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Friday Night Lights - Critique de l'épisode 10 de la saison 3

The Giving Tree: C’est la folie

Par tomemoria, le 25 décembre 2008
Publié le
25 décembre 2008
Saison 3
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Vivement que cette saison se termine. Non parce que je commence à en avoir assez de dire combien la série est géniale, et combien c’est excellent chaque semaine. En même temps, je n’aimerais pas avoir à critiquer une série si médiocre qu’on a rien à dire dessus. Une série telle que l’on a même arrêté de la regarder. Avant de commencer cette review, j’aimerais faire une minute de silence pour Gizz… Non et puis quoi encore ? Allez, review !

Here we go again

Tyra demande l’aide de Landry pour rattraper ses cours. Le jeune homme admet l’évidence : elle se sert de lui comme elle l’a toujours fait. Piquée au vif, Tyra tente de lui prouver son respect en lui obtenant un concert. Concert qui la rend toute pensive.
Il y a un arrière goût de réchauffé dans cette intrigue. L’an dernier, après l’avoir plus ou moins maltraité, Tyra revenait vers Landry et réalisait qu’il lui correspondait. Si sa démarche diffère quelque peu cette semaine, elle est surtout plus complexe. En effet, si Tyra appelle à l’aide, c’est d’abord par intérêt. Quand elle lui obtient le concert, c’est également le cas. Aurait-elle été aussi prévenante et attentionnée s’il ne l’avait pas mise au pied du mur, mise face ses actes ?

Tyra a connu un traitement étrange cette année. Les scénaristes se sont employés à dépeindre un personnage aux multiples défauts, pas toujours très excusables. Dans cet épisode aussi, on est pas nécessairement très fier de Tyra. Pourtant, et je vais me répéter, on ne peut qu’être admiratif de la qualité du tout.
Prenez la scène où Tyra vient lui demander de l’aide. Non mais sérieusement. Vous avez vu ce montage parfait ? Ces jeux de regards avec Devin ? Ce n’est même pas la peine d’argumenter.

Pareil pour la scène où la mère de Tyra lui demande de jeter un coup d’œil à leur maison. La réalisation nous permet de donner libre cours à des interprétations que d’autres séries ne nous auraient pas offertes. Tyra rappelle à sa mère que Landry est là pour l’aider et non être leur bonne à tout faire. Elle cherche sans doute à être polie et à se déculpabiliser. Pourtant, le visage du garçon trahit un malaise. Comme si la remarque de son amie l’avait blessé. Dans sa tête, il doit penser : « je ne suis là que pour l’aider, je ne sers qu’à ça, je ne suis rien pour elle, rien de plus ». Tout ça passe en une seconde et pourtant, on le ressent comme s’il l’avait dit.
Et lorsque Landry n’en peut plus et laisse Tyra à ses ennuyeuses révisions, après avoir fait une comparaison avec une histoire où un arbre généreux offre tout ce qu’il a à un petit garçon égoïste jusqu’à en mourir, vous avez vu à quel point l’image est parlante ? C’est comme si cette histoire pour enfants se jouait sous nos yeux.

J’ai pas raison ?

Mais Tyra est comme moi : elle n’aime pas trop qu’on la traite de sale mioche. La scène où Julie et elle vont demander à un bar d’accueillir le groupe de Landry était très drôle. Déjà, c’était super de voir Julie mettre en évidence sa conduite méprisable envers Landry. Tyra a refusé d’admettre ses torts, pourtant les remarques de Julie n’ont pas dû fondre comme neige au soleil.
Quand elle vient lui annoncer que son groupe va jouer dans un bar, elle le fait plus pour se persuader qu’elle n’est pas égoïste. Elle ne vient pas faire d’excuses mais démontrer à Landry qu’il se trompe sur elle. Tout en accomplissant un acte sympathique, elle garde un côté manipulateur et intéressé. Mais ça fait parti du personnage désormais. Malgré toutes ses qualités humaines, Tyra reste une sorte de… peste.
Oui je sais, je suis sévère alors que depuis quelques temps, elle apporte de bonnes choses à la série, mais franchement, il n’y a qu’à l’observer au concert : elle a l’air d’un prédateur qui s’apprête à dévorer une petite chose toute crue.

Got Milk ?

