Always: Une série sur le foot américain ? Pfff…
Je ne vais pas me torturer cent-sept ans à essayer de rendre justice à ce que j’ai éprouvé devant ce dernier épisode de Friday Night Lights . C’est peine perdu, c’est impossible, et ce serait le meilleur moyen de me bloquer (parler d’un series finale, c’est dur). À la place, je vais vous résumer ce que j’en ai pensé de la façon la plus succincte possible.
C’était parfait.
Mission accomplie. C’était succinct. Quel esprit de synthèse ! Maintenant que je suis libéré (et que la satisfaction du travail bien fait est mienne), je vais pouvoir développer un minimum.
Clear Eyes, Full Hearts...
Le plus grand succès de cet épisode final, en dehors du fait qu’il réussisse l’exploit d’offrir une conclusion entièrement satisfaisante à une série que j’adore depuis des années, c’est qu’il enchaine les intrigues et événements parfaitement prévisibles et parfaitement positifs sans qu’ils ne soient une seule fois ridicules ou déplacés.
Prenons par exemple le conflit majeur de ce dernier épisode : l’avenir incertain de Tami et Eric. Il ne fait aucun doute, à aucun moment, que les Taylor vont quitter Dillon pour suivre Tami dans sa nouvelle carrière à Philadelphie. C’était déjà évident la semaine dernière, et c’est une conclusion tellement logique qu’il n’y a aucune incertitude sur le fait qu’Eric pourrait trahir Tami comme ça (ou que les scénaristes pourrait nous trahir comme ça).
Et pourtant, malgré le fait qu’il n’y ait pas de surprise à proprement parler dans le dénouement de l’intrigue, elle n’en reste pas moins extrêmement engageante. La façon dont tout se déroule et le va-et-vient émotionnellement compliqué entre deux personnages qu’on adore, font qu’on est complètement investi du début à la fin dans leur dispute. Malgré toutes les qualités dont il fait preuve, il est impossible de ne pas en vouloir à Eric pour son égoïsme. Il est également impossible de ne pas souffrir de la situation avec Tami. Et il est impossible de ne pas être profondément comblé lorsqu’il la rejoint finalement pour lui dire qu’il renonce à son job, et pour la prier de bien vouloir le laisser venir avec elle à Philadelphie.
Une conclusion à la fois parfaitement prévisible et parfaitement exécutée.

On ne peut pas dire non plus qu’il y ait quelque chose de surprenant au fait que Tim Riggins reste à Dillon, Texas, et ne parte pas s’installer chez Sarah Palin. Et pourtant, ça ne m’a pas empêché d’avoir le sourire, en même temps que lui, à chacune de ses excellentes scènes.
Voir Tim s’occuper de Stevie en lui donnant d’excellents conseils inappropriés (« Never turn away a memory » est mon préféré), le voir débattre de ce qui constitue ou non de l’inceste avec Billy et Mindy, le voir rendre visite aux Colette, à Eric, et surtout partager une bière avec Tyra au milieu de ses terres, ça n’avait pas de prix.
Tyra, d’ailleurs, est parfaitement utilisée dans ce dernier épisode, et beaucoup mieux que la semaine dernière. En dehors du plaisir que j’ai pu ressentir devant Texas Whatever en retrouvant Adrianne Palicki dans ce rôle après deux ans d’absence, elle n’y servait vraiment qu’à faire progresser l’intrigue de Tim, au dépend de son personnage à elle. L’équilibre est beaucoup mieux respecté ici.
Depuis le début de la série, Tyra a toujours voulu quitter Dillon, plus qu’aucun autre personnage, et elle avait finalement réussi au terme de son excellent arc d’admission à l’université en saison 3. Ce trait particulier du personnage réapparait ici dans ses discussions avec Tim, et permet de leur offrir à l’un comme à l’autre une conclusion particulièrement efficace. Non, Tyra n’est pas une dillonienne dans l’âme, et elle a ses propres rêves, bien différents de ceux de Tim (au passage, j’ai adoré qu’elle veuille devenir « Mrs. T, à plus grande échelle », une belle consolation à l’absence de scène commune pour Tami et elle sur ces deux dernières semaines). Malgré ces ambitions et des chemins qui divergent dans l’immédiat, la porte ouverte sur leur relation et les scènes qu’ils partagent comptent parmi les plus beaux moments de ce final. Certainement les plus inattendus.

