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Friday Night Lights - Critique de l'épisode 13 de la saison 3

Tomorrow Blues: Dillon ne meurt jamais

Par tomemoria, le 27 août 2009
Publié le
27 août 2009
Saison 3
Episode 13
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Ce qui est super avec cet épisode, c’est qu’on peut le revoir sept mois plus tard sans être perdu. Laisser passer autant de temps pour le critiquer m’a permis de me mettre vraiment à la place des personnages et de saisir peut-être avec une plus grande force les dilemmes qui s’offrent à eux dans cet ex serie finale. Car oui la série est renouvelée. Pour deux saisons. Youhou. Ça ne veut pas dire que moi ou quelqu’un d’autre la critiquera l’an prochain. Non mais oh !

Ce désormais simple season finale démarre par une musique poétique peuplée de plans en ralenti léger qui nous rétablissent les situations de chacun. Les choses qui n’ont pas changées pendant tous ces mois. Et je dois dire que j’ai ressenti un pincement au cœur en retrouvant tout ces personnages là où je les avais laissé. Tyra et Landry qui se baignent à un lac… Julie et Matt au cinéma… Lyla et Tim qui se font dorer… Tami et Eric qui achètent une voiture à Buddy…
Le plaisir de cette séquence est à double tranchant. D’abord, il procure la satisfaction de ne pas avoir raté, une fois encore, des événements importants. Personne n’a oublié la désagréable discontinuitée du season premiere avec Tyra et Landry séparés alors que leur histoire débutait à peine en fin de saison 2 et la relation déjà bien établie entre Tim et Lyla quand celle-ci finissait l’année dans les bras d’un fou de Dieu qui n’aime pas coucher. Non, ici, pas d’événements bouleversants à la The OC. Rien n’a bougé pendant ces cinq mois. Les choses ont tranquillement suivi leur cours. Le mariage entre Billy et Mindy s’apprête à avoir lieu. Le poste d’Eric est dangereusement menacé par un McCoy aigri et avide de revanche. Et les futurs diplômés s’apprêtent tous à suivre les voies qu’ils se sont tracées précédemment.
Et c’est là où réside le plaisir angoissant de cette séquence. Malgré la poésie des images et le confort du statu quo, on sent, ou du moins l’on sait, que ces tableaux sereins vivent leurs dernières heures.

Cet épisode parle de l’angoisse des jeunes face à un avenir incertain. Il traite de la déchirure de devoir quitter ceux que l’on a aimé pendant des années inoubliables. Il aborde l’horreur de l’abandon en évitant les séquences clichées et les répliques à l‘emporte pièce. Il nous fait pleurer comme seule la série sait le faire. De joie comme de tristesse. Il nous sert le cœur pour un regard. Il nous rappelle que Friday Night Lights a sa place parmi les grandes séries américaines.

Après avoir exposé la vie de ses personnages, la série remet en avant toutes leurs angoisses en à peine quelques plans, ce qui démontre une fois encore toute sa grandeur. Tami joue son rôle de proviseur et annonce devant foule les choix des prochainement (ou fraîchement, je ne suis pas sûr) diplômés de Dillon High. Matt va partir dans une école d’art à Chicago et on lit dans ses yeux la honte qu’il ressent à laisser sa grand-mère seule dans cette ville. Tim va faire ses études à l’université de San Antonio, et son sourire forcé crie ce que tout le monde sait : les études n’ont jamais été faites pour lui et ce choix est à priori déplacés. L’instant suivant, Tami annonce que Lyla suit Tim à San Antonio, elle qui est deuxième de sa classe et qui pourrait viser tellement plus haut. Et enfin, la pire des humiliations malheureuse revient à Tyra, qui est en liste d’attente sur UT. Une liste d’attente d’à peu près mille candidats. La foi aveugle et bien naturelle de sa mère ne fait que renforcer son malaise.

En ce début d’épisode donc, tous les personnages sont face à un avenir qui ne leur plaît pas. Pire qui les angoisse. Ils sont au carrefour de leur vie, ignorant quelle décision prendre et ce qui est le mieux pour eux. Contrairement à des tas de Teen-show imbéciles où on ne voit jamais un seul étudiant un crayon en main, on a suivi les héros de FNL dans de vraies vies lycéennes avec une part importante consacrée justement aux études, et pas à des meurtres à coups de barre de fer ! Stupide saison 2.

Pour Tyra, la voir supplier une place à UT sous les encouragements de Landry était à la fois touchant et désespérant. Je me suis retrouvé dans le même état d’esprit qu’elle après cette séquence. Il aura fallu toute la patience et la foi de Landry pour nous remonter le moral à tous les deux.
Quand elle reçoit sa lettre d’admission, je dois dire que j’étais aussi heureux qu’elle. J’ai dû l’être plus que pour ma propre lettre d’admission. A moi. Dans la vraie vie. Il faut dire que la joie ressentie à ce genre d’instant est proportionnelle à l’incertitude qui la précédait.