Je ne dois pas être le seul à avoir pensé aux pubs pour le lait faites par les célébrités aux Etats-Unis. Celle qui invitent à en consommer quotidiennement parce que c’est plein de calcium et que ça vous aidera à grandir. Aider à grandir, c’est un peu ce que fait Madison cette semaine non ?
C’est qui Madison ? Je vois que vous êtes aussi nul que J.D. Quoi vous ne connaissez pas Madison ? C’est un peu la star du lycée vous voyez. Celle qui fait les meilleures fêtes, qui a beaucoup de classe et qui n’a pas peur de faire le premier pas vers un gars. Ai-je mentionné qu’elle était super bonne (voilà avec ça, les pervers de google devraient tous atterrir sur ma review) ?

J.D. rencontre Madison à une fête et lors d’une scène où on aurait tous aimé être à sa place, il boit du lait et se fait délicatement essuyer sa moustache blanche par son hôtesse. Il n’y a pas à dire, le lait a certains avantages que n’offre pas l’alcool… Oui bon ça va, je sais qu’on peut arriver au même résultat avec un punch coco. Oui c’est Noël et on a tous bu hier. C’est bon vous avez fini, on peut revenir à la review ? Merci.
C’est intéressant de constater, et rétrospectivement, je crois que ç’a toujours été le cas, que J.D. est très peu développé par lui-même. J’entends par là que son personnage prend de l’épaisseur à travers le regard des autres. Dans cet épisode, il n’y a que la scène du lait qui lui appartient. Lorsque Madison passe le voir chez lui, l’intrigue passe par ses parents. Quand son père lui demande de rompre, c’est l’influence de Joe qui prime sur ses propres désirs. Au moment où il obéit à son père, la rupture est vue depuis le bus scolaire et le regard ahuri de Riggins.
Ce parti pris de narration est intéressant et innovant. C’est la première fois qu’on développe autant une intrigue en se concentrant sur les personnages secondaires. En principe, une telle histoire aurait du être racontée du point de vue de J.D. et non de tout ceux qui l’entourent. Seulement, on ne pénètre jamais dans l’intimité du jeune quaterback. Et quand on le fait, c’est à travers d’autres personnages comme Matt et Julie, jamais avec J.D. seul. Si cette façon de faire est intéressante, c’est parce qu’elle est symptomatique du mal-être du personnage.
Comme le souligne Tim, il est incapable de prendre ses propres décisions, de penser par lui-même. S’il ne boit pas d’alcool, ce n’est pas par choix mais parce que son père le lui interdit. J.D. est encore un jeune enfant et comme pour un enfant, on s’intéresse à ceux qui l’entoure pour mieux expliquer son comportement.

Alors que la fin de saison approche, on réalise que c’est plus le couple McCoy qui aura été approfondi grâce à J.D. En effet, dans toutes leurs scènes, Joe et Katie ne parlent que de leur enfant et de l’avenir qu’ils lui souhaitent. Si on peut se permettre de passer plus de temps avec J.D., c’est parce qu’on connaît parfaitement les motivations de chacun. Joe est obsédé par le football. Il dit à son fils de rompre avec Madison, d’attendre la fin du championnat. Mais dès que le championnat sera passé, il est certain qu’il lui ordonnera de se concentrer sur l’entraînement, afin de maintenir son niveau d’excellence, plutôt que de passer du temps à s’amuser. Katie, elle, veut que son fils vive sa vie d’adolescent et n’ait aucun regret. C’est pour cela qu’elle est tellement ravie de voir Madison venir le chercher au beau milieu de la nuit. Son petit garçon, si sage, si discipliné, si ennuyeux, se faufile au milieu de la nuit pour aller retrouver la jeune fille avec laquelle il n’a jamais rompu. Elle ne l’aurait jamais cru capable de ça. En le voyant faire le mur, elle comprend que son mari n’a pas transformé son fils en robot et qu’il va devenir autonome d’une façon ou d’une autre. J.D. n’est pas un cas désespéré. Son regard moqueur vers Joe le dit bien : « Tu croyais l’avoir modelé à ton image chéri ? C’était avant Madison ! »
Go J.D., GO !

