non, à tous les niveaux : Tim Riggins croit se sentir plus proche de dieu quand il est avec Lyla Garrity.
Tim, Timmy, Timothy. Reviens à toi. Ne confonds pas orgasme et expérience religieuse, même si d’autres avant toi l’ont certainement fait. Ne confonds pas non plus réconfort momentané et appel divin. Lyla est devenue une Crazy Christian, il est temps de la kidnapper et l’obliger à revenir à la raison, mais pas de faire le contraire et l’accompagner dans ses prières…

Ceci dit, les scènes de messe étaient grandioses. A la fois bizarres et fascinantes, elles m’ont mises mal à l’aise mais m’ont permis de comprendre dans quoi Lyla s’est engagée exactement, et pourquoi Tim est attiré par ce monde bizarre plein de gens à la limite de la transe. Je crois que c’est lié au fameux sentiment d’appartenance. Chanter à la gloire de dieu et taper des mains en même temps, ça donne à beaucoup de gens l’impression de faire partie d’un groupe plus fort et plus noble que la somme des individus qu’il abrite. Un peu comme le vendredi soir, lors des matchs, lorsque tout le monde respire et vit au rythme des passes et des plaquages. Dans ces conditions, on oublie un moment les angoisses et les doutes qui nous traversent tous, et surtout Tim, je comprends donc qu’il recherche un peu de répit. Le pauvre s’aperçoit que son cher frère entretient une relation amoureuse avec sa voisine… Difficile à avaler, surtout quand son idiot de frère agit comme s’il n’avait rien à se reprocher et comme si c’était parfaitement normal. Et puis Tim n’a jamais fait preuve de beaucoup de volonté jusque là, alors se laisser avoir par quelques paroles creuses prononcées par Lyla ou par un prêtre caché derrière un micro ne m’étonne pas des masses. Mais est-il seulement touché par la nouvelle Lyla ou bien essaye-t-il de se rapprocher d’elle en utilisant Jésus ? J’ai tendance à croire qu’il est réellement en manque de chaleur humaine, mais également d’un but et d’un guide. Lyla + Jésus semblent faire une bonne combinaison à ses yeux.

Du côté de Jason Street, je suis contente que lui et Tim se rapprochent et que Jason le traite de pire ami possible, puis que Riggins se comporte comme le meilleur ami dont il a besoin. Je ne suis pas convaincue par cette histoire d’opération au Mexique, mais si ça peut nous donner d’autres scènes comme celle de cet épisode-ci entre Street et Riggins, je suis pour. Contente de revoir Herc également, surtout pour remettre Jason à sa place et lui expliquer tous les dangers de cette opération. Dommage que le petit discours ne fonctionne pas comme prévu.

Dans les intrigues que j’ai le moins aimé, il y a celle de Carlotta et de Matt. Carlotta est une jeune femme décidée, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui tient à contredire tous les stéréotypes et les clichés de la terre. Grand bien lui fasse. Ce serait sympa alors qu’elle ne chante pas une berceuse en espagnol à Matt tout en lui faisant un massage. Parce que côté cliché, la fille hispanique qui chante dans sa langue natale pour séduire un homme, ça se pose là. Carlotta, la femme aux mille larmes ? (c’est une référence à My Name is Earl) On n’en est pas loin. Encore une intrigue facile et complètement attendue. Si Matt perdait sa virginité avec Carlotta, je serais sincèrement déçue par les scénaristes qui m’ont habitué à beaucoup plus subtil que ça.

Est-ce la peine dans ce cas de parler de Landry et Tyra ? Pas vraiment. Je ne suis toujours pas convaincue, même si j’ai trouvé Tyra très mignonne à sortir de la chambre de Landry par la fenêtre. Le bon côté de cette intrigue, c’est que l’on apprend à connaître les parents de Landry, qui me plaisent beaucoup. Le père de Landry semble à la fois distant et proche de son fils, dont il est fier mais de qui il attend probablement plus aussi, du moins c’est ce qu’il m’a semblé. Leur relation est vraiment intéressante.
Pour le reste, il est évident que même si Tyra se rend compte à quel point Landry est un chouette type, leur relation est vouée à l’échec. Donc pour moi, toute tentative de rapprochement de ces deux personnages revient à de la tricherie et à une manipulation de l’audience de la part des scénaristes. Je n’aime pas du tout ça.

En tout cas, malgré ces derniers notes un peu négatives, j’ai trouvé cet épisode encore meilleur que les précédents. Friday Night Lights, reste, malgré les défauts de ce début de seconde saison, l’une des meilleures séries à l’antenne, et de loin.

Feyrtys