Pour Matt, la séquence où il dépose sa grand-mère à son asile pour vieux était sans doute l’une des plus terrible de la série. Encore une fois, FNL fait mouche là où ça fait mal. Voir cette femme âgée s’accrocher au bras de son petit fils, toujours aussi fière de lui, mais le suppliant en silence de ne pas l’abandonner là… C’est quelque chose qui vous retourne. Que l’on ait vécu cette situation ou pas.
Pour Matt, c’est peut-être encore pire. Cette femme est celle qui l’a élevé. Une nouvelle fois, il doit affronter l’épreuve prévue pour un adulte d’au moins deux fois son âge. J’ignore si l’idée de mettre sa grand-mère dans cette maison de retraite était trop culpabilisante pour lui ou bien si son amour pour cette femme l’empêche d’agir en égoïste (ce qu’il aurait parfaitement eu le droit de faire), mais le fait est que Matt ne tient pas longtemps. Il retourne la chercher et l’emmène loin de cet endroit asphyxiant où Lorraine allait sans doute se laisser mourir. Il n’a pas réglé son problème pour autant. Mais Matt sent dans son cœur qu’il doit agir ainsi. Alors il écoute son cœur.

Pour ce qui est de Lyla et Tim, tous deux mettent un moment à comprendre ce qu’ils doivent faire. Ils tournent autour du pot, ignorant quel désir ils préfèrent satisfaire : l’envie de rester ensemble ? D’aller à la fac ? De ne pas aller à la fac ? Au final, Lyla accepte l’argent de sa bonne fée la facilité scénaristique et décide, sous les encouragements de Tim, de s’inscrire à la fac de Vanderbilt, comme elle l’aurait fait si son père n’avait pas perdu l’argent prévu à cet effet.
Et Tim, lui, qui se voyait vivre encore des années avec son frère, dans leur garage, à siroter des bières et réparer des voitures (car il est même meilleur que Billy pour ça) tandis que la prochainement Grosse Mindy trimballerait les futurs marmots Riggins, Tim, donc, décide lui aussi d’écouter la voix de la raison. Ou disons, d’écouter son grand niais de frère qui, dans un éclair de génie, lui ordonne de poursuivre ses études à San Antonio plutôt que de rester ce cliché texan à Dillon. Sortons donc nos mouchoirs, l’an prochain, nous ne verrons sûrement pas Tim Riggins en simple salopette jean, le corps maculé de sueur, les mains dans le cambouis, à réparer des grosses cylindrées, tout en se posant une canette glacée sur le front pour se rafraîchir. Vilains scénaristes !

Quant à Eric, lui aussi voit son avenir bouleversé par une intrigue débutée quelques épisodes plus tôt. Son contrat pour l’année prochaine étant menacé, Aikmen et McCoy en profitent pour marcher sur ses plates bandes et faire du recrutement (illégal, précisons-le) de jeunes lycéens pour l’année prochaine.
Tami est gentiment sommée de rester à l’écart des négociations autour de l’avenir du coach. Tandis que le père de J.D. met les bouchées double pour le faire sauter. L’intelligence de l’intrigue East Dillon est que, malgré sa tardive apparition dans la saison, elle a été bien préparée par l’animosité constante entre Eric et Joe, et ce depuis le premier jour. Animosité qui a connu son point d’orgue lorsque les Taylor ont jugé nécessaire de contacter les services sociaux pour la maltraitance physique (sans compter psychologique) dont était victime J.D.
L’intrigue McCoy, si elle n’a pas trouvé de conclusion pertinente à mes yeux (Katie qui se rétracte après le tabassage de son fils, J.D. dont la haine pour son père n’a duré qu’un instant), a le mérite de donner sens et justification aux événements qui atteignent Eric dans ce season finale.
Avec sa candeur et son don légendaire pour brosser dans le sens du poil, le coach passe chez Joe pour lui faire entendre raison. Il met en avant des éléments comme sa propre famille avec laquelle McCoy s’amuse comme s’il s’agissait de pions. Mais ça ne l’ébranle en rien. Mieux, ça le conforte dans une position perverse qu’il semble savourer. A dire vrai, on se demande si jouer avec le salaire d’Eric et donc la sécurité financière de sa famille n’est pas une vengeance pour l’affaire des services sociaux. Joe ne parle que football avec Eric : il veut la garantie que son fils soit quaterback et qu’Aikmen s’occupe de l’attaque, des exigences bien trop élevées au goût d’Eric. McCoy ne prétend que vouloir offrir à son coach une opportunité. En réalité, je pense qu’il manipule délibérément Eric pour le pousser dans ses derniers retranchement. Il ne veut pas d’accord avec lui, et il serait bien fâché de devoir le garder une saison de plus. En agissant avec tant d‘arrogance, McCoy s’assure de ne pouvoir s’entendre avec lui et de n’avoir d’autres choix que d’appuyer son licenciement. Cette dernière conversation scelle le destin d’Eric dans cet épisode.
Car même s’il abandonne sa fierté pour ramper aux pieds du conseil, cela ne change rien à l’affaire. Eric n’est pas un politicien. Il a beau être dès plus sincère dans son discours, il ne trouve pas d’argument réellement pertinents. Il tente juste de faire appel à leur bon sens, mais il a perdu le championnat, il n’a pas gardé J.D. comme quater back et le fait que McCoy ne puisse pas le calculer finit de faire pencher la balance.
Aussi Eric se voit-il offrir un poste de coach principal au lycée de East Dillon. Et dans un dernier plan ultra travaillé, on découvre un terrain de football à l’abandon sous un crépuscule qui résonne comme la fin d’une époque. Et le début d’une nouvelle.

tomemoria
P.S. Et pour la saison 4, vous attendez pas à beaucoup de reviews de ma part.