The Conversation - part II

Il était évident qu’après avoir batifolé sur la plage, Matt et Julie n’allaient pas tarder à être pris en « flagrant délit ». Je me demandais quelles allaient en être les conséquences, comment les Taylor allaient réagir à cette nouvelle donne.
Ce qui est remarquable dans cette série, c’est à quel point les scénaristes maîtrisent leurs personnages. Il y a deux ans, quand Julie a songé à faire l’amour avec Matt, Tami l’a mise en garde. Elle lui disait qu’elle pouvait être blessée, devenir cynique, et morose. C’était un discours très effrayant. Elle semblait projeter son propre vécu sur celui de sa fille, ce qui à mon sens était une grave erreur. Plus tard dans la série, on a appris, qu’en effet, Tami avait perdu sa virginité avec un pauvre type qui l’avait traitée comme la dernière des traînées.

Au-delà du fait qu’il s’agit de sa fille, apprendre que Julie couche avec Matt renvoie à Tami tout ce qu’elle a vécu. Contrairement à une Megan sans profondeur qui ne fait qu’appliquer des principes moraux sclérosés, Tami tient un discours nimbé de larmes à sa fille. Chaque question qu’elle pose est un coup de poignard dans son cœur. Sa fille a fait l’amour avec un garçon. C’est une chose dont elle n’avait pas conscience. C’est un fait qu’elle ne pourra pas changer. Tami pleurt, parce qu’elle aurait voulu que sa fille attende, dit-elle. Peut-être aussi parce que sa fille aurait pu se blesser, devenir cynique et morose, qu’elle a pris un risque, et le fait que ça ne lui soit pas arrivé lui rappelle sa propre expérience. Julie a de la chance d’avoir trouvé un gars aussi bien que Matt. Un gars qui la traite avec respect. Tami pleurt en réalisant la chance qu’a sa fille, la chance qu’elle n’a pas eu. Elle lui dit de ne pas se sentir obligée de le faire, si elle n’en a plus envie ou si ça ne lui plaît plus. Nul doûte que Tami n’a jamais eu cette présence d’esprit.

Toutefois, c’est triste que Tami ne réussisse pas à dépasser ses angoisses et ses blessures pour avoir une conversation posée et détendue sur le sexe. C’est dommage que Julie ne puisse pas vraiment parler de ça avec sa mère sans que cela finisse dans les larmes. Elle ne voulait pas la décevoir… Tami a projeté tellement d’angoisse sur Julie par rapport au sexe qu’elle n’était même pas capable d’en parler avec sa mère sans se sentir coupable. C’est juste dommage. Personne n’a été blessé, personne n’a souffert de quoique ce soit. Il s’agit de deux jeunes gens responsables et amoureux.
A ce titre, j’ai trouvé le guet-apens tendu à Matt assez grossier. Je comprends que le coach ne soit pas ravi mais en même temps, à quoi s’attendait-il au juste ? Ça m’a fait sourire lorsqu’il évoque le père de Matt qui approuverait pour dire que les femmes doivent être respectées. Pas sûr que ce soit le meilleur exemple Eric : cet homme a déjà du mal à respecter sa propre mère. Shelby m’approuverait. Et rajouter d’une voix froide, comme s’il allait jeter Matt dans le broyeur : « C’est ma fille ! »… c’était un peu… comment dire… inutile.
Le jeune homme le sait parfaitement. Et il n’arrive même plus à regarder son coach dans les yeux. C’est tragique qu’un adulte ne parvienne pas à tenir un autre discours au petit copain de sa fille. Matt ne devrait pas avoir à se sentir coupable. Il n’a jamais manqué de respect à Julie. Et il l’aime de tout son cœur par dessus le marché. Pas la peine d’en faire tout un plat.

Family Crisis

Du côté de Buddy, on peut dire que c’est la déchéance. Si les Taylor n’ont pas le meilleur sens du contact avec leur fille et son petit ami, Garrity est le pire des abrutis qui soit. Non content de passer une nuit en cellule pour avoir agressé un homme dans un bar à strip-tease, il annonce à sa fille qu’il a perdu l’argent de ses études, d’où la bagarre. 7000 $, perdus à jamais.
Après un petit séjour chez les Taylor où elle a eu quelques scènes avec Julie (scènes étranges d’ailleurs car malgré leur âge similaire, les deux personnages n’ont jamais eu qu’un enlacement en commun dans le pilote mais c’est aussi pour ça que j’aime la série : certains personnages principaux ne se connaissent que de vue), Lyla, furieuse contre son père, emménage chez Tim.