Mais pas aussi inattendu que de voir Matt demander Julie en mariage dans les cinq premières minutes.
Je vais être franc. Passé la surprise et l’émotion entrainées par cette très jolie scène à l’Alamo Freeze, je n’étais pas entièrement convaincu par ce développement. Il me donnait une légère impression de « Vite ! C’est le dernier épisode de la série ! Il nous faut une demande en mariage ! ». Malgré l’attachement aux personnages après des années, l’absence de Matt tout comme l’intrigue pourrie de Julie cette saison n’aidaient vraiment pas à y voir autre chose qu’un petit calcul, ou du moins un retournement de situation pas aussi naturel que ce à quoi la série nous a toujours habitué (en dehors du truc... en début de saison 2... dont on va éviter de reparler maintenant).
J’ai cependant tendance à croire que le jeu en valait la chandelle, car cette demande en mariage express était l’excuse nécessaire pour introduite un paquet de scènes très réussies dans tout le reste de l’épisode. Des scènes sans doute très portées sur la nostalgie, mais absolument indispensables pour tout final qui se respecte. On a donc le droit à une excellente dernière scène entre Landry et Matt, où les dialogues sont presque aussi bons que les réactions silencieuses de Gilford (surtout quand Landry lui dit « le Coach t’a toujours beaucoup aimé ! »). On a un dernier moment très amusant et très émouvant avec sa grand-mère. On a plusieurs scènes très drôles (et très dures… mais très drôles) entre Matt et le Coach. Et on a finalement la justification scénaristique de tout ce cirque : la demande en mariage n’était qu’un prétexte pour mettre en avant le conflit entre Tami et Eric.
Julie Taylor n’a jamais été un personnage dont je raffolais vraiment, mais rien que la scène du dîner, où elle explique à ses parents qu’ils sont son inspiration, m’a bien radouci à son encontre. Surtout quand c’est suivi par un discours d’Eric sur le mariage, et de Tami qui s’excuse de table. Une très belle scène, simple, d’une justesse absolue, vraiment bouleversante. À l’image de la série.
Qu’il s’agisse de Julie dans cette scène, de Tyra qui veut devenir Mrs. T. quand elle sera grande, de la discussion entre Vince et le Coach avant le match, ou de Mindy et Billy qui toute l’année nous ont offert une version délicieusement tordue du couple Taylor, un boulot remarquable a été fait dans ce dernier épisode pour nous montrer l’influence positive qu’Eric et Tami ont eu sur leur communauté. C’était essentiel, c’est souligné à chaque scène ou presque, et si le final n’avait réussi que ça, ça aurait déjà été suffisant.
Qu’il ait fait encore plus, c’était inespéré. Des scènes aussi fortes que celle du match (et la façon astucieuse dont on apprend finalement le résultat, après nous avoir fait croire pendant quelques secondes du contraire), des scènes aussi satisfaisantes que celle entre Jess et Eric, des scènes aussi émouvantes que les adieux de Becky et Mindy (une des intrigues les plus simples et les plus réussies de la saison), c’était du bonus. Et c’était un vrai bonheur à regarder.

De peur de me répéter, je vais m’arrêter là, sans doute en n’ayant pas abordé tout ce que j’aurais pu. Pour ma défense, l’épisode était très riche, et je meurs d’envie de le revoir.
Friday Night Lights et ce final resteront longtemps avec moi, alors autant conclure avec les paroles éternelles d’un Riggins à un autre, deux petits mots prononcés pile au moment où ça devenait un peu poussiéreux chez moi.
Texas Forever.