Plutôt que de ramper à ses pieds, de la couvrir d’excuses et de promesses d’un avenir meilleur, Buddy ne trouve rien de mieux à faire que de traiter sa fille de pourrie gâtée. Rarement le personnage de Buddy avait atteint un niveau aussi bas. Attention, je ne dis pas que le personnage est mal écrit, je remarque simplement que tous ses mauvais côtés ressortent dans cet épisode. En prison, il préfère penser au football et annoncer que l’équipe adverse de la semaine triche méchamment. A la porte de Riggins, il n’hésite pas à crier et à prétendre encore une fois qu’il est la victime.
Buddy Garrity est quelqu’un de très fier. S’il se sait coupable, il a beaucoup de mal à le reconnaître publiquement. Il pourra se blâmer seul autant qu’il voudra, mais jamais il ne se prosternera aux pieds de quelqu’un pour qu’il lui pardonne. Même sa femme n’a pas eu droit à cela. Il réclamait ses enfants, réclamait sa famille, alors qu’il était celui qui l’avait détruite. Là encore, il réclame le soutien et la confiance de sa fille, alors qu’il a tout fait pour les perdre. Comment ose-t-il venir lui parler ainsi, alors qu’elle a le cœur brisé, et la blâmer, elle, d’être égoïste. Il a peut-être brisé ses rêves. Rien d’étonnant à ce que, en fin d’épisode, alors que Buddy se décide enfin à changer et à comprendre que s’il perd sa fille, il aura tout perdu, sa prière pour le pardon résonne dans un répondeur virtuel. L’épisode ne nous dit pas si Lyla a eu assez d’indulgence pour écouter le message ou bien s’il s’est vu supprimé peu après.

Au détour de cette intrigue bien triste, un personnage fait preuve d’une grande maturité et on prend conscience du changement qui s’est opéré cette année. Quand est-ce arrivé ? On ne sait plus. Sûrement pas en un jour. Le garçon qui aimait boire et se battre dans les bars est progressivement devenu ce petit copain protecteur et chaleureux, celui vers qui Lyla se tourne sans hésiter. Il se tient à devant sa porte et barre la route au père de sa petite amie. Il ne l’insulte pas, ne lui manque pas de respect, il lui conseille juste de partir. C’est fou ce que Tim Riggins a évolué. Et rien ne semble forcé, rien ne paraît sorti de nulle part.

Quant au match de football (on ne va pas me reprocher de parler football dans la partie Garrity… vous savez combien c’est pénible de chercher un titre à sa partie ?), c’est bien entendu l’occasion de rassembler la quasi totalité des protagonistes en une séquence mais aussi, et surtout, de dénoncer la tricherie qui se joue parfois sous des yeux ahuris.
Quand un arbitre tout puissant refuse obstinément de comptabiliser les fautes faites par une équipe, il y a de quoi perdre son sang froid. Kyle Chandler était hilarant en coach à bout de nerf qui se prend un drapeau jaune. La scène qui suit où il tente de conseiller Wade était quasi surréaliste.
Mais c’est sans son aide et sans tricherie que les Panthers parviennent à remporter ce match. Une victoire qui sera accompagnée des huées de l’équipe adverse. Mauvais joueurs et mauvais perdants, ces gens ont tout pour plaire. Ils m’ont rappelé les Cardinals… Vous ne vous souvenez plus des Cardinals ? Des joueurs en rouge, une bataille rangée sur le stade, une victoire arbitraire et pour finir des policiers stoppant un bus pour intimider Taylor. Voilà, ça vous revient hein ? Si vous avez envie de le revoir, c’était le 1.16. Voilà, Joyeux Noël.

tomemoria
P.S. Je vais être un peu traître dans ma conclusion. Même si la série est toujours aussi magnifique et toujours aussi bien écrite, on retrouve beaucoup de thèmes déjà abordés dans des épisodes précédents. Et même si je suis très heureux du sursis accordé à la série et de cette superbe saison 3, je pense qu’il est temps que Friday Night Lights tire se révérence avec classe, à l’heure où on l’aime encore énormément et où Gracy Bell n’a pas encore eu le temps de tout ruiner.